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La porte du non-retour ?

Les 5 sages du Conseil constitutionnel ont tranché : Abdoulaye Wade, le président sortant, champion du PDS, peut bien concourir à la magistrature suprême du 26 février 2012. Fin des hostilités ? Voir. Car, dès l’annonce de cette recevabilité, le M23 (Mouvement du 23 juin) a déferlé dans les rues de Dakar dépavant et brûlant des pneus, actes auxquels ont répondu les gaz lacrymogènes et les courses-poursuites. In fine, un policier lynché au quartier Colobane. Le pouvoir sénégalais a-t-il eu tort de revenir sur sa décision d’interdire les marches sur demande de l’UE ? L’urgence aujourd’hui est de rétablir la paix sociale, et ces actes de violence sont pain bénit pour Wade pour justifier des actions musclées.


Rédigé par leral.net le Lundi 30 Janvier 2012 à 04:46 | | 0 commentaire(s)|

La porte du non-retour ?
Le verdict des grands juges impose, en tout cas, 2 scénarii pour le Sénégal : Premier scénario : le M23 a entrepris d’introduire un recours auprès du Conseil constitutionnel pour l’amener à invalider la candidature de Wade après sa recevabilité. Autrement dit, il veut pousser cette grande institution juridique à se parjurer. Hypothèse improbable, car juridiquement, convenons-en, le Conseil constitutionnel a dit le droit. Les opposants ont beau affirmer que ces juges ont été stipendiés par Wade qui les a arrosés d’espèces sonnantes et trébuchantes, les articles 27 et 104 de la Constitution ne s’appliquent pas au président sortant. Il a été élu sous le magistère de la Loi fondamentale de 1963, alors que la Constitution a été modifiée en 2008, instituant le septennat. La Loi dispose pour l’avenir, ne retroagit pas et est impersonnelle.

Le second scénario est le basculement du Sénégal dans une atmosphère kafkaïenne. Le M23 promettant de mettre le feu au pays si la candidature de Wade est validée, ce qui est le cas, une lourde hypothèque pèse sur la présidentielle elle-même. Perspective que balaie d’un revers de la main Abdoulaye Wade qui estime que ses adversaires lui ont toujours promis un avenir de cendres, mais qu’il n’en a rien été. Bref, à ce chiffon rouge brandi par l’opposition, l’enfant terrible de Kébémer répond par des tirades, un tantinet provocateur, comme à son habitude, ce qui est agaçant.

On comprend d’ailleurs l’attitude de l’opposition, notamment son dépit, mais le débat sur la candidature de Wade est plus politique, voire biologique, que juridique. L’âge du capitaine (86 ans) gêne aux entournures, car même si chez les Wade on vit centenaire, ce n’est pas une raison pour s’accrocher au pouvoir.

Quoi qu’il en soit cependant, à partir du moment où l’instance chargée de l’affaire a pris sa décision, ne serait-il pas sage et responsable pour l’opposition de s’incliner devant l’autorité de la chose jugée ? Au demeurant, cette volonté farouche d’éliminer Wade de la course ne cache-t-elle pas la peur de l’opposition de connaître une bérézina électorale en février ? Car ces opposants qui affirment urbi et orbi qu’ils seront victorieux à ce vote savent bien qu’en vieux briscard de la politique, l’actuel locataire de l’Avenue-Léopold-Sédar-Senghor a plus d’un tour dans sa besace.

Le pays aujourd’hui semble avoir franchi le seuil de la porte du non-retour, cette porte sur l’Ile de Gorée où les esclaves passaient pour embarquer dans des bateaux, pour un aller simple vers des TERRA NOVA ou plutôt TERRA INCOGNITA. Le Sénégal vit un moment critique de son histoire : d’une part, un chef octogénaire qui compte remettre le couvert, et, d’autre part, une opposition dont le programme politique se résume au Tout sauf Wade, et, en ligne de mire une présidentielle lourde de tous les dangers. Plaise à Dieu que ce phare de la démocratie en Afrique de l’Ouest ne connaisse pas le syndrome ivoirien.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana — L’Observateur Paalga

( Les News )