Alors, la rumeur remplace ce que l’on ne sait de pas manière formelle. Une seule chose est sûre : une femme, travailleuse immigrée accuse l’un des hommes les plus puissants du monde (du moins symboliquement) de l’avoir violée et ce dernier nie cette accusation.
Comment les faits se sont déroulés exactement ? Quelle est la véritable victime dans cette affaire ? S’évertuer à trouver des réponses à ces questions n’a aucun sens du moment que les parties s’enferment dans un mutisme calculé concernant l’essentiel.
Rien d’ailleurs ne garantit que le procès fera éclater la vérité, puisqu’il s’agira d’évaluer la parole d’une personne contre celle d’une autre. Voilà aujourd’hui l’enjeu de la bataille médiatique entre DSK et sa victime présumée par avocats interposés.
Comment décrédibiliser l’adversaire ? Comment faire admettre aux gens (et donc au jurés potentiels) que l’autre ment avant même qu’il/elle ait donné sa version ? Comment faire en sorte que ne soient pas évalués les faits eux-mêmes, mais plutôt les individus impliqués auxquels on prêtera caution selon leur degré de crédibilité.
Tels sont les dérives que permet un système judiciaire perverti par l’argent et le libéralisme où tous les coups sont permis.
GHANAÉENNE, GUINÉENNE, SÉNÉGALAISE OU JUSTE AFRICAINE ?
C’est dans ce contexte qu’apparaît l’article du chroniqueur sénégalais Souleymane Jules Diop qui s’interroge sur la crédibilité de Nafissatou Diallo. Cet article interpelle quant à sa pertinence à cause de sa tendance à afficher clairement une doxa (volontairement) déconnectée des réalités de l’immigration africaine.
Il ne s’agit pas d’évaluer l’objectivité du journaliste dans sa relation à l’événement. Après tout, il peut avoir raison de demander en substance si Nafissatou Diallo n’a pas volontairement piégé DSK.
Mais l’orientation sentencieuse de l’article et son interprétation très partiale de certains faits supposés posent un réel problème d’éthique. Car les questions que Diop se pose sont plutôt des questions rhétoriques, dont chacun sait qu’elles ont une fonction argumentative.
À la lecture de l’article de Monsieur Diop, il apparaît qu’au vu des éléments « troublants » qu’il énumère, on peut raisonnablement douter de la parole de Nafissatou Diallo. Et ces éléments comme le veut une logique toute américaine, seraient à trouver dans la biographie de cette immigrée.
Mais l’exercice du doute est un exercice difficile qui appelle d’autres considérations de la simple matérialité administrative. Les conditions d’entrée et de séjour aux USA de Nafissatou Diallo sont manipulées dans cet article d’une manière assez gênante.
On ne peut refuser à Diop le droit de se poser des questions, voire de prendre fait et cause pour DSK s’il le veut, mais à la lecture de son article on peut soupçonner de sa part une négligence ou carrément de la mauvaise foi dans la signification possible qu’il donne à la nébuleuse Ophelia.
À supposer que les informations que l’auteur de l’article met au conditionnel soient vraies, il convient de s’intéresser à leur valeur circonstancielle et de se demander en quoi cela fait de Nafissatou Diallo une crapule vénale qui a cyniquement piégé sa victime. Et certaines conclusions de Diop méritent sinon attaquées, du moins d’être débattues.
Que Nafissatou Diallo ne soit pas claire sur ses origines peut choquer les Américains. Au vu de la configuration du système judiciaire américain cela peut même être d’une importance cruciale lors du procès. Mais pour nous qui mettons en avant l’identité africaine quand cela nous arrange, il devrait être plus facile de l’admettre.
Selon Diop, « S’il s’avère que Nafissatou Diallo est de nationalité sénégalaise, c’est toute la crédibilité de son témoignage qui tombe. » Et pourquoi donc ? Par rapport à qui perd-elle sa crédibilité ? C’est tout de même un phénomène très observable dans la sociologie de l’émigration ouest africaine.
Des Sénégalais se retrouvent mauritaniens pour obtenir des papiers, des Casamançais lamda se prétendent membre du MFDC pour devenir réfugiés politiques, des Sierra-léonnais deviennent libériens et vice-versa.
