RFI : Comment s’est passée cette première rencontre avec François Hollande ?
Alassane Ouattara : Excellente. Une très bonne ambiance, des sujets importants à l’ordre du jour, bien sûr au-delà de la Côte d’Ivoire, de la Cédéao, un entretien très fructueux.
RFI : L’ambiance n’était pas un petit peu crispée au début, étant donné vos liens d’amitié passés avec Nicolas Sarkozy ?
A.O. : Point du tout ! Vous savez, c’est la continuité, et les choses se sont très, très, très bien passées. Pas de crispation, ni de son côté, ni du mien.
RFI : Vous vous souvenez qu’après la défaite de Nicolas Sarkozy et votre visite auprès de votre ami Nicolas Sarkozy à l’Elysée, certains membres de l’entourage de François Hollande n’avaient pas bien compris. Est-ce que tout ça est dissipé ?
A.O. : Oh, je ne pense pas que le président François Hollande en ait fait un problème. Il m’avait appelé avant l’élection pour me dire, quel que soit le résultat, s’il était président, il aurait les meilleurs rapports avec moi. Il l’a répété. Non, c’est un monsieur bien et je crois qu’il n’y a rien à dire.
RFI : L’urgence c’est le Mali et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant mercredi prochain. Est-ce que vous pensez, comme les principaux partis politiques maliens, que le gouvernement malien actuel fait preuve d’incompétence et d’amateurisme ?
A.O. : Je n’ai pas de commentaires à faire sur la capacité ou la qualité du gouvernement malien. C’est une affaire malienne. Le gouvernement actuel n’est pas suffisamment représentatif de l’ensemble des Maliens. Je suis heureux de constater que les choses évoluent, et que cette situation va être clarifiée assez rapidement. Il appartient aux Maliens de résoudre ce problème, et notamment au président intérimaire, monsieur le président Dioncounda Traoré.
RFI : Et à la tête de ce nouveau gouvernement, faut-il un nouveau Premier ministre ?
A.O. : Ce n’est pas mon sujet. Il appartient au président intérimaire de prendre les décisions qui lui paraissent être les mieux opportunes pour son pays.
RFI : Pour intervenir au nord du Mali, faut-il une force de la Cédéao ou une force de l’Union africaine, comme le souhaite votre homologue tchadien Idriss Deby ?
A.O. : Non. Je pense qu’il faut une force élargie. Bien sûr, il faut que la Cédéao commence et ensuite l’Union africaine. Nous serions d’ailleurs heureux que le président Idriss Deby participe à cette opération, et bien sûr, les forces de la communauté internationale. Il faut aller au-delà de l’Afrique pour mettre en œuvre la libération du nord du Mali. C’est important pour le continent et pour le monde.
RFI : L’année dernière, pendant la bataille d’Abidjan, vos relations avec l’Afrique du Sud étaient compliquées. Avec Madame Dlamini-Zuma à la tête de l’Union africaine, est-ce que ça ne risque pas d’être encore plus compliqué ?
A.O : Non, point du tout. Le président Zuma et moi sommes devenus amis. Nous avons des discussions enrichissantes, et nous travaillerons ensemble, comme nous l’avons fait avec son prédécesseur monsieur Jean Ping.
RFI : En Côte d’Ivoire, quatorze mois après votre investiture, l’urgence est le retour de la sécurité dans l’Ouest. Le 20 juillet à Duékoué, l’attaque d’un camp de déplacés a fait au moins douze morts. Les Guérés accusent les Dioulas. Est-ce que les tensions communautaires ne deviennent pas inquiétantes ?
A.O : Non. Il faut préciser les choses. La sécurité est revenue en Côte d’Ivoire. Maintenant, il y a des éruptions de temps en temps. Il y en a eu, il y a quelques mois. Il y en a eu il y a une semaine. Les miliciens sont sortis du camp de réfugiés, sont allés attaquer les populations civiles, qui elles, ont voulu se venger. Alors je condamne bien sûr l’acte criminel, je condamne la réaction des populations de vouloir se faire justice elles-mêmes, et nous avons entrepris une enquête. Et les auteurs seront transférés devant la justice. Il n’y aura plus d’impunité en Côte d’Ivoire.
