« Happy birthday to you !!! » ont certainement chanté en chœur les employés, un peu, mais surtout les administrateurs toubabs de la Sgbs en soufflant les 50 bougies de cette vénérable banque. Et ce dans la joie, la fierté et avec le sentiment d’avoir assisté à cette fête et, surtout, d’avoir contribué à construire l’institution de référence qu’est devenue la Sgbs. Mais tandis que d’aucuns s’empiffraient de petits-fours et sablaient le champagne dans un distingué pince-fesses auquel étaient conviés des happy few représentés surtout par les plus gros clients de l’établissement, de l’autre côté, clients, employés et actionnaires qui ne sont pas amnésiques ont dû avoir une pensée pieuse pour un très illustre disparu. Un homme qui a apporté les plus grosses pierres au solide édifice qu’est la Sgbs. Au moment où les dirigeants toubabs de la « Générale » venus de France et de la sous-région tiraient à eux la couverture de cette belle réussite bancaire africaine, il était juste de braquer les projecteurs sur un homme qui n’est plus de ce monde, certes, mais dont l’ombre tutélaire continue de planer sur la Sgbs.
Implantée au Sénégal en 1962, la Sgbs a connu une croissance fulgurante et soutenue. Une expansion qui n’était pourtant pas évidente au départ puisque notre pays, qui venait juste d’accéder à la souveraineté internationale et s’était engagé dans une voie socialisante de développement économique, était faiblement industrialisé tandis que son commerce lui-même était peu structuré. Et le peu de sociétés françaises qui existaient à l’époque étaient des comptoirs commerciaux s’activant dans le négoce et la redistribution des produits de la Métropole. Les rares hommes d’affaires et hauts fonctionnaires ayant une certaine culture de bancarisation n’étaient pas suffisamment nombreux pour porter l’activité d’une banque à la recherche de parts de marché. Et si 50 ans après l’indépendance, le taux de bancarisation est toujours aussi faible dans notre pays, on imagine ce que cela devait être à l’époque… Surtout, au lendemain de l’indépendance, le salarié indigène à la solvabilité douteuse n'avait pas sa place dans les banques. C’est dans ce contexte que, bien plus tard, le président Idrissa Seydi a débarqué à la Sgbs en qualité de président du conseil d’administration. L’Histoire retiendra qu’il fut le troisième Pca de la Sgbs après les nommés Freronnière Jean (5 décembre 1962/09 mai 1973) et Jean - Paul de la Cour (09 mai 1973/29 mai 1976). C’est justement ce dernier que M. Idrissa Seydi a remplacé, devenant ainsi le tout-premier Pca sénégalais de cette filiale sénégalaise de la Société Générale française. Entré dans l’établissement en qualité de Pca en 1976, M. Idrissa Seydi n’en est ressorti qu’en 2001. Autrement dit, il en a été le Président pendant 25 ans ! Un record jamais égalé dans l’histoire des banques sénégalaises, surtout celles ayant leur maison-mère en France. Cet exploit était d’autant plus remarquable que M. Seydi n’avait pas bénéficié d’une nomination de complaisance et n’ était pas non plus un homme de paille. Au contraire, il faisait partie du cercle fermé des plus grands hommes d’affaires et industriels sénégalais. C’était l’un des rares nationaux milliardaires de l’époque. Et à l’époque, les milliards, on les gagnait à la sueur de son front et à la force du poignet. On était très loin en effet de ces années 2000 où l’unité de mesure pour nos dirigeants, c’est le milliard gagné en détournant les deniers publics. Ah, un milliardaire ! Les milliardaires, nos pères ou grands-pères nous racontent qu’on les comptait sur les doigts d’une main durant les années 60 et 70. Et ce, encore une fois, contrairement aux années Wade où le moindre jardinier s’invite dans la cour des milliardaires après avoir « exécuté » un marché de matériels agricoles. Après l’avoir largement surfacturé et remporté de gré à gré, bien sûr !
Quant au président Idrissa Seydi, il avait fait ses preuves dans les milieux économiques avant de bénéficier de la confiance de Paris pour présider le conseil d’administration de la Société Générale de Banques au Sénégal. Sous sa présidence, cette dernière est devenue la première banque du Sénégal, écrasant ses rivales.
