Son épouse, Mme Viviane Wade, d'origine française, et M. Abdoulaye Faye, député du PDS, ont également été inculpés. Tous trois ont été laissés en liberté.
Me Babacar Seye avait été assassiné par balles le 13 mai dans sa voiture par trois hommes qui circulaient à bord d'un véhicule. Son garde du corps avait été blessé.
L'affaire Babacar Seye: beaucoup de zones d'ombre
L'inculpation de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" de M. Abdoulaye Wade, principal opposant du président Abdou Diouf, souligne les zones d'ombre qui entourent l'assassinat, en mai, du vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal.
Qui a tué Me Babacar Seye et pourquoi ? Cinq mois après le meurtre, aucun mobile n'a été avancé par les enquêteurs alors que l'une des trois personnes qui ont reconnu avoir participé à l'assassinat, s'est rétractée sur les prétendus commanditaires, désignant d'abord M. Wade, puis un dirigeant du Parti socialiste (PS au pouvoir) agissant pour le compte du Premier ministre sénégalais Habib Thiam.
M. Wade, qui avait été interpellé puis relâché le jour de la mort du vice-président du Conseil constitutionnel, n'a cessé de protester de son innocence, accusant le pouvoir de vouloir "éliminer un adversaire politique".
Arrivé second au scrutin présidentiel de février, il réclame un gouvernement d'union nationale et le départ du président Diouf dont l'opposition conteste la réélection.
Le Premier ministre qui avait affirmé, en juin, devant l'Assemblée nationale, que la justice avait les preuves de la culpabilité de M. Wade, n'a jamais été interrogé par les enquêteurs et les magistrats chargés d'instruire l'affaire Seye.
M. Wade, ministre d'Etat du président Diouf d'avril 1991 à août 1992, affirme que son inculpation est "dictée uniquement par un pouvoir aux abois (...) face à la difficile conjoncture politique et sociale".
Quel mobile ?
Les enquêteurs n'ont pas établi pour quels motifs Me Seye qui n'exerçait aucune activité politique, a été assassiné.
Seule hypothèse avancée: il s'agissait de déstabiliser l'Etat et créer le chaos au moment où le Conseil constitutionnel venait de rejeter le recours des partis d'opposition, et d'entériner la réélection du président Diouf.
Le 13 mai, jour de l'assassinat, il lui restait quatre jours pour se prononcer sur les résultats des élections législatives, eux aussi contestés par l'opposition.
A ce jour, cinq personnes ont été inculpées et incarcérées. Trois d'entre elles, connues des services de police, ont avoué avoir été mandatées pour faire peur à Me Seye, non pas pour le tuer.
Les deux autres personnes inculpées sont le député Mody Sy, ancien représentant du PDS en France, et Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade. Tous deux nient être impliqués. Ils seraient notamment accusés d'avoir fourni l'argent pour acheter le véhicule qui a servi à perpétrer le meurtre.
Quel serait alors le rôle de M. Wade, de son épouse et du député PDS Abdoulaye Faye, qui ont été inculpés vendredi de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" et laissés en liberté ?
"Il y a des éléments positifs contre eux. Ils ne pouvaient ignorer qu'un attentat se préparait", disent les enquêteurs.
"Faux. Le dossier est vide", rétorquent leurs avocats en soulignant que l'inculpation de M. Wade résulte de leur requête en annulation de la procédure. Celle-ci demandait à la chambre d'accusation comment on pouvait ne pas inculper M. Wade et sa femme et garder en détention MM. Sy et Sarr puisque tous les quatre sont accusés par les mêmes prévenus.
Me Babacar Seye avait été assassiné par balles le 13 mai dans sa voiture par trois hommes qui circulaient à bord d'un véhicule. Son garde du corps avait été blessé.
L'affaire Babacar Seye: beaucoup de zones d'ombre
L'inculpation de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" de M. Abdoulaye Wade, principal opposant du président Abdou Diouf, souligne les zones d'ombre qui entourent l'assassinat, en mai, du vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal.
