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AIR SENEGAL INTERNATIONAL : Vers la faillite de la Compagnie ?

La coopération très avancée entre le Maroc et le Sénégal évolue depuis quelques mois, en dents de scie. Après les bisbilles dans le dossier de la Somat, les deux pays se font entendre encore dans le dossier d’Air Sénégal International (ASI). Aujourd’hui, le Sénégal ambitionne de nationaliser la compagnie mais les conditions marocaines semblent être intenables pour le Sénégal.


Rédigé par leral.net le Samedi 7 Mars 2009 à 14:46 | | 0 commentaire(s)|

AIR SENEGAL INTERNATIONAL : Vers la faillite de la Compagnie ?

«La Royale Air Maroc (RAM) réclame une «feuille de route» pour son retrait d’Air Sénégal «au plus tard le 30 juin 2009». Voici la position des autorités marocaines sur ce dossier devenu une patate chaude entre les mains du Sénégal, depuis l’arrivée du Ministre Farba Senghor au département des Transports Aériens. Cette décision a été prise par la Ram à l’issue du conseil d’administration d’ASI qui a mis l’accent sur la disposition de la RAM à tout mettre en œuvre dans le cadre de cette feuille de route pour que ce transfert se déroule dans les meilleures conditions et garantisse la survie et le développement de cette compagnie. Les partenaires marocains sont resté fermes dans leur position, car avertit la RAM « dans le cas où une telle feuille de route ne serait pas mise sur pied, elle sera contrainte de tirer les conclusions de cette situation et de procéder au processus de retrait de la gestion d’Air Sénégal International dès fin mars 2009».

OÙ SONT LES 24 MILLIARDS ?

Air Sénégal International (ASI) a été créée au début de l’accession de Me Abdoulaye Wade au pouvoir avec Moustapha Niasse comme Premier Ministre. C’était en novembre 2000. Le capital décaissé pour mettre en place cette compagnie s’élèvait à 10,858 millions d’euros, détenus à raison de 51% par la RAM et 49 % par l’Etat du Sénégal. Mais c’est véritablement en octobre 2007, suite à la nomination de Farba Senghor comme Ministre des Transports Aériens du Sénégal que les bisbilles ont démarré entre les deux Etats. Dés son arrivé, le Ministre Farba Senghor a annoncé le renflouement du capital de la compagnie à hauteur de 20 à 24 milliards de F CFA. Ces fonds devraient amener les parts du Sénégal de 49% à 75% et celles du Maroc passeraient de 51% à 25%. C’est dans ce contexte que le Ministre Farba Senghor avait révélé la nationalisation d’l’ASI au plus tard le 31 décembre 2008. Au terme de la récente réunion du Conseil d’Administration, les autorités de la RAM avaient rappelé que cette décision de nationaliser la compagnie a été prise par le Sénégal à la suite d’un plan de redressement mis en oeuvre par Air Sénégal, avec le concours de «la RAM qui a injecté 10 millions d’euros dans la trésorerie de la compagnie et mis à sa disposition les ressources humaines nécessaires ». En dépit de cette volonté affichée par le Sénégal, la RAM avait réaffirmé son «respect pour ce choix de l'Etat du Sénégal et indiqué sa disposition à l’accompagner cette démarche ». Par ailleurs, la RAM a déploré l’attitude des autorités sénégalaises qui selon elles, n’ont toujours pas «concrétisé » leur engagement de «reprendre le capital et la gestion de la compagnie». Et ainsi, dit le Maroc, il est difficile pour le gestionnaire de continuer sa mission dans un manque total de visibilité». Les marocains déplorent également « qu’aucune action n’ait été entreprise par la partie sénégalaise pour le remplacement des avions qui devaient être retournés au loueur en octobre 2008 ». De ce fait, elles obligent la RAM «à mettre à la disposition d’ASI deux Boeing 737-700». Le Maroc n’a pas aussi manqué de revenir sur son éviction de l’organisation du pèlerinage 2008. A ce sujet, le Maroc parle d’une «éviction sans motif et sans préavis de sa filiale du pèlerinage 2008, en dépit de la convention accordant à cette compagnie l’exclusivité de dix ans pour le transport des pèlerins sénégalais à la Mecque, lui faisant subir un préjudice financier lourd». La RAM a précisé que les travaux de la commission mixte mise sur pied en novembre 2007 pour proposer les modalités de mise en œuvre de cette mesure de reprise ont été «interrompus unilatéralement par la partie sénégalaise ». Les marocains n’ont pas manqué de souligner que «l'accumulation de tous ces éléments pénalise lourdement la gestion d'Air Sénégal International et entraîne un déficit chronique en trésorerie entièrement pris en charge par la RAM ». Ainsi, le Maroc estime qu’il est « urgent de concrétiser le transfert du capital et de la gestion de la compagnie à l'Etat sénégalais ».

