Initié par le deuxième président de la République du Sénégal, Abdou Diouf, après le retrait du poète-président Léopold Sédar Senghor du pouvoir, le Grand prix du chef de l’Etat pour les Lettres et les Arts avait permis à une belle brochette de talents de percer sur la scène nationale et internationale. Accusé au départ de faire pour la Culture moins que son prédécesseur, Abdou Diouf avait lancé un certain nombre de projets après le déclin de quelques fleurons créés par Senghor comme les Neas (Nouvelles éditions africaines du Sénégal), la manufacture des arts décoratifs de Thiès, Mudra Afrique ou le musée dynamique toujours squatté par la Justice sénégalaise. Face donc à la déliquescence de la culture dictée par les politiques d’ajustement structurel initiées par le Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, juste après le retrait du pouvoir du président –poète, Abdou Diouf, accusé de mener une « désenghorisation », avait offert aux acteurs de la culture la Biennale des Arts et des Lettres qui s’est muée plus tard en Biennale de l’art africain contemporain. Sur la même lancée, il avait mis en compétition un prix littéraire et artistique qui portait son nom. Une distinction qui a vu le sacre de plumes prestigieuses comme Boubacar Boris Diop, Tita Mandeleau, Sokhna Benga, Sada Weindé Ndiaye, Louis Camara, Ousmane Sembene, ce dernier, par ailleurs grand cinéaste, ayant été honoré pour l’ensemble de son œuvre. La dernière édition en date, dont la cérémonie solennelle s’est déroulée le 30 janvier, avait vu le sacre de l’écrivain et dramaturge Cheikh Aliou Ndao, couronné également pour l’ensemble de son œuvre. Ce Grand prix était revenu dans l’agenda culturel national après une très longue pause. La relance s’était malheureusement déroulée dans une véritable cacophonie, puisque étant organisée dans l’empressement et lors d’une précampagne électorale, histoire de faire des yeux doux aux artistes. La suite, on la connait, la reprise de ce prix, doublée de la rentrée des Lettres et des Arts, s’était déroulée dans la division. La maîtresse d’œuvre de cette belle farce, l’ancienne ministre de la Culture, Mme Awa Ndiaye, était beaucoup plus préoccupée par l’opportunité de soigner son image que par le rayonnement de la culture nationale. Et ce même si les lauréats de ce prix méritaient amplement leur sacre.
A signaler que ce prix avait connu une pause à une période où il était très difficile de publier une œuvre au Sénégal. Il s’y ajoute que, jugeant très modeste le montant de l’enveloppe remise aux lauréats, le président Me Abdoulaye Wade l’avait relevé de deux millions à 10 millions de nos francs. Il avait auparavant fait passer le montant du fonds d’aide à l’édition de 50 millions de nos francs à 600 millions. Ce qui avait permis à l’édition d’effectuer un gigantesque bond en avant avec plus d’une centaine de publications éditées dans tous les genres littéraires. Et ça continue ! L’occasion est donc belle pour relancer ce Prix dont l’objectif, au départ, c’était d’encourager des vocations littéraires et de fouetter l’édition. Ce qui est devenu une réalité puisque cette dernière, malgré les cris d’orfraie des éditeurs, ne s’est jamais aussi bien portée que maintenant avec des livres qui paraissent presque chaque semaine. Face donc à cette nouvelle donne, il urge, plus que jamais, de favoriser la relance du Grand prix du président de la République pour l’inscrire dans l’agenda culturel national. On ne semble malheureusement pas s’orienter vers cette direction à moins de deux mois de la date anniversaire de la remise de ce prix par l’ancien chef d’Etat, Me Abdoulaye Wade. Cela dit, il ne s’agira pas simplement de relancer ce prix pour faire mode, mais surtout de favoriser une véritable politique culturelle en faveur des lettres avec l’organisation périodique d’ateliers d’écriture tout en donnant l’occasion à certains écrivains de participer à des résidences d’écriture au niveau international. Et c’est à ce niveau que l’on attend le fonds d’aide à l’édition qui ne doit pas servir uniquement à subventionner des éditeurs. La reprise du Grand prix du chef de l’Etat devra aussi passer par une intervention du fonds d’aide à l’édition pour une promotion efficace des œuvres du lauréat. La mairie de Dakar comme le Bsda (Bureau Sénégalais des droits d’auteurs) sont aussi attendus dans cette politique littéraire. Et on a tendance à l’oublier, alors directrice des Lettres et de la Propriété intellectuelle, Madame Aminata Sow Fall, avec le soutien de sa tutelle, avait inscrit dans l’agenda culturel un prix dénommé « Prix Sénégal Culture ». Lequel récompensait les meilleures parutions par genre (poésie, roman, théâtre etc.). Il serait donc souhaitable de favoriser la reprise de ce prix pour une véritable émulation intellectuelle et aussi pour permettre à de jeunes écrivains d’éclore sans pour autant leur imposer une participation financière pour la publication de leur manuscrit. Un jeu auquel s’exercent beaucoup de maisons d’édition et même … l’Harmattan Sénégal. Une auto-édition qui ne dit pas son nom !
