Hamid Karzaï veut venir à bout des ennemis qui se cachent dans les rangs des forces de sécurité afghanes. Le président afghan a appelé mercredi soir à une réunion du Conseil national de sécurité afghan pour mettre fin aux attaques dites «green on blue» (vert sur bleu) au cours desquelles des policiers ou soldats afghans retournent leurs armes contre des membres de la coalition.
Le chef d'état-major de l'Armée nationale afghane (ANA), le général Sher Mohammad Karimi, avait déjà annoncé lundi la mise en place d'une série de mesures. Plusieurs douzaines d'agents de renseignements ont été déployés sur les bases et postes de police à travers le pays pour identifier les éléments dangereux. En outre, les nouvelles recrues auront bientôt l'interdiction d'utiliser des téléphones portables. Les échanges téléphoniques des soldats et policiers seront écoutés afin de limiter leurs contacts éventuels avec les insurgés. Selon Najib Nectzad, un porte-parole du ministère de l'Intérieur afghan, une commission réunissant des représentants des ministères de l'Intérieur et de la Défense, des services de renseignements et de l'Otan va être mise en place «pour prendre les mesures nécessaires et coordonner nos efforts». Les attaques dites «green on blue» ont pris des proportions alarmantes. Au moins 40 soldats de la coalition en sont morts depuis le début de l'année, y compris les quatre soldats français tués par un soldat afghan le 20 janvier dernier en Kapissa. Au sein des forces américaines, le bilan s'élève à 10 % des pertes totales depuis le début 2012. Et le phénomène s'accélère: neuf soldats américains en ont été victimes depuis le début du mois d'août. Le 10 août, six marines américains ont trouvé la mort dans deux attaques séparées, l'une perpétrée par un membre de la police locale, l'autre par un Afghan de 15 ans qui fréquentait leur base. Deux autres marines ont été abattus vendredi dernier dans la province de Farah. Et lundi, un soldat américain a été tué par un insurgé qui avait revêtu l'uniforme et s'était mêlé aux policiers afghans.
La multiplication des «anges gardiens»
Le chef d'état-major des armées américaines, le général Martin Dempsey, ainsi que le général James Mattis, chef des opérations militaires américaines dans la région, ont effectué une visite à Kaboul lundi pour discuter du problème. Parmi les causes de ces attaques, l'infiltration des talibans au sein des forces de sécurité est la plus alarmante. Interrogé au téléphone par Le Figaro, le porte-parole des talibans évoque une nouvelle stratégie: «Tous les ans nous étudions les rapports de l'Otan, explique Zabihullah Mujahid. L'année dernière, les attaques par infiltration se sont révélées être précises et un moyen efficace de tuer l'ennemi. Nous avons donc décidé d'inscrire cette tactique à notre agenda d'al-Farouk», le nom donné par les talibans à leurs opérations militaires en 2012.
Toutes les attaques dites «green on blue» ne sont pas le fait des talibans. Les raisons qui poussent des soldats ou policiers afghans à retourner leur veste seraient multiples, selon Najib Nectzad. «Nombre d'entre eux ont des problèmes mentaux qui les poussent à retourner leurs armes contre les alliés. Certaines attaques sont aussi provoquées par des disputes.» Cependant les talibans ont clairement identifié une faille dans les services d'ordre afghans: un recrutement à tour de bras en vue d'atteindre les 352 000 membres des forces de sécurité afghanes requis pour la période de transition. Une course en avant qui laisse peu de temps à la vérification des antécédents des nouvelles recrues. Pour l'Otan, ces attaques menacent la stratégie de transition, donc de sortie, qui consiste à faire travailler les soldats étrangers et afghans «shona ba shona», épaule contre épaule. Les responsables occidentaux tendent donc à minimiser la portée des attaques. La semaine dernière, l'Otan a décidé de ne plus employer l'expression militaire «green on blue». Les communiqués de l'Isaf, le bras armé de l'Otan, font désormais références aux «insider attacks», des attaques de l'intérieur. En pratique, la coalition ne prend pas la menace à la légère. La semaine dernière, l'Isaf a renforcé la sécurité sur ses bases. Les soldats alliés doivent désormais porter leurs armes à tout moment, et chargées. Selon Amy Hession, officier de presse de l'Isaf, «cela peut faire gagner 3 ou 4 secondes dans l'urgence». De son côté, l'armée américaine va augmenter le nombre d'«anges gardiens» dans ses rangs. Ces soldats ont pour seule responsabilité de protéger leurs frères d'armes contre des menaces intérieures.
