« La révolte du jeudi 23 juin 2011 continue de jeter, les uns à côté des autres, des Sénégalais qui ne se connaissaient pas et qui n’appartiennent à personne. Elle crée cette utopie de la résistance, où des inconnus, qui pour beaucoup, ne se sachant pas ou ne sentant pas démocrates, emportés par la fraternité clandestine et par un sens humain, rêvent tous, comme de petits Rousseau, à la démocratie sociale et économique (….) et à des jours heureux. Ils ne sont pas là seulement pour un programme, une organisation, une revendication, mais aussi pour mettre en cause une société, ses politiciens et ses appareils traditionnels. Une révolte peut être profonde sans trouver son explication politique globale. Des enfants, des poètes, des aventuriers, des fous se sont réunis pour faire cette société clandestine dans un sentiment de dignité. Les enfants sont très dignes, extraordinaires de dignité », pour citer et paraphraser Emmanuel d’Astier, un aristocrate rebelle, homme de plume et d’action, qui s’engagea politiquement, avec panache et enthousiasme, dans la Résistance, dans la liberté de la presse et dans la défense de la révolution de Mai 68 (cf. « La semaine des quatre jeudis » par Emmanuel d’Astier, présenté par Michel-Antoine Burnier et Bernard Kouchner, (Le Félin/Kiron).
C’est le sentiment que nous avons en voyant ces jeunes gens du mouvement Y EN A MARRE, qui sont, à l’image des contestataires de Nanterre, des « enfants très dignes, extraordinaires de dignité ». Ils demandent le départ de Me Wade seulement à l’issue de son mandat légal qui s’achève en mars 2012, faisant preuve d’une maturité et d’un sens de la responsabilité qui a quitté depuis belle lurette leurs aînés soixante-huitards, qui ont aujourd’hui l’âge d’être leurs pères. Alors que le pouvoir périmé de Me Wade leur colle un procès d’intention de violence, ces jeunes et tous les autres jeunes de l’opposition opposent dignité, légalité, sérénité, détermination et patriotisme. On ne peut pas en dire autant de leur camarade Coumba ame ndèye, qui ne semble compter que sur sa bonne fortune de fils du président de la République, pour monter l’ascenseur social, politique, financier et étatique. Ciim !
« Les enfants sont très dignes, extraordinaires de dignité », observe d’Astier. Pardonnez-moi de revenir sur cette dignité, ces vertus et valeurs nationales que nous vénérons, ce ngor, ce fiit, ce fula et ce fayda, comme nous convenons de l’appeler dans notre société. En somme, ce sentiment d’appartenir corps et âme à la nation sénégalaise, à ce corpus senegalensis immatériel, cette révélation qui vous survient lorsque vous êtes à l’étranger que vous êtes profondément, définitivement et résolument Sénégalais. Ce ne saurait être un sentiment de chauvinisme bébête, un sentiment de populisme et de nationalisme étroit, un sentiment de démagogie ou de rejet de l’Autre.
Car chez nous, l’Autre n’est pas un Barbare, un Etranger, un Esclave ou un Ennemi. Non, l’Autre, comme nous le savons et le vivons, tous est un Hôte, un Protégé, un Ami, un Frère ou une Sœur. Dans aucune langue nationale, le mot étranger n’existe. Celui que l’on ne connaît pas, celui que l’on découvre est tout simplement l’hôte ou le doxandeem, que l’on accueille avec beaucoup de Téranga, sans souci de savoir d’où il vient ni quelles sont ses intentions. Car la Téranga s‘impose réciproquement et mutuellement, à l’hôte comme à celui qui accueille. Notre très cher Léopold Sédar Senghor, en plus de nous avoir doté d’un Etat, nous a guidés dans le sens de l’universalité, du donner et du recevoir, de l’enracinement dans sa propre culture avant la découverte de celle des autres.
Or, ce sentiment d’être Sénégalais qui n’exclut pas l’Autre, semble cruellement manquer à notre très cher hyper-ministre d’Etat, ministre de l’Energie, du Ciel et de la Terre. Cela dit, ce n’est pas une secret ni une nouveauté.
Depuis qu’il sévit sur nos têtes, dans nos corps et dans notre espace vital, le fils du président de la République nous avait habitués, à notre grand regret toutefois, à sa propension au mépris de tout ce qui fait notre raison d’être et de vivre.
