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8e jour du procès Imam Ndao et Cie: Ibrahima Mballo, Matar Diohané, les véhicules 4X4 et Boko Haram

Le procès d’imam Alioune Ndao et ses présumés complices a repris ce jeudi 19 avril devant la Chambre criminelle spéciale de Dakar avec l’interrogatoire des accusés.


Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Avril 2018 à 14:47 | | 0 commentaire(s)|

09h 45 mn : Ouverture de l’audience.

09h 50 mn : 17e accusé Ibrahima Mballo à la barre, né en 1992, célibataire sans enfant, résident à Mermoz, commerçant.

Juge : Vous avez des liens de parenté avec Mohamed Lamine Mballo ?

Accusé : Non.

Juge : Revenez sur votre cursus scolaire...

Accusé : j’ai obtenu mon BEFM au Vélingara avant d’être orienté à l’école polytechnique de Thiès pour suivre une formation en génie civil. Mais, j’ai abandonné les études par manque de moyens.

Juge : Pourquoi on t’a mêlé dans cette histoire si tu ne reconnais pas les faits ?

Accusé : J’avais effectué un voyage au Nigéria en 2014. C’est sur le chemin du retour qu’on m’avait arrêté au Niger.

Juge : Revenez sur les circonstances de votre voyage...

Accusé : Je m’activais dans le commerce à Vélingara. Mais à un moment donné, ça ne marchait pas. Sur ce, mon oncle m’a mis en rapport avec un certain Senghor qui m’avait accueilli chez lui à Mermoz pour que je lui gère ses machines à moudre. Comme le sieur Senghor n’avait pas respecté les clauses de notre contrat, j’ai abandonné le boulot. C’est sur ces entrefaites que j’ai rencontré fortuitement un jour mon ami d’enfance Omar Yaffa à Keur Massar. Et ce dernier m’a proposé de m’exiler au Nigéria dans le but d’étudier le Coran et travailler en même temps. Ainsi il m’a mis en rapport avec un certain Ibrahima Bâ.

Juge : C’est Omar Yaffa qui t’avait donné de l’argent?

Accusé : C’est Ibrahima Bâ qui m’a remis 150 mille francs.

Juge : Revenez sur votre itinéraire...

Accusé : On a pris un bus à Kaolack avec Omar Yaffa, Ibrahima Bâ, Mohamed Ndiaye et un certain Bella Diallo. Une fois à Abadame au Nigéria, on n'apprenait que le Coran pendant un mois. Après, on nous a amené à Fathoul Moubine où on avait trouvé deux sénégalais dont je ne me souviens plus de leur nom

Juge : A la gendarmerie tu avais dit une vingtaine de Sénégalais.

Accusé : Non, c’est deux Sénégalais.

Juge : Tu n’avais pas subi une formation militaire à Abadane avec les autres ?

Accusé : Je ne sais pas si mes compagnons ont subi une formation militaire parce que moi, j’étais alité

Juge : A l’enquête tu avais soutenu que vous vous n’aviez pas subi une formation militaire contrairement à Omar Yaffa, Mohamed Ndiaye, Ibrahima Ba.

Accusé : Non, je n’avais pas dit ça.

Juge : Et à Fathoul Moubine?

Accusé : Là-bas aussi, on n’avait pas subi une formation militaire c’est par la suite qu’on est parti à Sambissa. J’entendais seulement qu’il y’avait des bombardements sur les lieux car moi j’étais toujours malade. Je n’avais même pas assisté à la réunion tenue avec le chef de Boko Haram, Abubacar Shakau.

Juge : Comment vous avez fait donc pour rentrer ?

Accusé : C’est Moctar Diohané qui avait affrété deux véhicules 4X4. Une fois à Andak au Nigéria avec Omar Yaffa, Moussa Aw, Moustapha Faye, Ibrahima Diallo, Cheikh Ibrahima Dieng et d’autres personnes dont je ne me souviens plus de leurs noms, on avait passé une semaine là-bas dans le Daara de Moctar Diohané. C’est par la suite que Moctar Diohané a remis des billets en Naira à Moussa Aw.

Juge : Quel était le montant de l’argent ?

