Trois juges d’instruction en charge de l’affaire Merah cherchent à mettre au jour d’éventuels dysfonctionnements des services de renseignement français. Selon des sources judiciaires anonymes, ils auraient demandé, ce mercredi 6 juin, la déclassification des notes et des documents récoltés par la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) au sujet de Mohamed Merah, l'auteur des meurtres de trois militaires à Toulouse et à Montauban et de la tuerie devant un établissement scolaire juif de la Ville rose, en mars dernier.
Mardi, les juges ont reçu pendant trois heures les familles des quatre personnes - trois enfants et un enseignant - tuées devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse ainsi qu’un adolescent grièvement blessé au cours de l’attaque. Les magistrats estiment pour l’heure n’en être qu’au début de leurs investigations mais ont promis que toute la lumière serait faite sur d’éventuelles complicités et sur les raisons pour lesquelles la police n’a pas su mettre hors d'état de nuire le jeune homme, pourtant surveillé par les services de renseignement.
Les ratés des services
Au lendemain de l’assaut mené contre Mohamed Merah, les services de renseignement avaient été la cible de violentes critiques. Comment l’individu, connu de la police, a-t-il pu commettre ces actes ? Pourquoi, dans ce contexte, les forces de l'ordre ont-elles mis dix jours à l’identifier ? Deux mois et demi après les drames, deux journalistes de l’Express, Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut, s’apprêtent à publier, à la mi-juin, un livre sobrement intitulé "Affaire Merah. L’enquête" (editions Michel Lafon) mettant en cause l’organisation des services de renseignement français. Pour l’hebdomadaire, qui en a publié des extraits dans son édition parue ce mercredi, "Mohamed Merah aurait pu, Mohamed Merah aurait dû être arrêté avant les meurtres".
Et le magazine d’énumérer ce qui, dans le parcours du terroriste, aurait dû alerter davantage les services de renseignement français. "Il est fiché au terrorisme et ses déplacements et agissements sont notés et rapportés d’octobre 2006 à mars 2010. En bref, il cesse d’être surveillé quand il commence vraiment à être dangereux", estime l’Express dans son article commentant le livre de ses deux journalistes. Mohamed Merah, à son retour du Pakistan en novembre 2011, est également auditionné par un brigadier considéré comme aguerri appartenant à la Direction régionale du renseignement à Toulouse. Pourtant, le jeune homme ressort libre de cet entretien, sans être de nouveau l’objet d’une surveillance particulière. Dans la nuit du 21 mars, alors qu’il est cerné par la police, Merah demande à parler avec le brigadier qui l’a entendu quelques mois plus tôt. "Tu n’as rien vu venir, hein ? T’as vraiment pensé que j’allais faire du tourisme au Pakistan ?", le nargue-t-il.
Une ultime attaque "laborieuse"
"Le poisson passe entre les mailles du filet" de la police, résume l’Express, qui écarte l'hypothèse d'une complicité policière. Alors, comment expliquer un tel ratage ? "Au fil des pages [du livre "Affaire Merah. L’enquête", NDLR], on a l’impression que tous les agents de tous les services font leur travail mais que cela mène le renseignement français à être toujours en retard sur le tueur, à le sous-estimer, à trop écouter la voix de la paperasse et pas assez les murmures de l’intuition", estime l’hebdomadaire, qui en conclut : "C’est l’organisation policière qui est en cause dans le suivi raté du cas Merah, tout comme elle l’est pour l’interminable assaut de la rue Sergent-Vigné."
L’assaut, qui a duré plus de 30 heures entre le 21 et le 22 mars, s’est soldé par la mort de Mohamed Merah, abattu par les forces de police alors qu’il sautait par la fenêtre de son appartement. Dès les premières minutes de l’assaut, l’homme, lourdement armé, a blessé deux membres des forces spéciales en tirant à travers la porte. "Il est surprenant, au vu des moyens déployés, que le Raid se soit fait cueillir à sa première tentative d’ouverture de porte. Il est stupéfiant que l’ultime attaque ait été aussi laborieuse et n’ait pas permis d’attraper Merah vivant", commente l’Express. Dès lors, les victimes et leurs familles devront se contenter de témoignages indirects et d’éléments biographiques de Mohamed Merah pour comprendre les crimes. Un fou de Dieu, un islamiste parti apprendre l’art du terrorisme en Afghanistan et au Pakistan. "Je suis le messager d’Allah et je soutiens al-Qaïda !", a lâché le tueur, selon des propos rapportés par les journalistes Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut. Mais jamais Merah ne sera jugé ou entendu par un juge. D’où la difficulté de l’enquête entamée par les juges d’instruction en charge de l’affaire…
Le ministre de l’Intérieur, Emmanuel Valls, a lui aussi demandé une enquête sur les services de renseignement. Dans un entretien au quotidien Le Parisien paru lundi 4 juin, il a estimé : "Dès lors qu'un homme, peut-être seul, a pu commettre de tels crimes, nous sommes face à un échec : l'État n'a pas su ou pas pu protéger des Français". "Il s'agit d'en comprendre les raisons, ajoute le ministre. J'ai chargé la Direction générale de la police nationale (DGPN) et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de me fournir une étude très complète sur ce qui a dysfonctionné dans cette affaire". Et Manuel Valls de conclure : "Il y aura nécessairement une réforme des services de police au sein de la préfecture de Paris".
