APRES LA LETTRE OUVERTE DE SOKHNA DIENG MBACKE:Jean Christophe Rufin remet ses propos dans leur contexte

"Au Sénégal il est très difficile de garder des secrets. Tout le monde sait tout, où tout le monde croit tout savoir, donc dit n’importe quoi, et donc nous préférions dire les choses comme elles sont, le dire de façon transparente". Ce propos liminaire, improvisé sur le ton de la plaisanterie, a été tenu au côté du Ministre d’Etat, ministre des finances et de nombreux témoins qui en ont perçu le caractère ironique et affectueux et n’en ont été nullement choqué. Sorti de son contexte, il est actuellement utilisé contre moi. Depuis un an et trois mois que je représente la France dans ce pays, les Sénégalais ont appris à me connaître. Ils ont été nombreux, après mon discours du 14 juillet, à me faire connaître leur satisfaction de voir la France représentée ici par un authentique ami du Sénégal, profondément respectueux de ses habitants et de son histoire. Le respect, surtout pour des amis, consiste d’abord à dire la vérité. Ce n’est insulter personne que de dire qu’en l’absence d’information, les rumeurs circulent. C’est montrer du respect de choisir de communiquer, comme nous l’avons fait, le ministre d’Etat et moi-même, en toute transparence pour livrer à l’opinion le détail des accords passés entre nos deux pays. Je ne suis certes pas un diplomate de carrière. J’ai été nommé à cette fonction par la volonté du président Sarkozy qui a souhaité promouvoir, avec des personnalités extérieures, une diplomatie plus ouverte, plus sincère et plus transparente. Et il a pensé avec raison que le Sénégal était le pays le plus à même d’apprécier un tel changement. Il se peut que ma sincérité dérange. Certains sont en droit de préférer des diplomates plus silencieux, voire plus dociles. Cependant le long combat que j’ai mené depuis 25 ans pour l’Afrique et le développement ne permet pas de me soupçonner du moindre mépris à l’égard de ce continent et de ses peuples. Je n’ai, en la matière, de leçon à recevoir de personne. J’ai eu maintes fois l’occasion de magnifier les relations entre la France et le Sénégal, ainsi que de me référer aux grands hommes qui ont fait et font encore la valeur inestimable de ce pays. En attendant, ces polémiques détournent des vraies questions : comment affronter ensemble la crise qui touche aujourd’hui le monde entier ? Le concours exceptionnel apporté par la France au Sénégal, qui était le véritable sujet de mon propos est un exemple de ce que nos deux pays peuvent attendre l’un de l’autre dans une situation difficile. Là est bien l’essentiel. Là est l’amitié. Là est le respect véritable.

Jean Christophe RUFIN, Ambassadeur de France au Sénégal