Avec sa participation à l’élection présidentielle du 26 février 2012, le président sortant, Abdoulaye Wade, 86 ans, entame sans nul doute sa septième et dernière campagne électorale, après 1978, 1983, 1988, 1993, 2000 et 2007. Cette fois-ci, il aura fort à faire en raison de la vive contestation du « Mouvement du 23 juin » ou « M 23 » - un agrégat de partis d’opposition et de mouvements de la société civile – et des violences occasionnées par la validation de sa candidature par le Conseil constitutionnel. Son mandat actuel, qui s’achève dans quelques semaines, aura sans doute été plus difficile que le précédent en raison du mécontentement occasionné par la hausse du coût de la vie, les coupures d’électricité et le coup de sang de certains segments de la société sénégalaise comme les transporteurs et les enseignants, sans compter les appels de certains milieux maraboutiques lui demandant de retirer sa candidature. L’opposition pourra-t-elle en tirer profit ? En tous les cas, malgré la baisse de sa cote de popularité chez certains jeunes urbains, malgré le contexte politico-social difficile, Abdoulaye Wade reste un redoutable lutteur, au talent oratoire et à la force financière incontestables, qui a l’expérience des campagnes électorales et qui a eu à affronter de sacrés adversaires comme les présidents Léopold Sédar Senghor et Abdou Diouf. Rusé comme « Leuk-le-lièvre », Ndiombor – un surnom que lui donna le président Senghor - a plus d’un tour dans sa besace.
De brillantes études
Abdoulaye Wade est né le 26 mai 1926 à Saint-Louis. Après de brillantes études primaires à Kébémer, Saint-Louis et Dakar sanctionnées en 1941 par le certificat d’études primaires (Cep), il intègre en 1944 l’Ecole normale William Ponty, creuset de l’élite de l’Afrique occidentale française. En 1947, le diplôme d’instituteur en poche, l’insatiable Abdoulaye Wade se lance à la conquête du baccalauréat qu’il décroche en 1949 comme candidat libre. Après un poste de maître d’internat au lycée Van Vollenhoven de Dakar, il obtient une bourse pour la France. Dans ce pays, il étudie les mathématiques supérieures et générales, la psychologie générale, les sciences économiques et juridiques. Abdoulaye Wade obtient son doctorat de droit et de sciences économiques. Il fait également un stage au barreau de Grenoble avant de rentrer au Sénégal au début des années 1960. Il mène de front une carrière d’avocat et d’universitaire. En 1971, il devient agrégé en droit. Il occupe également le poste de Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et économiques de l’Université de Dakar. Sommé par Senghor de choisir entre l’université et son cabinet, Wade opte pour son métier d’avocat et fait de la consultance.
De la « contribution » à l’opposition systématique
Au plan politique, après avoir essuyé un échec à l’Union progressiste sénégalaise (UPS, au pouvoir), Abdoulaye Wade a fonde le 31 juillet 1974 le Parti démocratique sénégalais (PDS), un « parti de contribution », après avoir eu, quelques semaines avant, le feu vert du président Senghor en marge du sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) de Mogadiscio. Parti travailliste à son début, le PDS opte pour le libéralisme conformément à la loi sur le tripartisme – ou les trois courants - de 1976.
Pour sa première participation à la présidentielle de 1978, Abdoulaye Wade ne profite pas de la dégradation de l’environnement économique avec la flambée du prix du pétrole, les grandes sécheresses de 1969 et 1973, les baisses de la production et du cours de l’arachide. De même, les relations difficiles entre le président Senghor et Serigne Abdou Lahat, le Khalife général des mourides, ne profitent pas à Wade qui obtient 17, 38 % des voix. Mais le PDS entre à l’Assemblée nationale.
Le 31 décembre 1980, le président Senghor quitte volontairement le pouvoir. Abdou Diouf, son Premier ministre, lui succède en vertu de l’article 35 de la constitution. A l’élection présidentielle de 1983, Abdoulaye Wade lui fait face. Surfant sur les succès engrangés dans le cadre de certaines initiatives – multipartisme intégral, états généraux de l’éducation et de la formation – et soutenu par la classe maraboutique et par des personnalités de la société civile, Abdou Diouf s’impose face à Abdoulaye Wade.
