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1 face aux 141 (Par Mamadou Thiam)


Rédigé par leral.net le Mercredi 23 Août 2023 à 15:01 | | 0 commentaire(s)|

J’ai lu, le cœur lourd, le manifeste réchauffé des 141 fantassins. Ces universitaires si aptes à s’organiser, à écrire, à s’indigner et à s’engager à chaque fois que Ousmane Sonko est mal en point. En février 2021, ils balisaient la voie. Leur sortie précédant de peu, sans qu’ils n’y prêtent attention, la déferlante d’indélicatesses qui s’empara de nos rues.
J’ai vu, en mars, des femmes agressées; certaines mêmes violées, à ce qu’il parait. Car les forces de défenses étaient occupées, en partie, à défendre casernes et commissariats de police face à une furie dressée pour tout détruire sur son passage.

En mars 2021, j’ai constaté, comme ces 141 universitaires, la maison d’un avocat brûlée, le siège d’une chaîne de télé saccagé. Comme ces 141 universitaires, j’ai entendu le cri de désarroi d’une jeune fille qui ne demande qu’à être entendue et son différend avec Ousmane Sonko, qu’elle accuse de viol, vidé par Dame Justice.
Comme ces 141 universitaires, j’ai entendu, lu et suivi une opposition demandant à 200.000 jeunes de se tenir prêts à déloger le locataire du Palais.

Comme ces 141 universitaires avisés, j’ai entendu le cri de douleur et de désespoir de plusieurs familles endeuillées, pleurant leur fils morts dans la rue après avoir donné suite à l’appel à la résistance de Ousmane Sonko. J’ai vu, comme ces 141 universitaires, ce même Sonko supplier les forces de défenses afin que celles-ci puissent permettre à son fils d’aller à l’école cependant que les fils des gens du peuple étaient incités à rallier la rue.

Comme ces 141 universitaires, j’ai lu des leaders de l’opposition reconnaître leurs erreurs irréparables lors de la confection des listes de candidats aux législatives. Comme ces 141 universitaires, j’ai entendu ces mêmes leaders de l’opposition qui reconnaissaient leur erreur irréparable ayant conduit à l’invalidation de leur liste, crier haut et fort que point il n y aura d’élections.

J’ai assisté meurtri, tout comme, je l’imagine, ces 141 universitaires, à l’enlèvement et à l’exposition humiliante dont ont fait l’objet des éléments de notre vaillante armée. Enlèvement et exposition du fait d’une faction du MFDC. Comme ces 141 universitaires, je n’ai pas entendu le maire de Ziguinchor, prétendant à la magistrature suprême, dénoncer cet état de fait ou appeler à la libération de nos soldats séquestrés.

Avec nos 141 universitaires, la passivité et la permissivité sont érigées en dogmes. La seule variable à leur attentisme, le seul élément qui puisse déclencher leur ire, substitut d’une capacité d’indignation qu’ils ont perdue en cours de route, c’est la préservation, quoiqu’il nous en coûte, des intérêts d’une certaine opposition en général et de Ousmane Sonko en particulier.

J’ai été choqué de ne pas voir une seule réaction organisée de la part de ces 141 universitaires, qui pourtant doivent tout ou beaucoup à la providence de l’état, à chaque fois que l’opposition se met en mode disjonction ou que les fondements de notre État sont malmenés.

Mais le summum de mon indignation est atteint lorsque ces 141 universitaires, composés en majorité de juristes, en arrivent à mettre en avant des critères abstraits et/ou partiels pour énoncer, décréter et annoncer la survenue d’un état de droit défaillant, cependant que leur « inspirateur » pose, régulièrement, des actes en porte-à-faux avec un état de droit.

Ces juristes ont-ils oublié le passage devenu éternel de la Prosopopée des lois de Socrate restituée par Platon dans le Criton: « En sortant d’ici sans avoir obtenu l’assentiment de la cité, faisons-nous du mal à quelqu’un, à ceux-là précisément qui le méritent le moins, oui ou non ? et restons-nous fidèles à ce que nous avons reconnu comme juste, oui ou non ? »

N’ont-ils pas retenu la leçon de dépassement de soi au profit du collectif dont a fait preuve Socrate? En effet, Socrate, quoique convaincu d’avoir été condamné injustement, a toutefois refusé de s’évader car considérant que tel acte serait en porte-à-faux avec le respect dû aux lois:
« (…) Suppose qu’au moment où nous allons nous évader, (…) les lois et l’État viennent se présenter devant nous et nous interrogent ainsi : « Dis-nous, Socrate, qu’as- tu dessein de faire ? Que vises-tu par le coup que tu vas tenter, sinon de nous détruire, nous, les lois et l’État tout entier, autant qu’il est en ton pouvoir ? Crois-tu qu’un État puisse encore subsister et n’être pas renversé, quand les jugements rendus n’y ont aucune force et que les particuliers les annulent et les détruisent ? »

Comme Socrate, j’interpelle ces 141 universitaires en leur demandant : « que répondrez à cette question, et à d’autres semblables ? Car que n’aurait-on pas à dire, surtout un [universitaire], en faveur de cette loi [que l’on voudrait voir] détruite, qui veut que les jugements rendus soient exécutés ?

Chers universitaires, face à des opposants qui insultent la justice, qui refusent les décisions administratives et qui vilipendent les jugements et actes légaux et réglementaires qui ne les arrangent pas, répondrez-vous : « L’État nous a fait une injustice, il a mal jugé notre procès ? » « Est-ce là ce que vous répondrez ou direz-vous autre chose ? »
La République attend assurément plus et mieux de vous chers 141 universitaires.

D’abord que vous assuriez avec assiduité les enseignements pour lesquels vous êtes grassement rémunérés; ensuite que vous mettiez votre expertise pour, par exemple, nous éviter ces faux imbroglios juridiques que vous dénoncez aujourd’hui alors que votre kyrielle de professeurs bien titrés en droit n’a pas jugé nécessaire de procéder, en amont, à une relecture critique du code électoral consensuel objet de tous les fantasmes!

On ne vous entend par ailleurs vous prononcer que rarement sur les politiques publiques, notamment les lignes directrices en matière de développement socio-économiques. Pourquoi?
Pourquoi ne parlez-vous en fantassins bien alignés en rangs serrés pour former 102 que lorsque c’est politique voire politicien?

Munis de vos titres, rangs et qualités d’universitaires, vos habits partisans doivent être rangés dans vos tiroirs personnels. Vos titres vous exigent d’abord un obligation d’informer et un devoir d’exégèse dans le seul
but d’éclairer les citoyens sur les politiques publiques, les attitudes et postures des leaders en vertu des principes, des règlements et de la loi en vigueur.

Vous avez beau être 141, 201 ou 200.000, votre voix ne saurait être audible pour le citoyen lambda. Car vous ne lui parlez pas et ne parlez pas pour lui. Tant que vos 102 voix resteront la voix pour une seule personne et non la voix pour tous, vos sorties auront un effet éphémère.

Parlez donc plus souvent pour le peuple en faisant montre de bienveillance, pour mieux l’éclairer et le guider. Lux mea lex. Ou alors cette assertion devenue emblème de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, est-elle, comme la prosopopée des lois, enfouie au tréfonds de vos tendances et penchants politiciens?
Parlez pour la République en rappelant la base essentielle de toute communauté de vie et de destins: la loi est dure mais c’est la loi! Dura lex, sed lex!

Mamadou Thiam, Président du Mouvement Agir pour l’émergence,
Membre de Benno Bokk Yaakar

Ndèye Fatou Kébé