Accusé : Je l’ignore. C’est une fois à Zinder au Niger avec Omar Yaffa, Moussa Aw et Cheikh Ibrahima Ba que les policiers nous ont arrêté au moment où Moussa voulait faire le change. Ils nous ont conduits en prison où Moussa Aw a perdu la vie avant qu’on ne soit extradés au Sénégal.

Juge : Qu’est-ce que Moctar Diohané vous avez dit lorsqu’il vous a trouvé en prison à Zinder ?

Accusé : Il n’avait échangé qu’avec le défunt Moussa Aw.

Juge : Il ne vous a pas parlé d’un projet d’instauration de base djihadiste une fois au Sénégal ?

Accusé : Non.

Juge : Pourquoi donc vous l’avez appelé suite à votre arrestation au Niger au lieu d’appeler vos parents ?

Accusé : En ce qui me concerne, j’avais perdu tous les contacts de ma famille.

Procureur : Vous n’avez pas un autre nom Ibrahima Mballo

Juge : Si c’est Abu Moussa. C’est une tradition musulmane. J’ai aussi un frère du nom de Moussa et j’envisage de lui donner le nom de mon enfant.

Procureur : Mais les membres de votre famille ignoraient l’existence de ce nom...

Accusé : Si avant même de quitter le Sénégal, on m’appelait aussi par ce nom.

Procureur : N’est-ce pas votre départ pour le Nigéria, c’était pour chercher du travail et non pour faire de l’hégire?

Accusé : Si, c’est pour les deux en même temps.

Procureur : Pourquoi vous aviez accepté de prendre l’argent de Ibrahima Ba alors que vous veniez de le rencontrer pour la première fois ?

Accusé : Je n’y voyais aucun d’inconvénient.

Procureur : Mais tu avais dit à l’enquête que vous n’avez pas suivi de formation mais tes compagnons l’ont fait en technique de montage de Kalachnikov ?

Accusé : Comment je pourrais le savoir alors que j’étais malade. On m’avait même hospitalisé lorsque j’étais à Fathoul Moubine. C’est depuis mon lit d’hôpital que j’entendais de loin les bombardements.

Procureur : Donc raconte-moi comment Moctar Diohané a préparé votre retour ?

Accusé : je l’ignore vraiment. Il a amené deux voitures et il a demandé à tout Sénégalais qui souhaite rentrer d’y monter. C’est par la suite que j’ai su qu’il a rencontré Abubacar Shakau.

Procureur : Reviens sur le problème que vous aviez entre Sénégalais dans le fief de Bokko Haram.

Accusé : On n’avait aucun problème entre Sénégalais.

Procureur : Tu avais dit qu’entre Sénégalais, vous avez eu des divergences parce que certains pensaient que vous devez combattre auprès de Boko Haram tandis que d’autres croyaient le contraire.

Procureur : Quel était le problème entre vous Sénégalais et Shakau ?

Accusé : D’après ce qu’on m’avait rapporté, c’est lié aux divergences sur les cartes d’identité nationale.

Procureur : Vous aviez dit après ce problème avec Shakau, vous avez écrit deux fois une lettre à celui-ci sans succès pour qu’il vous laisse rentrer. Mais il a fallu l’intervention de Mactar Diohané très respecté dans le fief de Bokko Haram, pour qu’il accède à votre requête.

Accusé : Je n’ai jamais dit ça.

Procureur : Tu avais dit aussi que tu ignorais le montant de l’argent que Mactar avait remis à Moussa Aw. Mais combien ce dernier vous a remis suite à cela parce que vous aviez communiqué le montant à l’enquête.

Accusé : En tout cas moi, je n’avais rien reçu de Moussa Aw.

Me Ibrahima Mbengue : N’est-ce pas votre second nom Abu Moussa n’a rien à avoir avec une quelconque acte de terrorisme que vous avez commis.

Accusé : Non.

Me : Vous n’avez rencontré aucune autorité de Boko Haram ?

Accusé : Non.

12h 04 mn : 18e accusé Mor Mbaye Dème à la barre, né en 1981 à Thiaroye, menuisier de profession marié et père de trois enfants

Juge : Pourquoi on vous a mêlé dans cette histoire si tu ne reconnais pas les faits ?