Jusqu’en 2008, chaque année, aussi bien au total bilan qu’au cumul des bénéfices, la « Générale », comme on l’appelle, a dominé outrageusement ses concurrentes. Une place de leader qui montrait sa solidité financière et sa rentabilité. En parmi les 50 bougies soufflées cette semaine, il ne fait aucun doute que les 25 étaient allumées par le président Idrissa Seydi. Un président différent de ces Pca que l’on ne voit qu’une fois par an. Au moment de la distribution des dividendes. Lui, au contraire, durant le quart de siècle de sa présidence, il était impliqué dans la gestion quotidienne de l’institution. Il exerçait pleinement son droit de regard et de contrôle sur les choix stratégiques de la banque. « Il était un Pca exécutif ! » nous dit-on. Ainsi, il a marqué de son empreinte le cheminement et la montée en puissance de la Sgbs sur tous les plans. Un Pca amortisseur de crises sociales, feu Idrissa Seydi l’a aussi été pendant 25 ans ! Et à l’occasion de cette semaine célébrant le 50e anniversaire, les « doyens » de la Sgbs ne manqueront sans doute pas de souligner que de nombreux avantages sociaux acquis par le personnel l’ont été sous le magistère du Vieux Seydi.
Etant déjà un richissime capitaine d’industrie avant de mettre le pied à l’étrier de la banque, le président Seydi était un homme du monde bien que très discret. Il était un décideur économique très influent dont l’entregent a permis à la Sgbs, pendant les périodes très difficiles, de bénéficier des dépôts institutionnels (Etat et autres démembrements). Les experts vous diront que la croissance soutenue d’une banque classique repose sur deux mamelles : le dépôt et le crédit. À cet effet, le Pca Idrissa Seydi, grâce à ses relations privilégiées avec les présidents Senghor et Diouf, poussait l’Etat à déposer ses fonds et ses recettes dans les caisses de la Sgbs. Inutile de vous dire aussi que la plupart des fonctionnaires de l’époque domiciliaient leurs salaires à la Sbgs. Naturellement, le fait d’avoir usé de ses excellentes relations avec les deux premiers Présidents du Sénégal pour « pistonner » la Sgbs dans les couloirs financiers de l’Etat, était considéré par les rares détracteurs du président Seydi comme constituant une concurrence déloyale. Également, sous la présidence d’Idrissa Seydi, les cadres sénégalais ont commencé à être responsabilisés dans les différentes directions stratégiques de l’établissement dont les postes clés étaient occupés, jusqu’en 1973, par des Français. Ce qui montre que, loin d’être un Pca-potiche, le président Seydi avait de réels pouvoirs puisqu’il bénéficiait de la totale confiance de Paris. « En effet, les Français savaient que le président Seydi était déjà un richissime industriel avant d’entrer dans la banque. Par conséquent, il ne vivait pas de la Sbgs. Au contraire, c’est la Sgbs qui se servait de lui dès lors que l’institution s’appuyait sur son entregent pour gagner en prestige et en clientèle » témoigne ce haut cadre de la Sgbs à la retraite. À preuve, la Sgbs, sous la présidence de M. Idrissa Seydi, avait réussi à pousser ses ambitions internationales et poursuivre sa croissance régionale pour ouvrir une fenêtre, puis une porte sur les pays voisins. Ainsi, la « Générale » s’est implantée en Guinée, en Mauritanie, au Mali etc… Un déploiement rapide dont le président Seydi était à la fois l’initiateur et le facilitateur. D’ailleurs, dans ces capitales sous-régionales, il possédait déjà des usines qui tournaient à merveille ! Et tant mieux si l’institution avait profité des rampes d’affaires du président Seydi pour étendre ses tentacules financières dans les pays voisins. Résultats : En 50 ans, la Sgbs, malgré les différentes crises économiques, notamment celle consécutive à la sécheresse de 1973, puis la crise financière de 2008, et une concurrence épique, a pu consolider ses fondamentaux et accroître ses parts de marché.