SOURCE:France24
Mardi, les juges ont reçu pendant trois heures les familles des quatre personnes - trois enfants et un enseignant - tuées devant l’école Ozar Hatorah de Toulouse ainsi qu’un adolescent grièvement blessé au cours de l’attaque. Les magistrats estiment pour l’heure n’en être qu’au début de leurs investigations mais ont promis que toute la lumière serait faite sur d’éventuelles complicités et sur les raisons pour lesquelles la police n’a pas su mettre hors d'état de nuire le jeune homme, pourtant surveillé par les services de renseignement.
Les ratés des services
Au lendemain de l’assaut mené contre Mohamed Merah, les services de renseignement avaient été la cible de violentes critiques. Comment l’individu, connu de la police, a-t-il pu commettre ces actes ? Pourquoi, dans ce contexte, les forces de l'ordre ont-elles mis dix jours à l’identifier ? Deux mois et demi après les drames, deux journalistes de l’Express, Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut, s’apprêtent à publier, à la mi-juin, un livre sobrement intitulé "Affaire Merah. L’enquête" (editions Michel Lafon) mettant en cause l’organisation des services de renseignement français. Pour l’hebdomadaire, qui en a publié des extraits dans son édition parue ce mercredi, "Mohamed Merah aurait pu, Mohamed Merah aurait dû être arrêté avant les meurtres".
Et le magazine d’énumérer ce qui, dans le parcours du terroriste, aurait dû alerter davantage les services de renseignement français. "Il est fiché au terrorisme et ses déplacements et agissements sont notés et rapportés d’octobre 2006 à mars 2010. En bref, il cesse d’être surveillé quand il commence vraiment à être dangereux", estime l’Express dans son article commentant le livre de ses deux journalistes. Mohamed Merah, à son retour du Pakistan en novembre 2011, est également auditionné par un brigadier considéré comme aguerri appartenant à la Direction régionale du renseignement à Toulouse. Pourtant, le jeune homme ressort libre de cet entretien, sans être de nouveau l’objet d’une surveillance particulière. Dans la nuit du 21 mars, alors qu’il est cerné par la police, Merah demande à parler avec le brigadier qui l’a entendu quelques mois plus tôt. "Tu n’as rien vu venir, hein ? T’as vraiment pensé que j’allais faire du tourisme au Pakistan ?", le nargue-t-il.
Une ultime attaque "laborieuse"
"Le poisson passe entre les mailles du filet" de la police, résume l’Express, qui écarte l'hypothèse d'une complicité policière. Alors, comment expliquer un tel ratage ? "Au fil des pages [du livre "Affaire Merah. L’enquête", NDLR], on a l’impression que tous les agents de tous les services font leur travail mais que cela mène le renseignement français à être toujours en retard sur le tueur, à le sous-estimer, à trop écouter la voix de la paperasse et pas assez les murmures de l’intuition", estime l’hebdomadaire, qui en conclut : "C’est l’organisation policière qui est en cause dans le suivi raté du cas Merah, tout comme elle l’est pour l’interminable assaut de la rue Sergent-Vigné."
L’assaut, qui a duré plus de 30 heures entre le 21 et le 22 mars, s’est soldé par la mort de Mohamed Merah, abattu par les forces de police alors qu’il sautait par la fenêtre de son appartement. Dès les premières minutes de l’assaut, l’homme, lourdement armé, a blessé deux membres des forces spéciales en tirant à travers la porte. "Il est surprenant, au vu des moyens déployés, que le Raid se soit fait cueillir à sa première tentative d’ouverture de porte. Il est stupéfiant que l’ultime attaque ait été aussi laborieuse et n’ait pas permis d’attraper Merah vivant", commente l’Express. Dès lors, les victimes et leurs familles devront se contenter de témoignages indirects et d’éléments biographiques de Mohamed Merah pour comprendre les crimes. Un fou de Dieu, un islamiste parti apprendre l’art du terrorisme en Afghanistan et au Pakistan. "Je suis le messager d’Allah et je soutiens al-Qaïda !", a lâché le tueur, selon des propos rapportés par les journalistes Éric Pelletier et Jean-Marie Pontaut. Mais jamais Merah ne sera jugé ou entendu par un juge. D’où la difficulté de l’enquête entamée par les juges d’instruction en charge de l’affaire…
Le ministre de l’Intérieur, Emmanuel Valls, a lui aussi demandé une enquête sur les services de renseignement. Dans un entretien au quotidien Le Parisien paru lundi 4 juin, il a estimé : "Dès lors qu'un homme, peut-être seul, a pu commettre de tels crimes, nous sommes face à un échec : l'État n'a pas su ou pas pu protéger des Français". "Il s'agit d'en comprendre les raisons, ajoute le ministre. J'ai chargé la Direction générale de la police nationale (DGPN) et la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de me fournir une étude très complète sur ce qui a dysfonctionné dans cette affaire". Et Manuel Valls de conclure : "Il y aura nécessairement une réforme des services de police au sein de la préfecture de Paris".
SOURCE:France24