-
« Mais si vous faites le constat, ceux qui ont réussi à Dakar ne sont pas de Dakar »
Jeune homme de taille moyenne, teint noir, sourire toujours en coin Alioune Aïdara Mbaye est le patron de l’entreprise familiale « Touba Mondial Cosmétics ». Natif de Touba, très calme et disponible, M. Mbaye est un jeune homme d’affaires domicilié à Dakar et évoluant dans le cosmétique depuis 2006. Artiste dans l’âme, une allure de beau gosse, Aïdara, comme l’appelle affectueusement ses proches, est du genre toujours à l’aise dans ses gestes et paroles, libre d’esprit. Des qualités qui lui ont permis de braver les tâches difficiles et de franchir les obstacles pour devenir incontournable dans le gratin du cosmétique. Du coup, ça n’a pas été étonnant de le voir briller et s’imposer dans ce milieu, grâce à son courage et sa volonté d’entreprendre. Des qualités qui seront ses atouts dans sa vie professionnelle. C’est ainsi que, dans nos jeux de question-réponse, Dakarswagg est « entré » dans sa vie pour mieux connaître l’homme. Entretient.
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je me nomme Alioune Aïdara Mbaye, gérant de « Touba Mondial Cosmétics » (TMC), une société familiale qui existe depuis 2002 et qui évolue dans les produits cosmétiques, mais aussi éventuellement dans d’autres domaines.
Comme quoi par exemple ?
Comme l’électronique, l’agriculture, entre autres. Mais tout est mis en stand by, pour plus nous concentrer sur le cosmétique.
Parlez nous un peu de vos début dans le milieu cosmétique ?
C’est une activité que j’ai héritée de mes parents. Mais, j’ai démarré mes activités en 1996, et c’est cette même année que j’ai quitté l’école. J’ai débuté par l’électronique et c’est en 2006 que j’ai remplacé l’électronique par le cosmétique. C’est lors de cette année aussi qu’on a commencé la communication et que TMC est connu de tous.
On entend TMC, on voit les posters, les voitures TMC, combien de boutique avez-vous ?
Jusqu’au moment où je vous parle, nous en avons 4 à Dakar, et 1 à Touba. Notre souhait de départ, c’était d’ouvrir beaucoup de succursales dans tous les coins stratégiques, comme le fait à peu près la Brioche d’orée. Mais, ce n’est pas évident et c’est toujours un projet, on y réfléchit, on avance lentement, mais sûrement.
D’où viennent vos produits en général ?
Notre particularité, c’est que nous avons des produits américains. Ici au Sénégal, et un peu dans la sous-région, même en Centre Afrique, le problème est de s’approvisionner en produits américains. Parce que ce n’est pas évident d’avoir le visa, avoir des entrées et les sorties, et nous avons eu la chance d’avoir la confiance de grands fournisseurs. Ce sont de bons produits car, tout le monde sait que ce sont des produits de traitement. D’ailleurs, c’est leur particularité. Et c’est ça aussi qui nous différencie des autres.
Naturellement votre clientèle, c’est la gent féminine. Est-ce qu’il y a des hommes qui viennent chez vous pour acheter vos produits ?
Effectivement, c’est évident que ce sont les femmes qui représentent la majeure partie de notre clientèle, car ce sont des produits de beauté, et au Sénégal, quand on dit beauté, on fait allusion à la femme. Mais, les hommes aussi nous sollicitent beaucoup, car eux aussi ont besoin de traiter leurs cheveux, d’utiliser des produits corporels, des parfums etc.
Comment vivez-vous la concurrence, car il y a une prolifération de boutiques cosmétiques ?
Il y a la concurrence dans tous les domaines, mais il faut faire la différence sur la qualité. Et, ce qui nous différencie des autres, c’est la provenance de nos produits. Nous nous sommes spécialisés. Je vais vous dire une chose, toutes les boutiques disent vaguement cosmétique, mais ne communiquent jamais sur la provenance de leurs produits. Contrairement à nous, nous communiquons par rapport aux produits américains. Car TMC est le représentant du produit américain, et nous sommes leader en termes de communication. Parce que parmi les magasins cosmétiques, nous sommes le showroom qui fait beaucoup de communication.