A la présidentielle de 1988, Abdoulaye Wade croit que son heure est arrivée. Le front social est en ébullition avec les effets désastreux des politiques d’ajustement structurel : grève des étudiants et des élèves, hausse des prix des denrées de première nécessité, augmentation du chômage, etc. Wade bénéficie du soutien de partis significatifs de l’opposition comme le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) et la Ligue démocratique/ Mouvement pour le Parti du Travail (LD /MPT) ainsi que de celui des jeunes qualifiés de « pseudo jeunesse malsaine » par le président Diouf. Le 29 février 1988, à l’annonce de la victoire du président sortant avec 73, 20 % des voix, des émeutes éclatent à Dakar et dans de grandes villes comme Saint-Louis, Kaolack, Louga, etc. L’état d’urgence est instauré à Dakar. Wade, ses principaux collaborateurs et ses soutiens dans l’opposition sont accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et embastillés. Le leader « sopiste » est condamné à un an d’emprisonnement avec sursis pour « provocation d’un attroupement non armé ». Malgré la politique d’ouverture du président Abdou Diouf – levée de l’état d’urgence, amnistie générale et ouverture d’une concertation dans le cadre d’une « table ronde – la crise perdure. Ce n’est qu’en 1991 que la tension baisse. Abdoulaye Wade rejoint en avril 1991 le « gouvernement de majorité présidentielle élargie » dirigé par Habib Thiam et occupe le poste de « ministre d'Etat sans portefeuille ». Mais en octobre 1992, il rend le tablier.
Ministre d’Etat sous Abdou Diouf
A la présidentielle de 1993, Abdoulaye Wade est encore deuxième avec 32% derrière le candidat Abdou Diouf qui a obtenu 58%. Aux yeux des jeunes et de la classe moyenne, son combat est délégitimé par sa participation au gouvernement d’Habib Thiam. Il est à nouveau arrêté à la suite de l'assassinat de Me Babacar Sèye, le vice-président du Conseil constitutionnel, après la publication des résultats des élections législatives. Accusé de « complicité d’assassinat » du juge Sèye, il est libéré au bout de cinq jours. En février 1994, à la suite d’une manifestation de l’opposition contre la dévaluation du F CFA – survenue le 11 janvier – six policiers sont assassinés. Wade est envoyé à Reubeuss et ne sera libéré que près de six mois après, à la suite d’une grève de la faim. Il retourne au gouvernement en mars 1995 avec Ousmane Ngom, Idrissa Seck, Aminata Tall et Massokhna Kane. Le PDS quitte le gouvernement quelques semaines avant les élections législatives de 1998. Au cours de celles-ci, il n’obtient que 23 sièges contre 25 au cours de la législature précédente. La crise s’installe au sein du parti. Ousmane Ngom accuse Wade de « dérive monarchique », claque la porte pour créer le Parti libéral sénégalais (PLS). Idrissa Seck est promu n° 2 du PDS.
An 2000 : le déboulonnage du baobab socialiste
A la présidentielle de l’an 2000, soutenu par les partis de la gauche sénégalaise comme le PIT, la LD/MPT et AJ/PADS dans le cadre de la « Coalition alternance 2000 » et face à un PS affaibli par les départs de poids lourds comme Djibo Ka et Moustapha Niasse, Abdoulaye Wade prend sa revanche sur Abdou Diouf, le 19 mars 2000, au second tour avec 51, 84 % des suffrages, grâce au soutien du Front pour l’Alternance (FAL) regroupant toutes les forces de l’opposition, à l’exception de Djibo Kâ. C’est la première alternance de l’histoire politique du Sénégal. Cette alternance a été rendue possible par une prise de conscience citoyenne et par le rôle joué par les médias privés dans l’information d’un large public d’analphabètes.
