Au début de son magistère, Abdoulaye Wade n’avait pas hésité à ôter son costume, pour inviter à un duel le patron de Radio France international (Rfi), venu protester contre l’expulsion de sa correspondante à Dakar, Sophie Malibeaux. Mieux, on se rappelle la rencontre très houleuse, diffusée en boucle par la Rts, où le chef de l’Etat s’en prenait littéralement à Oumar Sarr, chef de la délégation du défunt parti d’Idrissa Seck, en perspective des retrouvailles Wade-Idy. Aussi, ne se souvient-on pas de ses attaques en règle contre les syndicalistes du Cusems, au cours d’une audience au Palais, où il avait traité les enseignants de criminels ? Que dire de la volée de bois vert contre le secrétaire général du Ps, Ousmane Tanor Dieng, lors de la dernière rencontre entre l’opposition et le chef de l’Etat ? Le Président se plaira toujours à justifier, ne serait-ce que par acquis de conscience, qu’il est le chef qui parle à ses administrés, le roi qui parle à ses sujets. Mais cette protestation musclée contre l’ambassadeur des Etats-Unis à Dakar a été simplement inélégante, puisque c’est une dame, mais surtout diplomatiquement incorrecte. Elle était la goutte d’eau de trop.
Pour qui connait les Etats-Unis, la réplique ne se fera pas attendre. Ce pays qui, pour refuser qu’un seul de ses ressortissants comparaisse devant la Cour pénale, a refusé de ratifier cette Convention, ne badine pas avec la dignité de ses citoyens. Il suffit juste de lire la dernière page du passeport américain, pour s’en convaincre. Pourtant, cette escalade du Président Wade n’est pas fortuite ; c’est bien une idée savamment réfléchie, murie et planifiée qui consiste à cannibaliser le Sénégal, pour pouvoir concrétiser le projet de se faire succéder par son fils. La voie diplomatique ayant montré ses limites pour convaincre de la justesse de ce projet rétrograde, il recourt à présent au forcing.
Cela consiste, en fait, à s’isoler et s’allier avec ses semblables tels que Yoweri Museweni de l’Ouganda, Ahmedinejad de l’Iran et Robert Mugabe du Zimbabwé. C’est dans ce cadre qu’il faut classer la tension notée il y a juste quelques jours entre Paris et Dakar, notamment sur le déguerpissement des soldats français. Il en est de même de la sortie du conseiller chargé des questions africaines de l’Elysée, André Parant. Mais surtout, le voyage du Président Wade en Iran et son soutien tonitruant et bruyant au Président iranien, dans son bras de fer contre la communauté internationale au sujet du désarmement nucléaire. Et pour boucler la boucle des provocations, il prend à partie l’ambassadeur des Etats-Unis, pour lui faire des remontrances publiques. Allant jusqu’à demander aux Américains de reprendre les 540 millions de dollars du Millenium Challenge corporation. Pourtant, le communiqué rendu public n’a fait que rappeler les principes qui régissent le Mcc. Un document que le gouvernement du Sénégal a signé à l’aveuglette. En tout état de cause, pour nos sources au Département d’Etat, le ciel politique sénégalais est assez sombre et ne présage rien de bon. Les Services de Hillary Clinton entrevoient tout simplement un imbroglio politique, similaire à celui en cours en Côte d’Ivoire depuis une décennie. Le glas est sonné ici.
Amadou BA, correspondant permanent aux Etats-Unis
Pour qui connait les Etats-Unis, la réplique ne se fera pas attendre. Ce pays qui, pour refuser qu’un seul de ses ressortissants comparaisse devant la Cour pénale, a refusé de ratifier cette Convention, ne badine pas avec la dignité de ses citoyens. Il suffit juste de lire la dernière page du passeport américain, pour s’en convaincre. Pourtant, cette escalade du Président Wade n’est pas fortuite ; c’est bien une idée savamment réfléchie, murie et planifiée qui consiste à cannibaliser le Sénégal, pour pouvoir concrétiser le projet de se faire succéder par son fils. La voie diplomatique ayant montré ses limites pour convaincre de la justesse de ce projet rétrograde, il recourt à présent au forcing.
Cela consiste, en fait, à s’isoler et s’allier avec ses semblables tels que Yoweri Museweni de l’Ouganda, Ahmedinejad de l’Iran et Robert Mugabe du Zimbabwé. C’est dans ce cadre qu’il faut classer la tension notée il y a juste quelques jours entre Paris et Dakar, notamment sur le déguerpissement des soldats français. Il en est de même de la sortie du conseiller chargé des questions africaines de l’Elysée, André Parant. Mais surtout, le voyage du Président Wade en Iran et son soutien tonitruant et bruyant au Président iranien, dans son bras de fer contre la communauté internationale au sujet du désarmement nucléaire. Et pour boucler la boucle des provocations, il prend à partie l’ambassadeur des Etats-Unis, pour lui faire des remontrances publiques. Allant jusqu’à demander aux Américains de reprendre les 540 millions de dollars du Millenium Challenge corporation. Pourtant, le communiqué rendu public n’a fait que rappeler les principes qui régissent le Mcc. Un document que le gouvernement du Sénégal a signé à l’aveuglette. En tout état de cause, pour nos sources au Département d’Etat, le ciel politique sénégalais est assez sombre et ne présage rien de bon. Les Services de Hillary Clinton entrevoient tout simplement un imbroglio politique, similaire à celui en cours en Côte d’Ivoire depuis une décennie. Le glas est sonné ici.
Amadou BA, correspondant permanent aux Etats-Unis