Interrogés sur le port vestimentaire d’hier et d’aujourd’hui, la plupart des personnes âgées restent catégoriques. Ils soutiennent généralement que les jeunes ne s’habillement plus correctement. « Les jeunes n’ont plus le sens de la pudeur. Leur mode d’habillement n’est vraiment pas décent. Une personne respectueuse ne doit pas mettre certaines tenues.
En général, ils veulent imiter les artistes », s’insurge Malick, chauffeur de taxi « clando », la cinquantaine, trouvé à la station-service de Pikine Talibou Mag.
Assis sous un abri en zinc, attendant leur tour, Malick et ses amis chauffeurs, tous la cinquantaine révolue, affirment que les pantalons aux bas larges, communément appelés « pattes d’éléphant », une tendance des années 80, sont plus élégants et plus décents que les « pinw ». En effet, les « pinw » sont des pantalons moulants et au bas étroit, souvent de couleur osée, vert clair, jaune, violet, etc.
Une idée que défend également Mbaye, la trentaine, mécanicien, tenant un atelier près du « Cinéma Thiaroye », à quelques mètres de la Route nationale. « Mon père portait des pantalons « pattes d’éléphant », des chaussures « tête de nègre ».
Quand je regarde ses photos, j’admire sa manière de s’habiller. C’était très élégant ! Dans ma jeunesse, j’avais même un « patte d’éléphant », avec des bas de pantalon qui pouvaient couvrir ma taille. C’était la tendance. Actuellement, c’est démodé. Ainsi va la vie », dit-il, en rigolant. Pour lui, mettre un pantalon moulant est inadmissible pour un homme.
« Un jeune qui aspire à devenir un bon père de famille ne doit point porter des vêtements serrés », avance Mbaye, jeune marié et père de deux bouts de bois de Dieu.
Le port du pantalon serré est le symbolisme d’un certain penchant sexuel selon des Sénégalais comme Abdoulaye Diop, un tatoueur installé au marché Zinc de Pikine. Il va plus loin et confirme que les pantalons « pinw » sont l’apanage des homosexuels.
« Quelqu’un qui ne veut pas qu’on le traite d’homosexuel n’a qu’à se comporter en homme.Car, pour moi, les tenues sexy sont une affaire de femme. On homme doit être correct dans son port », condamne Abdoulaye. « Je ne veux pas qu’on me confonde avec une fille, la nuit. Je ne porte pas de « pinw ». C’est un style féminin », renchérit Cheikhouna Fall.
Ce jeune homme, âgé de 21 ans, rencontré dans une boutique de pantalons, en ban- lieue dakaroise, ajoute que la plupart des jeunes aiment imiter les artistes ou les stars en général. Or, pour lui, ces derniers n’adoptent cette mise que pour se faire de la publicité.
La réalité est-elle aussi facile à déter- miner qu’un goût vestimentaire qui permet d’identifier, définitivement, l’orientation sexuelle ? Vendeur de vêtements au mar- ché Talibou Mag de Pikine, Adama Mbengue argumente : « L’apparence est souvent trompeuse, dit-on. Les uns et les autres portent les habits dans lesquels ils se sentent à l’aise. Ce n’est pas parce qu’on porte un « pinw » qu’on est homo. C’est juste la tendance et c’est vraiment très joli. Personnellement, je ne peux pas porter un pantalon aux bas larges. C’est lourd et c’est encombrant ».
Actuellement, les « pinw », les culottes pour homme, restent les articles les plus vendus selon Adama Mbengue. La mise, c’est enfin une question de goût et de coût, selon Djiby Laye.
« Malheureusement, la plupart des parents ont démissionné. Ils n’assurent plus l’éducation de leurs enfants. C’est un phénomène compréhensif car la plupart d’entre eux, surtout à Dakar, n’arrivent pas à assurer, à leurs enfants, les trois repas quotidiens à plus forte raison des habits. Ce sont les enfants qui se débrouillent eux-mêmes pour s’acheter des vêtements. Donc, on ne peut pas interdire à son enfant de porter une tenue indécente si en tant que son géniteur on n’est même pas capable de l’acheter une bonne tenue », explique ce jeune.
