«Le monde entier a les yeux rivés sur Kragujevac!» Prononcée par le chef de l'État serbe début mars, cette petite phrase a fait le tour des chaumières dans cette ville du centre de la Serbie, ancien centre de l'industrie militaire yougoslave. Au Salon automobile de Genève, Boris Tadic présentait la Fiat 500L - une version allongée de la célèbre «Cinquecento» du siècle dernier - que le constructeur italien compte fabriquer dans l'ancienne usine Zastava de la ville. Sur papier, le projet est ambitieux: 1 milliard d'euros d'investissement, une production annuelle de 200.000 voitures et plus de 2000 embauches. «Et pour la Serbie, un bénéfice de 1,5 milliard d'euros par an», s'est réjoui Boris Tadic. Mais à Kragujevac, certains nuancent cet enthousiasme. «C'est une source de fierté pour nous tous, dit prudemment Bogdan Vranjesevic, auteur d'un film documentaire sur sa ville. Mais, pour l'instant, ce sont surtout les employés italiens de Fiat qui semblent profiter de cette embellie. Et notre gouvernement, bien sûr!»
«La Fiat de Kragujevac a donné le ton de la campagne de Boris Tadic pour le scrutin du 6 mai», rappelle le politologue Nemanja Nenadic. Quelques jours avant sa présentation, la Serbie obtenait aussi le statut de pays candidat à l'UE. Une véritable aubaine pour le gouvernement, qui n'a pas manqué d'en faire un argument de campagne. Cela n'a pas échappé aux caricaturistes serbes, qui se sont employés à croquer la nouvelle 500L soit comme une urne électorale, soit remplie à ras bord de politiciens serbes «en route pour l'Europe».
Président de l'Union des syndicats indépendants de Kragujevac, Jugoslav Ristic s'inquiète surtout du «modèle économique» que Fiat compte implanter en Serbie. «On est passés de l'économie planifiée au capitalisme, d'accord. Mais justement j'ai du mal à comprendre quel capitalisme: il y a très peu d'embauches locales et beaucoup de subventions et d'allégements que l'État serbe accorde à Fiat.» Un sentiment que l'ancien premier ministre Vojislav Kostunica a résumé par cette phrase: «Pour l'instant, c'est la Serbie qui investit dans Fiat et non pas l'inverse.»
Les meilleurs clients du monde
À l'époque de la grande Yougoslavie, l'usine Zastava, qui produisait déjà des versions locales de Fiat, employait 53.000 personnes ; aujourd'hui, elle compte 200 ouvriers serbes et le double d'expatriés italiens. Essentiellement des célibataires, ces derniers représentent, pour l'instant, le seul changement notable pour Kragujevac. «Ce sont des gens du Sud, comme nous. Ils ont vite compris comment ça marche, dans les affaires comme pour les loisirs», affirme Bogdan. De quoi faire le bonheur des restaurateurs et hôteliers de la ville. «Les Italiens sont les meilleurs clients du monde, selon Milenko Marjanovic, le patron d'une PME d'hostellerie de Kragujevac. Ils mangent, boivent et chantent jusque tard dans la nuit, mais cela ne les empêche pas d'aller travailler le lendemain.»
Le proeuropéen Boris Tadic favori du second tour
Plus de 6,7 millions de Serbes votaient dimanche aux élections présidentielle, législatives et locales marquées par le duel entre le camp proeuropéen du président sortant, Boris Tadic, et les nationalistes populistes de Tomislav Nikolic, avec en toile de fond une économie en crise et un taux de chômage de 24%.
Selon les derniers sondages, le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic, 54 ans, et le Parti serbe du progrès (SNS, opposition) du conservateur populiste Tomislav Nikolic, 60 ans, étaient à égalité avec environ 30% des intentions de vote aux législatives. Les deux hommes s'affronteront ensuite au deuxième tour de la présidentielle le 20 mai, que M. Tadic devrait remporter.
Aucune des deux formations ne devrait pouvoir former seule une nouvelle majorité, et les socialistes de l'actuel ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic, devraient de nouveau jouer le rôle de faiseurs de rois, comme lors des élections de 2008. (AFP)
«La Fiat de Kragujevac a donné le ton de la campagne de Boris Tadic pour le scrutin du 6 mai», rappelle le politologue Nemanja Nenadic. Quelques jours avant sa présentation, la Serbie obtenait aussi le statut de pays candidat à l'UE. Une véritable aubaine pour le gouvernement, qui n'a pas manqué d'en faire un argument de campagne. Cela n'a pas échappé aux caricaturistes serbes, qui se sont employés à croquer la nouvelle 500L soit comme une urne électorale, soit remplie à ras bord de politiciens serbes «en route pour l'Europe».
Président de l'Union des syndicats indépendants de Kragujevac, Jugoslav Ristic s'inquiète surtout du «modèle économique» que Fiat compte implanter en Serbie. «On est passés de l'économie planifiée au capitalisme, d'accord. Mais justement j'ai du mal à comprendre quel capitalisme: il y a très peu d'embauches locales et beaucoup de subventions et d'allégements que l'État serbe accorde à Fiat.» Un sentiment que l'ancien premier ministre Vojislav Kostunica a résumé par cette phrase: «Pour l'instant, c'est la Serbie qui investit dans Fiat et non pas l'inverse.»
Les meilleurs clients du monde
À l'époque de la grande Yougoslavie, l'usine Zastava, qui produisait déjà des versions locales de Fiat, employait 53.000 personnes ; aujourd'hui, elle compte 200 ouvriers serbes et le double d'expatriés italiens. Essentiellement des célibataires, ces derniers représentent, pour l'instant, le seul changement notable pour Kragujevac. «Ce sont des gens du Sud, comme nous. Ils ont vite compris comment ça marche, dans les affaires comme pour les loisirs», affirme Bogdan. De quoi faire le bonheur des restaurateurs et hôteliers de la ville. «Les Italiens sont les meilleurs clients du monde, selon Milenko Marjanovic, le patron d'une PME d'hostellerie de Kragujevac. Ils mangent, boivent et chantent jusque tard dans la nuit, mais cela ne les empêche pas d'aller travailler le lendemain.»
Le proeuropéen Boris Tadic favori du second tour
Plus de 6,7 millions de Serbes votaient dimanche aux élections présidentielle, législatives et locales marquées par le duel entre le camp proeuropéen du président sortant, Boris Tadic, et les nationalistes populistes de Tomislav Nikolic, avec en toile de fond une économie en crise et un taux de chômage de 24%.
Selon les derniers sondages, le Parti démocratique (DS) de Boris Tadic, 54 ans, et le Parti serbe du progrès (SNS, opposition) du conservateur populiste Tomislav Nikolic, 60 ans, étaient à égalité avec environ 30% des intentions de vote aux législatives. Les deux hommes s'affronteront ensuite au deuxième tour de la présidentielle le 20 mai, que M. Tadic devrait remporter.
Aucune des deux formations ne devrait pouvoir former seule une nouvelle majorité, et les socialistes de l'actuel ministre de l'Intérieur, Ivica Dacic, devraient de nouveau jouer le rôle de faiseurs de rois, comme lors des élections de 2008. (AFP)