Qu’est-ce qui vous a pousser à ouvrir une boutique des produits cosmétiques, étant donné que vous aviez eu à travailler dans d’autres domaines ?
C’est vrai, je faisais de l’électronique, mais on peut toujours faire autres choses. Mais actuellement, je suis concentré sur le cosmétique, puisque nous le savons tous, actuellement il y a une crise de l’électronique qui se fait sentir par tout le monde. Avec les nouvelles technologies, l’informatique, les clefs USB, ce n’est plus un luxe comme avant. Auparavant, dans chaque, mais il y avait une minichaîne, des radios cassettes, des vidéos, mais présentement ça se vend moins, car il y a d’autres moyens moins encombrants.
Parlez-nous un peu de votre expérience professionnelle ?
Comme je l’ai dit tantôt, j’ai commencé par l’électronique et ça marcher très bien, jusqu’à l’arrivée des nouvelles technologies, mais aussi, l’implantation des Chinois sur le marché dans les années 2000.
Avez-vous rencontrez des difficultés ? Si oui, lesquelles ?
Naturellement oui. Quand on démarre une affaire, c’est trop dur, mais, avec l’aide du Bon Dieu et les prières de nos parents ça ira. Notre première difficulté était d’ouvrir partout des TMC, car les charges sont lourdes, et ce qui nous fatigue le plus au Sénégal, c’est que nous n’avons pas beaucoup de soutiens. Pourtant, nous sommes sollicités pour soutenir les autres, mais de notre côté, on n’a pas de soutien. Et, là, je parle en tant qu’employé, les taxes sont chers, le Tva, l’impôt entre autres, sans compter les frais du personnel. Or, nous participons au développement du pays, car presque dans chaque succursale, il y a au moins 6 prestataires, c’est aussi une difficulté. Alors que nous sommes appelés à respecter nos engagements auprès des fournisseurs, ça marche ou ça ne marche pas, impérativement on doit respecter notre engagement. Nous n’avons pas encore ce qu’on veut, mais, il y a l’espérance.
Voulez-vous toujours rester dans ce même domaine, ou alors vous souhaitez-vous vous lancer dans une autre aventure ?
Bon, je vais emprunter l’expression des lutteurs. Pour le moment, nous avons un adversaire de taille à abattre pour passer à un autre adversaire (rire). Et, pour l’instant, c’est le cosmétique, puisque nous avons de bons produits et nous sommes en train de convaincre notre clientèle féminine. Comme j’ai l’habitude de le dire, on ne cherche pas les clientes, mais on cherche la clientèle, c’est-à-dire quelqu’un qui utilisent un produit traitant, c’est à elle maintenant de proposer ce produit aux autres.
Quels sont vos projets à long terme ?
D’abord, en court terme, satisfaire nos clients. Ensuite, leur donner des cartes de fidélité, car, nous avons formé un club TMC, où il y a les clientes, les associés, les collaborateurs, bref, tout ce qui tourne autour du TMC. Et, ce club va organiser une grande fête ou un événementielle, avec une date mythique. Et nous distribuerons des cartes de fidélité avec des remises. Mais, cela dépendra des clients et de la longévité.
Vous êtes jeune et ambitieux. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui veulent se lancer dans les affaires ?
Je croix qu’il n’y a pas meilleur conseil que de dire : si j’étais à leur place, je ferais de bonnes choses, ou même mieux. Cela veut dire opter pour la qualité et non la quantité. Et à partir de là, tu peux avoir de bons résultats. Car, on ne récolte que ce qu’on a semé, donc, vous semez du bon pour récolter du bien.
Comment expliquez-vous l’engouement de la société pour les cosmétiques ?
C’est vrai, il y a trop d’engouement dans ce milieu. Mais, c’est une nécessité aussi, et quand on dit traitement, on est obligé de se traiter, et souvent, j’entends les dermatologues dire que les produits « xessals » ne sont pas bons pour le corps, et pour la santé. Je suis d’accord avec eux sur un seul point, mais nous, à TMC, nous préférons les produits à traitement. On n’aime même pas le mot « xessal », et les produits cosmétiques, on peut ne pas les utiliser. Parce que, par exemple, si vous avez un problème de peau, vous consultez un dermato, il va vous prescrire des produits cosmétiques. Donc, nous sommes obligés de les utiliser pour nous traiter. Car, avant ce produit, on utilisait des produits naturels, comme le beurre de Karité, les produits à base de plantes, entre autres, qui sont des produits cosmétiques. Mais, le monde évolue.