EVA TRA, STYLISTE
''Les pinws ne sont pas de chez nous''
Très connue dans le milieu de la mode pour avoir animé les émissions télé « Elles sont toutes belles » et « Femme africaine moderne », la styliste Eva Tra est une grande passionnée de belles créations. Elégante et raffinée, Mme Diagne est aussi une détectrice de tendances. Mais, d’après elle, la mode est, avant toute chose, une affaire d’éducation.
« Quand on a une bonne éducation, on ne peut se permettre de porter n’importe quoi. Les créateurs exposent des vêtements passe-partout. C’est-à-dire des habits corrects qui peuvent se porter au bureau, à des cérémonies, ou à n’importe quel événement... Les « pinws » que les jeunes portent viennent d’ailleurs ; ils ne sont pas de chez nous. On trouve souvent ces pantalons dans les boutiques chinoises en ville. Des fois aussi, ils viennent de l’extérieur », révèle-t-elle.
Eva Tra définit un styliste comme quelqu’un qui anticipe sur les nouvelles modes et qui imprime sa griffe aux vêtements et accessoires de sa création. Mariant les formes, les lignes, les coloris et les tissus, elle cherche constamment à innover, notamment en utilisant des matières originales.
Chez l’animatrice qu’elle est, les « mousselines », « boconas », « pagnes tissés », entre autres, ont la côte. Elle tient alors à ce que les Sénégalais fassent la part des choses, concernant cette nouvelle tendance des jeunes.
« C’est une grande erreur de penser que les stylistes ont une part de responsabilité par rapport à tout cela. Je crois juste que c’est une mode de jeunes qui va faire son temps. On ne reste pas jeune éternellement. Une fois adulte, ils vont changer leur code vestimentaire ».
Eva invite les parents à s’immiscer davantage dans le choix des tenues vestimentaires des enfants. « Les adultes ont la culture de consulter un styliste quand ils ont besoin de confectionner un vêtement mais, souvent, ils laissent les jeunes se débrouiller ». D’après elle d’ailleurs, ceux qui pensent qu’avoir un styliste est une affaire de riche se trompent.
« Un jean « pinw » coute 10.000 francs. Pourtant, avec cette somme, on peut se confectionner un vêtement chez un créateur. Le problème, c’est que les gens n’essaient même pas de découvrir notre univers. Ceux qui l’ont tenté ne le regrettent pas aujourd’hui », rassure Mme Diagne. Reste à savoir si son message sera entendu.
Le Soleil
En général, ils veulent imiter les artistes », s’insurge Malick, chauffeur de taxi « clando », la cinquantaine, trouvé à la station-service de Pikine Talibou Mag.
Assis sous un abri en zinc, attendant leur tour, Malick et ses amis chauffeurs, tous la cinquantaine révolue, affirment que les pantalons aux bas larges, communément appelés « pattes d’éléphant », une tendance des années 80, sont plus élégants et plus décents que les « pinw ». En effet, les « pinw » sont des pantalons moulants et au bas étroit, souvent de couleur osée, vert clair, jaune, violet, etc.
Une idée que défend également Mbaye, la trentaine, mécanicien, tenant un atelier près du « Cinéma Thiaroye », à quelques mètres de la Route nationale. « Mon père portait des pantalons « pattes d’éléphant », des chaussures « tête de nègre ».
Quand je regarde ses photos, j’admire sa manière de s’habiller. C’était très élégant ! Dans ma jeunesse, j’avais même un « patte d’éléphant », avec des bas de pantalon qui pouvaient couvrir ma taille. C’était la tendance. Actuellement, c’est démodé. Ainsi va la vie », dit-il, en rigolant. Pour lui, mettre un pantalon moulant est inadmissible pour un homme.
« Un jeune qui aspire à devenir un bon père de famille ne doit point porter des vêtements serrés », avance Mbaye, jeune marié et père de deux bouts de bois de Dieu.
Le port du pantalon serré est le symbolisme d’un certain penchant sexuel selon des Sénégalais comme Abdoulaye Diop, un tatoueur installé au marché Zinc de Pikine. Il va plus loin et confirme que les pantalons « pinw » sont l’apanage des homosexuels.
« Quelqu’un qui ne veut pas qu’on le traite d’homosexuel n’a qu’à se comporter en homme.Car, pour moi, les tenues sexy sont une affaire de femme. On homme doit être correct dans son port », condamne Abdoulaye. « Je ne veux pas qu’on me confonde avec une fille, la nuit. Je ne porte pas de « pinw ». C’est un style féminin », renchérit Cheikhouna Fall.
