Après 12 ans à la présidence du Sénégal, Abdoulaye Wade est bien décidé à briguer un troisième mandat. Quand, en décembre dernier, il annonce sa candidature à la présidentielle du 26 février 2012, l'opposition ne cache pas son dépit de voir le numéro un sénégalais revenir sur sa promesse, faite juste après sa réélection en 2007, de ne pas se représenter.
Saisie par l'opposition, la Cour constitutionnelle sénégalaise -composée de juges nommés par Abdoulaye Wade- tranche le 27 janvier : le président sénégalais est bien éligible pour concourir à la présidentielle. En revanche, la candidature du chanteur reconnu sur la scène internationale Youssou N'Dour est, elle, jugée irrecevable au motif qu'il n'a pas recueilli les 10 000 signatures nécessaires.
À Dakar, la colère gronde, pas tant parce que la candidature du musicien a été invalidée que parce pour celle d'Abdoulaye Wade a, elle, été jugée légitime. "Dès que la Cour constitutionnelle a rendu son jugement pour le président le 27 janvier, la place de l'Obélisque à Dakar s'est embrasée", raconte Tatiana Mossot, correspondante de FRANCE24 au Sénégal le soir de l'annonce des Sages. "Les manifestants ont pris des pierres, démonté des balustrades pour les jeter contre les forces de l'ordre qui ont fini par riposter."
À l'origine, les manifestants étaient en train de défiler dans les rues de la capitale pour demander le retrait de la course à la présidence d'Abdoulaye Wade, aujourd'hui âgé de 85 ans.
"Gorgui"
Un flou subsiste toutefois autour de l'âge du président sénégalais. Si sa date de naissance est officiellement le 29 mai 1926, de nombreux Sénégalais pensent qu'il est en fait né plus tôt sachant qu'à cette époque, les certificats de naissance étaient assez peu fiables. La question de son âge fait d'ailleurs couler beaucoup d'encre. Le président sénégalais, souvent surnommé "Gorgui" ("le Vieux", en wolof), figure sur la liste des "10 plus vieux dirigeants dans le monde" dressée en 2010 par Time Magazine.
Fils de négociant, Abdoulaye Wade est né à Kébémer, une ville du nord-ouest du Sénégal. Après avoir obtenu son baccalauréat à Paris, il fait ses études à Besançon (est de la France) et Grenoble (centre-est), où il obtient un doctorat en droit et sciences économiques. C'est aussi en France qu'il fait la connaissance de sa femme Viviane, alors étudiante en philosophie et très impliquée dans les milieux syndicaux au début des années 1950.
Après leur mariage, Wade exerce son métier d'avocat quelques années en France avant de retourner au Sénégal, où il installe son cabinet et enseigne à l'université de Dakar. Mais dès le début des années 1970, il se lance en politique.
Ses premiers pas ne sont pas glorieux. En 1993, sous la présidence d'Abdou Diouf (1981-2000), celui qu'on surnomme "le président de la rue" et trois des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS) sont arrêtés. Ils sont soupçonnés d'avoir commandité l'assassinat de Babacar Sèyes, alors vice-président du Conseil constitutionnel chargé de la proclamation des résultats des élections législatives de février. Faute de preuve, ils seront relâchés trois jours plus tard.
Quand Abdoulaye Wade accède au pouvoir en 2000 après quatre tentatives infructueuses, il fait figure de héraut de la démocratie. Il a réussi à déloger par les urnes le Parti socialiste au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1960. Une fois élu, il fait voter par référendum en janvier 2001 une nouvelle Constitution, réduisant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et limitant la présidence à deux mandats.
Mais dès 2008, soit un an après sa réélection, Wade revient sur les amendements à la Constitution pour finalement rallonger le mandat présidentiel de cinq à sept ans. Puis, en juin 2011, il prévoit de nouveau de l'amender pour abaisser de 50 % à 25 % la proportion des voix nécessaires pour remporter l'élection dès le premier tour. Il est finalement contraint d'y renoncer sous la pression populaire.
Le clan anti-Wade a vu ses rangs gonfler depuis l'annonce de sa candidature en décembre. Beaucoup lui reprochent son inaction au cours de ses 12 années au pouvoir, notamment pour enrayer la pauvreté et le chômage. Des critiques que Wade réfute, estimant qu'il a mis en place plusieurs projets de développement et d'infrastructures.
"Dynastie présidentielle"
Son projet le plus controversé reste incontestablement le Monument de la Renaissance africaine, une statue colossale de 52 mètres de haut, construite par des ouvriers nord-coréens et estimée à environ 20 millions d'euros. Elle représente un couple et son enfant, dressé vers le ciel. Beaucoup voient dans ce symbole le reflet de sa volonté de mettre en selle son fils Karim Wade sur la route du pouvoir.
Une interprétation que le père et le fils rejettent avec véhémence. Mais pour l'opposition sénégalaise, une information a fait date. Selon des documents de source diplomatique américaine révélés par WikiLeaks, Wade tenterait "d'amorcer une dynastie présidentielle". Pour preuve : la tentative d'Abdoulaye Wade de créer, en 2011, un poste de vice-président, qui n'a finalement jamais vu le jour compte tenu des protestations violentes de l'opposition.
