Quand l'intervention en Afghanistan a débuté, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, le but des Américains était d'éradiquer al-Qaida et de chasser les talibans du pouvoir. Au-delà, il s'agissait aussi de faire pousser dans ce pays si éloigné de la modernité les germes d'une culture démocratique. De Washington à Paris, on imaginait même que les femmes afghanes allaient pouvoir retrouver une certaine liberté en ôtant leurs burqas et en envoyant leurs filles à l'école. Onze ans plus tard, les ambitions ont été réduites à leur plus simple expression: quitter l'Afghanistan débarrassé d'al-Qaida la tête haute, en bon ordre, en espérant que les forces locales freineront le retour des talibans.
Il n'est pourtant pas certain que ces objectifs, même revus à la baisse, soient tenus. Dans une interview au site Defense news, le général américain John Campbell a prévenu que le retrait des 90.000 soldats américains d'ici à la fin 2014 allait être «très difficile et très différent de l'Irak», parce que le niveau de violence n'y est pas le même. En Irak, la situation était à peu près stabilisée au moment du retrait des troupes, en 2011. Pendant l'été, la fermeture de petites bases et le transfert des premiers équipements aux forces afghanes s'est fait alors que les combats se poursuivaient entre la coalition et les insurgés. «Il est très délicat de se retirer d'un pays en menant de front des opérations de combat», affirme le général Campbell.
La recrudescence des «attaques de l'intérieur», perpétrées par des soldats ou des policiers afghans contre les troupes de la coalition qui les forment, alimente encore l'inquiétude. Pilier de la nouvelle stratégie de l'Otan en Afghanistan, les forces locales sont censées reprendre le contrôle du pays aux soldats étrangers. Elles doivent aussi participer à la sécurisation du départ des troupes. Mais les nouvelles sont mauvaises. Depuis janvier, 51 militaires de l'Otan ont été tués par des soldats ou des policiers afghans, dont six le week-end dernier. Selon le général américain John Allen, commandant de l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, 25 % des «attaques de l'intérieur» sont désormais perpétrées par des talibans, qui tentent de perturber le bon déroulement de la transition.
Moins regardants sur les recrues
Les États-Unis ont provisoirement suspendu l'entraînement d'une partie de la police afghane, le temps de vérifier les identités des nouvelles recrues. Face à l'impasse militaire, les Américains avaient accéléré la formation des forces locales, quitte à être moins regardants sur le passé et la personnalité des candidats. Début septembre, des centaines de soldats ont été arrêtés ou expulsés de l'armée afghane. Mais le renforcement des mesures de sécurité risque aujourd'hui de freiner la croissance de l'appareil de sécurité. Celui-là même qui est jugé indispensable pour assurer le transfert des responsabilités et le succès du retrait. Dernière mauvaise nouvelle: le ministre de la Défense de Grande-Bretagne, Philip Hammond, a annoncé que Londres pourrait accélérer son retrait d'Afghanistan, prévu fin 2014.
Par Isabelle Lasserre
Il n'est pourtant pas certain que ces objectifs, même revus à la baisse, soient tenus. Dans une interview au site Defense news, le général américain John Campbell a prévenu que le retrait des 90.000 soldats américains d'ici à la fin 2014 allait être «très difficile et très différent de l'Irak», parce que le niveau de violence n'y est pas le même. En Irak, la situation était à peu près stabilisée au moment du retrait des troupes, en 2011. Pendant l'été, la fermeture de petites bases et le transfert des premiers équipements aux forces afghanes s'est fait alors que les combats se poursuivaient entre la coalition et les insurgés. «Il est très délicat de se retirer d'un pays en menant de front des opérations de combat», affirme le général Campbell.
La recrudescence des «attaques de l'intérieur», perpétrées par des soldats ou des policiers afghans contre les troupes de la coalition qui les forment, alimente encore l'inquiétude. Pilier de la nouvelle stratégie de l'Otan en Afghanistan, les forces locales sont censées reprendre le contrôle du pays aux soldats étrangers. Elles doivent aussi participer à la sécurisation du départ des troupes. Mais les nouvelles sont mauvaises. Depuis janvier, 51 militaires de l'Otan ont été tués par des soldats ou des policiers afghans, dont six le week-end dernier. Selon le général américain John Allen, commandant de l'Isaf, la force de l'Otan en Afghanistan, 25 % des «attaques de l'intérieur» sont désormais perpétrées par des talibans, qui tentent de perturber le bon déroulement de la transition.
Moins regardants sur les recrues
Les États-Unis ont provisoirement suspendu l'entraînement d'une partie de la police afghane, le temps de vérifier les identités des nouvelles recrues. Face à l'impasse militaire, les Américains avaient accéléré la formation des forces locales, quitte à être moins regardants sur le passé et la personnalité des candidats. Début septembre, des centaines de soldats ont été arrêtés ou expulsés de l'armée afghane. Mais le renforcement des mesures de sécurité risque aujourd'hui de freiner la croissance de l'appareil de sécurité. Celui-là même qui est jugé indispensable pour assurer le transfert des responsabilités et le succès du retrait. Dernière mauvaise nouvelle: le ministre de la Défense de Grande-Bretagne, Philip Hammond, a annoncé que Londres pourrait accélérer son retrait d'Afghanistan, prévu fin 2014.
Par Isabelle Lasserre