« La musique est le message », aiment à dire les rastas, ces adeptes du « social living », amoureux de la nature et très imbus de la richesse culturelle africaine, mais surtout de leur fierté d’être Noir. Une fierté revendiquée et affichée dans la discographie de Marley qui se voyait dans la descendance « du grand homme africain » pour mieux inviter ses frères à l’unité (Africa Unite). Une unité qui n’a rien à voir avec cette Union des politiques qui fait l’affaire des policiers véreux, racketteurs, empêcheurs de circuler librement en Afrique. La renaissance africaine, un monument porte justement cet idéal à Dakar, est devenue une sempiternelle question. Mais est-ce possible face au déracinement continu des fils d’Afrique qui voient le meilleur ailleurs ? De ces Africains qui ont perdu leurs cultures et repères. Le paradoxe n’en est que plus grand par rapport au « retour aux sources » prôné par Marcus Garvey, précurseur du mouvement Rastafari. Un mouvement pourtant plus qu’actuel et rédempteur pour les descendants d’esclaves qui ne se « sentaient en aucun cas chez eux » aux Amériques. Et pourtant, Marley n’avait de cesse d’inviter à « ne point avoir peur de la troupe de loups, et à s’ancrer dans sa culture » (Rastaman Live up).
La question est de savoir si le processus est irréversible pour nous autres Africains qui nous détachons spirituellement de nos valeurs. On nous chante par-ci et par-là des lendemains meilleurs, d’un avenir radieux pour le continent africain, toujours phagocyté par les maladies les plus infantilisantes, par une paupérisation graduelle, analphabétisme chronique. Et même chez nombre d’alphabétisés, on perçoit une bonne portion d’« alpha-bêtes ». Loin de l’idéal rasta sur la « terre-mère » qu’affichaient Marley et ses congénères, aussi loin de ceux-là qui nous enquiquinent avec de redondants « l’Afrique est le berceau de l’humanité », le constat est très amer : « L’Afrique a trop dormi dans le berceau ». A qui la faute ? A nous Africains. Ne point convoquer les tragédies de l’histoire pour une éventuelle justification. L’histoire s’écrit au présent. Une part belle réside dans l’irresponsabilité politique, mais surtout dans cet « esclavage mental » plus pernicieux et dont Peter Tosh faisait allusion dans son inoubliable « Bush Doctor ». S’affirmer comme le voulait Marley, c’est surtout ne pas croire que le « Babylon system », avec ses « universités, ses églises, son profit », est la solution. Face aux récurrentes crises du capitalisme, l’idéal est de se trouver une autre voie et de « s’émanciper mentalement ».
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE LESOLEIL.SN
La question est de savoir si le processus est irréversible pour nous autres Africains qui nous détachons spirituellement de nos valeurs. On nous chante par-ci et par-là des lendemains meilleurs, d’un avenir radieux pour le continent africain, toujours phagocyté par les maladies les plus infantilisantes, par une paupérisation graduelle, analphabétisme chronique. Et même chez nombre d’alphabétisés, on perçoit une bonne portion d’« alpha-bêtes ». Loin de l’idéal rasta sur la « terre-mère » qu’affichaient Marley et ses congénères, aussi loin de ceux-là qui nous enquiquinent avec de redondants « l’Afrique est le berceau de l’humanité », le constat est très amer : « L’Afrique a trop dormi dans le berceau ». A qui la faute ? A nous Africains. Ne point convoquer les tragédies de l’histoire pour une éventuelle justification. L’histoire s’écrit au présent. Une part belle réside dans l’irresponsabilité politique, mais surtout dans cet « esclavage mental » plus pernicieux et dont Peter Tosh faisait allusion dans son inoubliable « Bush Doctor ». S’affirmer comme le voulait Marley, c’est surtout ne pas croire que le « Babylon system », avec ses « universités, ses églises, son profit », est la solution. Face aux récurrentes crises du capitalisme, l’idéal est de se trouver une autre voie et de « s’émanciper mentalement ».
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE LESOLEIL.SN