La disparition du Pdt Seydi ou l’effondrement d’un pilier de l’économie nationale
Bien que Paris l’avait nommé Pca à « vie » de la Sgbs, Idrissa Seydi s’était volontairement retiré en 2001. Outre le poids de l’âge, il voulait se consacrer à plein temps à la gestion de ses propres affaires. Et surtout être plus proche de ses enfants qui venaient de terminer de brillantes études supérieures. Parmi ceux-là, la notaire maître Tamaro Seydi, l’homme d’affaires Abdoulaye Seydi, qui fut le bras droit du Vieux, Marième Hanne Seydi, la seule qui travaille à la SGBS et qui a rang de directrice, etc. Des enfants dont certains ont suivi les traces de leur père, un magnat de l’industrie ! De son vivant, en effet, le président Idrissa Seydi était le propriétaire et fondateur de plusieurs sociétés comme la Sigelec (Société Industrielle de Générateurs électriques) fabriquant les piles « Hellesens », la « Biscuiterie de Medina », la société « Le Bois », « Emoa » Côte d’Ivoire et autres usines montées au Mali, au Ghana, au Gabon, au Maroc etc. Et pas plus tard qu’en 2005, bien qu’étant âgé, le président Seydi voulait même monter une petite compagnie aérienne domestique. « Je compte le faire pour mon pays puisque les billets d’avion coûtent trop cher pour les Sénégalais désirant se rendre à Ziguinchor, Bamako ou Banjul » nous confiait-il alors. Le président Seydi s’activait aussi dans l’immobilier puisqu’il était propriétaire de plusieurs immeubles, villas et appartements aussi bien au Sénégal qu’en France, en Angleterre, aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada etc. Et rien que l’immeuble « Tamaro », construit en partenariat avec son fils, l’homme d’affaires Abdoulaye Seydi, est un symbole de cet impressionnant patrimoine immobilier ! Mais ce qui est le plus remarquable, c’est que le président Idrissa Seydi ne se comportait pas comme les milliardaires flamboyants puisque, lui, il se faisait très discret. En particulier dans la générosité et le mécénat puisqu’il aidait les plus pauvres et soutenait les plus démunis. Chaque année, nous rappellent ses anciens compagnons, l’illustre disparu convoyait discrètement plus de cinq personnes à La Mecque. Sans oublier les mosquées qu’il achevait sans le moindre tintamarre. Aujourd’hui, nombreux sont les capitaines d’industrie, au Sénégal et en Afrique, à avoir bénéficié des coups de pouce financiers du président Seydi. À la tête d’un véritable empire économique et financier, il a d’ailleurs eu à s’inviter dans les classements de deux journaux (un français et un américain) le considérant comme l’un des 100 hommes les plus riches et les plus influents en Afrique.
A ses heures perdues, « Vieux Seydi », comme tout bon Peulh, retournait à l’élevage. Un vrai banquier-éleveur ! En Casamance, comme dans le village de Niacourab situé 30 km de Dakar, il avait construit de grandes fermes laitières ultramodernes pour un lourd investissement de plus deux milliards fcfa.
Pour de bons et loyaux services rendus au Sénégal et à la France, le feu président Idrissa Seydi, décédé en avril 2008, est titulaire de plusieurs décorations : Grand-Officier, Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite français etc. sans compter, bien sûr, les distinctions aux différents ordres nationaux.
Au grand banquet des festivités célébrant les 50 ans de la Sbgs, feu le président Idrissa Seydi était assurément l’absent le plus présent. Malgré cela, nul doute que les 25 bougies qu’il avait allumées sur les 50 fêtées, durant ses années de Pca, éclaireront pour toujours le chemin de la Sgbs. Et cette lumière, les « toubabs » ne pourront jamais l’éteindre…
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1105 –Hebdomadaire Sénégalais (21 NOVEMBRE 2012)
Implantée au Sénégal en 1962, la Sgbs a connu une croissance fulgurante et soutenue. Une expansion qui n’était pourtant pas évidente au départ puisque notre pays, qui venait juste d’accéder à la souveraineté internationale et s’était engagé dans une voie socialisante de développement économique, était faiblement industrialisé tandis que son commerce lui-même était peu structuré. Et le peu de sociétés françaises qui existaient à l’époque étaient des comptoirs commerciaux s’activant dans le négoce et la redistribution des produits de la Métropole. Les rares hommes d’affaires et hauts fonctionnaires ayant une certaine culture de bancarisation n’étaient pas suffisamment nombreux pour porter l’activité d’une banque à la recherche de parts de marché. Et si 50 ans après l’indépendance, le taux de bancarisation est toujours aussi faible dans notre pays, on imagine ce que cela devait être à l’époque… Surtout, au lendemain de l’indépendance, le salarié indigène à la solvabilité douteuse n'avait pas sa place dans les banques. C’est dans ce contexte que, bien plus tard, le président Idrissa Seydi a débarqué à la Sgbs en qualité de président du conseil d’administration. L’Histoire retiendra qu’il fut le troisième Pca de la Sgbs après les nommés Freronnière Jean (5 décembre 1962/09 mai 1973) et Jean - Paul de la Cour (09 mai 1973/29 mai 1976). C’est justement ce dernier que M. Idrissa Seydi a remplacé, devenant ainsi le tout-premier Pca sénégalais de cette filiale sénégalaise de la Société Générale française. Entré dans l’établissement en qualité de Pca en 1976, M. Idrissa Seydi n’en est ressorti qu’en 2001. Autrement dit, il en a été le Président pendant 25 ans ! Un record jamais égalé dans l’histoire des banques sénégalaises, surtout celles ayant leur maison-mère en France. Cet exploit était d’autant plus remarquable que M. Seydi n’avait pas bénéficié d’une nomination de complaisance et n’ était pas non plus un homme de paille. Au contraire, il faisait partie du cercle fermé des plus grands hommes d’affaires et industriels sénégalais. C’était l’un des rares nationaux milliardaires de l’époque. Et à l’époque, les milliards, on les gagnait à la sueur de son front et à la force du poignet. On était très loin en effet de ces années 2000 où l’unité de mesure pour nos dirigeants, c’est le milliard gagné en détournant les deniers publics. Ah, un milliardaire ! Les milliardaires, nos pères ou grands-pères nous racontent qu’on les comptait sur les doigts d’une main durant les années 60 et 70. Et ce, encore une fois, contrairement aux années Wade où le moindre jardinier s’invite dans la cour des milliardaires après avoir « exécuté » un marché de matériels agricoles. Après l’avoir largement surfacturé et remporté de gré à gré, bien sûr !
