En effet, les différentes périodes de la lutte anti-impérialiste dans notre pays se présentent sous forme de blocs d’histoire séparés, sans conjonctions suffisantes entre elles. Si les origines proches, situées dans la période comprise entre 1945 et les années 1970, sont assez bien connues, par contre les origines lointaines coïncidant avec les décennies 1910 à 1930, le sont beaucoup moins. Elles correspondent justement, à la période durant laquelle ont vécu les précurseurs des combattants anti-impérialistes et marxistes dans la région ouest-africaine représentés par la génération du Sénégalais Lamine Ibrahima Arfang Senghor et du Soudanais Thiémokho Garang Kouyaté.
Après les évènements de mai 68 cependant, et au cours des années 1970 en particulier, diverses recherches et autres travaux, entrepris par des patriotes et universitaires, ont joué un rôle important et permis de sortir de l’oubli ces personnalités de premier plan, établissant ainsi un lien entre des générations d’anti-impérialistes que plus d’un demi-siècle d’histoire séparait les unes des autres.
Depuis lors, des efforts ont été effectués de façon périodique pour perpétuer leur mémoire, mieux faire connaître leur œuvre méconnue et l’utiliser à bon escient dans la lutte pour l’émancipation nationale et sociale. Ainsi le 90e anniversaire et le centenaire de la naissance de Lamine SENGHOR ont-ils été successivement célébrés en 1979 et 1989, avec différentes manifestations à caractère culturel, artistique, sportif et intellectuel, sous l’égide du Front Culturel Sénégalais (Làngug Caada Senegaal), ou d’associations sous son influence.
A noter que déjà en 1979, le Front Culturel avait publié une brochure intitulée : Lamine Senghor, vie et œuvre. Plus récemment en 2013, a été mis en place un Comité d’initiative Lamine Senghor pour l’évaluation-perpétuation de l’articulation au Sénégal, du programme minimum de résolution de la question nationale- coloniale et du programme maximum de passage au socialisme et au communisme.
Problématique dont la génération des Lamine Senghor et Garang Kouyaté a jeté les bases de la matérialisation dans les conditions difficiles de leur temps, caractérisé en particulier par le fait que la révolte contre l’arbitraire racial-colonial, constituait la base de la prise de conscience et de l’engagement anticapitalistes et anti-impérialistes.
La célébration jumelée de la publication du Manifeste du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et de la naissance de Lamine Senghor, a été la marque de ces trois dernières années, dans le cadre du concept : « Septembre, mois de la Gauche au Sénégal », autour de la date du 15 septembre tel que proposé par les camarades doyens du PAI.
C’est d’ailleurs fort heureusement encore le cas ce jour avec la coïncidence entre le 128e anniversaire de la naissance de Lamine Senghor et le 60e anniversaire de la parution du Manifeste du PAI. Concernant le 90e anniversaire de la disparition de Lamine Senghor en Novembre prochain, il est envisagé de le commémorer à Dakar dans le cadre du partenariat existant entre le Comité d’Initiative Lamine Senghor et le Collectif Mémoires et Révolutions en Afrique / Sénégal.
Dans le même temps, nous venons d’apprendre qu’à cette même occasion, les descendants de Lamine Senghor ont décidé d’organiser un Colloque international à Joal, sa ville natale, le samedi 25 novembre 2017, ce qui laisse envisager des opportunités de collaboration et de synergie. A cela s’ajoute d’un autre côté, le fait que cette disparition est survenue le même mois que celui du centenaire de la révolution d’Octobre 1917 (Novembre dans le calendrier russe).
Ce centenaire est activement préparé au plan international par les différents courants du mouvement marxiste et révolutionnaire mondial et au-delà, par les démocrates et patriotes conséquents de tous les continents.
Au plan national, un comité préparatoire a été mis en place pour la célébration de cet important évènement historique autour du thème « La révolution d’octobre et nous » ; ce thème interpelle directement l’apport des Lamine Senghor, Thiémokho Kouyaté et de leurs contemporains africains ou de la diaspora pour entre autres, préciser quel a été l’impact d’Octobre dans la juste résolution de la question nationale-coloniale, et plus particulièrement, de la question noire dans la perspective de renouvellement pratique et théorique des grandes équations émancipatrices auxquelles l’humanité reste encore confrontée.
