Pour autant, nous ne pouvons ni cautionner, ni s’abstenir de lui manifester notre profonde désapprobation, du contenu de sa chronique du 19 mai 2011 « Affaire DSK : et si Nafissatou Diallo avait menti ? ». Même si le titre est interrogatif, le développement tend vers une affirmation, en essayant de démontrer son postulat de départ. Et de façon très subtile, il regrette (presque) le fait qu’une simple femme de chambre ait pu « faire tomber » Dominique Strauss-Kahn (DSK), en racontant ce qu’elle a vécu. Et, de surcroit, il compatit implicitement, à la mise à l’index de ce dernier. Nous voudrions simplement attirer son attention que, mentir pour avoir des papiers (si cela est avéré) n’implique pas, de facto un mensonge, sur les faits dont elle pourrait être victime, donc une dissociation s’impose à notre avis.
Nous ne pouvons lui reprocher, sa façon d’appréhender la situation, puisque c’est son droit. Mais, malgré une surabondance d’éléments pour étayer son raisonnement. A mots couverts, il cherche à faire le procès en sorcellerie d’une certaine pratique au sein des communautés immigrées. Pour sortir de la misère africaine, et pour être en règle dans leurs pays de résidence, ou d’adoption, à savoir, avoir des papiers et y (sur)vivre dignement. Nous l’excusons, de sa véritable méconnaissance des réalités que rencontrent, et vivent ces personnes, dans leur statut d’immigré, ou de sans papier, ou de clandestin. (Sans nous étendre, sur ce point, nous vous renvoyons à la lecture du billet d’As Malick Ndiaye intitulé « Affaire DSK : Souleymane Jules DIOP, ne jugez pas l’immigrée »).
Son attitude est symptomatique « d’une nouvelle école, ou d’un nouveau courant de pensée », d’une certaine intelligentsia africaine, qui sous le couvert d’une certaine neutralité, se refuse à prendre quelque fois franchement position, ou la prenne en référence à une hiérarchisation des classes sociales, et, l’affaire DSK en est, la patente illustration. Et pourtant, à juste raison, ils sont souvent, plus enclins à la critique, lorsqu’il est question de dénoncer certaines pratiques sur le continent africain (absence de démocratie, démocratie au rabais, non respect des droits de l’homme, liberté surveillée de la presse, corruption institutionnalisée…). Alors que, même, s’il y a, à dire et à redire par exemple sur nos dirigeants, il faut selon nous, avoir la même rigueur d’exigence en quelque situation.
C’est pourquoi, nous ne comprenons pas, leurs silences, au moment où des intellectuels comme Bernard-Henry Lévy, ou des politiciens comme Jacques Lang, ou des journalistes comme Jean François Khan, se positionnent résolument pour défendre, prendre faits et causes pour Dominique Strauss-Kahn. Mieux encore, dans les déclarations combinées de ces deux derniers (Jacques Lang et Jean-François Kahn), ce qui est arrivé à cette femme de chambre n’est pas si grave, d’où leurs interrogations sur ce tintamarre pour accabler DSK, puisque ce n’était qu’un simple « troussage de domestique », et qu’il n’y a pas eu « mort d’homme ». Avec de telles prises de position sincèrement assumées, pour soutenir un ami, ou un collègue, en pareil cas, les intellectuels, ou les politiciens africains devraient-ils continuer à garder le silence en s’enfermant dans un « ni, ni », ou dans une certaine bienveillante impassibilité ?