C’est évident, nous ne sommes pas parfaits, mais pas plus ni moins que d’autres. Nous le savons et nous le constatons chaque jour. Et d’ailleurs, depuis que le PDS sévit sous notre République, nos multiples défauts ont été formidablement encouragés, favorisés, stimulés, excités, aiguillonnés par le modèle d’impunité, de prédation, de violence et de naufrage offert par les libéraux.
Soyons honnêtes, ce n’est pas le PDS qui a créé nos défauts et ce n’est pas le PDS non plus qui a fait que les Sénégalais aiment la facilité et les raccourcis. Mais le PDS assumera une responsabilité historique pour avoir libéré les vannes et ouvert la boîte à Pandore. Le PDS aurait pu faire le choix de la probité, de l’intelligence, du respect des valeurs de la République et de la lutte contre la corruption. Corruption qui n’a pas commencé avec son régime bien entendu.
C’est ce mépris de notre citoyenneté et de nos valeurs, de notre courage et de notre honneur qui ont poussé notre ministre de l’Energie, membre du gouvernement sénégalais, à faire appel à l’intervention de l’armée française sur le territoire souverain du Sénégal, pour répondre non pas à une clause des accords de défense militaire signés entre nos deux pays, mais pour régler un petit problème privé et personnel. Non mais, excusez du peu ! Je fais foi à la journaliste de « l’Express » qui donne cette nouvelle, qui la maintient malgré le démenti avisé mais tardif de l’intéressé, et qui persiste et signe. Je l’ai lue et j’ai écouté sa réaction sur RFM. Entre une journaliste professionnelle qui fait son boulot et un ministre qui passe sa vie dans son avion aux frais du contribuable sénégalais, je choisis de croire la première comme j’aurais aussi choisi de croire un confrère sénégalais professionnel lui aussi. Good job, Christine !
Pendant que « les enfants très dignes, extraordinaires de dignité », manifestaient ce jeudi 23 juin 2011 sur la Place Soweto, légalement et sereinement, leur opposition au projet de réélection de Me Wade et de dévolution monarchique du pouvoir, subissant même pour certains les assauts des forces de l’ordre, pendant que ce lundi 27 juin 2011, des émeutes de l’électricité éclataient partout au Sénégal et dans sa capitale, du fait de populations exaspérées par le rationnement du courant électrique et ses effets pervers, affrontant à mains nues ou presque des unités d’élite et de combat des forces de l’ordre, dans l’obscurité, les brasiers par eux allumés, les barricades par eux érigées sur la chaussée, le jeune le plus poltron de la République du Sénégal est pris d’une peur panique, d’une agitation désordonnée, de troubles de la perception, d’un effroi et d’une frayeur inhumaines. Ciim !
Pendant ce temps, arrêtées par les barricades, les jets de docc et l’âcre fumée des bombes lacrymogènes des forces de l’ordre, même les nanas sénégalaises avaient, fébrilement certes, garé leur 4X4 sur les trottoirs et géraient tranquillement les événements, en téléphonant à leur famille ou à leur cher et tendre époux pour les rassurer et donner des instructions aux nounous.
Cela, tout en écoutant les radios FM pour tenter de s’exfiltrer toutes seules lorsque que le front se sera calmé et la situation redevenue favorable à la mobilité. Sur les trottoirs, elles ont sympathisé et pactisé avec des inconnus, des concitoyens et d’autres automobilistes, empêchés comme elles de circuler à leur guise, sans crainte et sans peur. C’est l’homme qui a peur, mais y’a rien, ya fouey, disent nos cousins éburnéens. Autour des automobilistes pris au piège, les forces de l’ordre fourmillent, armées et casquées jusqu’aux dents et se dressent en formations serrées contre les casseurs et les manifestants survoltés par la magie de la castagne. Enfin, pour les populations, quelqu’un contre qui se battre et passer sa colère alors que le président de la République, son Parlement monocolore, son gouvernement insipide, et son parti entré en dissidence contre le Dauphin, sont inaccessibles et calfeutrés. Ciim !
Pendant que les enfants du peuple sénégalais se bâtissaient comme ils pouvaient une attitude au milieu du chaos, le fils du président de la République, bien que protégé par une garde prétorienne, est habité par la peur et appelle une armée étrangère à venir le protéger. Répétons-le, si les clauses de l’accord de défense librement consenti entre le Sénégal et la France l’autorisent, il n’y a pas de quoi fouetter un woundou. Nous n’y voyons vraiment aucun inconvénient. Mais il nous semble qu’en toute chose, il faut mesure garder et que l’excès est nuisible. Dans le bruit et la fureur de ce 27 juin 2011, jamais nous ne nous sommes sentis en danger au point de vouloir chercher refuge ailleurs que sur les trottoirs. Nous n’avions pas peur des jeunes sénégalais qui mettaient le feu, à notre nom à tous, sur l’incompétence et l’indigence du régime de Me Wade. Nous ne craignions pas non plus les forces de l’ordre qui faisaient juste leur travail et nous protégeaient.