Ce jeune homme, âgé de 21 ans, rencontré dans une boutique de pantalons, en ban- lieue dakaroise, ajoute que la plupart des jeunes aiment imiter les artistes ou les stars en général. Or, pour lui, ces derniers n’adoptent cette mise que pour se faire de la publicité.
La réalité est-elle aussi facile à déter- miner qu’un goût vestimentaire qui permet d’identifier, définitivement, l’orientation sexuelle ? Vendeur de vêtements au mar- ché Talibou Mag de Pikine, Adama Mbengue argumente : « L’apparence est souvent trompeuse, dit-on. Les uns et les autres portent les habits dans lesquels ils se sentent à l’aise. Ce n’est pas parce qu’on porte un « pinw » qu’on est homo. C’est juste la tendance et c’est vraiment très joli. Personnellement, je ne peux pas porter un pantalon aux bas larges. C’est lourd et c’est encombrant ».
Actuellement, les « pinw », les culottes pour homme, restent les articles les plus vendus selon Adama Mbengue. La mise, c’est enfin une question de goût et de coût, selon Djiby Laye.
« Malheureusement, la plupart des parents ont démissionné. Ils n’assurent plus l’éducation de leurs enfants. C’est un phénomène compréhensif car la plupart d’entre eux, surtout à Dakar, n’arrivent pas à assurer, à leurs enfants, les trois repas quotidiens à plus forte raison des habits. Ce sont les enfants qui se débrouillent eux-mêmes pour s’acheter des vêtements. Donc, on ne peut pas interdire à son enfant de porter une tenue indécente si en tant que son géniteur on n’est même pas capable de l’acheter une bonne tenue », explique ce jeune.
EVA TRA, STYLISTE
''Les pinws ne sont pas de chez nous''
Très connue dans le milieu de la mode pour avoir animé les émissions télé « Elles sont toutes belles » et « Femme africaine moderne », la styliste Eva Tra est une grande passionnée de belles créations. Elégante et raffinée, Mme Diagne est aussi une détectrice de tendances. Mais, d’après elle, la mode est, avant toute chose, une affaire d’éducation.
« Quand on a une bonne éducation, on ne peut se permettre de porter n’importe quoi. Les créateurs exposent des vêtements passe-partout. C’est-à-dire des habits corrects qui peuvent se porter au bureau, à des cérémonies, ou à n’importe quel événement... Les « pinws » que les jeunes portent viennent d’ailleurs ; ils ne sont pas de chez nous. On trouve souvent ces pantalons dans les boutiques chinoises en ville. Des fois aussi, ils viennent de l’extérieur », révèle-t-elle.
Eva Tra définit un styliste comme quelqu’un qui anticipe sur les nouvelles modes et qui imprime sa griffe aux vêtements et accessoires de sa création. Mariant les formes, les lignes, les coloris et les tissus, elle cherche constamment à innover, notamment en utilisant des matières originales.
Chez l’animatrice qu’elle est, les « mousselines », « boconas », « pagnes tissés », entre autres, ont la côte. Elle tient alors à ce que les Sénégalais fassent la part des choses, concernant cette nouvelle tendance des jeunes.
« C’est une grande erreur de penser que les stylistes ont une part de responsabilité par rapport à tout cela. Je crois juste que c’est une mode de jeunes qui va faire son temps. On ne reste pas jeune éternellement. Une fois adulte, ils vont changer leur code vestimentaire ».
Eva invite les parents à s’immiscer davantage dans le choix des tenues vestimentaires des enfants. « Les adultes ont la culture de consulter un styliste quand ils ont besoin de confectionner un vêtement mais, souvent, ils laissent les jeunes se débrouiller ». D’après elle d’ailleurs, ceux qui pensent qu’avoir un styliste est une affaire de riche se trompent.
« Un jean « pinw » coute 10.000 francs. Pourtant, avec cette somme, on peut se confectionner un vêtement chez un créateur. Le problème, c’est que les gens n’essaient même pas de découvrir notre univers. Ceux qui l’ont tenté ne le regrettent pas aujourd’hui », rassure Mme Diagne. Reste à savoir si son message sera entendu.
Le Soleil