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Afghanistan : les alliés pressés de partir

Rédigé par leral.net le Jeudi 19 Avril 2012 à 10:14 | | 0 commentaire(s)|

Les 28 pays de l'Otan peinent à s'accorder sur un retrait en ordre et le soutien à l'armée afghane.


Afghanistan : les alliés pressés de partir
Nicolas Sarkozy et François Hollande ne sont pas seuls à diverger sur les dates de départ d'Afghanistan. Les vingt-huit pays de l'Otan cherchent depuis hier à remettre un peu d'ordre dans des calendriers de retrait contradictoires et à désamorcer, pour l'après-2014, ce qui se profile comme une bataille de marchands de tapis sur le financement de l'armée afghane.

Pour les ministres de la Défense et des Affaires étrangères, ces deux jours de rendez-vous à Bruxelles doivent officiellement déblayer le terrain avant le sommet crucial de l'Otan qui s'ouvrira le 20 mai à Chicago. C'est d'ordinaire un processus bien balisé. Mais cette année, deux flottements viennent compliquer la donne et brouiller le message d'unité.

«La France donne le ton»
Le premier est la tentation des alliés - à commencer par Paris - de quitter la galère afghane avant la fin 2014, échéance fixée d'un commun accord il y a dix-huit mois. Le second place encore la France au cœur des incertitudes: c'est le président élu le 6 mai qui la représentera au sommet, aux côtés de Barack Obama et de ses pairs. Mais qu'il s'agisse de l'Afghanistan ou de la défense antimissile, les deux favoris des sondages français sont loin d'être sur la même longueur d'onde. De fait, «la vraie discussion devra attendre le sommet de Chicago», reconnaît un diplomate de haut rang. En attendant, les dissonances entre alliés vont crescendo. L'Australie, alliée proche des États-Unis sans être membre de l'Otan, est la dernière en date à précipiter son retrait d'Afghanistan. Le premier ministre Julia Gillard vient d'annoncer que ses 1500 soldats quitteraient le pays en 2013, c'est-à-dire un an plus tôt que prévu et en même temps que le dernier combattant français. L'Espagne a décidé le retour de 40 % de ses troupes au premier semestre 2013. Les Pays-Bas et le Canada ont déjà accéléré le mouvement.

Le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, peine à convaincre lorsqu'il assure que ces annonces sont «totalement conformes» au calendrier fixé en novembre 2010 à Lisbonne. Washington et Londres restent les seules capitales à dire que leurs troupes pourraient aller au feu jusqu'à la fin 2014. «La position de la France a pu surprendre il y a quelques mois, dit le ministre français Gérard Longuet. Aujourd'hui, elle donne le ton.»

Une fois cette question résolue, il restera à se projeter au-delà de 2014 et à fixer une stratégie pour l'après-Otan. Il s'agit de rassurer les Afghans et de leur promettre qu'ils ne resteront pas seuls, une fois les troupes occidentales rembarquées. Le modèle, aussi imparfait soit-il, est le repli organisé des Américains d'Irak.

Débat autour du budget
Pour Hamid Karzaï, le repoussoir absolu est la chute du président Najibullah, sacrifié en 1991 par l'arrêt du soutien financier et militaire des Soviétiques. Là encore, c'est aux chefs d'État et de gouvernement qu'il reviendra de trancher. Le débat tourne autour de la taille et du budget des forces de sécurité de Kaboul, armée et police confondues, lorsqu'elles se retrouveront seules aux commandes. Un scénario américain présenté à Bruxelles table sur un effectif afghan de 238.500 hommes, une baisse d'un tiers par rapport au maximum de 352.000 qui doit être atteint cette année. La facture est évaluée à 4,1 milliards de dollars par an de 2014 à 2017. Washington en prendrait près de 60 % (2,3 milliards), le reste revenant à Kaboul (0,5 milliard) et autres contributeurs (2,3 milliards), notamment les alliés européens. Au nom de la sécurité régionale, la souscription devrait être étendue à des puissances qui n'ont pas combattu en Afghanistan, insiste Paris. En premier lieu le Japon, les monarchies du Golfe, mais aussi la Russie et la Chine.