Rien ne prouve que Nafissatou Diallo a menti sur ses origines, mais quand bien même ; des Africains qui mentent aux administrations occidentales pour obtenir leurs papiers, nous avons tous que cela existe.
Nous savons aussi que cela ne remet nullement en cause leur respectabilité. Pourquoi les candidats à l’immigration en Occident se fabriquent des histoires de vie ? Parce que leur liberté de se mouvoir sur cette terre est empêchée par une logique de discrimination économique, culturelle et politique.
Parce que les systèmes bureaucratiques occidentaux leur refusent la latitude de dire leur propre vérité. Parce que les critères de sélection s’intéressent moins aux destinées individuelles qu’à la capacité de rentrer dans des moules éligibles.
La morale qui commande la vérité d’une existence est la même que celle suggère que cette vérité soit travestie quand la force supérieure qui l’écrase l’empêche d’apparaître telle quelle. Cela, Souleymane Jules Diop devrait le savoir, lui qui est établi au Canada, alors que d’autres qui mènent le même combat que le sien sont au Sénégal, son pays natal.
Des journalistes très critiques envers le régime d’Abdoulaye Wade vivent et travaillent au Sénégal sans que leur vie soit menacée. Les critères qui justifient le statut de réfugié de Diop au Canada (si telle est sa situation) peuvent être moralement valables et techniquement discutables.
Et vice versa. Mais on les discute pas justement parce qu’il y a une morale supérieure qui rend sa présence au Canada légitime. Celle de se mouvoir sur cette terre en toute liberté et de choisir le lieu de son épanouissement.
Nous savons, nous Africains de la diaspora, quels compromis certains d’entre nous sont obligés de faire avec le système. Il ne faudra pas que cet élément desserve Nafissatou Diallo si elle est vraiment victime.
De même, Souleymane Jules Diop semble s’étonner du cas de ce monsieur, Blake Diallo, qui s’est proclamé frère de Nafissatou. Pourtant, nous avons tous des parents et des attaches de parts et d’autres de nos frontières africaines.
Cette parenté élargie fait que l’Africain est prompt à se trouver des frères ou des cousins au delà du cercle familiale nucléaire. Pourquoi l’auteur qui connaît ces réalités s’offusque de l’attitude de Blake Diallo ? Il annonce formel que Blake Diallo est Sénégalais, ce qui rendrait douteux sa parenté avec une guinéenne supposée.
Cela ne relève a priori ni de l’extraordinaire, ni d’une effroyable imposture qu’un Africain dise d’un-e compatriote que c’est son frère ou sa sœur. Reste à savoir si ce Blake Diallo a revêtu les habits de grand frère de son propre chef ou à la demande de Nafissatou.
Il se peut que Nafissatou n’eût chargé Blake Diallo d’aucune commission, mais cela ne remet pas en cause un schéma de tuteur à protégé qui existe partout où s’établit la diaspora africaine. Un Américain, un Français, un Belge peut être dubitatif sur cette parenté, un Sénégalais, un peu moins.
S’interroger sur la nature exacte des relations entre ces deux personnes ne doit pas remettre en cause une réalité africaine qu’il aurait fallu clairement expliquer et non pas vilipender. Il se peut que les deux se soient entendus pour monter cette histoire.
Le temps le dira. À ce jour cela relève de la spéculation et il y a une certaine bassesse à révéler le passé clandestin de Blake Diallo comme si c’était une tare.
De même, Nafissatou qui sous-loue un appartement bon marché dans le Bronx est dans le même cas que des centaines de compatriotes qui, avec des salaires de misère, sont obligés d’avoir recours à ces combines pour faire des économies.
Pourquoi s’émouvoir que son nom ne figure pas sur sa boîte aux lettres ? Un petit tour dans Harlem permettrait de recenser des dizaines de Nafissatou.
De même, le fait qu’elle se fasse appeler Ophelia peut être regrettable mais ce n’est pas une aberration. Combien d’immigrés asiatiques ou africains prennent des prénoms occidentaux. Il suffit de croiser un chauffeur de limousine ou de faire un tour dans un restaurant pour constater le phénomène.
Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des Occidentaux opérer le même type de changement de nom lorsqu’ils sont dans le tiers-monde. Il faut surtout interroger une société humaine ou l’étrangeté constitue une barrière à la fois mentale et sociétale.