RFI : Alors vous parlez justice… Plus de soixante personnalités de l’ancien régime sont en prison, aucune du côté des anciennes Forces nouvelles. Est-ce que la justice ivoirienne n’est pas inéquitable ?
A.O : Non, point du tout. Les personnalités qui sont en prison ont commis des crimes, soit économiques, soit de sang. Donc, ce sont des personnes qui méritent d’être en prison. Maintenant, il s’agit que la lumière soit faite sur tout ce qui s’est passé en Côté d’Ivoire. À cet effet, j’ai mis en place une commission nationale d’enquête. Les résultats me seront présentés dans les prochains jours, à la fin juillet, et tous ceux qui ont commis des actes criminels passeront devant la justice.
RFI : Y compris d’anciens officiers des Forces nouvelles ?
A.O. : Je ne peux pas aller m’attaquer à des gens au niveau de la justice, s’il n’y a pas de soupçons avérés ou de preuves. Si maintenant, des personnes liées à ceux qui m’ont soutenu ont commis des crimes, elles seront jugées. Elles seront jugées, il n’y aura pas d’exception !
RFI : Outre Laurent Gbagbo, son épouse, le général Dogbo Blé et Charles Blé Goudé sont poursuivis par la Cour pénale internationale. Est-ce que Simone Gbagbo et le général Dogbo Blé pourraient être transférés à la Haye ?
A.O. : Ecoutez… Nous avons cette question à l’étude. Quand mon prédécesseur a été transféré, la CPI a diligenté des enquêtes parce que nous n’étions pas en mesure de le faire à cette période-là. Les juges ne venaient plus au travail, donc la justice ne fonctionnait pas et nous n’avions pas les textes juridiques nécessaires pour juger Laurent Gbagbo. Maintenant, depuis un an, tout ça a été remis en place. Ma priorité et mon souhait, ce serait de juger tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire.
RFI : Il y a deux mois, votre gouvernement a annoncé qu’il avait déjoué un complot fomenté par des officiers pro-Gbagbo exilés au Ghana. Au même moment, Lida Kouassi était extradé du Togo. Est-ce que ça veut dire que, au fond, vous excluez toute réconciliation avec le premier cercle de Laurent Gbagbo, ceux qui vivent aujourd’hui en exil en Afrique de l’ouest ?
A.O. : Non ! Vous avez une logique bizarre ! Ce n’est pas parce que quelqu’un qui a commis des crimes est extradé, que ça porte atteinte à la réconciliation. Je ne peux pas accepter cela. Les choses sont très claires. Il y a eu des crimes. Les criminels doivent être traduits devant la justice, si nous voulons construire un état de droit. Nous avons d’ailleurs hésité à dévoiler ces tentatives de déstabilisation.
Mais vous savez, il y a tellement de rumeurs et de mensonges ! J’ai pris le risque de demander au ministre de l’Intérieur de faire connaître ce qui s’est passé. J’ai été en contact avec les autorités togolaises et ghanéennes. Les extraditions ont commencé. Ça ne va pas s’arrêter à monsieur Lida Kouassi! Ça va continuer ! Je n’apporterai pas seulement la prospérité aux Ivoiriens, mais je leur apporterai la paix et la sécurité.
RFI : Un dernier mot sur le sommet francophone prévu dans trois mois à Kinshasa. François Hollande hésite à y aller. Et vous ?
A.O. : Non, moi j’irai ! J’ai l’ai dit au président Kabila, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Addis-Abeba, à l’occasion du sommet de l’Union africaine. J’ai aussi indiqué au président François Hollande que je considère que ce serait important que la France et tous les grands pays francophones participent à ce sommet. Nous devons soutenir le président Kabila, l’engager dans les réformes et l’amener à faire en sorte que le Congo devienne un pays démocratique. La politique de la chaise vide n’a jamais été la meilleure.