Avant de s’adresser à l’armée d’un pays plus qu’ami, avec lequel nous sommes historiquement et indéfectiblement liés, que n’a-t-il pas plutôt pensé à nos vaillants Jambaars qui font notre fierté et à notre vaillante armée nationale qui est une fierté internationale ? Cet appel à une puissance étrangère amie signifie-t-elle que nos Jambaars ne font plus l’affaire, qu’ils seraient inaptes, incapables de faire leur job correctement, comme ils le font depuis 1960 ? Est-ce l’alerte de quelque de plus sérieux, d’un manque de confiance de notre ministre de l’Energie et futur monarque à la gabonaise-togolaise, en ceux dont le métier est de rétablir l’ordre dans la légalité républicaine, dans la loi et dans l’honneur ? Pourquoi sauter allègrement sur nos forces armées pour appeler des forces armées étrangères à son secours ? Logiquement, cela pourrait signifier que nos militaires restent républicains et au service de la nation et du peuple, et seulement de la nation et du peuple. Les forces armées du Sénégal ne sont pas au service d’ambitions privées, politiques ou particulières. Elles ne le seront jamais. C’est une armée professionnelle, éduquée et formée à servir dans la stricte légalité. Les régimes et les hommes d’Etat passeront, mais elle leur survivra.
La seule bi-nationalité de notre ministre d’Etat, ministre de la Terre et du Ciel ne saurait expliquer qu’il soit fait appel à l’armée française. Pour rappel, l’un des mandats de cette armée pour intervenir de toute urgence sur un territoire étranger serait que la sécurité des citoyens français y soit massivement mise en danger. Lundi 27 juin 2011, ce n’était pas le cas et jamais cela ne pourra jamais être le cas, parce que la révolte des populations sénégalaises contre le régime du président Wade est stricto sensu sénégalo-sénégalaise et ne concerne que nous. Pessu kanam, borom mo kay facc.
Les hôtes étrangers qui vivent parmi nous continueront de vaquer tranquillement tant qu’elles ne se mêleront pas du débat national, qui ne les regarde point. Les Français, particulièrement, sont nos amis, nos voisins et nos lointains ancêtres Gaulois. Ils n’ont absolument rien à craindre des Sénégalais. Il ne faudrait pas le ministre de l’Energie, dans son désir de ressembler à Faure Gnassingbé et Ali Bongo, se serve de ses compatriotes français comme d’un bouclier.
Dié Maty FALL
C’est le sentiment que nous avons en voyant ces jeunes gens du mouvement Y EN A MARRE, qui sont, à l’image des contestataires de Nanterre, des « enfants très dignes, extraordinaires de dignité ». Ils demandent le départ de Me Wade seulement à l’issue de son mandat légal qui s’achève en mars 2012, faisant preuve d’une maturité et d’un sens de la responsabilité qui a quitté depuis belle lurette leurs aînés soixante-huitards, qui ont aujourd’hui l’âge d’être leurs pères. Alors que le pouvoir périmé de Me Wade leur colle un procès d’intention de violence, ces jeunes et tous les autres jeunes de l’opposition opposent dignité, légalité, sérénité, détermination et patriotisme. On ne peut pas en dire autant de leur camarade Coumba ame ndèye, qui ne semble compter que sur sa bonne fortune de fils du président de la République, pour monter l’ascenseur social, politique, financier et étatique. Ciim !
« Les enfants sont très dignes, extraordinaires de dignité », observe d’Astier. Pardonnez-moi de revenir sur cette dignité, ces vertus et valeurs nationales que nous vénérons, ce ngor, ce fiit, ce fula et ce fayda, comme nous convenons de l’appeler dans notre société. En somme, ce sentiment d’appartenir corps et âme à la nation sénégalaise, à ce corpus senegalensis immatériel, cette révélation qui vous survient lorsque vous êtes à l’étranger que vous êtes profondément, définitivement et résolument Sénégalais. Ce ne saurait être un sentiment de chauvinisme bébête, un sentiment de populisme et de nationalisme étroit, un sentiment de démagogie ou de rejet de l’Autre.
