leral.net | S'informer en temps réel

Affaire Lamine Diack: La « présomption de culpabilité » ou la compétence universelle de la France sur les Africains : Boubacar Séye

Le procès Lamine Diack soulève plusieurs enseignements dans les relations France-Afrique: la forte dominance de la présomption de culpabilité sur celle de l’innocence.


Rédigé par leral.net le Dimanche 21 Juin 2020 à 16:31 | | 0 commentaire(s)|

Affaire Lamine Diack: La « présomption de culpabilité » ou la compétence universelle de la France sur les Africains : Boubacar Séye
Notre regard se porte d’abord sur la compétence déclarée de la juridiction française sur les africains. Cela veut dire que face à toutes sortes d’accusations, devant toute juridiction française, l’homme noir est présumé coupable quoiqu’il fasse, sans aucune autre considération. Donc nous, noirs, devons perpétuellement et continuellement prouver à tout moment et en tout lieu, notre innocence.

Pourtant, à l’opposé, toute personnalité française même prise en flagrant délit en pays africain, est vite extradée et peu après, les faits rangés aux oubliettes.

C’est ça l’arrogance de la France face à ce que représentent sa diplomatie et sa justice envers les institutions africaines.

La France n’a jamais accepté qu’un de ses nationaux soit trainé dans la boue par les structures africaines.

L’exemple du militaire français qui a été cité dans une rixe aux Almadie, le 16 septembre 2018 et qui bénéficie aujourd’hui d’un éloignement vers son territoire, aux yeux et à la barbe de la justice sénégalaise. Ce fameux soldat est passé par l’aéroport alors qu’il est inculpé.

L’exemple de l’affaire de l’Arche de Noé du temps de Sarkozy où toute une chaîne a été mise en cause dans un processus d’enlèvement d’enfants au Tchad, est démantelée par les autorités locales.

La France par le biais de son président de l’époque, avait tapé du poing sur la table, en jurant d’aller chercher ses compatriotes retenus au Tchad, quoi qu’ils aient fait.

C’est ce que fut fait !!!!

Ces exemples nous montrent à quel point la France méprise nos institutions et cela devrait ouvrir une réflexion au plus haut niveau, pour amener la France à traiter d’égale dignité avec les pays africains.

On est au 21ième siècle, le paternalisme, exacerbé de la France qui se manifeste à travers sa diplomatie et sa justice, doit cesser.

Et pourtant en territoire français, dans pareille affaire de corruption, Michel Platini, un Français qui a certes marqué l’empreinte de son pays à la Coupe du monde de football, a été vite blanchi sur des faits plus que probants.

Aujourd’hui, à travers l’affaire Lamine Diack, qui quoiqu’on puisse dire, a marqué de son empreinte l’IAAF, c’est tout un continent très riche, très convoité, mais de réputation très pauvre, de bas étage, qui va être entaché.

Pourquoi cette justice de deux poids, deux mesures comme si la Justice ne balance que d’un côté, le bon pour la France, le mauvais pour l’Afrique ?

Quel est l’officiel français ou l’entreprise française qui a été, une seule fois, mis en cause devant les juridictions sénégalaises malgré les forfaitures notées ?

Des régimes de Senghor à nos jours, seul le président Wade a eu de temps en temps, le courage de dire non à ses homologues français. Souvent, des émigrés sont tués sans que les Sénégalais ne soient édifiés sur la suite judicaires de ces crimes !

A quand la fin d’une faiblesse diplomatique, pour mettre fin à une justice à deux vitesses ?

L’organisation internationale de défense, d’orientation et d’intégration de migrants, Horizon sans frontières, appelle à la vigilance et au respect de la dignité de l’homme noir.

L’affaire Lamine Diack aurait même mérité un incident diplomatique, vu la façon dont le dossier a été traité par une juridiction d’un pays étranger, bafouant toutes les règles de compétences en matière d’infractions mais aussi de conventions bilatérales.




Boubacar Séye