Avant que le soulèvement contre le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi n'éclate et ne s’étende à l’ensemble du pays, Wafa al-Maki al-Mushri "restait sagement à la maison", comme elle aime à le dire. Cette pimpante jeune femme de 28 ans, née à Tripoli, avait fini ses études, une licence en poche, mais n’avait trouvé aucun travail. Son nom appartenait à la liste, déjà longue, des demandeurs d’emploi libyens - près d’un actif sur trois dans un pays qui ne compte que six millions d'habitants.
Quinze mois se sont écoulés depuis le début de la révolte en Libye contre le colonel Kadhafi. Avant que ce dernier ne soit renversé, Wafa, à l’instar de millions de Libyens, a été une victime collatérale des sanctions internationales imposées par l’ONU contre son pays. Une situation ubuesque pour elle, quand on sait qu’elle était le fait d’un seul homme.
Aujourd’hui, Wafa travaille pour les autorités. Un authentique exploit. "Rendez-vous compte, je travaille pour le gouvernement ! C’est incroyable, non ?", lance-t-elle en réajustant son voile. "Avant la révolution, à moins de connaître quelqu’un d’important ou d’avoir un oncle ou un membre de ta famille qui y travaillait, il était inimaginable de pouvoir décrocher un poste de fonctionnaire. Donner son CV ne servait à rien puisque les diplômes et le degré de qualification n’étaient pas pris en compte."Récemment, elle a intégré le service des relations publiques de la Haute commission électorale, l’organe chargé d’organiser le scrutin législatif du 7 juillet prochain pour former l’Assemblée constituante.
Sa mission consiste, entre autres, à enseigner les rudiments de la démocratie à une population qui n’a plus pris part à une véritable élection depuis environ un demi-siècle.
"Je sens comme un vent de liberté"
Il y a encore un an, jamais Wafa, même dans ses rêves les plus fous, n’aurait imaginé côtoyer des journalistes étrangers. Depuis quelques jours, ils sont des dizaines à occuper les locaux de la Haute commission électorale. "Je me serais enfuie en courant", affirme-t-elle en riant. Et pourtant, tout est bien réel. Elle est là, souriante devant son ordinateur portable rouge vif, à exposer ses points de vue sur la démocratie, la situation sécuritaire en Libye et ses espoirs pour l’avenir. "Quand je me réveille le matin pour aller travailler, je sens l’odeur de la liberté", clame-t-elle avec enthousiasme.
Neuf mois après la mort de Mouammar Kadhafi, la presse internationale s’intéresse surtout aux problèmes de la Libye, qu’il s’agisse du refus des milices de déposer les armes, des combats qui sévissent dans certaines régions ou des attaques de bureaux de vote. Pour Wafa, les journaux feraient bien de s’intéresser aussi au quotidien des millions de Libyens qui s’est considérablement amélioré.
La police inspire désormais le respect
Oussama al-Hadi est membre de cette police. Jeune homme loquace de 24 ans originaire de la région montagneuse du Jabal al-Gharbi, il a décidé de rejoindre les rangs de la police en 2009. Il est alors envoyé dans une zone à risques aux confins du Tchad, célèbre pour ses trafiquants et ses contrebandiers.
Aujourd’hui, il fait partie de la nouvelle force de police rattachée au ministère de l’Intérieur intérimaire et avoue ne plus être le même. "Je suis beaucoup plus heureux maintenant, lâche Oussama. Nous, les policiers, sommes mieux payés, nous avons droit à des allocations, à des primes de risques pour les missions dangereuses et, surtout, nous avons gagné le respect du peuple. Désormais, les gens prennent le temps de s’arrêter pour parler avec nous."
À l’époque de Kadhafi, à l’en croire, il était un policier comme un autre, se contentant de traiter les affaires courantes, de lutter contre la criminalité et non pas de réprimer les dissidents politiques, une spécialité des services de sécurité intérieure proches de l’ancien Guide.
Dans l’État policier qu’était alors la Libye, où la réputation sulfureuse de la police n’était plus à faire, il était bien difficile d’obtenir la considération de ses concitoyens.
Il a troqué son uniforme de policier contre des vêtements civils
"Quand la révolution a éclaté, Kadhafi nous a confisqué toutes nos armes parce qu’il n’avait aucune confiance en nous", se souvient-il. Fin février 2011, peu de temps après le soulèvement de Benghazi, dans l’est du pays, Oussama et son unité ont été envoyés dans une ville de l’ouest, Zawiya, pour réprimer une manifestation anti-Kadhafi avec des matraques pour seules armes.
"Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous nous sommes retrouvés face à des révolutionnaires armés et prêts à en découdre, alors nous avons fui, relate-t-il. J’ai décidé de troquer mon uniforme contre des vêtements civils et de retourner dans mon village de Jabal al-Gharbi."
Jusqu’à ce que Tripoli tombe aux mains des rebelles, en août 2011, Oussama est resté cloîtré dans son village. Aujourd’hui installé dans la capitale libyenne, il occupe un poste bien plus tranquille que celui dont il avait hérité près de la frontière tchadienne.