Les conséquences de cette affaire peuvent être désastreuses pour cette Nafissatou si sa trajectoire est analysée avec le prisme occidental. On sait que l’Amérique abhorre le parjure. Et Nafissatou a pu mentir pour obtenir ses papiers.
Pour cela, elle pourrait risquer pire que juste perdre son procès. Mais à sa décharge, on peut estimer qu’elle s’inscrit dans un système dont elle n’a pas établi les règles de fonctionnement. Des milliers d’immigrés d’Afrique ou d’ailleurs ont travesti leur identité pour avoir accès à un travail ou à des papiers.
Si on en venait à lui refuser justice à cause de cela, avant même le procès, ce serait une catastrophe pour les immigrés clandestins ayant déjà du mal à faire respecter leurs droits humains dans certains pays.
Il ne s’agit pas ici d’affirmer que Nafissatou Diallo est une pauvre victime innocente. Nous n’en savons rien. À la question de Diop, « et si elle avait menti », on signale simplement qu’il faut vraiment s’interroger sur la nature de ce mensonge (sur sa vie ? Sur ses accusations ?) et que cette question vaut autant que la suivante : « et si elle disait la vérité ? »
Comment les faits se sont déroulés exactement ? Quelle est la véritable victime dans cette affaire ? S’évertuer à trouver des réponses à ces questions n’a aucun sens du moment que les parties s’enferment dans un mutisme calculé concernant l’essentiel.
Rien d’ailleurs ne garantit que le procès fera éclater la vérité, puisqu’il s’agira d’évaluer la parole d’une personne contre celle d’une autre. Voilà aujourd’hui l’enjeu de la bataille médiatique entre DSK et sa victime présumée par avocats interposés.
Comment décrédibiliser l’adversaire ? Comment faire admettre aux gens (et donc au jurés potentiels) que l’autre ment avant même qu’il/elle ait donné sa version ? Comment faire en sorte que ne soient pas évalués les faits eux-mêmes, mais plutôt les individus impliqués auxquels on prêtera caution selon leur degré de crédibilité.
Tels sont les dérives que permet un système judiciaire perverti par l’argent et le libéralisme où tous les coups sont permis.
GHANAÉENNE, GUINÉENNE, SÉNÉGALAISE OU JUSTE AFRICAINE ?
C’est dans ce contexte qu’apparaît l’article du chroniqueur sénégalais Souleymane Jules Diop qui s’interroge sur la crédibilité de Nafissatou Diallo. Cet article interpelle quant à sa pertinence à cause de sa tendance à afficher clairement une doxa (volontairement) déconnectée des réalités de l’immigration africaine.
Il ne s’agit pas d’évaluer l’objectivité du journaliste dans sa relation à l’événement. Après tout, il peut avoir raison de demander en substance si Nafissatou Diallo n’a pas volontairement piégé DSK.
Mais l’orientation sentencieuse de l’article et son interprétation très partiale de certains faits supposés posent un réel problème d’éthique. Car les questions que Diop se pose sont plutôt des questions rhétoriques, dont chacun sait qu’elles ont une fonction argumentative.
À la lecture de l’article de Monsieur Diop, il apparaît qu’au vu des éléments « troublants » qu’il énumère, on peut raisonnablement douter de la parole de Nafissatou Diallo. Et ces éléments comme le veut une logique toute américaine, seraient à trouver dans la biographie de cette immigrée.
Mais l’exercice du doute est un exercice difficile qui appelle d’autres considérations de la simple matérialité administrative. Les conditions d’entrée et de séjour aux USA de Nafissatou Diallo sont manipulées dans cet article d’une manière assez gênante.
On ne peut refuser à Diop le droit de se poser des questions, voire de prendre fait et cause pour DSK s’il le veut, mais à la lecture de son article on peut soupçonner de sa part une négligence ou carrément de la mauvaise foi dans la signification possible qu’il donne à la nébuleuse Ophelia.
À supposer que les informations que l’auteur de l’article met au conditionnel soient vraies, il convient de s’intéresser à leur valeur circonstancielle et de se demander en quoi cela fait de Nafissatou Diallo une crapule vénale qui a cyniquement piégé sa victime. Et certaines conclusions de Diop méritent sinon attaquées, du moins d’être débattues.
