La Tribune Afrique: Vous célébrez cette année les 25 ans de l'ISM. Que retenez-vous de ce parcours ?
Que de beaux moments ! Ça n'a pas été facile, c'est sûr. Il n'y a pas eu une journée facile, mais toutes les journées ont été merveilleuses. Je dis bien toutes les journées, que ce soit dans le regard des jeunes, la satisfaction des familles, les félicitations reçues des employeurs ou les anciens élèves, arrivés si jeunes, hésitants et frêles, que l'on revoit des années plus tard... devenus des personnes qui comptent dans leur domaine, cela fait plaisir.
Les moments forts ?
Quand je dis que toutes les journées ont été merveilleuses, c'est sûr qu'il y a eu des moments forts. Il yen a eu tellement qu'on peut se perdre. Je retiens surtout les rencontres. J'ai rencontré des jeunes qui avaient 18, 20, 21 ans, mais qui pour moi étaient des étoiles de l'humanité.
Qu'est-ce qui manque encore à la formation en Afrique selon vous ?
Il faut que la formation africaine se détache un peu plus des modèles existants pour se recréer. Et qu'on crée une formation qui appartiennent au continent parce qu'ancrée dans nos valeurs et ouverte au monde. Et c'est à nous de faire cela. Nous sommes dans un contexte de mondialisation me dira-t-on. Mais dans ce contexte de mondialisation, les institutions africaines, les programmes africains ont un rôle important à jouer.
Parce que nous sommes tous conscients qu'il y a un problème dans la relation à l'homme dans les formations à travers le monde. Et l'Afrique a cette forte relation à l'homme, la place de l'homme est importante dans la culture africaine. C'est ce que nous devons apporter au programme dans le cadre de la mondialisation. Avant même qu'on ne parle de mondialisation, le président Senghor [Léopold Sédar Senghor, président de la République du Sénégal de 1960 à 1980, ndlr] l'a appelé le rendez-vous du donner et du recevoir. Pour ce grand rendez-vous, l'Europe, l'Occident a déjà beaucoup apporté, l'Afrique doit à présent venir en force apporter sa touche.
Senghor, que nous avons tous combattu, ceux de ma génération en tout cas, quand on était plus jeunes, l'avait compris avant tout le monde. La mondialisation, c'est le rendez-vous du donner et du recevoir. Et l'Afrique doit être là. Il ne faut pas qu'on se leurre, tout le monde a besoin de l'Afrique.
Avec toutes vos réalisations, vous êtes devenus une personnalité de poids au Sénégal. Devrait-on s'attendre à voir Amadou Diaw en politique ?
Je ne fais pas de politique et j'essaie de démontrer qu'il est possible de faire tourner le monde sans les politiques. Les politiques ont leur place, il faudrait qu'ils n'en aient pas trop.
Pendant mes années d'étudiant, je me suis vraiment impliqué en politique. Tout étudiant de ma génération qui ne militait pas, n'en était pas un. Avec d'autres amis nous avons par exemple créé en 1982-1983, le groupement anti-apartheid en France. Nous avions 21 à 22 ans. Mandela était en prison et nous nous battions pour sa libération. J'ai eu la chance d'aller en Afrique du Sud après sa libération voir ce que ce pays était, puisque j'en avais beaucoup entendu parler.
Il est clair que les politiciens sont utiles, mais il faut savoir quelle place leur accorder. Ils sont là pour nous accompagner, pour nous servir et non pas pour se servir. Et apparemment pas seulement sur le continent, mais dans le monde, les politiciens oublient cela.
Par Ristel Tchounand (Tribuneafrique)