« La forme absolue de la stratégie comporte une foule d’interactions, puisque les combats, dans leur globalité, sont reliés de façon générale. À la lumière de toutes ces caractéristiques intrinsèques de la stratégie, nous estimons qu’il n’y a qu’un seul résultat qui compte : la victoire finale. En ce qui a trait à la guerre illimitée, nous ne devons jamais perdre de vue que la fin couronne l’œuvre. À l’intérieur du concept de guerre illimitée, la stratégie est indivisible et ses composantes, les victoires individuelles, n’ont de valeur que par leurs relations avec l’ensemble. » On peut ajouter : les revers aussi « n’ont de valeur que par leurs relations avec l’ensemble », si l’on considère qu’essuyer quelques tirs de l’ennemi ne veut pas dire perdre la guerre.
On peut aussi introduire dans ce développement sur la guerre ce qu’on appelle un leurre qui consiste, pour échapper à une menace, de détourner l’attention de l’attaque en produisant des cibles factices. Il peut prendre différentes formes. On peut extrapoler à partir de ce concept en imaginant l’envoi d’une partie de sa troupe dans une direction précise en vue d’attirer vers ou d’éloigner l’autre partie du centre de gravité. L’objectif étend au prix de pertes matérielles et ou en vies humaines d’obtenir la victoire finale.
A première vue, la décision de déposer une motion de censure pour provoquer la démission du Premier Ministre Abdoul Mbaye en référence à « certaines pratiques de blanchiment d’argent opérées au niveau d’une banque installée au Sénégal dont l’actuel Premier Ministre était le Directeur général de 1989 à 1997 » ressemble fort à la description du leurre. Conséquence, nos adversaires ont immédiatement parlé de politique politicienne en pensant que les libéraux veulent distraire l’attention des gens face aux accusations de détournement de deniers publics.
Le groupe parlementaire des libéraux et démocrates et les députés indépendants savaient pertinemment à quoi s’attendre en introduisant la motion de censure pour faire tomber le gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye. En tant qu’intellectuels et politiciens chevronnés, maitrisant toute la procédure de dépôt, de présentation et de validation d’une motion de censure, ils ont, dès le départ, fait une analyse de probabilité sur les conséquences politiques de leur action parlementaire.
En effet, M. Abdoul Mbaye, impliqué dans le blanchiment de l’argent transporté par Hissène Habré dans sa fuite de Njamena, offre une image très négative du Sénégal à travers le monde. Il le sait, Macky Sall le sait, les membres de la coalition qui l’entoure le savent de même que quelques Sénégalais. Cet affront que le Sénégal va subir est le fondement de la motion de censure. Les motivations dépassent les contingences politiques et les intérêts personnels.
La vision projective d’Ousmane Ngom appelant à la barre M. Abdoul Mbaye lors du procès de M. Hissène Habré n’est pas un effet de style ou du spectacle. C’est plus sérieux que ne tente de le faire croire le principal concerné qui avait pour la circonstance le sourire aux lèvres.
Comme il est de rigueur en politique, toute faute se paie immédiatement et chèrement. Alors pourquoi, les députés du PDS et leurs alliés de circonstance ont-ils pris le risque, aguerris qu’ils sont dans cette matière qu’ils pratiquent depuis leur tendre enfance, de perdre quelques points dans cette bataille qu’ils mènent contre le régime de Macky Sall. Si un sondage avait été mené avant et après la présentation de ladite motion, la courbe de popularité des libéraux aurait certainement révélé une certaine inclinaison négative.
Il n’y a pas eu faute comme l’ont cru certains mais sacrifice pour un idéal, un certain sens de l’honneur. Et comme dans la guerre illimitée, en politique, tout sacrifice ne peut avoir que des conséquences positives ou négatives temporaires.
L’affaire est donc très sérieuse si l’on sait que les libéraux, assurés de perdre de l’électorat dans ce face-à-face, ont quand même pris le risque d’aller au combat.
En effet, c’est la stricte application du proverbe selon lequel « le sage, même assis, voit plus loin qu’un jeune perché sur un arbre », car attrait à la barre pour s’expliquer ne serait-ce que sur son rôle dans la dissimulation de l’argent des Tchadiens, qu’en sera-t-il de l’image du Sénégal dans le monde. Le Premier ministre semble minimiser sa participation dans cette affaire puisque, soutient-il, la loi n’interdisait pas de planquer de l’argent volé (si ce n’est honteux), parce qu’il était couvert par sa hiérarchie et partageait ce rôle avec d’autres. Il aurait dû utiliser la ligne de défense qu’il suggérait aux libéraux : prouver qu’il n’est pas coupable au lieu de moucharder.
C’est une première dans les annales de l’histoire qu’un Premier ministre est accusé d’avoir blanchi de l’argent d’un Chef d’Etat d’un autre pays, déchu et en fuite. Cette situation est tellement rocambolesque qu’il est difficile de trouver les mots pour l’expliquer.
La République du Sénégal sera donc obligée de répondre devant des accusations de vol, complicité de vol et association de malfaiteurs venant des citoyens étrangers. Tant que les invectives restaient entre nous, nous pouvions manager la situation puisque nous savons qui est qui. Mais là les choses prennent visiblement et progressivement une autre dimension.
Ce ne sont pas des citoyens ordinaires qui seront accusés et insultés en directe devant les caméras de télévision comme l’ont fait Abdoul Mbaye et les députés de la majorité présidentielle au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale (deuxième institution de la République du Sénégal), c’est la nation sénégalaise qui sera trainée dans la boue.