Quoiqu'il en soit, Karim occupe déjà un poste de "super ministre" dans l'administration Wade, puisqu'il contrôle à la fois l'énergie, la coopération internationale, le développement régional, les infrastructures et les transports aériens. La succession filiale semble déjà bien enclenchée.
france24
Saisie par l'opposition, la Cour constitutionnelle sénégalaise -composée de juges nommés par Abdoulaye Wade- tranche le 27 janvier : le président sénégalais est bien éligible pour concourir à la présidentielle. En revanche, la candidature du chanteur reconnu sur la scène internationale Youssou N'Dour est, elle, jugée irrecevable au motif qu'il n'a pas recueilli les 10 000 signatures nécessaires.
À Dakar, la colère gronde, pas tant parce que la candidature du musicien a été invalidée que parce pour celle d'Abdoulaye Wade a, elle, été jugée légitime. "Dès que la Cour constitutionnelle a rendu son jugement pour le président le 27 janvier, la place de l'Obélisque à Dakar s'est embrasée", raconte Tatiana Mossot, correspondante de FRANCE24 au Sénégal le soir de l'annonce des Sages. "Les manifestants ont pris des pierres, démonté des balustrades pour les jeter contre les forces de l'ordre qui ont fini par riposter."
À l'origine, les manifestants étaient en train de défiler dans les rues de la capitale pour demander le retrait de la course à la présidence d'Abdoulaye Wade, aujourd'hui âgé de 85 ans.
"Gorgui"
Un flou subsiste toutefois autour de l'âge du président sénégalais. Si sa date de naissance est officiellement le 29 mai 1926, de nombreux Sénégalais pensent qu'il est en fait né plus tôt sachant qu'à cette époque, les certificats de naissance étaient assez peu fiables. La question de son âge fait d'ailleurs couler beaucoup d'encre. Le président sénégalais, souvent surnommé "Gorgui" ("le Vieux", en wolof), figure sur la liste des "10 plus vieux dirigeants dans le monde" dressée en 2010 par Time Magazine.
Fils de négociant, Abdoulaye Wade est né à Kébémer, une ville du nord-ouest du Sénégal. Après avoir obtenu son baccalauréat à Paris, il fait ses études à Besançon (est de la France) et Grenoble (centre-est), où il obtient un doctorat en droit et sciences économiques. C'est aussi en France qu'il fait la connaissance de sa femme Viviane, alors étudiante en philosophie et très impliquée dans les milieux syndicaux au début des années 1950.
Après leur mariage, Wade exerce son métier d'avocat quelques années en France avant de retourner au Sénégal, où il installe son cabinet et enseigne à l'université de Dakar. Mais dès le début des années 1970, il se lance en politique.
Ses premiers pas ne sont pas glorieux. En 1993, sous la présidence d'Abdou Diouf (1981-2000), celui qu'on surnomme "le président de la rue" et trois des membres du Parti démocratique sénégalais (PDS) sont arrêtés. Ils sont soupçonnés d'avoir commandité l'assassinat de Babacar Sèyes, alors vice-président du Conseil constitutionnel chargé de la proclamation des résultats des élections législatives de février. Faute de preuve, ils seront relâchés trois jours plus tard.
Quand Abdoulaye Wade accède au pouvoir en 2000 après quatre tentatives infructueuses, il fait figure de héraut de la démocratie. Il a réussi à déloger par les urnes le Parti socialiste au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1960. Une fois élu, il fait voter par référendum en janvier 2001 une nouvelle Constitution, réduisant le mandat présidentiel de sept à cinq ans et limitant la présidence à deux mandats.
Mais dès 2008, soit un an après sa réélection, Wade revient sur les amendements à la Constitution pour finalement rallonger le mandat présidentiel de cinq à sept ans. Puis, en juin 2011, il prévoit de nouveau de l'amender pour abaisser de 50 % à 25 % la proportion des voix nécessaires pour remporter l'élection dès le premier tour. Il est finalement contraint d'y renoncer sous la pression populaire.
Le clan anti-Wade a vu ses rangs gonfler depuis l'annonce de sa candidature en décembre. Beaucoup lui reprochent son inaction au cours de ses 12 années au pouvoir, notamment pour enrayer la pauvreté et le chômage. Des critiques que Wade réfute, estimant qu'il a mis en place plusieurs projets de développement et d'infrastructures.
"Dynastie présidentielle"
Son projet le plus controversé reste incontestablement le Monument de la Renaissance africaine, une statue colossale de 52 mètres de haut, construite par des ouvriers nord-coréens et estimée à environ 20 millions d'euros. Elle représente un couple et son enfant, dressé vers le ciel. Beaucoup voient dans ce symbole le reflet de sa volonté de mettre en selle son fils Karim Wade sur la route du pouvoir.
Une interprétation que le père et le fils rejettent avec véhémence. Mais pour l'opposition sénégalaise, une information a fait date. Selon des documents de source diplomatique américaine révélés par WikiLeaks, Wade tenterait "d'amorcer une dynastie présidentielle". Pour preuve : la tentative d'Abdoulaye Wade de créer, en 2011, un poste de vice-président, qui n'a finalement jamais vu le jour compte tenu des protestations violentes de l'opposition.
Quoiqu'il en soit, Karim occupe déjà un poste de "super ministre" dans l'administration Wade, puisqu'il contrôle à la fois l'énergie, la coopération internationale, le développement régional, les infrastructures et les transports aériens. La succession filiale semble déjà bien enclenchée.
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