Des constats qui précèdent, l’affaire DSK, nous donne l’occasion, de dénoncer une forme insidieuse d’aliénation ou d’aveuglement idéologique, dans laquelle certains intellectuels du continent s’enferment, ou risquent de s’enfermer pour afficher, et/ou montrer « une occidentalité », ou un occidentalisme entre autres, dans la prise de décision, ou de positionnement, et/ou raisonnement, face à des situations. Et qui, à travers une certaine inférence, chercheraient à prouver une appropriation des codes, et des modes de pensées des intellectuels occidentaux surtout français. La liberté de penser, de faire, d’agir ou d’être de chacun n’est nullement discutable, ni discutée, ce qui nous révulse cependant, c’est l’absence d’à-propos. Pourquoi, se mouler à l’identique de ceux-ci, pour en être indéfectiblement les gardiens, et continuateurs de ces façons de penser, ou de réfléchir ?
Pourtant, l’affaire DSK confirme que « pour grands que sont les rois, ils sont ce que nous sommes : ils peuvent se tromper comme tous les autres hommes » (Pierre Corneille). Et, il se déduit dudit principe énoncé, selon nous, qu’un voyou est un voyou, qu’il soit ou non en col blanc, et peu importe son rang dans la société. Donc son traitement ne peut être différent de celui d’un jeune de banlieue pour des faits analogues. De plus, le rang social de la personne, (peu importe son pouvoir ou son autorité), ne saurait être, une circonstance tendant à la mettre à l’abri, d’éventuelles poursuites judiciaires. Heureusement que la justice américaine ne fait pas de distinction entre les justiciables, et/ou n’accorde aucune faveur au titre. La présomption d’innocence aussi fondamentale soit elle, ne saurait nullement prévaloir, sur la bonne foi de la (présumée) victime, pour qu’on s’évertue à vouloir occulter ou à minorer les souffrances internes qu’elle endure, et pourrait encore endurer.
Au risque de nous tromper, nous sommes aux antipodes de la position de SJD, puisque, nous n’avons pas la moindre once d’hésitation sur ce que Nafissatou Diallo, prétend avoir subi. Pourquoi DSK aurait-il raison, ou pourquoi sa (présumée) victime aurait-elle menti ? Mais encore, la vérité doit-elle indubitablement « sonner blanche », comme naguère s’interrogea Cheikh Anta Diop, pour qu’il faille mettre au pilori les dires de l’accusatrice, avec sa description circonstanciée des faits ? Et enfin, pourquoi dans une telle situation le bénéfice du doute (de la vérité), ne devrait pas profiter à la (présumée) martyre ?
D’autre part, toutes les personnes qui travaillent, ou utilisent les services d’un hôtel, savent bien que « leurs suites » sont toujours occupées par des personnes fortunées ou puissantes. En pareil cas, des clients mal intentionnés peuvent faire obéir, ou conditionner par leurs directives une « simple » femme de chambre. Même si elle ne savait pas, qui était DSK, dans cette affaire, la « docilité », ou le consentement supposé de Nafissatou Diallo, prend ses racines dans sa crainte à devoir perdre son emploi, si elle refusait de satisfaire, ou de ne pas exécuter les ordres, désirs et exigences dudit client. Aussi, faut-il rappeler que, la peur est un sentiment naturel, et est ressentie avec autant d’acuité, lorsque la personne est en situation vraiment disproportionnée (de dominant et de dominé).
Et de troisième de part, quel juge, ou procureur, pourrait-on convaincre, en lui faisant comprendre que la femme de chambre (Nafissatou Diallo) qui n’a pas fait d’étude, qui parle difficilement l’anglais (pardon l’américain) a cherché à lui extorquer de l’argent. Surtout, au moment où des dépêches révèlent le résultat de certains tests ADN, lesquels feraient état de présence de son liquide séminal de DSK, sur les vêtements de la plaignante. Ou encore, si la relation était librement consentie comme avancée, pourquoi, Nafissatou Diallo resterait-elle en pleure des heures durant, dans le couloir de l’hôtel, alors qu’elle pouvait s’en aller, sans que personne ne soit au courant de leurs « ébats » ? Et enfin, si la relation sexuelle était tarifée, pourquoi Dominique Strauss Khan ne l’a-t-il pas aussitôt révélée à la police ?