Que Nafissatou Diallo ne soit pas claire sur ses origines peut choquer les Américains. Au vu de la configuration du système judiciaire américain cela peut même être d’une importance cruciale lors du procès. Mais pour nous qui mettons en avant l’identité africaine quand cela nous arrange, il devrait être plus facile de l’admettre.
Selon Diop, « S’il s’avère que Nafissatou Diallo est de nationalité sénégalaise, c’est toute la crédibilité de son témoignage qui tombe. » Et pourquoi donc ? Par rapport à qui perd-elle sa crédibilité ? C’est tout de même un phénomène très observable dans la sociologie de l’émigration ouest africaine.
Des Sénégalais se retrouvent mauritaniens pour obtenir des papiers, des Casamançais lamda se prétendent membre du MFDC pour devenir réfugiés politiques, des Sierra-léonnais deviennent libériens et vice-versa.
Rien ne prouve que Nafissatou Diallo a menti sur ses origines, mais quand bien même ; des Africains qui mentent aux administrations occidentales pour obtenir leurs papiers, nous avons tous que cela existe.
Nous savons aussi que cela ne remet nullement en cause leur respectabilité. Pourquoi les candidats à l’immigration en Occident se fabriquent des histoires de vie ? Parce que leur liberté de se mouvoir sur cette terre est empêchée par une logique de discrimination économique, culturelle et politique.
Parce que les systèmes bureaucratiques occidentaux leur refusent la latitude de dire leur propre vérité. Parce que les critères de sélection s’intéressent moins aux destinées individuelles qu’à la capacité de rentrer dans des moules éligibles.
La morale qui commande la vérité d’une existence est la même que celle suggère que cette vérité soit travestie quand la force supérieure qui l’écrase l’empêche d’apparaître telle quelle. Cela, Souleymane Jules Diop devrait le savoir, lui qui est établi au Canada, alors que d’autres qui mènent le même combat que le sien sont au Sénégal, son pays natal.
Des journalistes très critiques envers le régime d’Abdoulaye Wade vivent et travaillent au Sénégal sans que leur vie soit menacée. Les critères qui justifient le statut de réfugié de Diop au Canada (si telle est sa situation) peuvent être moralement valables et techniquement discutables.
Et vice versa. Mais on les discute pas justement parce qu’il y a une morale supérieure qui rend sa présence au Canada légitime. Celle de se mouvoir sur cette terre en toute liberté et de choisir le lieu de son épanouissement.
Nous savons, nous Africains de la diaspora, quels compromis certains d’entre nous sont obligés de faire avec le système. Il ne faudra pas que cet élément desserve Nafissatou Diallo si elle est vraiment victime.
De même, Souleymane Jules Diop semble s’étonner du cas de ce monsieur, Blake Diallo, qui s’est proclamé frère de Nafissatou. Pourtant, nous avons tous des parents et des attaches de parts et d’autres de nos frontières africaines.
Cette parenté élargie fait que l’Africain est prompt à se trouver des frères ou des cousins au delà du cercle familiale nucléaire. Pourquoi l’auteur qui connaît ces réalités s’offusque de l’attitude de Blake Diallo ? Il annonce formel que Blake Diallo est Sénégalais, ce qui rendrait douteux sa parenté avec une guinéenne supposée.
Cela ne relève a priori ni de l’extraordinaire, ni d’une effroyable imposture qu’un Africain dise d’un-e compatriote que c’est son frère ou sa sœur. Reste à savoir si ce Blake Diallo a revêtu les habits de grand frère de son propre chef ou à la demande de Nafissatou.
Il se peut que Nafissatou n’eût chargé Blake Diallo d’aucune commission, mais cela ne remet pas en cause un schéma de tuteur à protégé qui existe partout où s’établit la diaspora africaine. Un Américain, un Français, un Belge peut être dubitatif sur cette parenté, un Sénégalais, un peu moins.
S’interroger sur la nature exacte des relations entre ces deux personnes ne doit pas remettre en cause une réalité africaine qu’il aurait fallu clairement expliquer et non pas vilipender. Il se peut que les deux se soient entendus pour monter cette histoire.
