Xalima- Adama, quelle analyse faites-vous du scrutin de dimanche ?
ADAMA. Je pense qu’il faut rendre hommage au peuple sénégalais qui a fait mentir médias, observateurs politiques et personnalités diplomatiques étrangères basées à Dakar, qui promettaient un chaos général. Il n’en est rien. Debout, le peuple, dans un sursaut d’orgueil et d’une intelligence remarquable, a sauvé la démocratie du pays.
Donc cela traduit une certaine maturité démocratique. Et contrairement à ce que l’on dit dans les discussions de salon ou de café dakarois, ce peuple est en avance sur son élite et ses hommes politiques. Je l’ai toujours dit et je le crois fermement.
C’est pourquoi je suis sidéré et révolté, quand j’entends, des intellectuels, dire avec mépris et arrogance, que c’est lui, je veux parler du peuple, qui fausse les règles des scrutins sous prétexte qu’il ne sait pas distinguer le vrai d’avec le faux, le bien d’avec mal. Cette caste d’intellectuelle démodée oublie que c’est elle qui complote avec les politiques, elle participe au pillage des ressources. Donc, elle fait partie du système.
Il y a un second tour entre Wade et Macky. Êtes-vous surpris qu’ils arrivent premiers. ?
ADAMA Du tout. Pourquoi être surpris ? Ce sont eux qui ont travaillé plus, donc ils ont été récompensés. Vous savez en politique, il faut de la combativité et de l’énergie pour montrer qu’on a envie et qu’on ne joue pas. Wade et Macky en ont déployé plus que les autres.
Autre chose, ils étaient les premiers à aller au front, depuis 2009. Pendant ce temps Benno tenait ses interminables réunions dans le salon du doyen Dansokho, à la recherche d’une candidature unique et Idy se la coulait douche dans son fameux hôtel parisien, Saint-James. Donc dans une course quand on part avant le signal, on arrive premier. En athlétisme c’est interdit (de partir avant le signal : NDLR), mais en politique c’est permis. Mais il faut avoir les moyens de partir tôt. Wade et Macky se trouvaient dans cet état d’esprit.
Qu’est ce qui a fait gagner Macky ? On parle de vote ethnique en faveur de lui
C’est faux de dire qu’il a bénéficié d’un vote ethnique. C’est parce qu’il a gagné Matam ? On peut dire la même chose donc avec Abdoulaye Wade qui a gagné Touba, fief du Mouridisme, avec un score large. S’il y a un vote ethnique pour Macky, il y a un vote confrérique pour Wade. Vous savez je ne crois pas à ces thèses. Il faut vraiment être à court d’arguments pour tenir un tel discours qui divise et clive la société.
Il n’y a pas un vote ethnique. Je parle sur des faits. Je vais vous faire une démonstration simple mais scientifique.
Prenons le cas de Matam. Macky a engrangé 49% des suffrages, donc ça veut dire qu’il y a 51% des électeurs matamois qui ne sont pas avec lui, donc la majorité. A vrai dire, il est minoritaire chez ses parents toucouleurs. Avec ça, peu –on parler d’un vote ethnique ? Je dis non.
Alors quittons le nord pour venir à l’ouest, dans un cadre plus large, plus précisément à Dakar. Dakar commune, je ne parle pas de la région, je parle bel et bien de Dakar commune où Macky est arrivé en tête. Ne me dites pas que ce sont Tes toucouleurs qui ont voté pour lui. Tout le monde sait qu’il n y’ a pas un fief toucouleur à Dakar sauf dans la banlieue.
Restons toujours à Dakar commune, c’est dans des zones léboues qu’il a enregistré son meilleur score : Ouakam et Yoff. Alors il est où le vote ethnique ? Je dirai plutôt qu’un vote populaire. Parce que si vous observez bien, ce sont les zones défavorisées, qui ont voté pour Macky sall. Ca a un sens. Macky est fils d’un ancien gardien et d’une ancienne vendeuse de « Thiaf », il vient d’une région pauvre, Fatick. Donc il a un discours social, populaire, plus réceptif dans ces zones, que celui par exemple de Moustapha Niasse axé sur la charte de bonne gouvernance des assises nationales, un débat qui intéresse que les intellectuels.
