Parlant du chômage des jeunes, vous préconisez l’auto-emploi. Ne pensez-vous pas que c’est une fuite en avant des responsables ?
Non (il répète). Il faut aider l’auto-emploi. Le responsable est toujours là pour aider l’auto-emploi. Mais le vrai problème, c’est qu’il n’y a pas d’autres voies. Un dirigeant ne peut pas créer comme ça un emploi.
Mais l’emploi va avec la formation…
(Il coupe). L’emploi commence de toute façon avec une formation complémentaire, une formation adéquate. Mais cela passe aussi par une prise de conscience. Regardez ! Il y a une petite observation que vous faites à un jeune Sénégalais. Et tout de suite, cela peut changer sa perception de la chose parce que quand ils sont jeunes, ils sont généreux.
Vous lui dites : « chercher un emploi, c’est difficile, mais pourquoi ne cherches-tu pas à créer un ou des emplois ?» Tout de suite, vous le mettez dans une démarche différente où il est capable de prendre conscience de l’importance de l’auto-emploi et d’y aller. C’est dans cette démarche-là qu’il faut se mettre et il faut briser des habitudes.
Autrefois, on allait à l’université pour trouver un emploi. Aujourd’hui, il faut aller à l’université pour pouvoir créer une entreprise, participer à une création d’entreprise. Ce sont les paradigmes qu’il faut modifier. Ce n’est pas une histoire de fuite an avant, loin de là. Par contre, il faut mettre en place les instruments qui le permettent et le président de la République a loué récemment l’action du Directeur général de la BNDE.
Voilà un instrument important dans le cadre de cette politique. C’est pourquoi dans le cadre de cette institution, il faut préserver sa stratégie à tout prix, ne pas la laisser partir vers les métiers de banques traditionnelles, mais la laisser dans une démarche de financement de petits projets pour le développement de l’auto-emploi.
Est-ce que ce n’est pas toujours la BCEAO qui va définir les règles du jeu ?
Si, la BCEAO est là pour ça.
Donc il s'agit d'un retour à la case de départ
Non. Les règles du jeu de la BCEAO n’empêchent pas un financement de petits projets. Par contre, il faut dans la prise de risque, dans l’organisation et la méthode, qu’on suive des spécificités. C’est peut-être par paresse ou par tradition, ce que les banques habituelles ne font pas.
Pourquoi avoir créé un club et pas un mouvement ? Et cela va servir à quoi le club ?
D’abord, j’aime bien faire dans l’originalité. Créer un mouvement, le énième du genre, cela ne nous ressemble pas vraiment. On a souhaité apporter un plus. Combien de clubs de réflexion fonctionnent aujourd’hui au Sénégal et sont capables d’alimenter et le débat politique et le débat économique, et de faire des propositions concrètes à ceux qui nous gouvernent ? On va faire dans l’originalité et aller dans le sens d’une amélioration du fonctionnement de notre démocratie parce que la vraie démocratie aussi, ce n’est pas seulement la possibilité de voter pour quelqu’un.
C’est donner de la qualité au débat, qu’il soit politique, économique ou social. Maintenant, c’est vrai ; quand on dit «club» d’une manière générale, on voit quelque chose de très fermé. Cet aspect-là va exister parce qu’il y a un effort de synthèse nécessaire au niveau du conseil d’administration du club. Mais par définition et grâce à un instrument informatique que nous sommes en train de développer, nous allons à la recherche des avis, des suggestions de tous les Sénégalais.
C’est vrai que l’intellectuel a sa part privilégiée en matière de propositions, mais je considère que ceux qui vivent les problèmes, ceux qui les subissent, ceux que j’invitais lorsque nous tenions des conseils interministériels sur certaines questions majeures, ont cette capacité de faire l’analyse de ces problèmes et de proposer des solutions.
