Yékini a pris certes, par deux fois, le dessus sur Tyson. Mais, il a beau dire, les archives attesteront, toujours, qu’il ne s’est pas confronté avec l’essentiel des vieux lutteurs, que celui-ci a envoyés à la retraite. Parmi eux, son concitoyen de Joal, Manga II, avec lequel il ne s’entend pas. Pourtant, l’ancien et le nouveau « roi » de l’arène partagent le même fief et la même ethnie sérère. Manga, un adversaire mystique de Yékini, qui en a créé d’autres : les marabouts de Balla Gaye et d’autres qui ont eu à travailler pour l’actuel « roi ». Le champion a-t-il été avisé de se mettre à dos des références mystiques de l’arène ayant « travaillé » pour lui ? En tout cas, en avançant, au sujet de Balla Gaye II, « je n’ai pas peur, je suis prêt », Yékini sert un tout nouveau discours. Car, de par le passé, il a toujours snobé ses adversaires. Il ne s’exprimait à leurs endroits que quand les combats étaient ficelés. Le « roi » a dérogé à la règle. Soif de « goûter » à la nouvelle terreur de l’arène, pour signer son départ en apothéose dans la lutte, où seul Zale Lô l’a battu en lutte simple ? Une vérité que Yékini ne veut pas entendre. Quoi qu’il en soit, en comparant Yawou Dial, qui ne discute que les petits combats, à Balla Gaye II, Yékini semble s’avancer sur un terrain glissant. Car le « lion de Guédiawaye » a fait ses preuves face aux lutteurs de sa génération. C’est un technicien hors pair, dont les combats ont été, jusque-là, expéditifs, et qui, en plus d’être technique et courageux, ne nourrit aucun complexe et vend ses combats ; au profit du public, des promoteurs et des sponsors. En avançant que « si je n’affronte pas Balla Gaye II, cela ne me fera ni chaud ni froid » et en insistant sur ses périodes de lutte et l’imminence de sa fin de carrière, Yékini fait comme une dérobade. Car, la loi du sport fait qu’il ne peut pas ne pas affronter ce jeune loup aux dents très longues, qui a fait le vide autour de lui, exception faite de Eumeu Sène. Hélas pour lui leur inévitable choc vient d’être monté par Luc Nicolaï. Yékini est comme Lac de Guiers II, qu’il souhaite affronter, attentiste. Tout le contraire de Balla Gaye, qui reste le lutteur le plus offensif et le plus imprévisible de sa génération. Est-ce ces qualités qui inquiètent le « roi » ? En tout cas pour bien des connaisseurs, Yékini reste très préoccupé par son choc contre le fils de Double Less, un ancien champion ; d’autant qu’il a avoué son « handicap » : ne plus pouvoir disputer plus d’un combat par saison. Mais sa sortie et la réclame des amateurs ont ficelé leur affrontement. A l’occasion, le vainqueur et le vaincu pourront tous deux se frotter les mains. Car l’affiche pourrait bien graviter autour de 300 millions de francs Cfa. Yékini parle de 100 millions, pour probablement dévaloriser Balla Gaye II, qui n’a pas manqué pas de mesurer tous les enjeux de son choc avec celui dont il conteste le titre de « roi » et qui le lui concède. Pour l’heure, c’est Balla Gaye II qui remporte la première manche.
xibar
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