Malgré le départ de ses alliés et l’éclatement du front anti-Diouf aux premières années de l’alternance, sa rupture avec son « fils d’emprunt Idrissa Seck », n° 2 du PDS, en dépit également des nombreuses morts enregistrés dans le cadre de l’émigration clandestine, des scandales politico-financiers, Abdoulaye Wade rempile au premier tour de la présidentielle de 2007, face à une opposition divisée et sans leader charismatique. Il obtient 55 % des suffrages. Sa campagne axée sur les « projets » et les nombreux chantiers ouverts dans la capitale sénégalaise, Dakar, ont joué en faveur d’Abdoulaye Wade. Sans compter les résultats qu’il a obtenus à travers le « plan sésame », l’augmentation de la part réservée à l’éducation dans le budget national (40%) et la hausse des salaires de certains segments de l’administration comme les magistrats, les universitaires et les enseignants du secondaire-moyen et de l’élémentaire. L’opposition conteste sa légitimité et boycotte les législatives de 2007.
Ce mandat de Wade est marqué par des problèmes sociaux occasionnés par la crise financière et énergétique mondiale. La vie devient chère pour les Sénégalais, également confrontés à des coupures d’électricité. Au moment où Wade se lance dans des dépenses somptueuses comme l’organisation du Festival mondial des Arts nègres (FESMAN) et la construction du monument de la renaissance africaine. La colère populaire est marquée par l’irruption sur la scène publique de nouvelles figures de la contestation, en marge des partis politiques, qui mettent en œuvre à la fois des procédures violentes à travers la manifestation d’un ras-le-bol ou l’explosion d’un trop plein de frustrations (marchands ambulants, émeutes de la faim, celles de l’électricité) et non violentes ou citoyennes (Mouvement « Y en a marre », Imams du « Collectif des quartiers de Guédiawaye », etc.). Ces derniers acteurs réclament une rupture avec une certaine conception de la politique et un véritable Etat de droit.
18 mars 2012, le chant du cygne ?
Au plan politique, la cote d’alerte est atteinte avec la défaite du PDS aux élections locales. L’opposition reprend l’initiative et organise avec la société civile, les « Assises nationales ». Le PDS enregistre le départ de poids lourds comme Macky Sall qui crée l’Alliance pour la République (APR) et Aminata Tall. Sans compter que Idrissa Seck revenu au bercail, se radicalise dans son combat contre la « dévolution monarchique » du pouvoir. Le 23 juin 2011, la contestation se ravive suite à la décision du président Wade de modifier la constitution. L’opposition et la société civile remporte une éclatante victoire et mettent sur pied le « M 23 » dont l’objectif est de s’opposer à un troisième mandat du Wade jugé anticonstitutionnel par les universitaires spécialistes en droit constitutionnel. Le 27 janvier 2012, le Conseil Constitutionnel valide la candidature de Wade. Cela provoque des manifestations violentes dans tout le pays avec leur lot de morts. Ce qui oblige Abdoulaye Wade à devoir livrer la mère des batailles. Ironie de l'histoire, ce sera face à son "apprenti" Macky Sall.
De brillantes études
Abdoulaye Wade est né le 26 mai 1926 à Saint-Louis. Après de brillantes études primaires à Kébémer, Saint-Louis et Dakar sanctionnées en 1941 par le certificat d’études primaires (Cep), il intègre en 1944 l’Ecole normale William Ponty, creuset de l’élite de l’Afrique occidentale française. En 1947, le diplôme d’instituteur en poche, l’insatiable Abdoulaye Wade se lance à la conquête du baccalauréat qu’il décroche en 1949 comme candidat libre. Après un poste de maître d’internat au lycée Van Vollenhoven de Dakar, il obtient une bourse pour la France. Dans ce pays, il étudie les mathématiques supérieures et générales, la psychologie générale, les sciences économiques et juridiques. Abdoulaye Wade obtient son doctorat de droit et de sciences économiques. Il fait également un stage au barreau de Grenoble avant de rentrer au Sénégal au début des années 1960. Il mène de front une carrière d’avocat et d’universitaire. En 1971, il devient agrégé en droit. Il occupe également le poste de Doyen de la Faculté des Sciences juridiques et économiques de l’Université de Dakar. Sommé par Senghor de choisir entre l’université et son cabinet, Wade opte pour son métier d’avocat et fait de la consultance.