Sans compter que l’établissement d’un pont entre le Sénégal et le Mali, de concert avec des patriotes maliens, serait un facteur de rehaussement de l’évènement. Il permettrait de consacrer la camaraderie révolutionnaire, symbolisée par les relations entre ces deux précurseurs que sont Thiémokho Garang Kouyaté et Lamine Arfang Senghor, et de la verser dans notre patrimoine africain commun ; un tel pont pourrait, de surcroît, actualiser le projet de « Ligue de lutte pour la liberté des peuples du Sénégal et du Soudan » créée en 1933 par Kouyaté sur la lancée de Lamine.
Dans la même optique, cela aiderait à mieux faire connaitre les autres personnalités révolutionnaires de leur génération, au plan national, africain (sous-régional notamment) et international.
C’est dire que la célébration de ces anniversaires s’effectue dans les circonstances de clôture de toute une période. Mais plus important encore, elle se situe en même temps à l’orée d’un nouveau cycle historique déterminé par le besoin irrépressible d’une société qui tourne le dos à toute forme d’aliénation, raciale comprise. D’où toute l’importance des combats et cadres de luttes sur lesquels Lamine Senghor a laissé une empreinte indélébile et qui ont contribué à impulser la résistance des peuples et mouvements noirs : il s’agit en particulier du Comité de Défense de la Race Nègre (CDRN), de la Ligue de Défense de la Race Nègre (LDRN) aux côtés de l’Union Inter-coloniale (UIC), de l’Union des Travailleurs Noirs (UTN), entre autres.
Pour autant, comme le disait Cheikh Anta Diop, confronté à des défis similaires avec son ouvrage Nations nègres et culture : "Il ne s'agit point d'une théorie de la Négritude. Notre intention est d'éclairer un fait singulier de cette histoire, de le dégager du monceau d'affirmations fausses sous lesquelles il est enseveli."
Il s’agit au contraire, tirant les conséquences de cette position, d’établir les bases épistémiques d’une civilisation universelle, celle de l’« humanitude » sociale non raciale, de production de l’homme par l’homme, assise sur cette ontologie alternative dont Nkwamé Nkrumah avait essayé de jeter les fondements et qu’Amilcar Cabral, ou le Sud-africain Mangaliso Sobukwe ou encore l’Ougandais Nabudéré avaient reprise avec d’autres sur de nouvelles bases, comme une exigence universelle touchant pratiquement tous les domaines de la vie sociétale.
Dans cette optique, la célébration des anniversaires de Lamine Senghor évoqués ci-dessus, loin de relever d’une simple posture commémorative, s’inscrit au contraire dans l’exigence d’appropriation de sa praxis pour en tirer les enseignements utiles à la révolution africaine de notre temps. C’est aussi un hommage mérité à ce précurseur et à ses contemporains qui, à l’image de Thiémokho Garan...
Après les évènements de mai 68 cependant, et au cours des années 1970 en particulier, diverses recherches et autres travaux, entrepris par des patriotes et universitaires, ont joué un rôle important et permis de sortir de l’oubli ces personnalités de premier plan, établissant ainsi un lien entre des générations d’anti-impérialistes que plus d’un demi-siècle d’histoire séparait les unes des autres.
Depuis lors, des efforts ont été effectués de façon périodique pour perpétuer leur mémoire, mieux faire connaître leur œuvre méconnue et l’utiliser à bon escient dans la lutte pour l’émancipation nationale et sociale. Ainsi le 90e anniversaire et le centenaire de la naissance de Lamine SENGHOR ont-ils été successivement célébrés en 1979 et 1989, avec différentes manifestations à caractère culturel, artistique, sportif et intellectuel, sous l’égide du Front Culturel Sénégalais (Làngug Caada Senegaal), ou d’associations sous son influence.
A noter que déjà en 1979, le Front Culturel avait publié une brochure intitulée : Lamine Senghor, vie et œuvre. Plus récemment en 2013, a été mis en place un Comité d’initiative Lamine Senghor pour l’évaluation-perpétuation de l’articulation au Sénégal, du programme minimum de résolution de la question nationale- coloniale et du programme maximum de passage au socialisme et au communisme.
Problématique dont la génération des Lamine Senghor et Garang Kouyaté a jeté les bases de la matérialisation dans les conditions difficiles de leur temps, caractérisé en particulier par le fait que la révolte contre l’arbitraire racial-colonial, constituait la base de la prise de conscience et de l’engagement anticapitalistes et anti-impérialistes.
La célébration jumelée de la publication du Manifeste du Parti Africain de l’Indépendance (PAI) et de la naissance de Lamine Senghor, a été la marque de ces trois dernières années, dans le cadre du concept : « Septembre, mois de la Gauche au Sénégal », autour de la date du 15 septembre tel que proposé par les camarades doyens du PAI.
