Le duel que se livrent l'ancienne ministre sénégalaise de la Justice, fer de lance de la traque aux biens mal acquis, et le fils de l'ancien président sénégalais, surnommé « ministre du Ciel et de la Terre », est ancien. Mais ces dernières semaines, les coups pleuvent à nouveau entre « Mimi » Touré et Karim Wade.
Exilé au Qatar depuis juin 2016, où il demeurait obstinément mutique, Karim Wade est officiellement entré en campagne le 18 mars. « Le moment est venu pour Macky Sall de se résoudre à m’affronter dans une compétition loyale et transparente », écrivait le candidat officiel du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), évoquant la présidentielle de février 2019.
La réponse du camp présidentiel ne s’est pas fait attendre. Dans une pique postée sur sa page Facebook quelques jours plus tard, Aminata Touré, l’ancienne Première ministre de Macky Sall, moquait les ambitions du fils de l’ancien chef de l’État : « À une encablure de 2019, il y aura beaucoup de grenouilles qui gonfleront et gonfleront pour essayer d’avoir la taille d’un bœuf. Et, fatalement, […] elles éclateront, car les électeurs sénégalais ne sont pas dupes. »
Entre ces deux-là, l’ambiance est électrique. Nommée ministre de la Justice en avril 2012, avant de s’installer à la Primature, de septembre 2013 à juillet 2014, Aminata Touré fut l’auxiliaire zélée de la traque aux biens mal acquis, qui a valu à Karim Wade, en mars 2015, une lourde condamnation pour enrichissement illicite : six ans de prison, 138 milliards de F CFA d’amende [210 millions d’euros] et la confiscation de tous ses biens.
« Mimi » met en garde l’exilé de Doha
Après avoir été le fer de lance de la procédure judiciaire contre l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre », « Mimi » n’occupe aujourd’hui plus de fonction officielle, si ce n’est celle – honorifique – d’« envoyée spéciale » du chef de l’État.
Mais elle a tout de même laissé derrière elle, deux veilleurs dévoués : Serigne Bassirou Guèye, qui fut son conseiller technique lorsqu’elle était garde des Sceaux et qui occupe aujourd’hui la fonction sensible de procureur de la République au TGI de Dakar, et Antoine Félix Diome, hier substitut du procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), devenu agent judiciaire de l’État – donc, notamment chargé de recouvrer les sommes dues par Karim Wade.
Le discours fanfaron du repris de justice Karim Wade s’adresse à ses partisans désespérés
Si elle n’est plus aux affaires, la bouillonnante Mimi Touré fait ponctuellement office de « sniper » de la présidence. Dans sa ligne de mire, en ces temps de pré-campagne, le principal challenger du président sortant – le PDS restant la principale force d’opposition.
« Le discours fanfaron du repris de justice Karim Wade s’adresse à ses partisans désespérés par son absence, à dix mois de l’élection présidentielle, après moult annonces reportées », poursuivait Mimi Touré sur Facebook.
Dans le camp Wade, on se refuse à toute polémique avec une « ex- » qui, n’étant « pas une présidentiable », représenterait « du menu fretin ». Un seul adversaire compte aux yeux de l’exilé le plus célèbre du Sénégal : Macky Sall, l’ancien allié aujourd’hui, honni.
Retrouvailles
Le 19 avril, une nouvelle loi électorale a été adoptée devant l’Assemblée nationale. Décriée par l’opposition, qui y voit une tentative d’entraver la candidature de ses champions en durcissant le quota des parrainages nécessaires, elle l’est d’autant plus par les partisans de Karim Wade en raison d’une nouvelle disposition qui semble taillée sur mesure pour l’empêcher de se présenter en raison de son casier judiciaire.
