Membre du Secrétariat Exécutif National (SEN) de l’APR, Président de l’Autorité de Régulation des Télécommunications et de la Poste (ARTP), Abou Abel Thiam est un fidèle du Président Macky Sall. De la Primature à l’Assemblée Nationale, l’opposition et depuis 2012 le pouvoir, il a été, avec une rare constance, de tous les combats. Connu pour les débats dans lesquels il a farouchement défendu Macky Sall, les textes par lesquels il a porté son combat, il est un acteur majeur de la trajectoire qui a conduit l’APR au pouvoir. Dans cette interview, il se prononce sur l’actualité, avec des mots forts qui résonnent de sincérité et d’engagement.
- A quelques mois de l’élection présidentielle, êtes-vous optimiste quant à la réélection de votre candidat, le Président Macky Sall ?
-Quatre éléments permettent de se faire une opinion crédible sur les chances d’un candidat : son coefficient personnel, la crédibilité des hommes-symboles de son parcours, le programme qu’il propose, et, s’il s’agit d’un sortant, comme le mien de candidat, le bilan de son mandat….Schématiquement, c’est cela qui fonde et forme l’opinion publique majoritaire, laquelle se traduit dans les urnes par des résultats électoraux. Sur la base de ces critères-là, le Président Macky Sall que j’ai eu le privilège d’accompagner dans son combat pour la conquête des suffrages de nos compatriotes, va rempiler inch Allah, pour un deuxième mandat, celui de la continuation de ses œuvres au bénéfice des Sénégalais. Il va gagner brillamment, au premier tour. Je me fonde sur ces critères précités et l’intelligence de nos compatriotes, dont le génie politique s’est manifesté à toutes les grandes étapes de la marche de notre pays.
Les réalisations économiques et sociales sont patentes, nombreuses, opportunes, équitablement réparties : c’est le fameux bilan, devenu un chiffon rouge pour l’opposition, son poil à gratter. Ce bilan fait enrager nos adversaires à chaque fois qu’on en parle. Il s’y ajoute que l’opposition se singularise par l’indigence de ses propositions alternatives, la faiblesse du leadership de ses tenants et leur haine aveuglante…Jamais dans l’histoire de notre pays une opposition n’aura été aussi faible que maintenant: les attaques sont au ras des pâquerettes, les critiques faiblardes, l’envergure des meneurs étant désespérément chétive ! C’est ce qui explique d’ailleurs la levée des boucliers contre le système de parrainage des candidatures. Les pourfendeurs du parrainage sont les politiciens de petit calibre, adeptes des deals et des combinazioni.
Personnellement, dans mon fief, dans le Pikine, à Wakhinane, Tivaouane-Diacksao, Diamaguene, Lansar, Poste Thiaroye, Diacksao II, Tableau Khadim, nous allons donner des scores électoraux magistraux au Président Sall.
Sorties du rationnement de l’électricité, renflouées par la baisse des impôts et l’augmentation des salaires et l’accroissement des salariés, soutenues par les bourses familiales, équipées par le PUDC, fières des infrastructures de Diamniadio, allégées dans leur mobilité par les kilomètres d’autoroutes construites, extirpées des inondations etc. les populations sénégalaises feront le choix de la continuation d’une si belle œuvre, quoique incomplète. On n’est pas dans une éditocratie ou dans une médiacratie : en démocratie, c’est le peuple qui décide, celui des villes et des campagnes, des champs et des usines, de partout dans le Sénégal et ailleurs, et non confiné dans Facebook ou des émissions pamphlétaires. Ce qui se traduira par une réélection éclatante du Président Macky Sall. Il n’y a point à en douter ! Ce n’est pas pour rien que les hommes politiques de grand calibre, les plus matures et responsables sont aux côtés du Président Sall.
-Que pensez-vous des candidatures qui se manifestent et constituées pour beaucoup de technocrates ? N'y a-t-il pas à craindre ?
-S’il y a à craindre, c’est pour le Sénégal. L’offre politique s’est considérablement affaiblie. Cela fait en effet tiquer de voir certaines personnes se rêver chef de l’Etat du Sénégal. Pour beaucoup d’entre eux, cela relève de l’outrecuidance. Il ne suffit pas de répondre aux critères juridiques pour être un candidat crédible. D’où, encore une fois, le caractère salutaire du parrainage. Cela évite que des joueurs de division d’honneur prétendent au titre de ballon d’or ou que des lutteurs de mbappat se proclament roi des arènes.
