La Société de développement et des fibres textiles (Sodefitex) n’a pu récolter que quelque 16 000 tonnes de coton en 2016, sur un objectif de 40 000 tonnes. En 2015, cette filiale du groupe français Geocoton avait produit 20 000 tonnes de coton.
Selon son directeur général, Ahmed Bachir Diop, contacté par Jeune Afrique, cette chute est due à deux raisons principales. La première est économique : les prix de l’arachide, plus rémunérateurs, ont entraîné une baisse des surfaces emblavées (ensemencées).
Négociants chinois
« Le prix de l’arachide est beaucoup plus favorable ces dernières années à cause de l’intervention des négociants chinois au Sénégal. Dans les exploitations agricoles familiales, les cultures de rente sont en compétition. En général, il faut que le ratio des prix coton/arachide soit de 1,3 pour que la compétition soit équilibrée entre les deux produits. Si l’arachide se négocie entre 240 et 245 FCFA le kilo, et le coton est à 255 F CFA le kilo, il est évident que, dans ces conditions, le coton ne peut pas tenir ».
Une série de mauvaises récoltes enregistrées ces dernières années dans l’empire du Milieu a poussé nombre de commerçants chinois dans le négoce de l’arachide au Sénégal où ils offrent des prix beaucoup plus rémunérateurs que ceux fixés par l’État.
La seconde raison du recul de la production de Sodefitex est liée au climat, avec un démarrage tardif des pluies qui, par ailleurs, sont tombées en faibles quantités. « Le cotonnier a un cycle de 130 jours, il faut donc une pluviométrie allant de juin à octobre pour qu’il puisse donner un rendement supérieur à une tonne à l’hectare, indique Ahmed Bachir Diop. En 2016, le mois de juin était complètement sec et les pluies se sont arrêtées en fin septembre ». Y compris à Tambacounda (dans l’Est), la principale zone de production cotonnière du pays.
Diversification
Le record de production au Sénégal, où Sodefitex est la seule société cotonnière, a été enregistré en 2007 avec 52 000 tonnes. Depuis, le volume des récoltes n’a cessé de dégringoler. Pourtant, la filiale du français Geocoton dispose, selon Ahmed Bachir Diop, d’un appareil industriel composé de cinq usines d’égrenage dimensionnées pour traiter 65 000 tonnes.
En 2014, l’entreprise qui a lancé une stratégie de diversification de sa production (céréales, minoterie, provende, semences…) afin de se soustraire aux aléas des cours mondiaux du coton, a adopté le plan stratégique de développement « Sodefitex, Horizon 2020 ».
Source J.A