Je l’ai entendu dire, je parle de Macky, de leur temps, l’Etat aidait les élèves dont les parents avaient de faibles revenus et lui, il en faisait partie. Et une fois arrivé au pouvoir, il veut faire de même, aux enfants issus de la classe populaire. De tous les candidats, c’est lui seul, que j’ai entendu parler de baisse de denrées de première nécessité, des femmes enceintes prises en charge, de l’accouchement gratuit etc. Ce genre de discours passe bien à Ouakam, Yoff, Cambérène, Pikine, yeumbeul…
Pour revenir au vote ethnique. Autre exemple, à Mbour c’est Macky qui a gagné la commune. Je connais bien cette ville, majoritaire, de Wolof et des gens du Sud.
Je pouvais multiplier les exemples dans d’autres localités.
Donc ce discours ne tient pas. Il est dangereux. Plus dangereux quand il sort de la bouche d’un président de la république.
Qu’il y ait eu un vote ethnique en Côte d’Ivoire ? je dirai oui. J’ai bien suivi les élections ivoiriennes. Dans le nord Ouattara a obtenu des scores dignes des premiers temps des dictatures, il a enregistré des 90% et des 95%, pareil que Gbagbo à l’ouest. Si Macky avait obtenu de pareils résultats dans le Fouta, on pourrait parler de vote ethnique.
Il faut qu’on arrête de stigmatiser , d’indexer les gens le vote des gens. Ce n’est pas bon. Idy a gagné à Thiès, personne n’a parlé d’un vote identitaire. Et tout le monde sait que le Cayor c’est le terroir Wolof. Niasse a gagné à Kaolack, personne n’a parlé de repli identitaire.
Ils ont gagné leur fief et c’est normal parce qu’ils sont l’enfant du terroir. En France Sarkozy gagne à Neuilly, Chirac gagnait à Corrège, maintenant ce sera Hollande.
Et j’ajoute, de tous les candidats, Macky est le plus métissé : c’est un Pular, né et grandi en pays sérère, marié avec une sérère, et parlant trois langues nationales : Pular, sérère Wolof.
Pour terminer, qui est le plus grand défenseur de Macky, C’est Moustapha Cissé Lô. Allez lui demander s’il est Pular.
Vous savez Macky a travaillé, et il a gagné, c’est tout.
D’ailleurs, d’aucuns l’avaient sous-estimé, je les entendais dire, qu’il contrôle un petit fief, Fatick.
De grâce sortons de ces « coordonnées ethniques » comme parlait Cheikh Anta Diop.
Merci Adama et à bientôt pour une prochaine analyse
Adama est chroniqueur politique sur xalima
ADAMA. Je pense qu’il faut rendre hommage au peuple sénégalais qui a fait mentir médias, observateurs politiques et personnalités diplomatiques étrangères basées à Dakar, qui promettaient un chaos général. Il n’en est rien. Debout, le peuple, dans un sursaut d’orgueil et d’une intelligence remarquable, a sauvé la démocratie du pays.
Donc cela traduit une certaine maturité démocratique. Et contrairement à ce que l’on dit dans les discussions de salon ou de café dakarois, ce peuple est en avance sur son élite et ses hommes politiques. Je l’ai toujours dit et je le crois fermement.
C’est pourquoi je suis sidéré et révolté, quand j’entends, des intellectuels, dire avec mépris et arrogance, que c’est lui, je veux parler du peuple, qui fausse les règles des scrutins sous prétexte qu’il ne sait pas distinguer le vrai d’avec le faux, le bien d’avec mal. Cette caste d’intellectuelle démodée oublie que c’est elle qui complote avec les politiques, elle participe au pillage des ressources. Donc, elle fait partie du système.
Il y a un second tour entre Wade et Macky. Êtes-vous surpris qu’ils arrivent premiers. ?
ADAMA Du tout. Pourquoi être surpris ? Ce sont eux qui ont travaillé plus, donc ils ont été récompensés. Vous savez en politique, il faut de la combativité et de l’énergie pour montrer qu’on a envie et qu’on ne joue pas. Wade et Macky en ont déployé plus que les autres.
Autre chose, ils étaient les premiers à aller au front, depuis 2009. Pendant ce temps Benno tenait ses interminables réunions dans le salon du doyen Dansokho, à la recherche d’une candidature unique et Idy se la coulait douche dans son fameux hôtel parisien, Saint-James. Donc dans une course quand on part avant le signal, on arrive premier. En athlétisme c’est interdit (de partir avant le signal : NDLR), mais en politique c’est permis. Mais il faut avoir les moyens de partir tôt. Wade et Macky se trouvaient dans cet état d’esprit.