Accusé : Le jour de mon arrestation, les agents m’ont trouvé dans l’appartement que je partageais avec Mohamed Ndiaye alias Abu Youssouf en Mauritanie et ils nous ont conduits à la police.

Juge : Tu l’avais connu où ?

Accusé : On s’était connu ici au Sénégal parce qu’on se rencontrait dans des chantiers. C’est par la suite qu’on s’est rencontrés en Mauritanie.

Juge : Tu n’es jamais parti au Nigéria ?

Accusé : Non et j’ignorais aussi que Mohamed s’était rendu au Nigéria. On n’avait aucune relation particulière.

Juge : Vous étiez combien au moment de votre extradition ?

Accusé : On était 8 personnes. Lamine Coulibaly, Moustapha Mbaye, Boubacar Décoll Ndiaye, Mamadou Seck, Omar Keita...

12h 20 mn : Suspension de l’audience jusqu’ à 15 h

15 h mn 12mn : Reprise de l’audience. Poursuite de l’interrogatoire de l’accusé Mor Mbaye Dème

Procureur : revenez sur vos réunions périodiques au quartier de « Darou Nahim » en Mauritanie

Accusé : C’était des séances d’approfondissement sur notre religion comme la prière, le ramadan

Procureur : Dans quelle circonstance vous avez connu Mamadou Seck ?

Accusé : Suite à notre arrestation.

Procureur : vous n’avez jamais rencontré Moctar Diohané ?

Accusé : Si deux fois. Lors d’une cérémonie familiale et le second dans un marché.

Procureur : tu avais dit que Mactar assistait à vos réunions à « Darou Nahim » même s’il ne prenait pas la parole ?

Accusé : je n’ai jamais dit ça.

Me El Mamadou Ndiaye : en quelle année tu t’es rendu en Mauritanie ?

Accusé : En 2006.

Me Ousseynou Fall : Tu as fait une formation militaire ?

Accusé : non.

Procureur : N’est-ce pas vous avez dit aux enquêteurs que vous ne partagez pas les mêmes convictions religieuses avec Mohamed Ndiaye parce qu’il ne croit qu’au Jihad ?

Accusé : je ne me souviens pas avoir dit ça aux enquêteurs.

Juge : tu n’as pas assisté aux réunions de Rosso ?

Accusé : Non.

15h 37 mn : 19e accusé Mamadou Moustapha Mbaye à la barre, né en 1988 à Ouakam, marié et père de trois enfants

Juge : tu faisais quoi comme activité en Mauritanie ?

Accusé : C’est en 1996 que j’avais rejoint ma mère en Genève. Par la suite je me suis rendu en Mauritanie dans le but de mémoriser le Coran gratuitement dans un Daara à « Tarhi ». Je m’étais renseigné sur le net avant d’y aller.

Juge : Et votre père, il est où ?

Accusé : Avant mon arrestation il était aux Etats Unis car jusqu’à présent mes parents ignorent mon arrestation. En prison ils ne m’ont pas donné l’opportunité de les joindre au téléphone. Mon épouse et mes enfants sont domiciliés ici à la Sodida. Je ne sais même pas pourquoi je suis ici.

Juge : Tu connais qui parmi tes co-accusés ?

Accusé : je ne fréquentais que Boubacar Décoll Ndiaye pendant les cinq mois que j’avais passé en Mauritanie. Quant à Mohamed Ndiaye alias Abu Youssouf, Omar Keita on n’avait aucune relation particulière

Juge : Mohamed Ndiaye n’a jamais tenté de vous recruter pour aller faire le Jihad parce que l’exploitation de votre téléphone a permis que de savoir que vous communiquiez beaucoup au téléphone ?

Accusé : Non.

Juge : En 2012 vous étiez où ?

Accusé : Je ne me rappelle plus si je me trouvais au Sénégal ou en Suisse.

Procureur : lors de votre audition vous avez beaucoup parlé d’Al-Qaïda et de Daesh. Pouvez-vous revenir sur la conception que vous avez de la Charia ?

Accusé : C’est par curiosité intellectuelle que je me renseignais sur ces deux organisations. La charia est une recommandation divine qu’on a envie de découvrir quand on le connait vraiment. Mais je souhaite plus convaincre par la parole que par les armes.

16h 09mn : l’audience est suspendu jusqu’à lundi.