Qui a tué Me Babacar Seye et pourquoi ? Cinq mois après le meurtre, aucun mobile n'a été avancé par les enquêteurs alors que l'une des trois personnes qui ont reconnu avoir participé à l'assassinat, s'est rétractée sur les prétendus commanditaires, désignant d'abord M. Wade, puis un dirigeant du Parti socialiste (PS au pouvoir) agissant pour le compte du Premier ministre sénégalais Habib Thiam.
M. Wade, qui avait été interpellé puis relâché le jour de la mort du vice-président du Conseil constitutionnel, n'a cessé de protester de son innocence, accusant le pouvoir de vouloir "éliminer un adversaire politique".
Arrivé second au scrutin présidentiel de février, il réclame un gouvernement d'union nationale et le départ du président Diouf dont l'opposition conteste la réélection.
Le Premier ministre qui avait affirmé, en juin, devant l'Assemblée nationale, que la justice avait les preuves de la culpabilité de M. Wade, n'a jamais été interrogé par les enquêteurs et les magistrats chargés d'instruire l'affaire Seye.
M. Wade, ministre d'Etat du président Diouf d'avril 1991 à août 1992, affirme que son inculpation est "dictée uniquement par un pouvoir aux abois (...) face à la difficile conjoncture politique et sociale".
Quel mobile ?
Les enquêteurs n'ont pas établi pour quels motifs Me Seye qui n'exerçait aucune activité politique, a été assassiné.
Seule hypothèse avancée: il s'agissait de déstabiliser l'Etat et créer le chaos au moment où le Conseil constitutionnel venait de rejeter le recours des partis d'opposition, et d'entériner la réélection du président Diouf.
Le 13 mai, jour de l'assassinat, il lui restait quatre jours pour se prononcer sur les résultats des élections législatives, eux aussi contestés par l'opposition.
A ce jour, cinq personnes ont été inculpées et incarcérées. Trois d'entre elles, connues des services de police, ont avoué avoir été mandatées pour faire peur à Me Seye, non pas pour le tuer.
Les deux autres personnes inculpées sont le député Mody Sy, ancien représentant du PDS en France, et Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade. Tous deux nient être impliqués. Ils seraient notamment accusés d'avoir fourni l'argent pour acheter le véhicule qui a servi à perpétrer le meurtre.
Quel serait alors le rôle de M. Wade, de son épouse et du député PDS Abdoulaye Faye, qui ont été inculpés vendredi de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" et laissés en liberté ?
"Il y a des éléments positifs contre eux. Ils ne pouvaient ignorer qu'un attentat se préparait", disent les enquêteurs.
"Faux. Le dossier est vide", rétorquent leurs avocats en soulignant que l'inculpation de M. Wade résulte de leur requête en annulation de la procédure. Celle-ci demandait à la chambre d'accusation comment on pouvait ne pas inculper M. Wade et sa femme et garder en détention MM. Sy et Sarr puisque tous les quatre sont accusés par les mêmes prévenus.
Afrique-Express N° 17 Jeudi 14 octobre 1993
Assassinat Me Seye
Inculpation d'un député de l'opposition
L'avocat Ousmane Ngom, député du Parti démocratique sénégalais (PDS - opposition), a été inculpé de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" dans le cadre de l'enquête sur le meurtre du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Seye, le 13 mai dernier.
M. Abdoulaye Wade, secrétaire général du PDS et principal opposant du président Abdou Diouf, son épouse et le député PDS Abdoulaye Faye avaient également été inculpés .
Tous ont nié être impliqués dans l'assassinat. Ils ont été laissés en liberté.
M. Wade, ministre d'Etat d'avril 1991 à août 1992, a avait affirmé qu'il s'agissait d'une "machination" contre lui et le PDS ourdie par "un pouvoir aux abois".
Cinq personnes sont détenues dans le cadre de cette affaire. Trois d'entre elles, connues des services de police, ont reconnu leur participation à l'attentat. En revanche, MM. Mody Sy, député du PDS, et Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade, nient leur implication.
Assassinat Me Seye
Inculpation d'un député de l'opposition
L'avocat Ousmane Ngom, député du Parti démocratique sénégalais (PDS - opposition), a été inculpé de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat" dans le cadre de l'enquête sur le meurtre du vice-président du Conseil constitutionnel, Me Babacar Seye, le 13 mai dernier.