Toujours ironique, Mimi Touré se dit pressée de sceller leurs retrouvailles : « Ce serait bien de le revoir ici chez nous avec le chèque de 138 milliards qu’il doit aux contribuables sénégalais. » Un message subliminal au candidat du PDS : s’il ne rembourse pas cette somme à son retour, il pourrait bien retourner derrière les barreaux.
jeuneafrique.com
Exilé au Qatar depuis juin 2016, où il demeurait obstinément mutique, Karim Wade est officiellement entré en campagne le 18 mars. « Le moment est venu pour Macky Sall de se résoudre à m’affronter dans une compétition loyale et transparente », écrivait le candidat officiel du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), évoquant la présidentielle de février 2019.
La réponse du camp présidentiel ne s’est pas fait attendre. Dans une pique postée sur sa page Facebook quelques jours plus tard, Aminata Touré, l’ancienne Première ministre de Macky Sall, moquait les ambitions du fils de l’ancien chef de l’État : « À une encablure de 2019, il y aura beaucoup de grenouilles qui gonfleront et gonfleront pour essayer d’avoir la taille d’un bœuf. Et, fatalement, […] elles éclateront, car les électeurs sénégalais ne sont pas dupes. »
Entre ces deux-là, l’ambiance est électrique. Nommée ministre de la Justice en avril 2012, avant de s’installer à la Primature, de septembre 2013 à juillet 2014, Aminata Touré fut l’auxiliaire zélée de la traque aux biens mal acquis, qui a valu à Karim Wade, en mars 2015, une lourde condamnation pour enrichissement illicite : six ans de prison, 138 milliards de F CFA d’amende [210 millions d’euros] et la confiscation de tous ses biens.
« Mimi » met en garde l’exilé de Doha
Après avoir été le fer de lance de la procédure judiciaire contre l’ancien « ministre du Ciel et de la Terre », « Mimi » n’occupe aujourd’hui plus de fonction officielle, si ce n’est celle – honorifique – d’« envoyée spéciale » du chef de l’État.
Mais elle a tout de même laissé derrière elle, deux veilleurs dévoués : Serigne Bassirou Guèye, qui fut son conseiller technique lorsqu’elle était garde des Sceaux et qui occupe aujourd’hui la fonction sensible de procureur de la République au TGI de Dakar, et Antoine Félix Diome, hier substitut du procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), devenu agent judiciaire de l’État – donc, notamment chargé de recouvrer les sommes dues par Karim Wade.
Le discours fanfaron du repris de justice Karim Wade s’adresse à ses partisans désespérés
Si elle n’est plus aux affaires, la bouillonnante Mimi Touré fait ponctuellement office de « sniper » de la présidence. Dans sa ligne de mire, en ces temps de pré-campagne, le principal challenger du président sortant – le PDS restant la principale force d’opposition.
« Le discours fanfaron du repris de justice Karim Wade s’adresse à ses partisans désespérés par son absence, à dix mois de l’élection présidentielle, après moult annonces reportées », poursuivait Mimi Touré sur Facebook.
Dans le camp Wade, on se refuse à toute polémique avec une « ex- » qui, n’étant « pas une présidentiable », représenterait « du menu fretin ». Un seul adversaire compte aux yeux de l’exilé le plus célèbre du Sénégal : Macky Sall, l’ancien allié aujourd’hui, honni.
Retrouvailles
Le 19 avril, une nouvelle loi électorale a été adoptée devant l’Assemblée nationale. Décriée par l’opposition, qui y voit une tentative d’entraver la candidature de ses champions en durcissant le quota des parrainages nécessaires, elle l’est d’autant plus par les partisans de Karim Wade en raison d’une nouvelle disposition qui semble taillée sur mesure pour l’empêcher de se présenter en raison de son casier judiciaire.
Toujours ironique, Mimi Touré se dit pressée de sceller leurs retrouvailles : « Ce serait bien de le revoir ici chez nous avec le chèque de 138 milliards qu’il doit aux contribuables sénégalais. » Un message subliminal au candidat du PDS : s’il ne rembourse pas cette somme à son retour, il pourrait bien retourner derrière les barreaux.
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