Car chez nous, l’Autre n’est pas un Barbare, un Etranger, un Esclave ou un Ennemi. Non, l’Autre, comme nous le savons et le vivons, tous est un Hôte, un Protégé, un Ami, un Frère ou une Sœur. Dans aucune langue nationale, le mot étranger n’existe. Celui que l’on ne connaît pas, celui que l’on découvre est tout simplement l’hôte ou le doxandeem, que l’on accueille avec beaucoup de Téranga, sans souci de savoir d’où il vient ni quelles sont ses intentions. Car la Téranga s‘impose réciproquement et mutuellement, à l’hôte comme à celui qui accueille. Notre très cher Léopold Sédar Senghor, en plus de nous avoir doté d’un Etat, nous a guidés dans le sens de l’universalité, du donner et du recevoir, de l’enracinement dans sa propre culture avant la découverte de celle des autres.
Or, ce sentiment d’être Sénégalais qui n’exclut pas l’Autre, semble cruellement manquer à notre très cher hyper-ministre d’Etat, ministre de l’Energie, du Ciel et de la Terre. Cela dit, ce n’est pas une secret ni une nouveauté.
Depuis qu’il sévit sur nos têtes, dans nos corps et dans notre espace vital, le fils du président de la République nous avait habitués, à notre grand regret toutefois, à sa propension au mépris de tout ce qui fait notre raison d’être et de vivre.
C’est évident, nous ne sommes pas parfaits, mais pas plus ni moins que d’autres. Nous le savons et nous le constatons chaque jour. Et d’ailleurs, depuis que le PDS sévit sous notre République, nos multiples défauts ont été formidablement encouragés, favorisés, stimulés, excités, aiguillonnés par le modèle d’impunité, de prédation, de violence et de naufrage offert par les libéraux.
Soyons honnêtes, ce n’est pas le PDS qui a créé nos défauts et ce n’est pas le PDS non plus qui a fait que les Sénégalais aiment la facilité et les raccourcis. Mais le PDS assumera une responsabilité historique pour avoir libéré les vannes et ouvert la boîte à Pandore. Le PDS aurait pu faire le choix de la probité, de l’intelligence, du respect des valeurs de la République et de la lutte contre la corruption. Corruption qui n’a pas commencé avec son régime bien entendu.
C’est ce mépris de notre citoyenneté et de nos valeurs, de notre courage et de notre honneur qui ont poussé notre ministre de l’Energie, membre du gouvernement sénégalais, à faire appel à l’intervention de l’armée française sur le territoire souverain du Sénégal, pour répondre non pas à une clause des accords de défense militaire signés entre nos deux pays, mais pour régler un petit problème privé et personnel. Non mais, excusez du peu ! Je fais foi à la journaliste de « l’Express » qui donne cette nouvelle, qui la maintient malgré le démenti avisé mais tardif de l’intéressé, et qui persiste et signe. Je l’ai lue et j’ai écouté sa réaction sur RFM. Entre une journaliste professionnelle qui fait son boulot et un ministre qui passe sa vie dans son avion aux frais du contribuable sénégalais, je choisis de croire la première comme j’aurais aussi choisi de croire un confrère sénégalais professionnel lui aussi. Good job, Christine !
Pendant que « les enfants très dignes, extraordinaires de dignité », manifestaient ce jeudi 23 juin 2011 sur la Place Soweto, légalement et sereinement, leur opposition au projet de réélection de Me Wade et de dévolution monarchique du pouvoir, subissant même pour certains les assauts des forces de l’ordre, pendant que ce lundi 27 juin 2011, des émeutes de l’électricité éclataient partout au Sénégal et dans sa capitale, du fait de populations exaspérées par le rationnement du courant électrique et ses effets pervers, affrontant à mains nues ou presque des unités d’élite et de combat des forces de l’ordre, dans l’obscurité, les brasiers par eux allumés, les barricades par eux érigées sur la chaussée, le jeune le plus poltron de la République du Sénégal est pris d’une peur panique, d’une agitation désordonnée, de troubles de la perception, d’un effroi et d’une frayeur inhumaines. Ciim !
Pendant ce temps, arrêtées par les barricades, les jets de docc et l’âcre fumée des bombes lacrymogènes des forces de l’ordre, même les nanas sénégalaises avaient, fébrilement certes, garé leur 4X4 sur les trottoirs et géraient tranquillement les événements, en téléphonant à leur famille ou à leur cher et tendre époux pour les rassurer et donner des instructions aux nounous.