C’est d’ailleurs fort heureusement encore le cas ce jour avec la coïncidence entre le 128e anniversaire de la naissance de Lamine Senghor et le 60e anniversaire de la parution du Manifeste du PAI. Concernant le 90e anniversaire de la disparition de Lamine Senghor en Novembre prochain, il est envisagé de le commémorer à Dakar dans le cadre du partenariat existant entre le Comité d’Initiative Lamine Senghor et le Collectif Mémoires et Révolutions en Afrique / Sénégal.
Dans le même temps, nous venons d’apprendre qu’à cette même occasion, les descendants de Lamine Senghor ont décidé d’organiser un Colloque international à Joal, sa ville natale, le samedi 25 novembre 2017, ce qui laisse envisager des opportunités de collaboration et de synergie. A cela s’ajoute d’un autre côté, le fait que cette disparition est survenue le même mois que celui du centenaire de la révolution d’Octobre 1917 (Novembre dans le calendrier russe).
Ce centenaire est activement préparé au plan international par les différents courants du mouvement marxiste et révolutionnaire mondial et au-delà, par les démocrates et patriotes conséquents de tous les continents.
Au plan national, un comité préparatoire a été mis en place pour la célébration de cet important évènement historique autour du thème « La révolution d’octobre et nous » ; ce thème interpelle directement l’apport des Lamine Senghor, Thiémokho Kouyaté et de leurs contemporains africains ou de la diaspora pour entre autres, préciser quel a été l’impact d’Octobre dans la juste résolution de la question nationale-coloniale, et plus particulièrement, de la question noire dans la perspective de renouvellement pratique et théorique des grandes équations émancipatrices auxquelles l’humanité reste encore confrontée.
Sans compter que l’établissement d’un pont entre le Sénégal et le Mali, de concert avec des patriotes maliens, serait un facteur de rehaussement de l’évènement. Il permettrait de consacrer la camaraderie révolutionnaire, symbolisée par les relations entre ces deux précurseurs que sont Thiémokho Garang Kouyaté et Lamine Arfang Senghor, et de la verser dans notre patrimoine africain commun ; un tel pont pourrait, de surcroît, actualiser le projet de « Ligue de lutte pour la liberté des peuples du Sénégal et du Soudan » créée en 1933 par Kouyaté sur la lancée de Lamine.
Dans la même optique, cela aiderait à mieux faire connaitre les autres personnalités révolutionnaires de leur génération, au plan national, africain (sous-régional notamment) et international.
C’est dire que la célébration de ces anniversaires s’effectue dans les circonstances de clôture de toute une période. Mais plus important encore, elle se situe en même temps à l’orée d’un nouveau cycle historique déterminé par le besoin irrépressible d’une société qui tourne le dos à toute forme d’aliénation, raciale comprise. D’où toute l’importance des combats et cadres de luttes sur lesquels Lamine Senghor a laissé une empreinte indélébile et qui ont contribué à impulser la résistance des peuples et mouvements noirs : il s’agit en particulier du Comité de Défense de la Race Nègre (CDRN), de la Ligue de Défense de la Race Nègre (LDRN) aux côtés de l’Union Inter-coloniale (UIC), de l’Union des Travailleurs Noirs (UTN), entre autres.
Pour autant, comme le disait Cheikh Anta Diop, confronté à des défis similaires avec son ouvrage Nations nègres et culture : "Il ne s'agit point d'une théorie de la Négritude. Notre intention est d'éclairer un fait singulier de cette histoire, de le dégager du monceau d'affirmations fausses sous lesquelles il est enseveli."
Il s’agit au contraire, tirant les conséquences de cette position, d’établir les bases épistémiques d’une civilisation universelle, celle de l’« humanitude » sociale non raciale, de production de l’homme par l’homme, assise sur cette ontologie alternative dont Nkwamé Nkrumah avait essayé de jeter les fondements et qu’Amilcar Cabral, ou le Sud-africain Mangaliso Sobukwe ou encore l’Ougandais Nabudéré avaient reprise avec d’autres sur de nouvelles bases, comme une exigence universelle touchant pratiquement tous les domaines de la vie sociétale.
Dans cette optique, la célébration des anniversaires de Lamine Senghor évoqués ci-dessus, loin de relever d’une simple posture commémorative, s’inscrit au contraire dans l’exigence d’appropriation de sa praxis pour en tirer les enseignements utiles à la révolution africaine de notre temps. C’est aussi un hommage mérité à ce précurseur et à ses contemporains qui, à l’image de Thiémokho Garan...