AIR SENEGAL INTERNATIONAL (ASI)

La position du Sénégal


L’Etat du Sénégal après avoir été informé de la position marocaine, a pris toutes les dispositions pour donner sa version des faits par le biais de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile du Sénégal (Anacs). Les autorités sénégalaises ont surtout mis en exergue les propos marocains parlant d’un «manque de visibilité et de l’absence d’une feuille de route » pour la reprise d’Air Sénégal International (ASI) par la partie sénégalaise. Ils auraient demandé à l’Etat du Sénégal de mettre rapidement en exécution sa décision de prendre le contrôle d'Air Sénégal International ».


Le Sénégal a affiché ses positions à travers l’Agence Nationale de l’Aviation Civile du Sénégal (Anacs) qui a regretté «l’absence totale de concertation préalable, de la part de son partenaire marocain, dans sa décision d’informer le public de sa position » et tenait à apporter les éclaircissements qui sont les suivants.

L’Anacs réplique en soulignant que « s’il est effectivement exact que la situation financière d’Air Sénégal International s’est brutalement dégradée pour atteindre un déficit cumulé de plus de douze (12) milliards de F CFA à la fin de l’exercice 2007, la responsabilité pleine et entière de cette situation incombe exclusivement à la RAM ». Selon toujours l’Anacs, Air Sénégal International a géré la compagnie «depuis sa création et a, dans ce cadre, élaboré et mis en œuvre toutes les mesures la concernant dans les domaines financiers, opérationnels et techniques portant, entre autres, sur la fixation des tarifs, la location des avions, la maintenance, les accords de codes share, le choix des dessertes aériennes, l’assistance technique, la politique d’amortissement, etc. ».

A en croire l’Agence, «il est également constant que tant dans l’élaboration de ces dernières mesures que dans leur application, la RAM a toujours eu pour préoccupation en priorité de faire de Casablanca le » hub » le plus important de l’Afrique du Nord, supprimant à cette fin, pour ensuite se les attribuer, certaines lignes rentables d’ASI qui avaient pourtant fidélisé une forte clientèle ». Et pour atteindre ses objectifs poursuit l’Anacs, « la RAM, mettant à profit son contrôle de la gestion d’ASI, rendait plus onéreux le coût du billet d’ASI sur sa principale et rentable ligne Dakar/Paris/Dakar pour offrir sur le même trajet un prix moins cher via Casablanca, ce qui évidemment lui a permis de détourner à son profit la clientèle concernée». Selon les autorités sénégalaise, « cette situation, pour le moins alarmante, a contraint l’Etat du Sénégal à manifester son intention de prendre en main la gestion d’ASI et, à cet effet, d’envisager la reprise de la participation de la RAM dans ASI suivant des modalités restant à définir entre les partenaires marocain et sénégalais ».

Les autorités de l’aviation civile nationale sénégalaise ont estimé que « l’impossibilité à ce jour d’arrêter ces modalités aux fins précitées a pour origine le comportement de la RAM qui s’est opposée à la réalisation de l’audit financier, commercial, technique et juridique de sa gestion d’ASI ». En plus, avancent toujours l’Anacs la Ram aurait refusé de « communiquer dans ce cadre l’ensemble des informations nécessaires à la réalisation dudit audit et de permettre ainsi à l’Etat du Sénégal de prendre connaissance au préalable de la réalité de la situation financière, technique et opérationnelle d’ASI, seule manière de lui permettre de se prononcer, en toute connaissance de cause, sur les schémas devant assurer la relance et la pérennité de l’entreprise ». Les autorités sénégalaises par le truchement de l’Anacs accusent la Ram d’être « la seule et entière responsable de cette crise » et l’invite « à en assumer toutes les conséquences ».