Au terme de notre réflexion, nous invitons Nafissatou Diallo, à bien méditer Voltaire qui disait « mon Dieu, gardez-moi des mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! ». Pour le parodier nous dirons à sa place « mon Dieu préservez-la de ses parents (au sens africain du terme), la justice américaine se charge de son présumé violeur ».
Daouda N’DIAYE
Juriste/Analyste politique (France)
*Article dédié à Ndèye Binta Diouf
Nous ne pouvons lui reprocher, sa façon d’appréhender la situation, puisque c’est son droit. Mais, malgré une surabondance d’éléments pour étayer son raisonnement. A mots couverts, il cherche à faire le procès en sorcellerie d’une certaine pratique au sein des communautés immigrées. Pour sortir de la misère africaine, et pour être en règle dans leurs pays de résidence, ou d’adoption, à savoir, avoir des papiers et y (sur)vivre dignement. Nous l’excusons, de sa véritable méconnaissance des réalités que rencontrent, et vivent ces personnes, dans leur statut d’immigré, ou de sans papier, ou de clandestin. (Sans nous étendre, sur ce point, nous vous renvoyons à la lecture du billet d’As Malick Ndiaye intitulé « Affaire DSK : Souleymane Jules DIOP, ne jugez pas l’immigrée »).
Son attitude est symptomatique « d’une nouvelle école, ou d’un nouveau courant de pensée », d’une certaine intelligentsia africaine, qui sous le couvert d’une certaine neutralité, se refuse à prendre quelque fois franchement position, ou la prenne en référence à une hiérarchisation des classes sociales, et, l’affaire DSK en est, la patente illustration. Et pourtant, à juste raison, ils sont souvent, plus enclins à la critique, lorsqu’il est question de dénoncer certaines pratiques sur le continent africain (absence de démocratie, démocratie au rabais, non respect des droits de l’homme, liberté surveillée de la presse, corruption institutionnalisée…). Alors que, même, s’il y a, à dire et à redire par exemple sur nos dirigeants, il faut selon nous, avoir la même rigueur d’exigence en quelque situation.
C’est pourquoi, nous ne comprenons pas, leurs silences, au moment où des intellectuels comme Bernard-Henry Lévy, ou des politiciens comme Jacques Lang, ou des journalistes comme Jean François Khan, se positionnent résolument pour défendre, prendre faits et causes pour Dominique Strauss-Kahn. Mieux encore, dans les déclarations combinées de ces deux derniers (Jacques Lang et Jean-François Kahn), ce qui est arrivé à cette femme de chambre n’est pas si grave, d’où leurs interrogations sur ce tintamarre pour accabler DSK, puisque ce n’était qu’un simple « troussage de domestique », et qu’il n’y a pas eu « mort d’homme ». Avec de telles prises de position sincèrement assumées, pour soutenir un ami, ou un collègue, en pareil cas, les intellectuels, ou les politiciens africains devraient-ils continuer à garder le silence en s’enfermant dans un « ni, ni », ou dans une certaine bienveillante impassibilité ?
Des constats qui précèdent, l’affaire DSK, nous donne l’occasion, de dénoncer une forme insidieuse d’aliénation ou d’aveuglement idéologique, dans laquelle certains intellectuels du continent s’enferment, ou risquent de s’enfermer pour afficher, et/ou montrer « une occidentalité », ou un occidentalisme entre autres, dans la prise de décision, ou de positionnement, et/ou raisonnement, face à des situations. Et qui, à travers une certaine inférence, chercheraient à prouver une appropriation des codes, et des modes de pensées des intellectuels occidentaux surtout français. La liberté de penser, de faire, d’agir ou d’être de chacun n’est nullement discutable, ni discutée, ce qui nous révulse cependant, c’est l’absence d’à-propos. Pourquoi, se mouler à l’identique de ceux-ci, pour en être indéfectiblement les gardiens, et continuateurs de ces façons de penser, ou de réfléchir ?
