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Alain Weisz : « Une offense faite au Sénégal »

Alain Weisz est « abasourdi » : l’ex-sélectionneur de l’équipe de France de basket-ball et actuel entraîneur de l’équipe du Sénégal ne comprend pas pourquoi la Fédération française refuse de libérer Joseph Gomis et Pape Badiane, deux ex-internationaux tricolores, pour qu’ils disputent l’Afrobasket 2011. S’il trouve cette décision choquante, le technicien français espère tout de même emmener les Lions de la Teranga sur le toit de l’Afrique, en août prochain, à Madagascar.


Rédigé par leral.net le Dimanche 3 Juillet 2011 à 22:56 | | 0 commentaire(s)|

Alain Weisz : « Une offense faite au Sénégal »
RFI : Comment réagissez-vous au refus de la Fédération française de basket-ball (Ffbb) de libérer Joseph Gomis, Pape Badiane et Pape Sy pour qu’ils disputent l’Afrobasket 2011 avec le Sénégal ?
Alain Weisz : Je suis abasourdi par une telle décision. Lorsqu’on constante ce que la France du basket-ball doit aux joueurs d’origines africaines, on ne peut pas comprendre comment la Fédération française se permette de refuser cela au Sénégal, un pays ami où nous avons puisé beaucoup de grands champions, comment elle peut refuser de libérer deux jours qui ont dépassé la trentaine dont Joseph Gomis qui vient de signer en Pro B (à Limoges) et ne jouera plus en équipe de France. Comment peut-on refuser leur participation à la Coupe d’Afrique des nations ? Je n’arrive pas à comprendre… J’espère que c’est une décision transitoire. Je ne conçois pas que cette affaire puisse rester en l’état.

RFI : Avez-vous l’accord des trois joueurs pour disputer l’Afrobasket ?

Alain Weisz : Non, je n’ai pas l’accord des trois. Mohamed Faye, notre manager général, est en contact avec Pape Sy. Ce serait logique que Pape Sy reste avec l’équipe de France. Il joue en NBA (chez les Hawks d’Atlanta) et il a sans doute un avenir formidable en Bleu. Et puis, il est jeune. Les deux autres joueurs, en revanche, ce n’est pas pareil. Bien sûr que j’ai leur accord ! J’ai été en contact avec eux et ils seraient ravis de représenter le pays de leurs parents. Ils sont binationaux et certains de leurs parents sont enterrés au Sénégal. Ce refus de laisser jouer est un drame. C’est un drame pour les joueurs et surtout une offense faite au Sénégal.

RFI : Vous avez pré-convoqué 28 joueurs en vue de l’Afrobasket. Malgré toutes les incertitudes concernant les joueurs, arrivez-vous à tracer une ligne directrice ?
Alain Weisz : On débute la préparation ce 4 juillet. Je pourrai répondre quand j’aurai vu tous les joueurs. La seule chose dont je suis sûr, c’est que l’équipe du Sénégal sera forte. J’espère qu’elle comptera ses meilleurs éléments, donc Joseph Gomis et Pape Badiane. Quoiqu’il arrive, on va travailler pendant un mois et demi de préparation. Notre challenge sera de battre l’Angola et d’autres pays qui se préparent bien comme le Nigeria et le Cameroun. C’est un challenge auquel je crois. Je ne vais pas vous dire avec certitude qu’on va être champions d’Afrique car ce serait absurde. Mais on va former une équipe compétitive. Tous les joueurs auxquels j’ai parlé sont très motivés. On en a convoqué 28 et il n’en restera plus que 12 pour l’Afrobasket. Si d’aventure, Joseph Gomis et Pape Badiane n’étaient pas là, ce serait effectivement un gros handicap mais on continuerait à se battre avec la même ambition.

RFI : Comment jugez-vous le niveau du basket-ball africain ?
Alain Weisz : Le problème du basket-ball africain, c’est que tous ses joueurs évoluent à l’étranger. Seul l’Angola réussit à garder ses joueurs au sein d’un championnat national. C’est donc très difficile de faire une équipe nationale dans ces conditions. On voit pourtant de plus en plus de grands joueurs africains en NBA, la référence suprême. Les jeunes Africains et les jeunes Sénégalais sont faits pour le basket-ball : ils sont grands, agiles et adroits. Le jour où on se préoccupera davantage d’eux, ils deviendront vraiment de très grands joueurs. L’Espagne a d’ailleurs crée deux académies en Afrique de l’Ouest. La France n’y est pas malgré des liens historiques. Que fait le basket-ball français ? Quand on voit les gamins jouer sur les playgrounds de Dakar, on se dit qu’ils sont là les champions demain. Malheureusement, les sélections nationales souffrent que les joueurs n’évoluent pas ensemble durant l’année. C’est la réalité. Il faudra, petit à petit, que le basket-ball africain s’organise et fasse en sorte que les rassemblements en équipes nationales soient sacrées. Hélas, je ne pense pas qu’on verra prochainement un championnat sénégalais avec ses meilleurs joueurs. Je le dis d’autant plus qu’en France nous comptons 12 joueurs en NBA. Sans compter ceux qui sont Italie, en Espagne, plutôt qu’en Pro A. On est dans la même situation au fond et on se demande chaque année qui va venir en équipe nationale. A la différence que ce sont les joueurs qui choisissent de ne pas venir alors que dans le cas de l’Afrique, ce sont des instances qui choisissent.


rfi

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