Du côté français, les mesures spécifiques prises après le meurtre des quatre soldats en Kapissa pendant une séance de sport sont toujours appliquées. Entre autres, tous les soldats français doivent être armés pendant leurs séances d'exercice physique.
Par Maeva Bambuck
Le chef d'état-major de l'Armée nationale afghane (ANA), le général Sher Mohammad Karimi, avait déjà annoncé lundi la mise en place d'une série de mesures. Plusieurs douzaines d'agents de renseignements ont été déployés sur les bases et postes de police à travers le pays pour identifier les éléments dangereux. En outre, les nouvelles recrues auront bientôt l'interdiction d'utiliser des téléphones portables. Les échanges téléphoniques des soldats et policiers seront écoutés afin de limiter leurs contacts éventuels avec les insurgés. Selon Najib Nectzad, un porte-parole du ministère de l'Intérieur afghan, une commission réunissant des représentants des ministères de l'Intérieur et de la Défense, des services de renseignements et de l'Otan va être mise en place «pour prendre les mesures nécessaires et coordonner nos efforts». Les attaques dites «green on blue» ont pris des proportions alarmantes. Au moins 40 soldats de la coalition en sont morts depuis le début de l'année, y compris les quatre soldats français tués par un soldat afghan le 20 janvier dernier en Kapissa. Au sein des forces américaines, le bilan s'élève à 10 % des pertes totales depuis le début 2012. Et le phénomène s'accélère: neuf soldats américains en ont été victimes depuis le début du mois d'août. Le 10 août, six marines américains ont trouvé la mort dans deux attaques séparées, l'une perpétrée par un membre de la police locale, l'autre par un Afghan de 15 ans qui fréquentait leur base. Deux autres marines ont été abattus vendredi dernier dans la province de Farah. Et lundi, un soldat américain a été tué par un insurgé qui avait revêtu l'uniforme et s'était mêlé aux policiers afghans.
La multiplication des «anges gardiens»
Le chef d'état-major des armées américaines, le général Martin Dempsey, ainsi que le général James Mattis, chef des opérations militaires américaines dans la région, ont effectué une visite à Kaboul lundi pour discuter du problème. Parmi les causes de ces attaques, l'infiltration des talibans au sein des forces de sécurité est la plus alarmante. Interrogé au téléphone par Le Figaro, le porte-parole des talibans évoque une nouvelle stratégie: «Tous les ans nous étudions les rapports de l'Otan, explique Zabihullah Mujahid. L'année dernière, les attaques par infiltration se sont révélées être précises et un moyen efficace de tuer l'ennemi. Nous avons donc décidé d'inscrire cette tactique à notre agenda d'al-Farouk», le nom donné par les talibans à leurs opérations militaires en 2012.
Toutes les attaques dites «green on blue» ne sont pas le fait des talibans. Les raisons qui poussent des soldats ou policiers afghans à retourner leur veste seraient multiples, selon Najib Nectzad. «Nombre d'entre eux ont des problèmes mentaux qui les poussent à retourner leurs armes contre les alliés. Certaines attaques sont aussi provoquées par des disputes.» Cependant les talibans ont clairement identifié une faille dans les services d'ordre afghans: un recrutement à tour de bras en vue d'atteindre les 352 000 membres des forces de sécurité afghanes requis pour la période de transition. Une course en avant qui laisse peu de temps à la vérification des antécédents des nouvelles recrues. Pour l'Otan, ces attaques menacent la stratégie de transition, donc de sortie, qui consiste à faire travailler les soldats étrangers et afghans «shona ba shona», épaule contre épaule. Les responsables occidentaux tendent donc à minimiser la portée des attaques. La semaine dernière, l'Otan a décidé de ne plus employer l'expression militaire «green on blue». Les communiqués de l'Isaf, le bras armé de l'Otan, font désormais références aux «insider attacks», des attaques de l'intérieur. En pratique, la coalition ne prend pas la menace à la légère. La semaine dernière, l'Isaf a renforcé la sécurité sur ses bases. Les soldats alliés doivent désormais porter leurs armes à tout moment, et chargées. Selon Amy Hession, officier de presse de l'Isaf, «cela peut faire gagner 3 ou 4 secondes dans l'urgence». De son côté, l'armée américaine va augmenter le nombre d'«anges gardiens» dans ses rangs. Ces soldats ont pour seule responsabilité de protéger leurs frères d'armes contre des menaces intérieures.
Du côté français, les mesures spécifiques prises après le meurtre des quatre soldats en Kapissa pendant une séance de sport sont toujours appliquées. Entre autres, tous les soldats français doivent être armés pendant leurs séances d'exercice physique.
Par Maeva Bambuck