De la « contribution » à l’opposition systématique
Au plan politique, après avoir essuyé un échec à l’Union progressiste sénégalaise (UPS, au pouvoir), Abdoulaye Wade a fonde le 31 juillet 1974 le Parti démocratique sénégalais (PDS), un « parti de contribution », après avoir eu, quelques semaines avant, le feu vert du président Senghor en marge du sommet de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA) de Mogadiscio. Parti travailliste à son début, le PDS opte pour le libéralisme conformément à la loi sur le tripartisme – ou les trois courants - de 1976.
Pour sa première participation à la présidentielle de 1978, Abdoulaye Wade ne profite pas de la dégradation de l’environnement économique avec la flambée du prix du pétrole, les grandes sécheresses de 1969 et 1973, les baisses de la production et du cours de l’arachide. De même, les relations difficiles entre le président Senghor et Serigne Abdou Lahat, le Khalife général des mourides, ne profitent pas à Wade qui obtient 17, 38 % des voix. Mais le PDS entre à l’Assemblée nationale.
Le 31 décembre 1980, le président Senghor quitte volontairement le pouvoir. Abdou Diouf, son Premier ministre, lui succède en vertu de l’article 35 de la constitution. A l’élection présidentielle de 1983, Abdoulaye Wade lui fait face. Surfant sur les succès engrangés dans le cadre de certaines initiatives – multipartisme intégral, états généraux de l’éducation et de la formation – et soutenu par la classe maraboutique et par des personnalités de la société civile, Abdou Diouf s’impose face à Abdoulaye Wade.
A la présidentielle de 1988, Abdoulaye Wade croit que son heure est arrivée. Le front social est en ébullition avec les effets désastreux des politiques d’ajustement structurel : grève des étudiants et des élèves, hausse des prix des denrées de première nécessité, augmentation du chômage, etc. Wade bénéficie du soutien de partis significatifs de l’opposition comme le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) et la Ligue démocratique/ Mouvement pour le Parti du Travail (LD /MPT) ainsi que de celui des jeunes qualifiés de « pseudo jeunesse malsaine » par le président Diouf. Le 29 février 1988, à l’annonce de la victoire du président sortant avec 73, 20 % des voix, des émeutes éclatent à Dakar et dans de grandes villes comme Saint-Louis, Kaolack, Louga, etc. L’état d’urgence est instauré à Dakar. Wade, ses principaux collaborateurs et ses soutiens dans l’opposition sont accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat et embastillés. Le leader « sopiste » est condamné à un an d’emprisonnement avec sursis pour « provocation d’un attroupement non armé ». Malgré la politique d’ouverture du président Abdou Diouf – levée de l’état d’urgence, amnistie générale et ouverture d’une concertation dans le cadre d’une « table ronde – la crise perdure. Ce n’est qu’en 1991 que la tension baisse. Abdoulaye Wade rejoint en avril 1991 le « gouvernement de majorité présidentielle élargie » dirigé par Habib Thiam et occupe le poste de « ministre d'Etat sans portefeuille ». Mais en octobre 1992, il rend le tablier.
Ministre d’Etat sous Abdou Diouf
A la présidentielle de 1993, Abdoulaye Wade est encore deuxième avec 32% derrière le candidat Abdou Diouf qui a obtenu 58%. Aux yeux des jeunes et de la classe moyenne, son combat est délégitimé par sa participation au gouvernement d’Habib Thiam. Il est à nouveau arrêté à la suite de l'assassinat de Me Babacar Sèye, le vice-président du Conseil constitutionnel, après la publication des résultats des élections législatives. Accusé de « complicité d’assassinat » du juge Sèye, il est libéré au bout de cinq jours. En février 1994, à la suite d’une manifestation de l’opposition contre la dévaluation du F CFA – survenue le 11 janvier – six policiers sont assassinés. Wade est envoyé à Reubeuss et ne sera libéré que près de six mois après, à la suite d’une grève de la faim. Il retourne au gouvernement en mars 1995 avec Ousmane Ngom, Idrissa Seck, Aminata Tall et Massokhna Kane. Le PDS quitte le gouvernement quelques semaines avant les élections législatives de 1998. Au cours de celles-ci, il n’obtient que 23 sièges contre 25 au cours de la législature précédente. La crise s’installe au sein du parti. Ousmane Ngom accuse Wade de « dérive monarchique », claque la porte pour créer le Parti libéral sénégalais (PLS). Idrissa Seck est promu n° 2 du PDS.