SOURCE:Rfi
Alassane Ouattara : Excellente. Une très bonne ambiance, des sujets importants à l’ordre du jour, bien sûr au-delà de la Côte d’Ivoire, de la Cédéao, un entretien très fructueux.
RFI : L’ambiance n’était pas un petit peu crispée au début, étant donné vos liens d’amitié passés avec Nicolas Sarkozy ?
A.O. : Point du tout ! Vous savez, c’est la continuité, et les choses se sont très, très, très bien passées. Pas de crispation, ni de son côté, ni du mien.
RFI : Vous vous souvenez qu’après la défaite de Nicolas Sarkozy et votre visite auprès de votre ami Nicolas Sarkozy à l’Elysée, certains membres de l’entourage de François Hollande n’avaient pas bien compris. Est-ce que tout ça est dissipé ?
A.O. : Oh, je ne pense pas que le président François Hollande en ait fait un problème. Il m’avait appelé avant l’élection pour me dire, quel que soit le résultat, s’il était président, il aurait les meilleurs rapports avec moi. Il l’a répété. Non, c’est un monsieur bien et je crois qu’il n’y a rien à dire.
RFI : L’urgence c’est le Mali et la formation d’un gouvernement d’union nationale avant mercredi prochain. Est-ce que vous pensez, comme les principaux partis politiques maliens, que le gouvernement malien actuel fait preuve d’incompétence et d’amateurisme ?
A.O. : Je n’ai pas de commentaires à faire sur la capacité ou la qualité du gouvernement malien. C’est une affaire malienne. Le gouvernement actuel n’est pas suffisamment représentatif de l’ensemble des Maliens. Je suis heureux de constater que les choses évoluent, et que cette situation va être clarifiée assez rapidement. Il appartient aux Maliens de résoudre ce problème, et notamment au président intérimaire, monsieur le président Dioncounda Traoré.
RFI : Et à la tête de ce nouveau gouvernement, faut-il un nouveau Premier ministre ?
A.O. : Ce n’est pas mon sujet. Il appartient au président intérimaire de prendre les décisions qui lui paraissent être les mieux opportunes pour son pays.
RFI : Pour intervenir au nord du Mali, faut-il une force de la Cédéao ou une force de l’Union africaine, comme le souhaite votre homologue tchadien Idriss Deby ?
A.O. : Non. Je pense qu’il faut une force élargie. Bien sûr, il faut que la Cédéao commence et ensuite l’Union africaine. Nous serions d’ailleurs heureux que le président Idriss Deby participe à cette opération, et bien sûr, les forces de la communauté internationale. Il faut aller au-delà de l’Afrique pour mettre en œuvre la libération du nord du Mali. C’est important pour le continent et pour le monde.
RFI : L’année dernière, pendant la bataille d’Abidjan, vos relations avec l’Afrique du Sud étaient compliquées. Avec Madame Dlamini-Zuma à la tête de l’Union africaine, est-ce que ça ne risque pas d’être encore plus compliqué ?
A.O : Non, point du tout. Le président Zuma et moi sommes devenus amis. Nous avons des discussions enrichissantes, et nous travaillerons ensemble, comme nous l’avons fait avec son prédécesseur monsieur Jean Ping.
RFI : En Côte d’Ivoire, quatorze mois après votre investiture, l’urgence est le retour de la sécurité dans l’Ouest. Le 20 juillet à Duékoué, l’attaque d’un camp de déplacés a fait au moins douze morts. Les Guérés accusent les Dioulas. Est-ce que les tensions communautaires ne deviennent pas inquiétantes ?
A.O : Non. Il faut préciser les choses. La sécurité est revenue en Côte d’Ivoire. Maintenant, il y a des éruptions de temps en temps. Il y en a eu, il y a quelques mois. Il y en a eu il y a une semaine. Les miliciens sont sortis du camp de réfugiés, sont allés attaquer les populations civiles, qui elles, ont voulu se venger. Alors je condamne bien sûr l’acte criminel, je condamne la réaction des populations de vouloir se faire justice elles-mêmes, et nous avons entrepris une enquête. Et les auteurs seront transférés devant la justice. Il n’y aura plus d’impunité en Côte d’Ivoire.