Pourquoi vous n’aimez pas le mot « xessal », alors que vous le vendait ?
C’est parce que pour nous, l’entendement que nous avons du mot « xessal », ce sont des produits ivoiriens, c’est-à-dire éclaircir sa peau vite, parce que ça contient plus d’hydroquinone qui est néfaste pour la peau. Par exemple, s’éclaircir en un laps de temps, c’est ça qu’on appelle « xessal », alors que chez nous, nous faisons du traitement. On peut avoir une peau noire et le traité, un teint métissé, ou claire et le traité aussi. Nos produits sont médicalement acceptables.
Donc à vous entendre parler, vos produits n’ont pas d’hydroquinone ?
Les produits américains, en général, ne dépassent pas 2% d’hydroquinone, c’est le maximum. Alors que les produits ivoiriens dépassent les 5%. Et là, ça peut forcément gâter la peau.
Observez-vous une augmentation des ventes de vos produits ?
Comme vous savez, ici au Sénégal, les ventes sont périodiques ; par exemple à l’approche d’un événement. Ce sont des hauts et des bas. Mais, on ne se plaint pas, on rend grâce à Dieu.
Nous sommes à quels jours de la fête de Tabaski. Est-ce que les clients se bousculent dans votre boutique ?
Actuellement avec la dureté et la cherté de la vie, ça tarde à prendre de la forme. Mais, je croix que, à une semaine de la fête, on peut espère voir beaucoup de monde.
Les Sénégalais disent que c’est parce que vos produits sont trop chers ?
Ah, je dirai non. Mais le problème en n’est que nous avons des produits de traitement, donc comparé aux produits ivoiriens ou français, ça peut être plus cher. Mais, ce n’est pas comparable, les produits américains sont plus chers (rire).
Quels sont les produis qui se vendent le mieux ou plus ?
Le produit qui se vend le mieux, c’est celui que l’on communique beaucoup ou plus, qui est déjà utilisé et a donné des résultats.
Citez-nous quelques-uns, si possible bien sûr ?
Bon, il y a Extrême Right et SH18 qui sont des produits corporels que beaucoup de femmes ont testés et vu le résultat. Sinon, je ne manquerais pas de citer notre exclusivité, il s’agit de Extrême Bright, Perfecting Brightner et Clair Quick. C’est un trio qui est trop efficace et ça ne gâte pas la peau. Et, il y a aussi un autre trio composé de SH18, Top Clair et Top Right. C’est pour les teints noirs et teints marrons… Il y a aussi des produits capillaires pour le traitement de cheveux, les chutes de cheveux et faire pousser les cheveux, qui s’appelle Profective et que même les hommes peuvent utiliser. C’est une gamme complète avec des colorants etc.
Vous n’êtes pas un dermatologue, mais des fois, vous donnez des conseils aux femmes sur tel ou tel produit ?
Merci pour cette question, c’est juste de l’expérience, et comme je vous l’ai dit tant tôt, nos produits sont des traitants. Les gens pensent que ce sont les femmes qui connaissent les produits, naturellement car, elles les utilisent. Mais, je dis non, il y a des hommes aussi qui connaissent mieux qu’elles, parce que ce sont eux qui font la commende à l’usine avec nos fournisseurs. Et aussi les types de peau des Sénégalaises, ou des Asiatiques, Sud-africaines, ou autres, sont différentes. Donc, on commende en fonction de cela. Vous voyez qu’on s’y connaît un peu (rire).
Qu’est-ce qui vous plait dans la vente de produits cosmétiques ?
Ce qui me plait dans ce métier, c’est tout, comme les autres travails, l’amour d’abord et ça m’intéresse aussi. Et, quelque chose qui t’intéresse, que tu aime, tu y plais forcement tu y laisse ton empreinte.
Est-ce que vous avez déjà retiré des produits cosmétiques qui ne répondent pas aux normes ?
