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Brigitte Macron, une "Première dame" pas comme les autres


Rédigé par leral.net le Dimanche 7 Mai 2017 à 18:38 | | 0 commentaire(s)|

 

De la prof de français "adorée" à la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Emmanuel Macron a remporté, ce dimanche 7 mai, le second tour de l'élection présidentielle face à Marine Le Pen, sa femme Brigitte Macron s'installera à ses côtés dans le palais de l'Elysée, pour y endosser les habits de "Première dame."

 

Un rôle sans doute inédit, à la mesure de celui qu'elle a tenu pendant toute la campagne. Présente au premier rang de tous les meetings d'Emmanuel macron, elle n'a jamais rechigné à poser en Une des magazines ou à s'exprimer dans les médias, au risque parfois de se faire taper sur les doigts. Révélée aux yeux du grand public lors du lancement du mouvement En Marche! le 6 avril 2016, Brigitte Macron "se projette" désormais "très bien à l'Elysée", à en croire la journaliste Alix Bouilhaguet, auteure de Le Couloir de Madame, un livre sur les conjoints de candidats.

 

Un costume que son époux de candidat entend bien lui tailler sur mesure coupant court à ce qu'il appelle "l'hypocrisie française." "Il faut que la personne qui vive avec vous, puisse avoir un rôle, qu'elle soit reconnue dans ce rôle", expliquait-il jeudi 27 décembre sur TF1, rappelant qu'aucun statut officiel de "Première dame" n'existe en France, contrairement aux États-Unis. "Je souhaite qu'un cadre soit défini et je demanderai qu'un travail soit conduit en la matière."

 


Sortir du flou

 

Et la tâche ne s'annonce pas simple. Depuis des décennies, la question du rôle de la Première dame française divise et resurgit à chaque nouvelle polémique. En mai 2016, seul 31% des Français se prononçaient en faveur de la création d'un statut officiel selon l'Ifop. "Il existe un entre-deux étrange. On veut une première dame sans la vouloir vraiment", résume Alix Bouilhaguet au HuffPost.

Aujourd'hui aucun texte ne mentionne le conjoint du chef de l'Etat. Il ou elle ne figure pas non plus dans le décret régissant le protocole pour les cérémonies publiques. La "place d'honneur" qui est celle des "premières dames" depuis des décennies en ces multiples occasions, relève d'une "tradition constante de courtoisie républicaine", écrivait le gouvernement en 2006.

Au-delà du statut, ce sont les activités de la "première dame" qui posent régulièrement question, ainsi que leur financement. Faute d'autonomie juridique, le conjoint voit ses activités directement financées sur les comptes de la présidence, ce qui suscite inévitablement des critiques.

 

C'est en partie pour ces raisons qu'Emmanuel Macron entend, s'il est élu, dépoussiérer la situation. "Même s'il est resté évasif, il va notamment chercher à accorder un statut juridique particulier et clarifier le budget alloué à l'exercice de la fonction de Première dame", explique Alix Bouilhaguet, qui pointe également la volonté du candidat En Marche! de ne pas rémunérer son épouse.

 Michelle Obama pour modèle

 Mais ce flou là n'existe pas uniquement en France. Au Royaume-Uni, en Espagne ou en Italie, les statuts des conjoints de chef d'Etat ne sont pas officiels non plus. De fait, leur rôle fluctue en fonction de leur degré d'investissement et de leur personnalité.

De 1997 à 2007, Cherie Blair, la femme du Premier ministre britannique Tony Blair, a par exemple marqué les esprits par ses nombreuses prises de position iconoclastes, parfois maladroites. De son côté, le First Gentleman allemand Joachim Sauer brille par sa discrétion. Depuis 2005 et l'arrivée au pouvoir de son épouse Angela Merkel, il fuit toutes les cérémonies officielles, protège sa vie privée et refuse toutes les demandes d'interviews. Un flou juridique et protocolaire qui permet aux conjoints de chef d'État, un investissement à géométrie variable.

Mais c'est évidemment outre-Atlantique que le rôle de "Première dame" prend le plus d'importance. Le conjoint du chef de l'Etat doit d'ailleurs stopper ses activités professionnelles pour se consacrer pleinement à son rôle. Michelle Obama en est le parfait exemple. Elle s'est investie tout au long des huit années de présidence de son mari, en s'engageant personnellement dans la lutte contre l'obésité et pour l'égalité entre les hommes et les femmes. Entre autres.

"Brigitte Macron sera de tous les dîners, de toutes les représentations, de toutes les sorties", poursuit Alix Bouilhaguet vant de résumer:"le rôle de Michelle Obama correspond assez bien à celui qu'aimerait endosser Brigitte Macron". 

Retraitée de l'Éducation nationale, celle qui "se projette à l'Elysée" entend bien y jouer un rôle prépondérant. "Il n'y aura aucune ambiguïté. Brigitte Macron n'aura pas un pied dedans et un dehors", explique la journaliste qui pointe le quinquennat de François Hollande marqué - en partie - par le flou entretenu autour du rôle de Valérie Trierweiler.

Pour Brigitte Macron les choses sont claires: "Si son mari est élu, elle sera une et indivisible à ses côtés." Et comme sa carrière professionnelle pouvait laisser l'imaginer, elle entend bien jouer un rôle dans le domaine de l'éducation... mais pas seulement. Elle compte également s'investir sur d'autres sujets comme "la culture, la condition des femmes ou encore le handicap", à en croire la journaliste.

De l'autre côté du duel Emmanuel Macron / Marine Le Pen, Louis Aliot ne veut pas entendre parler du statut de "Premier homme." Le conjoint de la candidate frontiste endosse un grand rôle politique au sein du parti, mais préfère rester dans l'ombre, à l'abri des médias. Une situation qu'il aimerait entretenir en cas de victoire de Marine Le Pen. "C'est l'anti-Brigitte Macron", résume Alix Bouilhaguet.

huffingtonpost.fr