Alassane Seck Guèye
Le Témoin N° 1105 –Hebdomadaire Sénégalais (NOVEMBRE 2012)
A signaler que ce prix avait connu une pause à une période où il était très difficile de publier une œuvre au Sénégal. Il s’y ajoute que, jugeant très modeste le montant de l’enveloppe remise aux lauréats, le président Me Abdoulaye Wade l’avait relevé de deux millions à 10 millions de nos francs. Il avait auparavant fait passer le montant du fonds d’aide à l’édition de 50 millions de nos francs à 600 millions. Ce qui avait permis à l’édition d’effectuer un gigantesque bond en avant avec plus d’une centaine de publications éditées dans tous les genres littéraires. Et ça continue ! L’occasion est donc belle pour relancer ce Prix dont l’objectif, au départ, c’était d’encourager des vocations littéraires et de fouetter l’édition. Ce qui est devenu une réalité puisque cette dernière, malgré les cris d’orfraie des éditeurs, ne s’est jamais aussi bien portée que maintenant avec des livres qui paraissent presque chaque semaine. Face donc à cette nouvelle donne, il urge, plus que jamais, de favoriser la relance du Grand prix du président de la République pour l’inscrire dans l’agenda culturel national. On ne semble malheureusement pas s’orienter vers cette direction à moins de deux mois de la date anniversaire de la remise de ce prix par l’ancien chef d’Etat, Me Abdoulaye Wade. Cela dit, il ne s’agira pas simplement de relancer ce prix pour faire mode, mais surtout de favoriser une véritable politique culturelle en faveur des lettres avec l’organisation périodique d’ateliers d’écriture tout en donnant l’occasion à certains écrivains de participer à des résidences d’écriture au niveau international. Et c’est à ce niveau que l’on attend le fonds d’aide à l’édition qui ne doit pas servir uniquement à subventionner des éditeurs. La reprise du Grand prix du chef de l’Etat devra aussi passer par une intervention du fonds d’aide à l’édition pour une promotion efficace des œuvres du lauréat. La mairie de Dakar comme le Bsda (Bureau Sénégalais des droits d’auteurs) sont aussi attendus dans cette politique littéraire. Et on a tendance à l’oublier, alors directrice des Lettres et de la Propriété intellectuelle, Madame Aminata Sow Fall, avec le soutien de sa tutelle, avait inscrit dans l’agenda culturel un prix dénommé « Prix Sénégal Culture ». Lequel récompensait les meilleures parutions par genre (poésie, roman, théâtre etc.). Il serait donc souhaitable de favoriser la reprise de ce prix pour une véritable émulation intellectuelle et aussi pour permettre à de jeunes écrivains d’éclore sans pour autant leur imposer une participation financière pour la publication de leur manuscrit. Un jeu auquel s’exercent beaucoup de maisons d’édition et même … l’Harmattan Sénégal. Une auto-édition qui ne dit pas son nom !
Alassane Seck Guèye
Le Témoin N° 1105 –Hebdomadaire Sénégalais (NOVEMBRE 2012)