Quant au président Idrissa Seydi, il avait fait ses preuves dans les milieux économiques avant de bénéficier de la confiance de Paris pour présider le conseil d’administration de la Société Générale de Banques au Sénégal. Sous sa présidence, cette dernière est devenue la première banque du Sénégal, écrasant ses rivales.
Jusqu’en 2008, chaque année, aussi bien au total bilan qu’au cumul des bénéfices, la « Générale », comme on l’appelle, a dominé outrageusement ses concurrentes. Une place de leader qui montrait sa solidité financière et sa rentabilité. En parmi les 50 bougies soufflées cette semaine, il ne fait aucun doute que les 25 étaient allumées par le président Idrissa Seydi. Un président différent de ces Pca que l’on ne voit qu’une fois par an. Au moment de la distribution des dividendes. Lui, au contraire, durant le quart de siècle de sa présidence, il était impliqué dans la gestion quotidienne de l’institution. Il exerçait pleinement son droit de regard et de contrôle sur les choix stratégiques de la banque. « Il était un Pca exécutif ! » nous dit-on. Ainsi, il a marqué de son empreinte le cheminement et la montée en puissance de la Sgbs sur tous les plans. Un Pca amortisseur de crises sociales, feu Idrissa Seydi l’a aussi été pendant 25 ans ! Et à l’occasion de cette semaine célébrant le 50e anniversaire, les « doyens » de la Sgbs ne manqueront sans doute pas de souligner que de nombreux avantages sociaux acquis par le personnel l’ont été sous le magistère du Vieux Seydi.
Etant déjà un richissime capitaine d’industrie avant de mettre le pied à l’étrier de la banque, le président Seydi était un homme du monde bien que très discret. Il était un décideur économique très influent dont l’entregent a permis à la Sgbs, pendant les périodes très difficiles, de bénéficier des dépôts institutionnels (Etat et autres démembrements). Les experts vous diront que la croissance soutenue d’une banque classique repose sur deux mamelles : le dépôt et le crédit. À cet effet, le Pca Idrissa Seydi, grâce à ses relations privilégiées avec les présidents Senghor et Diouf, poussait l’Etat à déposer ses fonds et ses recettes dans les caisses de la Sgbs. Inutile de vous dire aussi que la plupart des fonctionnaires de l’époque domiciliaient leurs salaires à la Sbgs. Naturellement, le fait d’avoir usé de ses excellentes relations avec les deux premiers Présidents du Sénégal pour « pistonner » la Sgbs dans les couloirs financiers de l’Etat, était considéré par les rares détracteurs du président Seydi comme constituant une concurrence déloyale. Également, sous la présidence d’Idrissa Seydi, les cadres sénégalais ont commencé à être responsabilisés dans les différentes directions stratégiques de l’établissement dont les postes clés étaient occupés, jusqu’en 1973, par des Français. Ce qui montre que, loin d’être un Pca-potiche, le président Seydi avait de réels pouvoirs puisqu’il bénéficiait de la totale confiance de Paris. « En effet, les Français savaient que le président Seydi était déjà un richissime industriel avant d’entrer dans la banque. Par conséquent, il ne vivait pas de la Sbgs. Au contraire, c’est la Sgbs qui se servait de lui dès lors que l’institution s’appuyait sur son entregent pour gagner en prestige et en clientèle » témoigne ce haut cadre de la Sgbs à la retraite. À preuve, la Sgbs, sous la présidence de M. Idrissa Seydi, avait réussi à pousser ses ambitions internationales et poursuivre sa croissance régionale pour ouvrir une fenêtre, puis une porte sur les pays voisins. Ainsi, la « Générale » s’est implantée en Guinée, en Mauritanie, au Mali etc… Un déploiement rapide dont le président Seydi était à la fois l’initiateur et le facilitateur. D’ailleurs, dans ces capitales sous-régionales, il possédait déjà des usines qui tournaient à merveille ! Et tant mieux si l’institution avait profité des rampes d’affaires du président Seydi pour étendre ses tentacules financières dans les pays voisins. Résultats : En 50 ans, la Sgbs, malgré les différentes crises économiques, notamment celle consécutive à la sécheresse de 1973, puis la crise financière de 2008, et une concurrence épique, a pu consolider ses fondamentaux et accroître ses parts de marché.
