Son nom avait d’abord été évoqué lundi par le Daily Mail. Samantha Lewthwaite, une Britannique de 29 ans, serait membre du commando islamiste qui a attaqué samedi le centre commercial de Nairobi, au Kenya. S’appuyant sur plusieurs témoignages, le quotidien britannique assurait même que la jeune femme voilée commandait les autres terroristes. Son nom a également circulé sur un compte Twitter attribué aux Chebab somaliens, qui ont revendiqué l’attaque. « Sherafiyah lewthwaite aka samantha est une femme courageuse. Nous sommes contents de la compter dans nos rangs », était-il écrit avant que ce compte ne soit suspendu.
Mais l’information a rapidement été démentie, à la fois par le ministre de l’Intérieur kenyan – qui assurait sur Twitter que les assaillants étaient tous des « hommes » – et un homme présenté sur la BBC comme un « commandant » des islamistes somaliens, niant toute présence d’étrangers dans le commando. Désormais, les autorités kényanes n’ont presque plus de doute. Lundi soir, la ministre kényane des Affaires étrangères, Amina Mohamed, a confirmé sur la chaîne de télévision américaine PBS la participation de la Britannique. La police pense aussi que Samantha Lewthwaite, veuve d’un des kamikazes des attentats du 7 juillet 2005 à Londres, serait « impliquée ».
Morte au cours de l’attaque?
Le nom de cette mère de famille, originaire de Aylesbury près de Londres et convertie à l’islam à l’adolescence, revient régulièrement depuis des années dans des affaires terroristes en Afrique de l’Est. Son visage souriant, illuminé par des yeux bleus et encadré d’un simple voile, a souvent fait la Une des médias britanniques. Certains médias évoquent la possible mort de la « veuve blanche » – son surnom depuis 2005 – au cours de l’attaque. Des sources officielles, notamment citées par Reuters, estiment que les enquêteurs tentent d’identifier le corps d’une femme blanche retrouvée parmi d’autres terroristes, même s’il pourrait s’agir d’une otage.
Le gouvernement d’Afrique du Sud vient quant à lui de lancer une enquête sur Samantha Lewthwaite, qui serait détentrice d’un faux passeport sud-africain. Un porte-parole cité par l’AFP relate lui aussi certaines informations qui affirment qu’ »une terroriste blanche aurait été tuée » au cours de l’attaque du centre commercial. La Britannique s’est régulièrement rendue en Afrique du Sud et a séjourné dans une banlieue indienne de Johannesburg cette année, selon un universitaire sud-africain spécialiste du terrorisme, le professeur Hussein Solomon. « Elle a réussi à entrer dans le pays bien que son nom figure sur une liste de personnes recherchées par Interpol », a-t-il déclaré au quotidien Beeld.
En cavale depuis deux ans
L’itinéraire de Samantha Lewthwaite depuis 2005 reste pourtant extrêmement difficile à retracer. A cette époque, alors enceinte de son deuxième enfant, la jeune femme avait condamné l’attentat commis par son mari Germaine Lindsay, 19 ans, qui s’était fait exploser sur la ligne de métro Piccadilly. Mais depuis deux ans environ, « la veuve blanche » est en cavale. Son nom circule à propos de l’organisation d’attentats visant des intérêts occidentaux au Kenya. En 2011, la police kényane a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de la jeune femme, mère désormais de trois enfants. Elle aurait voyagé dans le pays sous une fausse identité, Natalie Faye Webb.
Le nom de Samantha Lewthwaite a également refait surface en 2012 au Royaume-Uni. La police britannique la soupçonnait alors d’être impliquée dans un complot visant notamment des hôtels et l’école prestigieuse d’Eton en Angleterre, selon le Sunday Times. Coïncidence, le procès de son complice présumé dans cette affaire, Jermaine Grant, a d’ailleurs repris mardi au Kenya. Ce jeune Britannique avait été arrêté en décembre 2011 en possession de produits chimiques, batteries et interrupteurs destinés, selon l’accusation, à confectionner des explosifs. Samantha Lewthwaite, elle, était restée introuvable.
Source: JDD