Cela, tout en écoutant les radios FM pour tenter de s’exfiltrer toutes seules lorsque que le front se sera calmé et la situation redevenue favorable à la mobilité. Sur les trottoirs, elles ont sympathisé et pactisé avec des inconnus, des concitoyens et d’autres automobilistes, empêchés comme elles de circuler à leur guise, sans crainte et sans peur. C’est l’homme qui a peur, mais y’a rien, ya fouey, disent nos cousins éburnéens. Autour des automobilistes pris au piège, les forces de l’ordre fourmillent, armées et casquées jusqu’aux dents et se dressent en formations serrées contre les casseurs et les manifestants survoltés par la magie de la castagne. Enfin, pour les populations, quelqu’un contre qui se battre et passer sa colère alors que le président de la République, son Parlement monocolore, son gouvernement insipide, et son parti entré en dissidence contre le Dauphin, sont inaccessibles et calfeutrés. Ciim !
Pendant que les enfants du peuple sénégalais se bâtissaient comme ils pouvaient une attitude au milieu du chaos, le fils du président de la République, bien que protégé par une garde prétorienne, est habité par la peur et appelle une armée étrangère à venir le protéger. Répétons-le, si les clauses de l’accord de défense librement consenti entre le Sénégal et la France l’autorisent, il n’y a pas de quoi fouetter un woundou. Nous n’y voyons vraiment aucun inconvénient. Mais il nous semble qu’en toute chose, il faut mesure garder et que l’excès est nuisible. Dans le bruit et la fureur de ce 27 juin 2011, jamais nous ne nous sommes sentis en danger au point de vouloir chercher refuge ailleurs que sur les trottoirs. Nous n’avions pas peur des jeunes sénégalais qui mettaient le feu, à notre nom à tous, sur l’incompétence et l’indigence du régime de Me Wade. Nous ne craignions pas non plus les forces de l’ordre qui faisaient juste leur travail et nous protégeaient.
Avant de s’adresser à l’armée d’un pays plus qu’ami, avec lequel nous sommes historiquement et indéfectiblement liés, que n’a-t-il pas plutôt pensé à nos vaillants Jambaars qui font notre fierté et à notre vaillante armée nationale qui est une fierté internationale ? Cet appel à une puissance étrangère amie signifie-t-elle que nos Jambaars ne font plus l’affaire, qu’ils seraient inaptes, incapables de faire leur job correctement, comme ils le font depuis 1960 ? Est-ce l’alerte de quelque de plus sérieux, d’un manque de confiance de notre ministre de l’Energie et futur monarque à la gabonaise-togolaise, en ceux dont le métier est de rétablir l’ordre dans la légalité républicaine, dans la loi et dans l’honneur ? Pourquoi sauter allègrement sur nos forces armées pour appeler des forces armées étrangères à son secours ? Logiquement, cela pourrait signifier que nos militaires restent républicains et au service de la nation et du peuple, et seulement de la nation et du peuple. Les forces armées du Sénégal ne sont pas au service d’ambitions privées, politiques ou particulières. Elles ne le seront jamais. C’est une armée professionnelle, éduquée et formée à servir dans la stricte légalité. Les régimes et les hommes d’Etat passeront, mais elle leur survivra.
La seule bi-nationalité de notre ministre d’Etat, ministre de la Terre et du Ciel ne saurait expliquer qu’il soit fait appel à l’armée française. Pour rappel, l’un des mandats de cette armée pour intervenir de toute urgence sur un territoire étranger serait que la sécurité des citoyens français y soit massivement mise en danger. Lundi 27 juin 2011, ce n’était pas le cas et jamais cela ne pourra jamais être le cas, parce que la révolte des populations sénégalaises contre le régime du président Wade est stricto sensu sénégalo-sénégalaise et ne concerne que nous. Pessu kanam, borom mo kay facc.
Les hôtes étrangers qui vivent parmi nous continueront de vaquer tranquillement tant qu’elles ne se mêleront pas du débat national, qui ne les regarde point. Les Français, particulièrement, sont nos amis, nos voisins et nos lointains ancêtres Gaulois. Ils n’ont absolument rien à craindre des Sénégalais. Il ne faudrait pas le ministre de l’Energie, dans son désir de ressembler à Faure Gnassingbé et Ali Bongo, se serve de ses compatriotes français comme d’un bouclier.
Dié Maty FALL