Bon, grâce à Dieu, ça ne nous est pas encore arrivé au niveau corporel. Par contre, on a eu à constater dans un autre produit, pour les cheveux, une incompréhension sur les cheveux au niveau de l’Afrique, ce sont des cheveux qui n’aiment pas qu’on y mette de l’huile.
Observez-vous une meilleure efficacité dans vos produits ?
Ah oui. Mais, il est un peu difficile de parler d’efficacité, parce que les gammes ont une base différente. Par exemple, il y a des gammes à base de citron, de carotte…
Parlez-nous des inconvénients dans les produits cosmétiques ?
Comme dans toute chose, il y a des avantages et inconvénients, où certains optent pour le vrai, d’autre pour le faux. Et on rend encore grâce à Dieu, nous n’avons pas de contrefaçon dans nos produits. C’est pourquoi nous nous sommes spécialisés en produits américains.
Le prix de vos articles ne constitue-t-il pas une barrière ?
Ah non, pas du tout, car notre clientèle sait que nous vendons de bons produits.
Avez-vous une fois été victime de contrefaçon ?
Non, pas du tout, Dieu merci.
Maintenant parlons un peu de vous. Vous êtes un natif de Touba, comment avez-vous fait pour s’imposer dans la capitale, ce qui n’est pas évident ?
(Rire). Je rends à grâce à Dieu, et aussi je remercie mes parents qui m’ont donné une très bonne éducation. Mais si vous faites le constat, ceux qui ont réussi à Dakar ne sont pas de Dakar. Et, c’est pareille aussi pour les autres pays, en général, les vraies réussites de New York ne sont pas des New-yorkais. On n’est jamais prophète chez soi.
Etes-vous marié ?
Oui, je suis un homme marié et père de deux enfants.
Vous êtes polygame ou monogame ?
Pour le moment, j’ai une seule épouse.
Est-ce à dire que vous allez encore épouser une autre femme ?
Ah oui, Incha’Alla. Je vais en prendre une autre car, je suis polygame né (rire).
Votre plat préféré ?
(Il coupe) Cebou khéthiakh (rien au poisson séché). Peu importe la couleur, que ça soit du Cebu niébé (rire).
Votre passion à part la boutique ?
(Il hésite, et répète la phrase). Bon, écouter de la musique.
Quel genre de musique ?
J’écoute tout ce qui est bon à écouter, mais surtout le mbalax de chez nous.
Vous entretenez quel genre de relation avec les femmes, si l’on sait que c’est un milieu de la gent féminine ?
De très bons rapports. C’est vrai que dans tous les milieux, où il y a rencontre entre homme et femme, ça peut paraître des fois trop compliqué. Mais bon, ici à TMC, c’est l’exception qui fait la règle, « amoul dara lou niaw » (rire). Car leur but c’est acheter et nous ne faisons que satisfaire leurs besoins dans le respect mutuel.
Qu’est-ce que vous aimez chez une femme ?
Bon, c’est surtout le côté naturel et puis la sincérité. J’adore ces deux caractères.
Vous êtes jaloux ?
Bon s’il y a jalousie, c’est parce qu’il y a manque de confiance. S’il y a une confiance entre les conjoints, la jalousie n’a pas sa place. La confiance chasse la jalousie. Mais qui aime devient naturellement jaloux, mais il faut être modéré.
Voulez-vous ajouter autres choses que je n’ai pas pu évoquer dans mon questionnaire ?
De toute façon, on ne peut pas tout dire. Mais je pense que nous avons partagé l’essentiel.
Donc, Dakarswargg vous remercie et vous souhaite plein succès dans vos projets.
C’est nous qui vous remercions, et vous êtes parmi nos partenaires. On ne peut pas aller sans vous, vous aussi idem. Mais permettez-moi, de remercier vivement mes parents qui, m’ont inculqué l’honnêteté, le sens et l’amour du travail, l’amour de la famille. Mais surtout la responsabilité. Car, l’entreprise est familiale, on m’a désigné comme le manager, mais je n’en suis pas le propriétaire. Et pour ça, je remercie aussi tous les membres de ma famille qui l’ont accepté.
Alioune Badara Mbaye, gérant de TMC : Une success Story qui n’en finit pas !Rédigé par leral.net le Samedi 12 Octobre 2013 à 00:17 | | 4 commentaire(s)|
|