Mais il insiste sur le fait que changer de lieu de travail n’est pas ce qui a amélioré sa vie. "À l’heure actuelle, je suis à Tripoli, dit-il, mais si on me demande de retourner à la frontière, j’y vais sans hésiter. Je suis un policier et je veux servir mon peuple."
SOURCE:france24
Quinze mois se sont écoulés depuis le début de la révolte en Libye contre le colonel Kadhafi. Avant que ce dernier ne soit renversé, Wafa, à l’instar de millions de Libyens, a été une victime collatérale des sanctions internationales imposées par l’ONU contre son pays. Une situation ubuesque pour elle, quand on sait qu’elle était le fait d’un seul homme.
Aujourd’hui, Wafa travaille pour les autorités. Un authentique exploit. "Rendez-vous compte, je travaille pour le gouvernement ! C’est incroyable, non ?", lance-t-elle en réajustant son voile. "Avant la révolution, à moins de connaître quelqu’un d’important ou d’avoir un oncle ou un membre de ta famille qui y travaillait, il était inimaginable de pouvoir décrocher un poste de fonctionnaire. Donner son CV ne servait à rien puisque les diplômes et le degré de qualification n’étaient pas pris en compte."Récemment, elle a intégré le service des relations publiques de la Haute commission électorale, l’organe chargé d’organiser le scrutin législatif du 7 juillet prochain pour former l’Assemblée constituante.
Sa mission consiste, entre autres, à enseigner les rudiments de la démocratie à une population qui n’a plus pris part à une véritable élection depuis environ un demi-siècle.
"Je sens comme un vent de liberté"
Il y a encore un an, jamais Wafa, même dans ses rêves les plus fous, n’aurait imaginé côtoyer des journalistes étrangers. Depuis quelques jours, ils sont des dizaines à occuper les locaux de la Haute commission électorale. "Je me serais enfuie en courant", affirme-t-elle en riant. Et pourtant, tout est bien réel. Elle est là, souriante devant son ordinateur portable rouge vif, à exposer ses points de vue sur la démocratie, la situation sécuritaire en Libye et ses espoirs pour l’avenir. "Quand je me réveille le matin pour aller travailler, je sens l’odeur de la liberté", clame-t-elle avec enthousiasme.
Neuf mois après la mort de Mouammar Kadhafi, la presse internationale s’intéresse surtout aux problèmes de la Libye, qu’il s’agisse du refus des milices de déposer les armes, des combats qui sévissent dans certaines régions ou des attaques de bureaux de vote. Pour Wafa, les journaux feraient bien de s’intéresser aussi au quotidien des millions de Libyens qui s’est considérablement amélioré.
La police inspire désormais le respect
Oussama al-Hadi est membre de cette police. Jeune homme loquace de 24 ans originaire de la région montagneuse du Jabal al-Gharbi, il a décidé de rejoindre les rangs de la police en 2009. Il est alors envoyé dans une zone à risques aux confins du Tchad, célèbre pour ses trafiquants et ses contrebandiers.
Aujourd’hui, il fait partie de la nouvelle force de police rattachée au ministère de l’Intérieur intérimaire et avoue ne plus être le même. "Je suis beaucoup plus heureux maintenant, lâche Oussama. Nous, les policiers, sommes mieux payés, nous avons droit à des allocations, à des primes de risques pour les missions dangereuses et, surtout, nous avons gagné le respect du peuple. Désormais, les gens prennent le temps de s’arrêter pour parler avec nous."
À l’époque de Kadhafi, à l’en croire, il était un policier comme un autre, se contentant de traiter les affaires courantes, de lutter contre la criminalité et non pas de réprimer les dissidents politiques, une spécialité des services de sécurité intérieure proches de l’ancien Guide.
Dans l’État policier qu’était alors la Libye, où la réputation sulfureuse de la police n’était plus à faire, il était bien difficile d’obtenir la considération de ses concitoyens.
Il a troqué son uniforme de policier contre des vêtements civils
"Quand la révolution a éclaté, Kadhafi nous a confisqué toutes nos armes parce qu’il n’avait aucune confiance en nous", se souvient-il. Fin février 2011, peu de temps après le soulèvement de Benghazi, dans l’est du pays, Oussama et son unité ont été envoyés dans une ville de l’ouest, Zawiya, pour réprimer une manifestation anti-Kadhafi avec des matraques pour seules armes.
"Quand nous sommes arrivés sur les lieux, nous nous sommes retrouvés face à des révolutionnaires armés et prêts à en découdre, alors nous avons fui, relate-t-il. J’ai décidé de troquer mon uniforme contre des vêtements civils et de retourner dans mon village de Jabal al-Gharbi."
Jusqu’à ce que Tripoli tombe aux mains des rebelles, en août 2011, Oussama est resté cloîtré dans son village. Aujourd’hui installé dans la capitale libyenne, il occupe un poste bien plus tranquille que celui dont il avait hérité près de la frontière tchadienne.
Mais il insiste sur le fait que changer de lieu de travail n’est pas ce qui a amélioré sa vie. "À l’heure actuelle, je suis à Tripoli, dit-il, mais si on me demande de retourner à la frontière, j’y vais sans hésiter. Je suis un policier et je veux servir mon peuple."
SOURCE:france24