Des technocrates, me dites-vous ? Ils feraient mieux de se rendre utiles au pays en performant dans leurs domaines d’activité. D’ailleurs, l’expertise professionnelle ne destine pas la personne à gouverner. Un gouvernement n’est pas un cabinet d’expertise. Un économiste est rarement un bon ministre de l’Economie, un général n’est pas destiné à être ministre des forces armées, pas plus qu’être médecin ne donne des aptitudes pour devenir ministre de la santé.
Au contraire, l’histoire des grands ministres, ceux qui ont marqué leur magistère, au Sénégal et ailleurs dans le monde, renseigne éloquemment sur ce sujet. D’ailleurs la règle en science politique est claire : le technocrate ou l’expert doit être sous la coupe d’un ministre, la fonction de ce dernier étant éminemment politique. La fonction ministérielle n’a rien à voir avec l’expertise professionnelle.
Hélas, on assiste depuis quelques années à un phénomène déplorable : des fonctionnaires s’enrichissent à des postes supposés neutres, pour ensuite utiliser illégalement les renseignements et/ou l’argent ainsi acquis et se projeter dans l’arène politique. Ils viennent surtout des régies financières de l’Etat, ce qui contribue à polluer l’atmosphère et à corrompre les us et coutumes. J’appelle cela la courte échelle corruptive de fonctionnaires corrompus.
- Au sein de votre parti, l’APR, les différends sont notables entre responsables, ce qui peut nuire à votre leader. Cet état de fait s’expliquerait par le défaut de structuration de votre formation. Qu’en pensez-vous ?
- Comme dans toute organisation humaine dynamique, il ne peut manquer des heurts d’ambitions et des confrontations de vision, voire d’éducation et de cursus. L’APR n’échappe pas à la règle, et est effectivement traversée par endroits par des querelles dont le parti aurait pu faire l’économie. Mais notre formation n’en a pas l’apologie, et nous tentons de circonscrire les choses pour border les préjudices engendrées.
- Votre leader, le patron du Palais, avait fait de la transhumance un délit, à son accession au pouvoir. Aujourd’hui, on a l’impression d’avoir affaire à un autre homme. Le Parti socialiste, par exemple, vient d’investir Macky Sall pour 2019.
- Nommons les choses par leur vrai nom, pour ne pas rajouter aux malheurs du monde, comme préconisé par le penseur. L’investiture du candidat Macky Sall par le PS, un parti qui l’a soutenu au second tour en 2012, qui a gouverné avec lui pendant tout son mandat, relève d’une parfaite cohérence. On ne saurait qualifier cela de transhumance. Pour conquérir les suffrages, les partis politiques travaillent à élargir leurs bases, à se renforcer. Parallèlement, les individus, libres de leurs mouvements, ne sont pas non plus stratifiés dans des partis : ils peuvent aller d’une formation à une autre. Mais, cette dynamique, lorsqu’elle n’est guidée que par des intérêts matériels, heurte les bonnes consciences. C’est aux antipodes des valeurs. Des personnes, encartées ou pas, se singularisent par le fait qu’elles sont toujours du côté du pouvoir : personnellement, je condamne cela.
- En nommant son frère Aliou Sall à la CDC, alors qu’il avait promis de ne jamais poser un acte pareil, Macky Sall n’est-il pas en train de se comporter comme son prédécesseur sanctionné en 2012 en partie pour avoir installé sa famille au cœur du pouvoir ?
- La comparaison ne me paraît pas objective au regard des responsabilités qui étaient celles de Karim Wade, puisque vous faites allusion à lui. Restons quand même dans les bonnes proportions…
- Que pensez-vous du cas de Me Alioune Badara Cissé ?
- J’éprouve de la peine. Alioune Badara Cissé est un compagnon du Président Macky Sall, sa place est à ses côtés. Les vicissitudes de la vie politique ont fait que malheureusement on en parle aujourd’hui comme d’un «cas». Nous ne sommes pas plus de dix, hommes et femmes qui, comme ABC, avons été depuis le début au charbon, à nous battre publiquement, dans les télés, les radios et sur les pages des journaux, dans les meetings et partout, pour braver la puissance des Wade et défendre les idéaux qui nous ont réunis autour de Macky Sall, pour le porter au pouvoir.
De ce que j’en sais, ABC n’est pas exempt de reproches. Il est certes condamnable, pour certaines de ses déclarations. Mais je vois aussi que le pouvoir s’accommode de «cas» pires que celui d’ABC, il s’accommode de gens qui étaient en face, de gens qui ont trahi aux chaudes heures…
ABC est des nôtres, j’appelle à des retrouvailles entre lui et le Président Macky Sall, des retrouvailles franches et chaudes à la dimension de l’affection qu’ils se vouent.
Entretien réalisé par Aliou KANE (SourceA)