L’opposition attendait plutôt « un personnage neutre pour organiser les élections », note Le Quotidien à Dakar. Au contraire, Abdoulaye Wade « sort un vieux routier du ministère de l’Intérieur, qui n’inspire aucune confiance à tous les leaders politiques ». De plus, c’est un civil, remarque Walfadjri. « A l’heure de grands enjeux électoraux et surtout des soupçons de fraudes, la nomination d’un militaire à l’autorité assise (...) aurait mieux dissipé les inquiétudes ».
« Y’en a marre » des arrestations
Inquiétudes aussi après l’arrestation d’un des leaders du Mouvement Y’en a marre, qui était à l’origine de la naissance du Mouvement du 23 juin de l’opposition. Pour le journal algérien La Tribune, « le régime de Wade souffle le chaud et le froid, car tout en faisant semblant de répondre à la demande de l’opposition, il continue de faire pression sur ses leaders ». Le rappeur « Thiat » a été libéré après quelques heures d’interrogatoires. Pourquoi était-il dans le collimateur ? Eh bien samedi, Thiat a parlé, sans le nommer, « d’un vieux menteur de plus de 90 ans »... « Suffisant » pour être arrêté, estime Le Quotidien à Dakar. Ces deux évènements conjoints, nomination du ministre des élections et arrestations, même temporaire, de Thiat, prouvent que Wade « persiste dans la provocation », titre aujourd’hui Le Quotidien en Une.
Guinée : Arrestations musclées, presse muselée
On part maintenant en Guinée, où le climat semble se crisper davantage après la tentative d’assassinat contre le président Condé. Déjà, la presse guinéenne s’interroge sur l’état de santé d’un des militaires arrêtés, Alpha Oumar Boffa Barry, dit AOB. L’homme est « suspecté d’être le chef du commando qui a attaqué le domicile du président », indique JeuneAfrique.com. « Brutalisé lors de son arrestation », torturé selon d’autres sources, « il serait entre la vie et la mort », écrivait Africaguinée.com. Information démentie par les autorités, qui admettent cependant que le Commandant est « gravement blessé ». « Les proches du commandant AOB craignent une purge au sein de l’armée », poursuit le site d’information.
A noter aussi, cette initiative qui alarme la presse. Le Conseil national de la Communication, l’organe régulateur des médias en Guinée, a décidé de « la suspension temporaire de toute émission ou de tout article relatifs à l’attentat contre la vie du chef de l’État, ainsi que toute émission interactive à caractère politique en français et dans toutes les langues nationales sur toute l’étendue du territoire ». Une « décision de censure qui vise à museler la presse », estime Africaguinée.com. Censure unanimement condamnée par les associations de journalistes indique Infoguinée ce matin.
Quatre présidents africains à Washington
Le président guinéen quitte Conakry ce matin pour Washington, où il est invité comme trois autres présidents africains. Barack Obama va recevoir « le nouveau leadership africain », écrit Le Républicain, au Mali. « Mamadou Issoufou, président tranquillement élu d’un Niger pourtant turbulent ; Alpha Condé issu d’élections tourmentées dans une Guinée poussive, et Alassane Ouattara vainqueur spolié qui ne retrouva son droit que grâce aux roquettes dans une Côte d’Ivoire surarmée », détaille le journal malien. Trois présidents, qui avaient déjà été conviés « lors du dernier Sommet du G20 tenu à Deauville », souligne GuinéeNews.org. A ces derniers s’ajoute le Béninois Yayi Boni. Tous viennent donc de la sphère francophone, note encore GuinéeConakry.info.
Pourquoi eux ?
Les trois premiers présidents ont un point commun, note GuinéeNews.org. « Chacun d’eux vient d’être élu à la tête de la magistrature suprême à l’issue d’élection présidentielle globalement qualifiée de réussie et démocratique ». Des « processus électoraux souvent douloureux », précise GuinéeConakry.info, pour qui cette rencontre serait « un geste d’encouragement (...) du chef de l’exécutif américain ». « En ce qui concerne le Bénin, ajoute le journal en ligne, l’invite (...) portera certainement sur la nécessaire promotion du dialogue politico-social. On sait que lors de la dernière élection (...), le consensus n’était pas tout à fait au rendez-vous ».
Pour Le Républicain, c’est tout de même un choix curieux. Le Journal malien s’interroge : « Pourquoi nous, [les Maliens], nous retrouvons brutalement recalés là où, il y a peu, nous étions applaudis des deux mains ». « Le classement trop complaisant des occidentaux n’est pas un bon message pour les pays qui n’ont connu ni la versatilité du Niger ou du Bénin, ni les dérapages de la Côte d’Ivoire ou de la Guinée, mais qui sont sincères avec leur projet démocratique. (...) Il n’y en a pas des masses mais il y en a ».
rfi.fr