Mosaiqueguinee.com: Veuillez vous présenter à nos lecteurs !
Mariama Djouldé Barry : Je m’appelle Mariama Djouldé Barry, je suis née en 1958. Je suis veuve et mère de deux (2) enfants.
Mosaiqueguinee.com: Avec votre âge, vous faites la classe de 6e année, pourquoi ce retard ?
Mariama Djouldé Barry : Depuis mon enfance, j’ai aimé les études, mais mes parents ne m’ont pas offert la chance d’étudier. Ils disaient à la l’époque qu’une fille ne devait pas être scolarisée. Mais, moi j’avais toujours l’envie d’aller à l’école. Entre-temps, mes parents m’ont donné en mariage, je suis venu à Mamou ici à l’âge de 13 ans. Une fois ici, j’ai été obligée de faire la couture, mais j’avais toujours l’envie d’étudier. Surtout que celui qui m’a épousée était un intellectuel ! Je partais de temps en temps auprès de mon mari, à l’époque Directeur de l’école primaire de Pétel, mais je n’ai pas pu continuer à cause des occupations à la maison, j’avais aussi un enfant.
Mosaiqueguinee.com: comment vous vous êtes retrouvée en classe de 6e année ?
Mariama Djouldé Barry : D’abord, je vous informe que je suis couturière de profession et j’ai fait aussi la saponification. A chaque fois que des opportunités se présentaient, on dit que c’est seulement pour ceux qui peuvent lire et écrire. C’est à la suite de cela que j’ai décidé, après la mort de mon mari, de venir auprès de ses amis à l’école pour apprendre les notions de base.
Mosaiqueguinee.com: Vous avez commencé depuis quand ? Et à quel niveau ?.
Mariama Djouldé Barry : J’ai commencé par la classe de 1ère année, mais je suis à ma deuxième année successive dans cette classe de 6e. Ce qui fait 7 ans depuis que j’ai commencé.
Mosaiqueguinee.com: J’imagine qu’au départ ça n’a pas été facile, comment avez-vous pu gérer votre intégration au milieu de ces enfants qui sont vos petits-fils ?
Mariama Djouldé Barry : Cela n’a pas été facile, pas seulement avec les enfants, mais surtout avec mes voisins du quartier qui n’hésitaient pas à me prendre pour une déréglée mentale. Ils (les voisins) se moquaient de moi surtout quand ils me voyaient avec des effets scolaires (rire…). Parfois je me cachais en sortant de chez moi.
Mosaiqueguinee.com: Lorsque vous commenciez à apprendre et maintenant, quelle comparaison faites-vous ?
Mariama Djouldé Barry : C’est différent ! Avant je ne pouvais même pas composer mon numéro de téléphone. Maintenant, j’écris correctement et je lis tout ce que je vois. Pendant les évaluations, j’obtiens de bonnes notes parfois.
Mosaiqueguinee.com: Vous êtes en 6e année, comptez-vous vous présenter à l’examen prochain ?
Mariama Djouldé Barry : Non ! Mon objectif c’est de pouvoir lire écrire et compter.
Mosaiqueguinee.com: Nous sommes à la fin de cet entretien, avez-vous un message à placer ?
Mariama Djouldé Barry : Je dis à toutes les personnes qui n’ont pas eu la chance d’étudier, de ne pas avoir honte, de faire comme moi pour au moins comprendre les notions de base.
Mosaiqueguinee.com: Mariama Djouldé Barry merci de nous avoir accordé cet entretien.
Mariama Djouldé Barry : Merci à vous !