Qu’est ce qui a fait gagner Macky ? On parle de vote ethnique en faveur de lui
C’est faux de dire qu’il a bénéficié d’un vote ethnique. C’est parce qu’il a gagné Matam ? On peut dire la même chose donc avec Abdoulaye Wade qui a gagné Touba, fief du Mouridisme, avec un score large. S’il y a un vote ethnique pour Macky, il y a un vote confrérique pour Wade. Vous savez je ne crois pas à ces thèses. Il faut vraiment être à court d’arguments pour tenir un tel discours qui divise et clive la société.
Il n’y a pas un vote ethnique. Je parle sur des faits. Je vais vous faire une démonstration simple mais scientifique.
Prenons le cas de Matam. Macky a engrangé 49% des suffrages, donc ça veut dire qu’il y a 51% des électeurs matamois qui ne sont pas avec lui, donc la majorité. A vrai dire, il est minoritaire chez ses parents toucouleurs. Avec ça, peu –on parler d’un vote ethnique ? Je dis non.
Alors quittons le nord pour venir à l’ouest, dans un cadre plus large, plus précisément à Dakar. Dakar commune, je ne parle pas de la région, je parle bel et bien de Dakar commune où Macky est arrivé en tête. Ne me dites pas que ce sont Tes toucouleurs qui ont voté pour lui. Tout le monde sait qu’il n y’ a pas un fief toucouleur à Dakar sauf dans la banlieue.
Restons toujours à Dakar commune, c’est dans des zones léboues qu’il a enregistré son meilleur score : Ouakam et Yoff. Alors il est où le vote ethnique ? Je dirai plutôt qu’un vote populaire. Parce que si vous observez bien, ce sont les zones défavorisées, qui ont voté pour Macky sall. Ca a un sens. Macky est fils d’un ancien gardien et d’une ancienne vendeuse de « Thiaf », il vient d’une région pauvre, Fatick. Donc il a un discours social, populaire, plus réceptif dans ces zones, que celui par exemple de Moustapha Niasse axé sur la charte de bonne gouvernance des assises nationales, un débat qui intéresse que les intellectuels.
Je l’ai entendu dire, je parle de Macky, de leur temps, l’Etat aidait les élèves dont les parents avaient de faibles revenus et lui, il en faisait partie. Et une fois arrivé au pouvoir, il veut faire de même, aux enfants issus de la classe populaire. De tous les candidats, c’est lui seul, que j’ai entendu parler de baisse de denrées de première nécessité, des femmes enceintes prises en charge, de l’accouchement gratuit etc. Ce genre de discours passe bien à Ouakam, Yoff, Cambérène, Pikine, yeumbeul…
Pour revenir au vote ethnique. Autre exemple, à Mbour c’est Macky qui a gagné la commune. Je connais bien cette ville, majoritaire, de Wolof et des gens du Sud.
Je pouvais multiplier les exemples dans d’autres localités.
Donc ce discours ne tient pas. Il est dangereux. Plus dangereux quand il sort de la bouche d’un président de la république.
Qu’il y ait eu un vote ethnique en Côte d’Ivoire ? je dirai oui. J’ai bien suivi les élections ivoiriennes. Dans le nord Ouattara a obtenu des scores dignes des premiers temps des dictatures, il a enregistré des 90% et des 95%, pareil que Gbagbo à l’ouest. Si Macky avait obtenu de pareils résultats dans le Fouta, on pourrait parler de vote ethnique.
Il faut qu’on arrête de stigmatiser , d’indexer les gens le vote des gens. Ce n’est pas bon. Idy a gagné à Thiès, personne n’a parlé d’un vote identitaire. Et tout le monde sait que le Cayor c’est le terroir Wolof. Niasse a gagné à Kaolack, personne n’a parlé de repli identitaire.
Ils ont gagné leur fief et c’est normal parce qu’ils sont l’enfant du terroir. En France Sarkozy gagne à Neuilly, Chirac gagnait à Corrège, maintenant ce sera Hollande.
Et j’ajoute, de tous les candidats, Macky est le plus métissé : c’est un Pular, né et grandi en pays sérère, marié avec une sérère, et parlant trois langues nationales : Pular, sérère Wolof.
Pour terminer, qui est le plus grand défenseur de Macky, C’est Moustapha Cissé Lô. Allez lui demander s’il est Pular.
Vous savez Macky a travaillé, et il a gagné, c’est tout.
D’ailleurs, d’aucuns l’avaient sous-estimé, je les entendais dire, qu’il contrôle un petit fief, Fatick.
De grâce sortons de ces « coordonnées ethniques » comme parlait Cheikh Anta Diop.
Merci Adama et à bientôt pour une prochaine analyse
Adama est chroniqueur politique sur xalima
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