Le temps le dira. À ce jour cela relève de la spéculation et il y a une certaine bassesse à révéler le passé clandestin de Blake Diallo comme si c’était une tare.
De même, Nafissatou qui sous-loue un appartement bon marché dans le Bronx est dans le même cas que des centaines de compatriotes qui, avec des salaires de misère, sont obligés d’avoir recours à ces combines pour faire des économies.
Pourquoi s’émouvoir que son nom ne figure pas sur sa boîte aux lettres ? Un petit tour dans Harlem permettrait de recenser des dizaines de Nafissatou.
De même, le fait qu’elle se fasse appeler Ophelia peut être regrettable mais ce n’est pas une aberration. Combien d’immigrés asiatiques ou africains prennent des prénoms occidentaux. Il suffit de croiser un chauffeur de limousine ou de faire un tour dans un restaurant pour constater le phénomène.
Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des Occidentaux opérer le même type de changement de nom lorsqu’ils sont dans le tiers-monde. Il faut surtout interroger une société humaine ou l’étrangeté constitue une barrière à la fois mentale et sociétale.
Les conséquences de cette affaire peuvent être désastreuses pour cette Nafissatou si sa trajectoire est analysée avec le prisme occidental. On sait que l’Amérique abhorre le parjure. Et Nafissatou a pu mentir pour obtenir ses papiers.
Pour cela, elle pourrait risquer pire que juste perdre son procès. Mais à sa décharge, on peut estimer qu’elle s’inscrit dans un système dont elle n’a pas établi les règles de fonctionnement. Des milliers d’immigrés d’Afrique ou d’ailleurs ont travesti leur identité pour avoir accès à un travail ou à des papiers.
Si on en venait à lui refuser justice à cause de cela, avant même le procès, ce serait une catastrophe pour les immigrés clandestins ayant déjà du mal à faire respecter leurs droits humains dans certains pays.
Il ne s’agit pas ici d’affirmer que Nafissatou Diallo est une pauvre victime innocente. Nous n’en savons rien. À la question de Diop, « et si elle avait menti », on signale simplement qu’il faut vraiment s’interroger sur la nature de ce mensonge (sur sa vie ? Sur ses accusations ?) et que cette question vaut autant que la suivante : « et si elle disait la vérité ? »
IL FAUT DÉFENDRE LA VÉRITÉ
Ces remarques ne s’adressent évidemment pas au système judiciaire américain qui n’en a que faire. Mais il est important que la communauté africaine se mobilise et se soude autour de cette dame, tant que la manipulation n’est pas démontrée.
Si les faits qu’elle a dénoncés sont avérés, il faut que justice lui soit rendue. Et on ne dénigre pas un membre de sa famille avec le point de vue d’autrui. Que les Africains ne rendent pas complices d’une logique qui veut qu’en attaquant le passé d’une victime, on lui enlève son droit à la justice. Ce qui mérite d’être retenu, c’est ce qui l’oppose à DSK présentement.
Oui, souhaitons que les zones d’ombres s’éclaircissent concernant les faits. Et concernant ceux-ci, il est immoral de prendre position sur la base d’un raisonnement qui n’obéit qu’à notre conviction intime.
Comment, s’étonnent certains, une jeune femme peut-elle subir les assauts répétés d’un homme de soixante deux ans, qui va jusqu’à lui imposer une fellation sans réagir? Comment a-t-il pu laisser son agresseur s’acharner sur elle sans crier au secours, ni tenter de s’enfuir ? On peut se poser ces questions.
Mais en considérant quelques facteurs importants dans ce type d’incident. Primo, les circonstances exactes de l’affaire sont encore floues. Secundo, l’angoisse de perdre son travail pousse parfois à accepter l’inacceptable.
Tertio, il n’y a pas un scénario de viol unique. La littérature en victimologie ou en psychologie générale (Griffin, Bronwmiller, Frasier…) montre comment le viol intervient, non pas seulement comme un acte sexuel forcé, mais à travers un réseau complexe d’intrusions et de contraintes subies.
La menace, la manipulation, le chantage, le mensonge, l’exercice de l’autorité, sont autant de vecteurs qui peuvent faire passer pour consentie une relation contrainte. La réalité du viol n’est pas mesurable à l’aune de la contrainte physique.