«Afin d’éviter à ASI d’être, à court terme, confrontée à une situation financière et commerciale irrémédiablement compromise, l’Etat du Sénégal réitère sa ferme et inébranlable volonté de finaliser au plus vite le processus tendant à permettre la relance et la pérennité d’ASI dans les conditions précitées, invitant, sans délai, son partenaire marocain à enfin s’inscrire dans cette logique, ce qui constituera de sa part une manifestation de sa volonté réelle d’amplifier les relations séculaires unissant le Royaume du Maroc au Sénégal » conclut l’Anacs.

SENEGAL/MAROC

Une coopération Sud/Sud toujours citée en exemple (photo avion air Sénégal)
Le Sénégal et le Maroc sont deux pays frères liés par la religion et par l’histoire. De Senghor à Abdou Diouf qui ont toujours eu des liens très étroits avec Sa Majesté le Roi Hassan II, l’actuel Chef de l’Etat du Sénégal a su garder ces mêmes rapports avec le Maroc et Sa Majesté le Roi Mohamed 6. L’attachement de ce dernier au Sénégal est un secret de Polichinelle .

En plus des 4 visites officielles qu’il a effectuées dans notre pays, Mohamed 6 a été le seul hôte du Sénégal lors du dernier Sommet de l’Oci à avoir passé 5 jours dans notre pays et à inaugurer des infrastructures sociales à Dakar.

A chaque fois que le besoin s’est manifesté, Sa Majesté a toujours été au chevet du Sénégal.
Lors de l’invasion des criquets pèlerins, le Maroc était le premier pays du Monde à envoyer ses techniciens pour venir en aide au Sénégal.

Il y a un an, l’avion présidentiel étant victime d’un accident. Le Roi du Maroc avait sur le champ envoyé son avion pour conduire la délégation présidentielle en Espagne.
En Casamance, le Maroc avait envoyé un contingent de militaires pour le déminage de certains villages du Sud en plus de l’équipe de médecins délégués sur le terrain. Dans le domaine de la coopération, le Maroc a toujours affiché son attachement au Sénégal.

Récemment, à l’occasion du pèlerinage, la Compagnie «Zam Zam » s’était rendue célèbre du fait des difficultés qu’elle a fait subir aux sénégalais du début à la fin de leur voyage au Lieu Saint. Ces désagrément ont démarré ici au Sénégal au su des autorités sénégalaises qui n’ont pas aucune mesure pour éviter l’irréparable.

A la fin du pèlerinage, des femmes et des vieux ont été laissés en rade au niveau des hôtels de la Mecque et Médine sans aucune précaution.

Jusqu’au jour de la Tamkharité, les pèlerins étaient encore en souffrance du fait de la Compagnie «Zam Zam» qui avait affrété des épaves d’avions DC10 immatriculés Sao Tomé Principé.
Aujourd’hui, certains pèlerins disent avoir perdu leurs bagages. Et en dépit de cela, aucune information n’a été fournie aux sénégalais sur les négociations du contrat de la compagnie «Zam Zam» avec l’Etat du Sénégal même après sa rupture unilatérale. Les raisons de la mise à l’écart de Air Sénégal International dans l’organisation du pèlerinage sont tous aussi nébuleuses.
Il a fallu encore l’assistance du Maroc pour que les 2.500 pèlerins rentrent sur Dakar après avoir été hébergés et entretenus aux frais du contribuable marocain.

Du côté du Sénégal, les autorités s’étaient toujours rangées du côté du Maroc dans plusieurs dossiers à l’image du vote pour l’organisation du Mondial 2010, le dossier du Polisario. Cela prouve la vitalité des liens entre les deux pays.

Seulement, du fait des agissements maladroits de lobbyistes et d’hommes d’affaires véreux qui ne visent que leurs intérêts crypto personnels, les rapports entre le Sénégal et le Maroc sont souvent heurtés. Heureusement que les peuples sont éternels et les régimes politiques passent.

Dossier réalisé par Mouth BANE rewmi

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