M. Abdoulaye Wade, secrétaire général du PDS et principal opposant du président Abdou Diouf, son épouse et le député PDS Abdoulaye Faye avaient également été inculpés .
Tous ont nié être impliqués dans l'assassinat. Ils ont été laissés en liberté.
M. Wade, ministre d'Etat d'avril 1991 à août 1992, a avait affirmé qu'il s'agissait d'une "machination" contre lui et le PDS ourdie par "un pouvoir aux abois".
Cinq personnes sont détenues dans le cadre de cette affaire. Trois d'entre elles, connues des services de police, ont reconnu leur participation à l'attentat. En revanche, MM. Mody Sy, député du PDS, et Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade, nient leur implication.
Afrique-Express N° 18 Jeudi 21 octobre 1993
Islam et affaire Seye
Interpellation d'un dirigeant musulman
Le guide moral de la jeunesse islamique de la Confrérie des Tidjanes, la plus importante numériquement au Sénégal, Cheikh Moustapha Sy, a été interpellé samedi à Dakar par la police.
M. Sy, qui était toujours en garde à vue dimanche, a été interpellé par des éléments de la Division des investigations criminelles pour être interrogé pour des propos qu'il a tenus récemment à Dakar lors d'une réunion publique du principal parti d'opposition, le Parti démocratique sénégalais (PDS) de M. Abdoulaye Wade, qu'il soutient et en faveur duquel il a fait campagne durant les élections présidentielle et législatives de février dernier au Sénégal.
Il y a huit jours, M. Sy avait notamment déclaré au cours de cette réunion publique qu'il "savait où, quand, comment et par qui" l'ancien vice-président du Conseil constitutionnel sénégalais, Me Babacar Sèye, avait été tué et qu'il détenait à ce sujet des "preuves et des documents".
Me Sèye avait été tué par balles en mai dernier et plusieurs personnes, auteurs ou commanditaires présumés proches du PDS, avaient été arrêtées et inculpées dans cette affaire. Début octobre, M. Abdoulaye Wade et son épouse Viviane ainsi que deux autres députés de son parti ont été à leur tour inculpés de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat", mais ont été laissés en liberté.
M. Sy avait d'autre part déclaré au cours de ce meeting qu'il "pouvait tuer le chef de l'Etat sénégalais, M. Abdou Diouf, mais que cela ne l'intéressait pas" et que le "pouvoir est dans la rue au Sénégal".
Dans un communiqué remis à la presse à Dakar, le PDS a dénoncé l'arrestation de M. Sy et exigé sa "libération immédiate et sans condition".
Islam et affaire Seye
Interpellation d'un dirigeant musulman
Le guide moral de la jeunesse islamique de la Confrérie des Tidjanes, la plus importante numériquement au Sénégal, Cheikh Moustapha Sy, a été interpellé samedi à Dakar par la police.
M. Sy, qui était toujours en garde à vue dimanche, a été interpellé par des éléments de la Division des investigations criminelles pour être interrogé pour des propos qu'il a tenus récemment à Dakar lors d'une réunion publique du principal parti d'opposition, le Parti démocratique sénégalais (PDS) de M. Abdoulaye Wade, qu'il soutient et en faveur duquel il a fait campagne durant les élections présidentielle et législatives de février dernier au Sénégal.
Il y a huit jours, M. Sy avait notamment déclaré au cours de cette réunion publique qu'il "savait où, quand, comment et par qui" l'ancien vice-président du Conseil constitutionnel sénégalais, Me Babacar Sèye, avait été tué et qu'il détenait à ce sujet des "preuves et des documents".
Me Sèye avait été tué par balles en mai dernier et plusieurs personnes, auteurs ou commanditaires présumés proches du PDS, avaient été arrêtées et inculpées dans cette affaire. Début octobre, M. Abdoulaye Wade et son épouse Viviane ainsi que deux autres députés de son parti ont été à leur tour inculpés de "complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'Etat", mais ont été laissés en liberté.
M. Sy avait d'autre part déclaré au cours de ce meeting qu'il "pouvait tuer le chef de l'Etat sénégalais, M. Abdou Diouf, mais que cela ne l'intéressait pas" et que le "pouvoir est dans la rue au Sénégal".
