Le ministère sénégalais de l’Intérieur vient de diffuser un communiqué qui provoque un véritable séisme politique au pays de la Téranga. Le texte évoque l’existence d’un réseau de blanchiment d’argent dans lequel serait impliqué l’ancien Premier ministre Sall. On imagine aisément l’émoi des uns ainsi que la stupeur des autres dans la classe politique sénégalaise ces jours-ci. Mais à vrai dire, on voyait venir et ils ne se sont pas trompés les analystes qui pressentaient, au moment de la création de l’APR, une lourde épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de Macky Sall. Ce qu’ils avaient prédit est devenu aujourd’hui réalité. Malheureusement.
Les accusations du ministère de l’Intérieur étant toutes fraîches, bien malin qui, à l’heure actuelle pourrait affirmer si elles sont fondées ou non. Ce qui est au contraire très évident, c’est qu’elles feront très mal. Pour le reste, les jours, semaines et peut-être mois à venir apporteront leurs lots de révélations, d’accusations nouvelles et de farouches dénégations.
Mais à y voir de près, il se dégage comme une constante dans l’attitude du président sénégalais quant à la façon dont il traite ses amis politiques. Ils semblent pratiquement tous prédestinés à être mangés à la même sauce. Et cela pose problème. On a comme l’impression qu’on peut rester auprès du Maître tout le temps qu’on voudra, à la seule et unique condition de ne pas afficher d’ambition politique. Comme Icare, ils se brûlent tous les ailes en approchant un peu trop près du soleil. Soleil derrière lequel grandit l’ombre de Karim Wade qui lui, est candidat pour la mairie de Dakar. D’autres, avant Macky Sall en auront fait l’amère expérience. Niasse, Seck sont de ceux-là et ensemble avec le tout dernier qui complète la liste des disgraciés, sont comme la preuve vivante que le président Wade, en la matière, excelle dans l’art de jouer de la variation sur le même thème : ne lorgne pas le fauteuil présidentiel, grand ! Il est réservé pour autre que toi.
Les accusations lancées contre Macky Sall sont extrêmement graves, d’autant plus qu’elles impliquent un chef d’Etat étranger dont l’identité pour le moment demeure inconnue. Mais au-delà de la personne de l’intéressé, elles revêtent la même gravité pour le président Wade lui-même et pour la nation sénégalaise entière.
Si on garde en mémoire que les élections locales sont prévues pour se tenir le 22 mars, de telles accusations peuvent, au meilleur des cas, semer des doutes quant à l’intégrité morale du candidat Sall. Au pire, elles peuvent conduire l’électeur sénégalais à le déclarer à tout jamais impropre pour la gestion de la chose politique. Mais il est sans doute permis de se poser des questions quant à l’attitude du président Wade lui-même. Car, à supposer que Macky Sall soit reconnu coupable de tout ce dont on l’accuse aujourd’hui, de quand ces tares datent-elles ? Etait-il impropre au moment où le président le choisissait comme Premier ministre, puis comme président de l’Assemblée nationale, ou bien son "impropreté" se serait-elle subitement déclarée au moment où naissait la disgrâce ?
Car, après avoir assumé de si hautes fonctions dans son pays, s’il est aujourd’hui accusé de blanchiment d’argent, cela ne peut manquer de marquer peu ou prou l’image du Sénégal tout entier. Et si tout cela avait été motivé par les élections locales du 22 mars ? Les cadres de l’APR auxquels se sont joints des personnalités politiques et des avocats se sont retrouvés et ont qualifié de "vaine tentative de liquidation du président Macky Sall et de l’APR", les accusations portées à l’encontre de l’ancien Premier ministre. Mais si la volonté de nuire est bien présente dans ce qui se passe, on doute que pareille réaction suffise à blanchir en tous points l’intéressé.
Et si d’aventure il existait dans l’esprit de qui que ce soit une quelconque volonté de détruire Macky Sall, on peut à présent affirmer qu’il aurait réussi pour le moins à porter un sérieux coup là où cela fait mal. Le doute est semé et il faudra sans doute un long temps pour le déloger de l’esprit de l’électeur sénégalais. Les élections de mars étant à portée main, on peut alors croire que Macky Sall est déjà présumé non partant. S’il comptait sur elles pour se positionner en vue de la présidentielle à venir, on peut craindre pour lui que le ciel prématurément s’assombrisse. Que reste-t-il à Sall comme ressources et recours qui puissent le défendre ? La justice ? On peut se permettre d’en douter.
