Malheureusement pour eux, les fruits de la manipulation et de la récupération politicienne n’ont duré que le temps d’une rose. Le seul regret, c’est le sacré coup qui a été porté à notre démocratie aussi enviée. A la place du droit à la marche inscrite depuis 2001 dans notre constitution, des débats idées fortement appuyés par les interminables appels au dialogue du président Wade ; l’opposition, boudeuse et encagoulée, s’est servie des jeunes innocents comme des chaires à canon pour s’illustrer par des scènes de violence. Pour preuve, une photo gênante et honteuse, a mis à nu un des leaders de l’opposition, de surcroit ancien premier ministre, armé de cailloux à la main et surpris en action dans la foule lors de ces événements.
L’aberration, c’est le discours servi au public par les détracteurs du régime. A les entendre parler après le 23 juin, on a l’impression que c’est eux qui incarnent désormais l’exercice de la souveraineté nationale et ils se substituent même au juge constitutionnel pour rendre déjà un verdict d’invalidation de la candidature du président Wade. Pis, l’opposition regroupée autour de ‘’Benno’’ exige même des conditions comme préalable à toute discussion avec le président de la République, pour que celui-ci fasse une déclaration publique de renonciation à sa candidature et qu’il ait les démissions respectives des ministres d’état Ousmane n’gom, Cheikh Tidiane Sy et Karim Wade.
Dans le même sillage, il y a aussi une pléthore de mouvements crées un peu partout par des pourfendeurs du régime et qui se prévalent du titre de défenseurs de la constitution ; il s’agit : de y’en a marre, du mouvement du 23 juin et de ‘’Touche pas à ma constitution’’. Quelle euphorie ?
Nul doute que l’ordre républicain reconnait au président de la République la prérogative de nommer sur la proposition du premier ministre les ministres du gouvernement (voir l’article 49 de la constitution). Il est le seul qui peut mettre fin à leurs missions. Paradoxalement, ce n’est pas donc réaliste pour l’opposition de subordonner son ouverture de dialogue à une exigence de démission d’un quelconque ministre. Le maintien ou le limogeage d’un ministre n’est pas de son ressort ! Elle doit faire son travail d’opposant, c'est-à-dire formuler des critiques et des propositions autour des programmes, au lieu de se focaliser sur les personnes. Les grands hommes discutent des idées et non des individus !
La même remarque est également valable pour ces mouvements crées par des activistes qui se servent du prétexte de la récurrence des modifications constitutionnelles et se réclament d’en être les défenseurs. On se demande réellement, si ces gens ont-ils lu cette constitution ? Savent-ils que l’article 103 de la constitution dispose, je cite : « l’initiative de la révision de la constitution appartient concurremment au président de la République et aux Députés ».
Peut-être, s’ils connaissaient tout, n’arrêteraient-ils pas leurs incantations, surtout avec des prises de positions qui frisent l’ignorance et le ridicule ! Seules les lois divines sont immuables !
Même, les pays, cités comme des modèles de grande démocratie, ont tous connu dans leur évolution des modifications de leurs constitutions. Ainsi, les Etats-Unis sont actuellement à leurs 27éme amendements et la France connait sa 18éme modification.
IL s’y ajoute d’autres glissements qui sont entrain d’être constatés avec l’utilisation et l’appropriation des notions comme : ’’c’est le peuple qui a parlé’’ ou ‘’c’est le peuple qui a réagi’’. Qui est le peuple ? Est-ce que ce sont ces pourfendeurs de la République ? Et, les honnêtes citoyens qui ne se reconnaissent pas dans ce conglomérat de frustrés, d’aigris et de maîtres chanteurs, ne font-ils pas partie de ce peuple ?
Il faudrait qu’on soit sérieux, afin d’éviter de verser dans l’amalgame, l’ostracisme et l’exclusion. L’exemple de la côte d’ivoire reste vivace dans les esprits. Le débat sur la notion d’ivoirité a mis le feu aux poudres dans ce pays et tout a commencé par des mots de trop et des discriminations !
Personne n’a le droit de jouer avec les fondements de la République. Alors que tout le monde sait que la notion « peuple » est mythique ; Et, par essence, c’est l’expression fédératrice de la nation. Le peuple est le seul détenteur de la souveraineté nationale qu’il délègue à ses représentants attitrés, c'est-à-dire les députés. Cette prérogative attribuée à ces députés, relève des dispositions de l’article 3 de la constitution qui interdissent formellement à tout individu de s’arroger l’exercice de cette souveraineté nationale.
Le respect des lois de notre pays et des institutions de la République, s’impose comme un devoir impératif à tout citoyen. La politique ne doit pas être une échappatoire, encore moins une parade, pour que les acteurs ou certaines autres personnes, puissent s’en servir comme un moyen de victimisation et de violation des lois en vigueur. Combien de fois a-t-on vu l’opposition braver des interdictions ? Même, il est maintenant devenu une mode pour certaines entreprises, la seule manière d’exempter du payement de leurs impôts ou de leurs pénalités, c’est d’accuser le pouvoir et de se victimiser en évoquant la thèse de complot politique ! Les exemples illustratifs sont ceux des fondateurs et chefs de file des mouvements citoyens ‘’Fekk ma ci bolé’’ et ‘’Yemalé ’’.
On gagnerait donc à tempérer les ardeurs, en sachant raison et mesure garder. Car, personne n’a le droit pour des intérêts personnels de saper la cohésion nationale. Notre pays ne saurait s’identifier au slogan ‘’dégage’’ emprunté à la Tunisie, encore moins au mouvement du 20 février au Maroc. Les cultures et les histoires ne sont pas les mêmes, et que, ces pays ont vécu pendant longtemps des privations de toutes sortes, au moment où le droit de vote est une réalité sénégalaise depuis 1880 et les libertés constitutionalisées.
ALIOUNE SOUARE
DEPUTE A L’ASSEMBLEE NATIONALE