Pour user d’un exemple simple retenu dans la législation de beaucoup de pays, une personne consentante au départ d’une relation sexuelle peut légitimement dénoncer un viol si son ou sa partenaire refuse de s’interrompre à sa demande. Même, refuser d’utiliser un préservatif peut être qualifié de viol.
Les cas de figure sont nombreux en la matière et dans l’absolu, il y a viol de l’intégrité sexuel d’une personne, dès lors que son adhésion n’est pas totale. On peut s’étonner de l’attitude supposée de Nafissatou Diallo, on peut penser que les deux protagonistes se connaissaient, qu’ils ont pu avoir à faire l’un avec l’autre par le passé, on peut même grands dieux ! imaginer que DSK est tombé dans un piège tendu par Nafissatou.
Mais tout cela ne disculpe pas pour autant DSK si une relation sexuelle non consentie jusqu’au bout a pu avoir lieu. Si l’accusatrice dit qu’elle ne voulait pas, il est dangereux de suggérer aujourd’hui qu’elle voulait. Des expertises ont été menées et les résultats de ces expertises sont connus des autorités américaines. Laissons la justice faire.
L’acharnement médiatique dont Dominique Strauss-Kahn a été victime est tout aussi détestable. Tant que la justice n’a pas démontré sa culpabilité, il ne mérite pas d’être traité comme un criminel. Les considérations sur son passé sont autant de procès ad hominem de la part de censeurs qui ne valent pas mieux que lui sur le terrain de la moralité.
Lorsque les faits seront plus ou moins établis et qu’il apparaîtra que DSK est victime d’une machination, la justice saura se mettre de son côté. En attendant, rien ne permet de le clouer au pilori.
Mais évitons pour autant l’erreur inverse au moment où chaque jour une rumeur vient troubler nos certitudes. Reconnaître le droit à la justice pour DSK ne signifie pas hurler avec les loups contre Nafissatou Diallo. Les préoccupations de l’homme de presse ne sont pas les mêmes que celles des avocats qui visent moins à servir la vérité qu’à convertir en gains et commissions des avatars de cette vérité.
Nous avons le droit d’exprimer notre sympathie pour l’un ou l’autre, nous avons le droit d’interroger les informations en notre possession. Mais ce que nous devons éviter, c’est de tomber dans le piège de l’accusation, de la suspicion malsaine et du dénigrement sans concession.
À ce stade, mettre en doute la parole de Nafissatou Diallo est une chose, attaquer sa respectabilité sur la seule question de son passé, c’est lui refuser la possibilité d’être entendu sur l’essentiel.
Ne tombons pas dans la facilité du jugement si notre souhait est de voir respecter la femme africaine, la femme tout simplement. Nous ne sommes pas en mesure de faire éclater la vérité, mais seulement de la défendre. Et défendre la vérité, c’est tenir compte des conditions d’émergence de cette vérité.
Nafissatou Diallo est une manipulatrice. Ou pas ! Tout est à prouver. Et les éléments qui apparaissent dans l’article de Souleymane Jules Diop ne sont pas des preuves objectives de sa mauvaise foi. Mais l’auteur les présente comme tels et c’est regrettable.
Source : Dakar-Info – Rédigé par As malick Ndiaye
Ces remarques ne s’adressent évidemment pas au système judiciaire américain qui n’en a que faire. Mais il est important que la communauté africaine se mobilise et se soude autour de cette dame, tant que la manipulation n’est pas démontrée.
Si les faits qu’elle a dénoncés sont avérés, il faut que justice lui soit rendue. Et on ne dénigre pas un membre de sa famille avec le point de vue d’autrui. Que les Africains ne rendent pas complices d’une logique qui veut qu’en attaquant le passé d’une victime, on lui enlève son droit à la justice. Ce qui mérite d’être retenu, c’est ce qui l’oppose à DSK présentement.
Oui, souhaitons que les zones d’ombres s’éclaircissent concernant les faits. Et concernant ceux-ci, il est immoral de prendre position sur la base d’un raisonnement qui n’obéit qu’à notre conviction intime.
