L'appel des rabbins orthodoxes a eu l'effet d'un électrochoc sur la classe politique allemande. Venus de toute l'Europe à Berlin, ils ont incité les juifs à poursuivre la circoncision des bébés en Allemagne quand elles ont lieu pour des motifs religieux, malgré le jugement d'un tribunal de Cologne les mettant hors-la-loi. L'écho a été immédiat, dans un pays vacciné contre toute forme d'intolérance par son histoire.
De nombreux dirigeants politiques appellent désormais à faire voter une loi pour protéger la liberté religieuse et certaines pratiques traditionnelles y étant associées. «Si le jugement est maintenu, je ne vois pas d'avenir pour les juifs en Allemagne», a lancé Pinchas Goldschmidt, grand rabbin de Moscou et organisateur de la réunion de la Conférence des rabbins européens à Berlin. Le rabbi Goldschmidt dénonce «l'une des plus sévères atteintes à la vie juive en Europe depuis l'Holocauste». Il a affirmé que la décision du tribunal de Cologne menaçait l'existence même de la communauté juive d'Allemagne et illustrait une nouvelle fois l'intolérance dont sont, selon lui, victimes les communautés non chrétiennes en Europe, après l'interdiction des minarets en Suisse et celle du port du voile islamique en France et en Belgique.
Maladresse des juges
Dans un jugement qui devrait faire jurisprudence et rendu public fin juin, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que «le corps d'un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision», suscitant une vive polémique. Il y a environ 120 000 juifs et 4 millions de musulmans, la plupart turcs, en Allemagne. Juifs et musulmans, soutenus par les Églises protestante et catholique d'Allemagne, ne veulent pas attendre les 14 ans de la majorité religieuse pour que les garçons décident eux-mêmes.
Les médecins mettent en garde contre les risques liés à une pratique occulte de la circoncision, jusqu'à présent largement effectuée dans les hôpitaux. Et après l'appel à la raison du ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, dénonçant l'interdiction, la classe politique se mobilise.
Christine Lambrecht, vice-présidente du groupe parlementaire social-démocrate, réclame un texte de loi visant à protéger «les rituels religieux traditionnels». Renate Künast, patronne du groupe parlementaire écologiste, a annoncé une initiative pour le mois de septembre afin de «garantir une exemption pour les juifs et les musulmans». Künast affirme vouloir rechercher un compromis entre la protection de l'intégrité corporelle de l'enfant et la liberté religieuse, pour que «la circoncision religieuse ne soit pas punie par la loi». Plusieurs ténors libéraux et conservateurs se sont aussi dits favorables à l'adoption d'un texte de loi apaisant les tensions avec les minorités religieuses… La maladresse des juges de Cologne aura au moins réussi à faire surgir une «union sacrée» en Allemagne contre l'interdiction de la circoncision.
Par Patrick Saint-Paul
De nombreux dirigeants politiques appellent désormais à faire voter une loi pour protéger la liberté religieuse et certaines pratiques traditionnelles y étant associées. «Si le jugement est maintenu, je ne vois pas d'avenir pour les juifs en Allemagne», a lancé Pinchas Goldschmidt, grand rabbin de Moscou et organisateur de la réunion de la Conférence des rabbins européens à Berlin. Le rabbi Goldschmidt dénonce «l'une des plus sévères atteintes à la vie juive en Europe depuis l'Holocauste». Il a affirmé que la décision du tribunal de Cologne menaçait l'existence même de la communauté juive d'Allemagne et illustrait une nouvelle fois l'intolérance dont sont, selon lui, victimes les communautés non chrétiennes en Europe, après l'interdiction des minarets en Suisse et celle du port du voile islamique en France et en Belgique.
Maladresse des juges
Dans un jugement qui devrait faire jurisprudence et rendu public fin juin, le tribunal de grande instance de Cologne a estimé que «le corps d'un enfant était modifié durablement et de manière irréparable par la circoncision», suscitant une vive polémique. Il y a environ 120 000 juifs et 4 millions de musulmans, la plupart turcs, en Allemagne. Juifs et musulmans, soutenus par les Églises protestante et catholique d'Allemagne, ne veulent pas attendre les 14 ans de la majorité religieuse pour que les garçons décident eux-mêmes.
Les médecins mettent en garde contre les risques liés à une pratique occulte de la circoncision, jusqu'à présent largement effectuée dans les hôpitaux. Et après l'appel à la raison du ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, dénonçant l'interdiction, la classe politique se mobilise.
Christine Lambrecht, vice-présidente du groupe parlementaire social-démocrate, réclame un texte de loi visant à protéger «les rituels religieux traditionnels». Renate Künast, patronne du groupe parlementaire écologiste, a annoncé une initiative pour le mois de septembre afin de «garantir une exemption pour les juifs et les musulmans». Künast affirme vouloir rechercher un compromis entre la protection de l'intégrité corporelle de l'enfant et la liberté religieuse, pour que «la circoncision religieuse ne soit pas punie par la loi». Plusieurs ténors libéraux et conservateurs se sont aussi dits favorables à l'adoption d'un texte de loi apaisant les tensions avec les minorités religieuses… La maladresse des juges de Cologne aura au moins réussi à faire surgir une «union sacrée» en Allemagne contre l'interdiction de la circoncision.
Par Patrick Saint-Paul