RFI : Alors vous parlez justice… Plus de soixante personnalités de l’ancien régime sont en prison, aucune du côté des anciennes Forces nouvelles. Est-ce que la justice ivoirienne n’est pas inéquitable ?
A.O : Non, point du tout. Les personnalités qui sont en prison ont commis des crimes, soit économiques, soit de sang. Donc, ce sont des personnes qui méritent d’être en prison. Maintenant, il s’agit que la lumière soit faite sur tout ce qui s’est passé en Côté d’Ivoire. À cet effet, j’ai mis en place une commission nationale d’enquête. Les résultats me seront présentés dans les prochains jours, à la fin juillet, et tous ceux qui ont commis des actes criminels passeront devant la justice.
RFI : Y compris d’anciens officiers des Forces nouvelles ?
A.O. : Je ne peux pas aller m’attaquer à des gens au niveau de la justice, s’il n’y a pas de soupçons avérés ou de preuves. Si maintenant, des personnes liées à ceux qui m’ont soutenu ont commis des crimes, elles seront jugées. Elles seront jugées, il n’y aura pas d’exception !
RFI : Outre Laurent Gbagbo, son épouse, le général Dogbo Blé et Charles Blé Goudé sont poursuivis par la Cour pénale internationale. Est-ce que Simone Gbagbo et le général Dogbo Blé pourraient être transférés à la Haye ?
A.O. : Ecoutez… Nous avons cette question à l’étude. Quand mon prédécesseur a été transféré, la CPI a diligenté des enquêtes parce que nous n’étions pas en mesure de le faire à cette période-là. Les juges ne venaient plus au travail, donc la justice ne fonctionnait pas et nous n’avions pas les textes juridiques nécessaires pour juger Laurent Gbagbo. Maintenant, depuis un an, tout ça a été remis en place. Ma priorité et mon souhait, ce serait de juger tous les Ivoiriens en Côte d’Ivoire.
RFI : Il y a deux mois, votre gouvernement a annoncé qu’il avait déjoué un complot fomenté par des officiers pro-Gbagbo exilés au Ghana. Au même moment, Lida Kouassi était extradé du Togo. Est-ce que ça veut dire que, au fond, vous excluez toute réconciliation avec le premier cercle de Laurent Gbagbo, ceux qui vivent aujourd’hui en exil en Afrique de l’ouest ?
A.O. : Non ! Vous avez une logique bizarre ! Ce n’est pas parce que quelqu’un qui a commis des crimes est extradé, que ça porte atteinte à la réconciliation. Je ne peux pas accepter cela. Les choses sont très claires. Il y a eu des crimes. Les criminels doivent être traduits devant la justice, si nous voulons construire un état de droit. Nous avons d’ailleurs hésité à dévoiler ces tentatives de déstabilisation.
Mais vous savez, il y a tellement de rumeurs et de mensonges ! J’ai pris le risque de demander au ministre de l’Intérieur de faire connaître ce qui s’est passé. J’ai été en contact avec les autorités togolaises et ghanéennes. Les extraditions ont commencé. Ça ne va pas s’arrêter à monsieur Lida Kouassi! Ça va continuer ! Je n’apporterai pas seulement la prospérité aux Ivoiriens, mais je leur apporterai la paix et la sécurité.
RFI : Un dernier mot sur le sommet francophone prévu dans trois mois à Kinshasa. François Hollande hésite à y aller. Et vous ?
A.O. : Non, moi j’irai ! J’ai l’ai dit au président Kabila, que j’ai eu l’occasion de rencontrer à Addis-Abeba, à l’occasion du sommet de l’Union africaine. J’ai aussi indiqué au président François Hollande que je considère que ce serait important que la France et tous les grands pays francophones participent à ce sommet. Nous devons soutenir le président Kabila, l’engager dans les réformes et l’amener à faire en sorte que le Congo devienne un pays démocratique. La politique de la chaise vide n’a jamais été la meilleure.
SOURCE:Rfi