Et même quand ils ne peuvent pas aller jusqu’à de telles propositions, ils sont au moins capables de porter des avis sur des propositions, des solutions. Donc on reste ouvert sur cette ferme contribution par l’informatique, on s’organise pour que même ceux qui n’ont pas d’ordinateurs puissent contribuer. Mais l’aspect pyramidal ne peut pas être exclu, parce qu’il y a un besoin d’organisation, de logistique, de traitement de toutes ces informations qui va être rendu disponible.
Des noms ?
Pour l’instant, nous sommes onze membres fondateurs (qui) m’ont fait l’honneur de me porter à la tête de ce club. Le premier vice-président est Lamine Niang, actuel président de la Chambre de commerce de Dakar, le deuxième vice-président Mamadou Ndoye, le secrétaire général est un ingénieur informaticien qui s’appelle Mamadou Lamine Dieng, le trésorier général est également un ingénieur en Informatique du nom de Moustapha Sarr. Donc, la structure se met en place, la demande de récépissé a été déposée. Nous en sommes pour l’instant à la phase organisation. Le processus d’adhésion va être ouvert.
La parité n’a pas été respectée (rires)
On en a tenu compte aussi. Il y a deux dames parmi les membres fondateurs. Le nom du club : «Travail et Vertu», parce que nous considérons que ce sont les valeurs cardinales qui peuvent porter un développement économique et même au-delà la vie d’une nation.
Qu’est-ce qui est bon dans ce qui est en train d’être fait. Si vous deviez donner une appréciation globale de la situation ?
On le fera dans le cadre du club de la réflexion. Le président de la République nous a d’ailleurs demandé de bien cibler le PSE et de voir notamment quelle part peut être prise en charge et comment par le secteur privé.
Qu’est-ce que vous regrettez de votre passage ? Est-ce que vous avez voulu faire une chose et que vous n’avez pas réussi ?
Si cela ne tenait qu’à moi, je serai resté 10 ans à la Primature et j’aurais fait ce que j’aurais pu faire. Ceci dit, que vous arrivez dans une fonction en sachant que cela peut durer 3 mois, 6 mois, 12 mois.
Cela a été une épée de Damoclès ?
C’est parfaitement une épée de Damoclès. Vous le savez au moment où vous acceptez la fonction. Vous ne savez pas quand vous partez. L’important, c’est de poser ses premières pierres et d’avancer, de vous soucier ensuite de la continuité de votre œuvre. (…) Il est évident que j’aurais préféré rester plus longtemps pour faire plus de choses. Cela fait partie de la nature humaine. Le bail a été plus court. Très sincèrement, j’ai le sentiment d’avoir fait ce que je pouvais et de la meilleure manière.
Mais cela ne me suffisait pas, c’est pourquoi j’ai choisi de rédiger ce livre pour également recevoir l’opinion et le jugement de mes compatriotes. Mais il est évident par exemple que quand vous engagez la relance de la production arachidière du Sénégal, simplement parce que l’histoire économique du Sénégal a été bâtie autour de cette spéculation, que vous avez fait le diagnostic de ce qui l’a fait mourir et dépérir, avec des équipes remarquables, vous relevez ce qui peut permettre de repartir et que vous n’avez pas le temps de conduire tout cela alors qu’il vous aurez suffi peut-être de 2 ou 3 ans, il y a évidemment un petit regret.
Des Sénégalais ont été émus par votre discours lors de la mort de talibés dans un incendie à la Médina. Est-ce que vous n’avez pas le regret de ne pas terminer le projet de modernisation des Daaras ?
Le projet de modernisation des Daaras, ce n’est pas le mien. Ce n’est pas un projet que nous avions encadré, soutenu. Ce que je regrette par contre, c’est de n’avoir pas assez combattu les faux marabouts qui mettent dans la rue des talibés, mais qui ne le sont pas. Ils sont en réalité des enfants mendiants qu’on recrute souvent hors du Sénégal, qu’on amène ici, auxquels on joint quelques nationaux et qu’on envoie tous les jours mendier dans la rue. Très sincèrement, cela m’est resté en travers de la gorge.