Pourtant, l’affaire DSK confirme que « pour grands que sont les rois, ils sont ce que nous sommes : ils peuvent se tromper comme tous les autres hommes » (Pierre Corneille). Et, il se déduit dudit principe énoncé, selon nous, qu’un voyou est un voyou, qu’il soit ou non en col blanc, et peu importe son rang dans la société. Donc son traitement ne peut être différent de celui d’un jeune de banlieue pour des faits analogues. De plus, le rang social de la personne, (peu importe son pouvoir ou son autorité), ne saurait être, une circonstance tendant à la mettre à l’abri, d’éventuelles poursuites judiciaires. Heureusement que la justice américaine ne fait pas de distinction entre les justiciables, et/ou n’accorde aucune faveur au titre. La présomption d’innocence aussi fondamentale soit elle, ne saurait nullement prévaloir, sur la bonne foi de la (présumée) victime, pour qu’on s’évertue à vouloir occulter ou à minorer les souffrances internes qu’elle endure, et pourrait encore endurer.
Au risque de nous tromper, nous sommes aux antipodes de la position de SJD, puisque, nous n’avons pas la moindre once d’hésitation sur ce que Nafissatou Diallo, prétend avoir subi. Pourquoi DSK aurait-il raison, ou pourquoi sa (présumée) victime aurait-elle menti ? Mais encore, la vérité doit-elle indubitablement « sonner blanche », comme naguère s’interrogea Cheikh Anta Diop, pour qu’il faille mettre au pilori les dires de l’accusatrice, avec sa description circonstanciée des faits ? Et enfin, pourquoi dans une telle situation le bénéfice du doute (de la vérité), ne devrait pas profiter à la (présumée) martyre ?
D’autre part, toutes les personnes qui travaillent, ou utilisent les services d’un hôtel, savent bien que « leurs suites » sont toujours occupées par des personnes fortunées ou puissantes. En pareil cas, des clients mal intentionnés peuvent faire obéir, ou conditionner par leurs directives une « simple » femme de chambre. Même si elle ne savait pas, qui était DSK, dans cette affaire, la « docilité », ou le consentement supposé de Nafissatou Diallo, prend ses racines dans sa crainte à devoir perdre son emploi, si elle refusait de satisfaire, ou de ne pas exécuter les ordres, désirs et exigences dudit client. Aussi, faut-il rappeler que, la peur est un sentiment naturel, et est ressentie avec autant d’acuité, lorsque la personne est en situation vraiment disproportionnée (de dominant et de dominé).
Et de troisième de part, quel juge, ou procureur, pourrait-on convaincre, en lui faisant comprendre que la femme de chambre (Nafissatou Diallo) qui n’a pas fait d’étude, qui parle difficilement l’anglais (pardon l’américain) a cherché à lui extorquer de l’argent. Surtout, au moment où des dépêches révèlent le résultat de certains tests ADN, lesquels feraient état de présence de son liquide séminal de DSK, sur les vêtements de la plaignante. Ou encore, si la relation était librement consentie comme avancée, pourquoi, Nafissatou Diallo resterait-elle en pleure des heures durant, dans le couloir de l’hôtel, alors qu’elle pouvait s’en aller, sans que personne ne soit au courant de leurs « ébats » ? Et enfin, si la relation sexuelle était tarifée, pourquoi Dominique Strauss Khan ne l’a-t-il pas aussitôt révélée à la police ?
Au terme de notre réflexion, nous invitons Nafissatou Diallo, à bien méditer Voltaire qui disait « mon Dieu, gardez-moi des mes amis. Quant à mes ennemis, je m’en charge ! ». Pour le parodier nous dirons à sa place « mon Dieu préservez-la de ses parents (au sens africain du terme), la justice américaine se charge de son présumé violeur ».
Daouda N’DIAYE
Juriste/Analyste politique (France)
*Article dédié à Ndèye Binta Diouf