Dans un communiqué remis à la presse à Dakar, le PDS a dénoncé l'arrestation de M. Sy et exigé sa "libération immédiate et sans condition".
Afrique-Express N° 21 Jeudi 11 novembre 1993
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Assassinat de Babacar Seye
Le mystère reste entier
Qui a tué Me Babacar Seye ? Pourquoi ? Un an après la mort, le 15 mai 1993, du vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal, le mystère reste entier sur les mobiles d'un meurtre qui a abouti à l'inculpation de "complicité d'assassinat" d'Abdoulaye Wade.
La chambre d'accusation de la Cour d'appel de Dakar, chargée de se prononcer sur le renvoi en Cour d'assises des personnes inculpées vient seulement de mettre l'affaire en délibéré au 11 juin.
La chambre d'accusation qui a siégé à huis clos mardi 17, n'a pas rendu publiques les motivations de sa décision.
M. Abdoulaye Wade, le principal opposant à Abdou Diouf, son épouse, Viviane Wade, et deux députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) sont inculpés de "complicité d'assassinat" dans cette affaire, mais ont été laissés en liberté.
Un autre député, M. Mody Sy, ancien représentant du PDS en France, et M. Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade, également inculpés de "complicité d'assassinat", sont incarcérés.
A ce jour, trois Sénégalais, connus des services de police, ont avoué leur participation à l'assassinat, mais nient avoir tiré sur Me Seye.
Le meurtre de Me Seye était intervenu au moment où le Conseil constitutionnel venait d'entériner la réélection du président Diouf à la tête de l'Etat -- avec 58,40 % des suffrages contre 32,03 % à M. Wade -- élection contestée par l'opposition qui réclamait un second tour.
Le Conseil constitutionnel devait aussi, au moment des faits, se prononcer sur les résultats des législatives du 9 mai, également remis en question par l'opposition qui accusait, comme pour le scrutin présidentiel, le Parti socialiste (PS - au pouvoir) d'avoir fraudé.
Il les avait entérinés quelques jours après le meurtre, confirmant le succès du PS avec 84 des 120 sièges de députés et 27 au PDS.
M. Wade, ministre d'Etat d'avril 1991 à août 1992, interpellé puis relâché le lendemain de l'assassinat, n'a cessé de protester de son innocence, accusant le pouvoir de vouloir "éliminer un adversaire politique". Il avait mis publiquement en cause la "probité" des membres du Conseil constitutionnel.
Cledor Sene a, dans un premier temps, accusé M. Wade d'être le commanditaire du crime avant de se rétracter et de désigner un responsable du PS qui, selon lui, était mandaté par le Premier ministre Habib Thiam.
Ce dernier avait affirmé un mois après le meurtre que la justice avait les preuves de la culpabilité de M. Wade, mais il n'a pas été interrogé par les enquêteurs et les magistrats chargés d'instruire l'affaire Seye.
Quel aurait pu être le rôle de M. Wade, de son épouse et des autres députés PDS ? "Il y a des éléments positifs contre eux. Ils ne pouvaient pas ignorer qu'un attentat se préparait", disent les enquêteurs.
"Faux. Le dossier est vide", rétorquent leurs avocats en soulignant que leur inculpation résulte de la requête en annulation de la procédure qu'ils ont engagée. Leurs défenseurs font également valoir que M. Wade et sa femme ne sont pas incarcérés, contrairement à MM. Sy et Saar, alors que tous ont été accusés par Cledor Sene.
Si M. Wade est en prison depuis le 24 février, ce n’est qu’en raison son inculpation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" dans le cadre des émeutes qui avaient entraîné la mort de huit personnes, dont sept policiers, dans les rues de Dakar.
A ce jour donc, seul trois Sénégalais, connus des services de police, ont avoué leur participation à l'assassinat, mais nient avoir tiré sur Me Seye. L'un d'eux, Cledor Sene, ancien garde du corps d'un dirigeant du PDS, avait été condamné pour incendies volontaires en 1988, au lendemain des résultats de la précédente élection présidentielle qui avait déjà entraîné l'arrestation de dirigeants de l'opposition, dont M. Wade.