Non (il répète). Il faut aider l’auto-emploi. Le responsable est toujours là pour aider l’auto-emploi. Mais le vrai problème, c’est qu’il n’y a pas d’autres voies. Un dirigeant ne peut pas créer comme ça un emploi.
Mais l’emploi va avec la formation…
(Il coupe). L’emploi commence de toute façon avec une formation complémentaire, une formation adéquate. Mais cela passe aussi par une prise de conscience. Regardez ! Il y a une petite observation que vous faites à un jeune Sénégalais. Et tout de suite, cela peut changer sa perception de la chose parce que quand ils sont jeunes, ils sont généreux.
Vous lui dites : « chercher un emploi, c’est difficile, mais pourquoi ne cherches-tu pas à créer un ou des emplois ?» Tout de suite, vous le mettez dans une démarche différente où il est capable de prendre conscience de l’importance de l’auto-emploi et d’y aller. C’est dans cette démarche-là qu’il faut se mettre et il faut briser des habitudes.
Autrefois, on allait à l’université pour trouver un emploi. Aujourd’hui, il faut aller à l’université pour pouvoir créer une entreprise, participer à une création d’entreprise. Ce sont les paradigmes qu’il faut modifier. Ce n’est pas une histoire de fuite an avant, loin de là. Par contre, il faut mettre en place les instruments qui le permettent et le président de la République a loué récemment l’action du Directeur général de la BNDE.
Voilà un instrument important dans le cadre de cette politique. C’est pourquoi dans le cadre de cette institution, il faut préserver sa stratégie à tout prix, ne pas la laisser partir vers les métiers de banques traditionnelles, mais la laisser dans une démarche de financement de petits projets pour le développement de l’auto-emploi.
Est-ce que ce n’est pas toujours la BCEAO qui va définir les règles du jeu ?
Si, la BCEAO est là pour ça.
Donc il s'agit d'un retour à la case de départ
Non. Les règles du jeu de la BCEAO n’empêchent pas un financement de petits projets. Par contre, il faut dans la prise de risque, dans l’organisation et la méthode, qu’on suive des spécificités. C’est peut-être par paresse ou par tradition, ce que les banques habituelles ne font pas.
Pourquoi avoir créé un club et pas un mouvement ? Et cela va servir à quoi le club ?
D’abord, j’aime bien faire dans l’originalité. Créer un mouvement, le énième du genre, cela ne nous ressemble pas vraiment. On a souhaité apporter un plus. Combien de clubs de réflexion fonctionnent aujourd’hui au Sénégal et sont capables d’alimenter et le débat politique et le débat économique, et de faire des propositions concrètes à ceux qui nous gouvernent ? On va faire dans l’originalité et aller dans le sens d’une amélioration du fonctionnement de notre démocratie parce que la vraie démocratie aussi, ce n’est pas seulement la possibilité de voter pour quelqu’un.
C’est donner de la qualité au débat, qu’il soit politique, économique ou social. Maintenant, c’est vrai ; quand on dit «club» d’une manière générale, on voit quelque chose de très fermé. Cet aspect-là va exister parce qu’il y a un effort de synthèse nécessaire au niveau du conseil d’administration du club. Mais par définition et grâce à un instrument informatique que nous sommes en train de développer, nous allons à la recherche des avis, des suggestions de tous les Sénégalais.
C’est vrai que l’intellectuel a sa part privilégiée en matière de propositions, mais je considère que ceux qui vivent les problèmes, ceux qui les subissent, ceux que j’invitais lorsque nous tenions des conseils interministériels sur certaines questions majeures, ont cette capacité de faire l’analyse de ces problèmes et de proposer des solutions.
