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Allemagne : Joachim Löw, continuer malgré la rupture

Malgré l’élimination historique de l’Allemagne en phase de groupe lors du Mondial russe, Joachim Löw, en poste depuis 2006, est confirmé dans ses fonctions jusqu’en 2022. Explications et portrait.


Rédigé par leral.net le Mardi 3 Juillet 2018 à 14:56 | | 0 commentaire(s)|

Lorsque Heung-min Son a poussé le ballon au fond du but vide, mercredi 27 juin dernier, Joachim Löw et son équipe semblaient au fond du trou. Eliminée en phase de groupe d’un Mondial pour la première fois de son histoire, la Nationalmannschaft paraissait en fin de cycle, tant ses champions du monde de 2014 ont été dépassé en Russie, à l’exception de Toni Kroos. Beaucoup, en Allemagne comme à l’étranger, s’attendaient à la démission de Jogi Löw, qui s’est laissé quelques jours de réflexion. Avant, finalement, de poursuivre l’aventure, conforté et soutenu par sa fédération.

Le champion du monde 2014, après 12 ans passés à la tête de la sélection allemande, est donc encore l’homme de la situation. Car le natif de Schönau est une exception et un précurseur dans le football moderne. Et c’est bien pour cela qu’en 2004, Jürgen Klinsmann l’avait choisi comme assistant de la sélection nationale. «Klinsmann n’avait pas d‘expérience comme coach, donc il avait besoin d’un assistant», raconte le journaliste sportif Tobias Escher. «Il a longtemps cherché, et un jour, Joachim Löw est allé manger au restaurant, où il a rencontré Oliver Bierhoff, manager de l’équipe d’Allemagne. Ils ont discuté, puis Bierhoff a appelé Klinsmann, lui disant "tu n’avais jamais pensé à Löw ?". Klinsmann et Löw se sont rencontrés, et on connaît la suite», explique-t-il.

Un parcours et un profil salués

«Les initiés apprécient sa culture tactique, et personne en Allemagne n’ignore que c’était le mentor tactique de Klinsmann pendant le Mondial 2006», confiait Patrick Guillou, consultant Bundesliga et football allemand chez beIN Sports, mi-mai. «À l’époque, Joachim Löw était sûrement un des meilleurs tacticiens d’Allemagne. On ne connaissait pas bien la tactique à l’époque, et il a travaillé en Suisse, où il a appris beaucoup de choses qui étaient inconnues en Allemagne, et c’est l’une de ses grandes forces encore aujourd’hui : il est toujours très au fait des nouvelles améliorations et tendances tactiques», rappelle Tobias Escher.


Après avoir incarné la génération de 2014, Löw incarne aussi le futur

«Ce n’est pas quelqu’un comme Guardiola qui a un plan très précis du jeu qu’il veut mettre en place avec une philosophie de jeu très précise, il est très flexible, il écoute les joueurs et prend en compte ce qu’ils font et savent faire en club», appuie le journaliste sportif. Si la presse lui est tombée dessus depuis mercredi dernier, l’hebdomadaire Der Spiegel titrant même «Il était une fois un pays fort», en faisant le parallèle entre les crises économiques, politiques et sportives traversées par l’Allemagne, Joachim Löw reste très respecté dans le monde du football.

«Il fait l’unanimité partout en Allemagne, il est présent dans les formations d’entraîneurs. Il se déplace dans les stades allemands tous les week-ends, il n’est pas dans le star-système et il y a énormément de respect», expliquait Patrick Guillou avant la compétition, bien que le Bundestrainer reste simple : «Il a ses moments à lui, il est épicurien : il a des plaisirs simples, avec son petit café dans la rue de la gare à Fribourg par exemple». En Russie, Löw a commis une erreur fatale : se reposer sur des acquis vacillants, ses champions du monde de 2014 qui ne sont plus au niveau. Certainement sa seule grande erreur en douze ans. Une erreur qui marque la fin d’un cycle, celle des Jérôme Boateng, Mesut Özil, Thomas Müller et autre Sami Khedira.

L’Allemagne a définitivement besoin de passer à autre chose, et peut se le permettre. Car ce changement a déjà été amorcé l’an dernier lors de la Coupe des Confédérations. Victorieux de la compétition avec une équipe très jeune et remaniée, Löw peut s’appuyer sur une nouvelle génération dorée, championne d’Europe des moins de 21 ans l’an dernier.

Installer ces jeunes pousses au plus haut niveau et recréer une équipe compétitive, telle est maintenant sa tâche. «Je voudrais concevoir la reconstruction avec un engagement total. Je vais analyser avec mon équipe, discuter et tirer les bonnes conclusions pour bien débuter la nouvelle saison», a-t-il déclaré ce mardi. Une nouvelle ère s’ouvre dans le football allemand, mais avec le même homme à sa tête. De la continuité, malgré la rupture.






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