Afrique-Express N° 50 Jeudi 02 juin 1994
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Assassinat de Babacar Seye
Le mystère reste entier
Qui a tué Me Babacar Seye ? Pourquoi ? Un an après la mort, le 15 mai 1993, du vice-président du Conseil constitutionnel du Sénégal, le mystère reste entier sur les mobiles d'un meurtre qui a abouti à l'inculpation de "complicité d'assassinat" d'Abdoulaye Wade.
La chambre d'accusation de la Cour d'appel de Dakar, chargée de se prononcer sur le renvoi en Cour d'assises des personnes inculpées vient seulement de mettre l'affaire en délibéré au 11 juin.
La chambre d'accusation qui a siégé à huis clos mardi 17, n'a pas rendu publiques les motivations de sa décision.
M. Abdoulaye Wade, le principal opposant à Abdou Diouf, son épouse, Viviane Wade, et deux députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) sont inculpés de "complicité d'assassinat" dans cette affaire, mais ont été laissés en liberté.
Un autre député, M. Mody Sy, ancien représentant du PDS en France, et M. Samuel Sarr, conseiller financier de M. Wade, également inculpés de "complicité d'assassinat", sont incarcérés.
A ce jour, trois Sénégalais, connus des services de police, ont avoué leur participation à l'assassinat, mais nient avoir tiré sur Me Seye.
Le meurtre de Me Seye était intervenu au moment où le Conseil constitutionnel venait d'entériner la réélection du président Diouf à la tête de l'Etat -- avec 58,40 % des suffrages contre 32,03 % à M. Wade -- élection contestée par l'opposition qui réclamait un second tour.
Le Conseil constitutionnel devait aussi, au moment des faits, se prononcer sur les résultats des législatives du 9 mai, également remis en question par l'opposition qui accusait, comme pour le scrutin présidentiel, le Parti socialiste (PS - au pouvoir) d'avoir fraudé.
Il les avait entérinés quelques jours après le meurtre, confirmant le succès du PS avec 84 des 120 sièges de députés et 27 au PDS.
M. Wade, ministre d'Etat d'avril 1991 à août 1992, interpellé puis relâché le lendemain de l'assassinat, n'a cessé de protester de son innocence, accusant le pouvoir de vouloir "éliminer un adversaire politique". Il avait mis publiquement en cause la "probité" des membres du Conseil constitutionnel.
Cledor Sene a, dans un premier temps, accusé M. Wade d'être le commanditaire du crime avant de se rétracter et de désigner un responsable du PS qui, selon lui, était mandaté par le Premier ministre Habib Thiam.
Ce dernier avait affirmé un mois après le meurtre que la justice avait les preuves de la culpabilité de M. Wade, mais il n'a pas été interrogé par les enquêteurs et les magistrats chargés d'instruire l'affaire Seye.
Quel aurait pu être le rôle de M. Wade, de son épouse et des autres députés PDS ? "Il y a des éléments positifs contre eux. Ils ne pouvaient pas ignorer qu'un attentat se préparait", disent les enquêteurs.
"Faux. Le dossier est vide", rétorquent leurs avocats en soulignant que leur inculpation résulte de la requête en annulation de la procédure qu'ils ont engagée. Leurs défenseurs font également valoir que M. Wade et sa femme ne sont pas incarcérés, contrairement à MM. Sy et Saar, alors que tous ont été accusés par Cledor Sene.
Si M. Wade est en prison depuis le 24 février, ce n’est qu’en raison son inculpation pour "atteinte à la sûreté de l'Etat" dans le cadre des émeutes qui avaient entraîné la mort de huit personnes, dont sept policiers, dans les rues de Dakar.
A ce jour donc, seul trois Sénégalais, connus des services de police, ont avoué leur participation à l'assassinat, mais nient avoir tiré sur Me Seye. L'un d'eux, Cledor Sene, ancien garde du corps d'un dirigeant du PDS, avait été condamné pour incendies volontaires en 1988, au lendemain des résultats de la précédente élection présidentielle qui avait déjà entraîné l'arrestation de dirigeants de l'opposition, dont M. Wade.
Afrique-Express N° 50 Jeudi 02 juin 1994