Car si la volonté de nuire provient d’en haut, du premier magistrat, par exemple, elle-même devra se plier. On a beau être au Sénégal, on est quand-même et toujours en Afrique. Pour tout dire, Macky Sall devra peut-être se résoudre à l’idée qu’il n’aura pour lui que le cercle de ses amis, sa propre bonne foi et, on l’espère, la presse sénégalaise pour lui éviter l’abattoir politique. Il faut souhaiter que cette presse accepte de jouer à fond, une fois de plus, son rôle prophétique et libérateur pour que s’exprime un jour la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité.
"Le Pays"
Les accusations du ministère de l’Intérieur étant toutes fraîches, bien malin qui, à l’heure actuelle pourrait affirmer si elles sont fondées ou non. Ce qui est au contraire très évident, c’est qu’elles feront très mal. Pour le reste, les jours, semaines et peut-être mois à venir apporteront leurs lots de révélations, d’accusations nouvelles et de farouches dénégations.
Mais à y voir de près, il se dégage comme une constante dans l’attitude du président sénégalais quant à la façon dont il traite ses amis politiques. Ils semblent pratiquement tous prédestinés à être mangés à la même sauce. Et cela pose problème. On a comme l’impression qu’on peut rester auprès du Maître tout le temps qu’on voudra, à la seule et unique condition de ne pas afficher d’ambition politique. Comme Icare, ils se brûlent tous les ailes en approchant un peu trop près du soleil. Soleil derrière lequel grandit l’ombre de Karim Wade qui lui, est candidat pour la mairie de Dakar. D’autres, avant Macky Sall en auront fait l’amère expérience. Niasse, Seck sont de ceux-là et ensemble avec le tout dernier qui complète la liste des disgraciés, sont comme la preuve vivante que le président Wade, en la matière, excelle dans l’art de jouer de la variation sur le même thème : ne lorgne pas le fauteuil présidentiel, grand ! Il est réservé pour autre que toi.
Les accusations lancées contre Macky Sall sont extrêmement graves, d’autant plus qu’elles impliquent un chef d’Etat étranger dont l’identité pour le moment demeure inconnue. Mais au-delà de la personne de l’intéressé, elles revêtent la même gravité pour le président Wade lui-même et pour la nation sénégalaise entière.
Si on garde en mémoire que les élections locales sont prévues pour se tenir le 22 mars, de telles accusations peuvent, au meilleur des cas, semer des doutes quant à l’intégrité morale du candidat Sall. Au pire, elles peuvent conduire l’électeur sénégalais à le déclarer à tout jamais impropre pour la gestion de la chose politique. Mais il est sans doute permis de se poser des questions quant à l’attitude du président Wade lui-même. Car, à supposer que Macky Sall soit reconnu coupable de tout ce dont on l’accuse aujourd’hui, de quand ces tares datent-elles ? Etait-il impropre au moment où le président le choisissait comme Premier ministre, puis comme président de l’Assemblée nationale, ou bien son "impropreté" se serait-elle subitement déclarée au moment où naissait la disgrâce ?
Car, après avoir assumé de si hautes fonctions dans son pays, s’il est aujourd’hui accusé de blanchiment d’argent, cela ne peut manquer de marquer peu ou prou l’image du Sénégal tout entier. Et si tout cela avait été motivé par les élections locales du 22 mars ? Les cadres de l’APR auxquels se sont joints des personnalités politiques et des avocats se sont retrouvés et ont qualifié de "vaine tentative de liquidation du président Macky Sall et de l’APR", les accusations portées à l’encontre de l’ancien Premier ministre. Mais si la volonté de nuire est bien présente dans ce qui se passe, on doute que pareille réaction suffise à blanchir en tous points l’intéressé.
Et si d’aventure il existait dans l’esprit de qui que ce soit une quelconque volonté de détruire Macky Sall, on peut à présent affirmer qu’il aurait réussi pour le moins à porter un sérieux coup là où cela fait mal. Le doute est semé et il faudra sans doute un long temps pour le déloger de l’esprit de l’électeur sénégalais. Les élections de mars étant à portée main, on peut alors croire que Macky Sall est déjà présumé non partant. S’il comptait sur elles pour se positionner en vue de la présidentielle à venir, on peut craindre pour lui que le ciel prématurément s’assombrisse. Que reste-t-il à Sall comme ressources et recours qui puissent le défendre ? La justice ? On peut se permettre d’en douter.
Car si la volonté de nuire provient d’en haut, du premier magistrat, par exemple, elle-même devra se plier. On a beau être au Sénégal, on est quand-même et toujours en Afrique. Pour tout dire, Macky Sall devra peut-être se résoudre à l’idée qu’il n’aura pour lui que le cercle de ses amis, sa propre bonne foi et, on l’espère, la presse sénégalaise pour lui éviter l’abattoir politique. Il faut souhaiter que cette presse accepte de jouer à fond, une fois de plus, son rôle prophétique et libérateur pour que s’exprime un jour la vérité, rien que la vérité, mais toute la vérité.
"Le Pays"