Et même quand ils ne peuvent pas aller jusqu’à de telles propositions, ils sont au moins capables de porter des avis sur des propositions, des solutions. Donc on reste ouvert sur cette ferme contribution par l’informatique, on s’organise pour que même ceux qui n’ont pas d’ordinateurs puissent contribuer. Mais l’aspect pyramidal ne peut pas être exclu, parce qu’il y a un besoin d’organisation, de logistique, de traitement de toutes ces informations qui va être rendu disponible.
Des noms ?
Pour l’instant, nous sommes onze membres fondateurs (qui) m’ont fait l’honneur de me porter à la tête de ce club. Le premier vice-président est Lamine Niang, actuel président de la Chambre de commerce de Dakar, le deuxième vice-président Mamadou Ndoye, le secrétaire général est un ingénieur informaticien qui s’appelle Mamadou Lamine Dieng, le trésorier général est également un ingénieur en Informatique du nom de Moustapha Sarr. Donc, la structure se met en place, la demande de récépissé a été déposée. Nous en sommes pour l’instant à la phase organisation. Le processus d’adhésion va être ouvert.
La parité n’a pas été respectée (rires)
On en a tenu compte aussi. Il y a deux dames parmi les membres fondateurs. Le nom du club : «Travail et Vertu», parce que nous considérons que ce sont les valeurs cardinales qui peuvent porter un développement économique et même au-delà la vie d’une nation.
Qu’est-ce qui est bon dans ce qui est en train d’être fait. Si vous deviez donner une appréciation globale de la situation ?
On le fera dans le cadre du club de la réflexion. Le président de la République nous a d’ailleurs demandé de bien cibler le PSE et de voir notamment quelle part peut être prise en charge et comment par le secteur privé.
Qu’est-ce que vous regrettez de votre passage ? Est-ce que vous avez voulu faire une chose et que vous n’avez pas réussi ?
Si cela ne tenait qu’à moi, je serai resté 10 ans à la Primature et j’aurais fait ce que j’aurais pu faire. Ceci dit, que vous arrivez dans une fonction en sachant que cela peut durer 3 mois, 6 mois, 12 mois.
Cela a été une épée de Damoclès ?
C’est parfaitement une épée de Damoclès. Vous le savez au moment où vous acceptez la fonction. Vous ne savez pas quand vous partez. L’important, c’est de poser ses premières pierres et d’avancer, de vous soucier ensuite de la continuité de votre œuvre. (…) Il est évident que j’aurais préféré rester plus longtemps pour faire plus de choses. Cela fait partie de la nature humaine. Le bail a été plus court. Très sincèrement, j’ai le sentiment d’avoir fait ce que je pouvais et de la meilleure manière.
Mais cela ne me suffisait pas, c’est pourquoi j’ai choisi de rédiger ce livre pour également recevoir l’opinion et le jugement de mes compatriotes. Mais il est évident par exemple que quand vous engagez la relance de la production arachidière du Sénégal, simplement parce que l’histoire économique du Sénégal a été bâtie autour de cette spéculation, que vous avez fait le diagnostic de ce qui l’a fait mourir et dépérir, avec des équipes remarquables, vous relevez ce qui peut permettre de repartir et que vous n’avez pas le temps de conduire tout cela alors qu’il vous aurez suffi peut-être de 2 ou 3 ans, il y a évidemment un petit regret.
Des Sénégalais ont été émus par votre discours lors de la mort de talibés dans un incendie à la Médina. Est-ce que vous n’avez pas le regret de ne pas terminer le projet de modernisation des Daaras ?
Le projet de modernisation des Daaras, ce n’est pas le mien. Ce n’est pas un projet que nous avions encadré, soutenu. Ce que je regrette par contre, c’est de n’avoir pas assez combattu les faux marabouts qui mettent dans la rue des talibés, mais qui ne le sont pas. Ils sont en réalité des enfants mendiants qu’on recrute souvent hors du Sénégal, qu’on amène ici, auxquels on joint quelques nationaux et qu’on envoie tous les jours mendier dans la rue. Très sincèrement, cela m’est resté en travers de la gorge.