La disparition du Pdt Seydi ou l’effondrement d’un pilier de l’économie nationale
Bien que Paris l’avait nommé Pca à « vie » de la Sgbs, Idrissa Seydi s’était volontairement retiré en 2001. Outre le poids de l’âge, il voulait se consacrer à plein temps à la gestion de ses propres affaires. Et surtout être plus proche de ses enfants qui venaient de terminer de brillantes études supérieures. Parmi ceux-là, la notaire maître Tamaro Seydi, l’homme d’affaires Abdoulaye Seydi, qui fut le bras droit du Vieux, Marième Hanne Seydi, la seule qui travaille à la SGBS et qui a rang de directrice, etc. Des enfants dont certains ont suivi les traces de leur père, un magnat de l’industrie ! De son vivant, en effet, le président Idrissa Seydi était le propriétaire et fondateur de plusieurs sociétés comme la Sigelec (Société Industrielle de Générateurs électriques) fabriquant les piles « Hellesens », la « Biscuiterie de Medina », la société « Le Bois », « Emoa » Côte d’Ivoire et autres usines montées au Mali, au Ghana, au Gabon, au Maroc etc. Et pas plus tard qu’en 2005, bien qu’étant âgé, le président Seydi voulait même monter une petite compagnie aérienne domestique. « Je compte le faire pour mon pays puisque les billets d’avion coûtent trop cher pour les Sénégalais désirant se rendre à Ziguinchor, Bamako ou Banjul » nous confiait-il alors. Le président Seydi s’activait aussi dans l’immobilier puisqu’il était propriétaire de plusieurs immeubles, villas et appartements aussi bien au Sénégal qu’en France, en Angleterre, aux Etats-Unis d’Amérique, au Canada etc. Et rien que l’immeuble « Tamaro », construit en partenariat avec son fils, l’homme d’affaires Abdoulaye Seydi, est un symbole de cet impressionnant patrimoine immobilier ! Mais ce qui est le plus remarquable, c’est que le président Idrissa Seydi ne se comportait pas comme les milliardaires flamboyants puisque, lui, il se faisait très discret. En particulier dans la générosité et le mécénat puisqu’il aidait les plus pauvres et soutenait les plus démunis. Chaque année, nous rappellent ses anciens compagnons, l’illustre disparu convoyait discrètement plus de cinq personnes à La Mecque. Sans oublier les mosquées qu’il achevait sans le moindre tintamarre. Aujourd’hui, nombreux sont les capitaines d’industrie, au Sénégal et en Afrique, à avoir bénéficié des coups de pouce financiers du président Seydi. À la tête d’un véritable empire économique et financier, il a d’ailleurs eu à s’inviter dans les classements de deux journaux (un français et un américain) le considérant comme l’un des 100 hommes les plus riches et les plus influents en Afrique.
A ses heures perdues, « Vieux Seydi », comme tout bon Peulh, retournait à l’élevage. Un vrai banquier-éleveur ! En Casamance, comme dans le village de Niacourab situé 30 km de Dakar, il avait construit de grandes fermes laitières ultramodernes pour un lourd investissement de plus deux milliards fcfa.
Pour de bons et loyaux services rendus au Sénégal et à la France, le feu président Idrissa Seydi, décédé en avril 2008, est titulaire de plusieurs décorations : Grand-Officier, Grand-Croix de l'Ordre National du Mérite français etc. sans compter, bien sûr, les distinctions aux différents ordres nationaux.
Au grand banquet des festivités célébrant les 50 ans de la Sbgs, feu le président Idrissa Seydi était assurément l’absent le plus présent. Malgré cela, nul doute que les 25 bougies qu’il avait allumées sur les 50 fêtées, durant ses années de Pca, éclaireront pour toujours le chemin de la Sgbs. Et cette lumière, les « toubabs » ne pourront jamais l’éteindre…
Pape NDIAYE
« Le Témoin » N° 1105 –Hebdomadaire Sénégalais (21 NOVEMBRE 2012)