Comment, s’étonnent certains, une jeune femme peut-elle subir les assauts répétés d’un homme de soixante deux ans, qui va jusqu’à lui imposer une fellation sans réagir? Comment a-t-il pu laisser son agresseur s’acharner sur elle sans crier au secours, ni tenter de s’enfuir ? On peut se poser ces questions.
Mais en considérant quelques facteurs importants dans ce type d’incident. Primo, les circonstances exactes de l’affaire sont encore floues. Secundo, l’angoisse de perdre son travail pousse parfois à accepter l’inacceptable.
Tertio, il n’y a pas un scénario de viol unique. La littérature en victimologie ou en psychologie générale (Griffin, Bronwmiller, Frasier…) montre comment le viol intervient, non pas seulement comme un acte sexuel forcé, mais à travers un réseau complexe d’intrusions et de contraintes subies.
La menace, la manipulation, le chantage, le mensonge, l’exercice de l’autorité, sont autant de vecteurs qui peuvent faire passer pour consentie une relation contrainte. La réalité du viol n’est pas mesurable à l’aune de la contrainte physique.
Pour user d’un exemple simple retenu dans la législation de beaucoup de pays, une personne consentante au départ d’une relation sexuelle peut légitimement dénoncer un viol si son ou sa partenaire refuse de s’interrompre à sa demande. Même, refuser d’utiliser un préservatif peut être qualifié de viol.
Les cas de figure sont nombreux en la matière et dans l’absolu, il y a viol de l’intégrité sexuel d’une personne, dès lors que son adhésion n’est pas totale. On peut s’étonner de l’attitude supposée de Nafissatou Diallo, on peut penser que les deux protagonistes se connaissaient, qu’ils ont pu avoir à faire l’un avec l’autre par le passé, on peut même grands dieux ! imaginer que DSK est tombé dans un piège tendu par Nafissatou.
Mais tout cela ne disculpe pas pour autant DSK si une relation sexuelle non consentie jusqu’au bout a pu avoir lieu. Si l’accusatrice dit qu’elle ne voulait pas, il est dangereux de suggérer aujourd’hui qu’elle voulait. Des expertises ont été menées et les résultats de ces expertises sont connus des autorités américaines. Laissons la justice faire.
L’acharnement médiatique dont Dominique Strauss-Kahn a été victime est tout aussi détestable. Tant que la justice n’a pas démontré sa culpabilité, il ne mérite pas d’être traité comme un criminel. Les considérations sur son passé sont autant de procès ad hominem de la part de censeurs qui ne valent pas mieux que lui sur le terrain de la moralité.
Lorsque les faits seront plus ou moins établis et qu’il apparaîtra que DSK est victime d’une machination, la justice saura se mettre de son côté. En attendant, rien ne permet de le clouer au pilori.
Mais évitons pour autant l’erreur inverse au moment où chaque jour une rumeur vient troubler nos certitudes. Reconnaître le droit à la justice pour DSK ne signifie pas hurler avec les loups contre Nafissatou Diallo. Les préoccupations de l’homme de presse ne sont pas les mêmes que celles des avocats qui visent moins à servir la vérité qu’à convertir en gains et commissions des avatars de cette vérité.
Nous avons le droit d’exprimer notre sympathie pour l’un ou l’autre, nous avons le droit d’interroger les informations en notre possession. Mais ce que nous devons éviter, c’est de tomber dans le piège de l’accusation, de la suspicion malsaine et du dénigrement sans concession.
À ce stade, mettre en doute la parole de Nafissatou Diallo est une chose, attaquer sa respectabilité sur la seule question de son passé, c’est lui refuser la possibilité d’être entendu sur l’essentiel.
Ne tombons pas dans la facilité du jugement si notre souhait est de voir respecter la femme africaine, la femme tout simplement. Nous ne sommes pas en mesure de faire éclater la vérité, mais seulement de la défendre. Et défendre la vérité, c’est tenir compte des conditions d’émergence de cette vérité.
Nafissatou Diallo est une manipulatrice. Ou pas ! Tout est à prouver. Et les éléments qui apparaissent dans l’article de Souleymane Jules Diop ne sont pas des preuves objectives de sa mauvaise foi. Mais l’auteur les présente comme tels et c’est regrettable.
Source : Dakar-Info – Rédigé par As malick Ndiaye