An 2000 : le déboulonnage du baobab socialiste
A la présidentielle de l’an 2000, soutenu par les partis de la gauche sénégalaise comme le PIT, la LD/MPT et AJ/PADS dans le cadre de la « Coalition alternance 2000 » et face à un PS affaibli par les départs de poids lourds comme Djibo Ka et Moustapha Niasse, Abdoulaye Wade prend sa revanche sur Abdou Diouf, le 19 mars 2000, au second tour avec 51, 84 % des suffrages, grâce au soutien du Front pour l’Alternance (FAL) regroupant toutes les forces de l’opposition, à l’exception de Djibo Kâ. C’est la première alternance de l’histoire politique du Sénégal. Cette alternance a été rendue possible par une prise de conscience citoyenne et par le rôle joué par les médias privés dans l’information d’un large public d’analphabètes.
Malgré le départ de ses alliés et l’éclatement du front anti-Diouf aux premières années de l’alternance, sa rupture avec son « fils d’emprunt Idrissa Seck », n° 2 du PDS, en dépit également des nombreuses morts enregistrés dans le cadre de l’émigration clandestine, des scandales politico-financiers, Abdoulaye Wade rempile au premier tour de la présidentielle de 2007, face à une opposition divisée et sans leader charismatique. Il obtient 55 % des suffrages. Sa campagne axée sur les « projets » et les nombreux chantiers ouverts dans la capitale sénégalaise, Dakar, ont joué en faveur d’Abdoulaye Wade. Sans compter les résultats qu’il a obtenus à travers le « plan sésame », l’augmentation de la part réservée à l’éducation dans le budget national (40%) et la hausse des salaires de certains segments de l’administration comme les magistrats, les universitaires et les enseignants du secondaire-moyen et de l’élémentaire. L’opposition conteste sa légitimité et boycotte les législatives de 2007.
Ce mandat de Wade est marqué par des problèmes sociaux occasionnés par la crise financière et énergétique mondiale. La vie devient chère pour les Sénégalais, également confrontés à des coupures d’électricité. Au moment où Wade se lance dans des dépenses somptueuses comme l’organisation du Festival mondial des Arts nègres (FESMAN) et la construction du monument de la renaissance africaine. La colère populaire est marquée par l’irruption sur la scène publique de nouvelles figures de la contestation, en marge des partis politiques, qui mettent en œuvre à la fois des procédures violentes à travers la manifestation d’un ras-le-bol ou l’explosion d’un trop plein de frustrations (marchands ambulants, émeutes de la faim, celles de l’électricité) et non violentes ou citoyennes (Mouvement « Y en a marre », Imams du « Collectif des quartiers de Guédiawaye », etc.). Ces derniers acteurs réclament une rupture avec une certaine conception de la politique et un véritable Etat de droit.
18 mars 2012, le chant du cygne ?
Au plan politique, la cote d’alerte est atteinte avec la défaite du PDS aux élections locales. L’opposition reprend l’initiative et organise avec la société civile, les « Assises nationales ». Le PDS enregistre le départ de poids lourds comme Macky Sall qui crée l’Alliance pour la République (APR) et Aminata Tall. Sans compter que Idrissa Seck revenu au bercail, se radicalise dans son combat contre la « dévolution monarchique » du pouvoir. Le 23 juin 2011, la contestation se ravive suite à la décision du président Wade de modifier la constitution. L’opposition et la société civile remporte une éclatante victoire et mettent sur pied le « M 23 » dont l’objectif est de s’opposer à un troisième mandat du Wade jugé anticonstitutionnel par les universitaires spécialistes en droit constitutionnel. Le 27 janvier 2012, le Conseil Constitutionnel valide la candidature de Wade. Cela provoque des manifestations violentes dans tout le pays avec leur lot de morts. Ce qui oblige Abdoulaye Wade à devoir livrer la mère des batailles. Ironie de l'histoire, ce sera face à son "apprenti" Macky Sall.