Pour ceux dont la France est la référence, je leur signale que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls qui avait accusé la droite d'être responsable du "retour du terrorisme", désapprouvé par François Hollande, a fait amende honorable. Abdoul Mbaye a, quant à lui, reçu les félicitations de son chef. C’est choquant et gauche pour quelqu’un qui prône le respect des institutions. Celui qui n’a pas l’étoffe d’un chef applique l’adage selon lequel « quand le critique insulte l’auteur, on dit que c’est de la critique ; quand l’auteur insulte le critique, on dit que c’est une injure ». Quand Abdoul Mbaye insulte Oumar Sarr, Macky Sall le félicite. Quand Me Amadou Sall critique Macky Sall, il l’emprisonne.
La défense de l’honneur et de la dignité du Sénégal est la vraie raison qui explique cette prise de risque politique des libéraux. C’est ce que j’appelle le courage. C’est malheureusement la chose la moins bien partagée si l’on se réfère aux multiples courbettes accomplies en si peu de temps par Macky Sall devant Nicolas Sarkozy et François Hollande. Il y a des nègres qui ne peuvent pas dire non à un toubab. C’est naturel.
La défense de la dignité de notre pays vaut bien que quelques hommes (des vrais) et des femmes courageuses se sacrifient quitte à perdre quelques points de popularité dans les sondages. Mais si l’histoire leur donne raison…
On peut aussi introduire dans ce développement sur la guerre ce qu’on appelle un leurre qui consiste, pour échapper à une menace, de détourner l’attention de l’attaque en produisant des cibles factices. Il peut prendre différentes formes. On peut extrapoler à partir de ce concept en imaginant l’envoi d’une partie de sa troupe dans une direction précise en vue d’attirer vers ou d’éloigner l’autre partie du centre de gravité. L’objectif étend au prix de pertes matérielles et ou en vies humaines d’obtenir la victoire finale.
A première vue, la décision de déposer une motion de censure pour provoquer la démission du Premier Ministre Abdoul Mbaye en référence à « certaines pratiques de blanchiment d’argent opérées au niveau d’une banque installée au Sénégal dont l’actuel Premier Ministre était le Directeur général de 1989 à 1997 » ressemble fort à la description du leurre. Conséquence, nos adversaires ont immédiatement parlé de politique politicienne en pensant que les libéraux veulent distraire l’attention des gens face aux accusations de détournement de deniers publics.
Le groupe parlementaire des libéraux et démocrates et les députés indépendants savaient pertinemment à quoi s’attendre en introduisant la motion de censure pour faire tomber le gouvernement dirigé par Abdoul Mbaye. En tant qu’intellectuels et politiciens chevronnés, maitrisant toute la procédure de dépôt, de présentation et de validation d’une motion de censure, ils ont, dès le départ, fait une analyse de probabilité sur les conséquences politiques de leur action parlementaire.
En effet, M. Abdoul Mbaye, impliqué dans le blanchiment de l’argent transporté par Hissène Habré dans sa fuite de Njamena, offre une image très négative du Sénégal à travers le monde. Il le sait, Macky Sall le sait, les membres de la coalition qui l’entoure le savent de même que quelques Sénégalais. Cet affront que le Sénégal va subir est le fondement de la motion de censure. Les motivations dépassent les contingences politiques et les intérêts personnels.
La vision projective d’Ousmane Ngom appelant à la barre M. Abdoul Mbaye lors du procès de M. Hissène Habré n’est pas un effet de style ou du spectacle. C’est plus sérieux que ne tente de le faire croire le principal concerné qui avait pour la circonstance le sourire aux lèvres.
Comme il est de rigueur en politique, toute faute se paie immédiatement et chèrement. Alors pourquoi, les députés du PDS et leurs alliés de circonstance ont-ils pris le risque, aguerris qu’ils sont dans cette matière qu’ils pratiquent depuis leur tendre enfance, de perdre quelques points dans cette bataille qu’ils mènent contre le régime de Macky Sall. Si un sondage avait été mené avant et après la présentation de ladite motion, la courbe de popularité des libéraux aurait certainement révélé une certaine inclinaison négative.
Il n’y a pas eu faute comme l’ont cru certains mais sacrifice pour un idéal, un certain sens de l’honneur. Et comme dans la guerre illimitée, en politique, tout sacrifice ne peut avoir que des conséquences positives ou négatives temporaires.
L’affaire est donc très sérieuse si l’on sait que les libéraux, assurés de perdre de l’électorat dans ce face-à-face, ont quand même pris le risque d’aller au combat.
En effet, c’est la stricte application du proverbe selon lequel « le sage, même assis, voit plus loin qu’un jeune perché sur un arbre », car attrait à la barre pour s’expliquer ne serait-ce que sur son rôle dans la dissimulation de l’argent des Tchadiens, qu’en sera-t-il de l’image du Sénégal dans le monde. Le Premier ministre semble minimiser sa participation dans cette affaire puisque, soutient-il, la loi n’interdisait pas de planquer de l’argent volé (si ce n’est honteux), parce qu’il était couvert par sa hiérarchie et partageait ce rôle avec d’autres. Il aurait dû utiliser la ligne de défense qu’il suggérait aux libéraux : prouver qu’il n’est pas coupable au lieu de moucharder.
C’est une première dans les annales de l’histoire qu’un Premier ministre est accusé d’avoir blanchi de l’argent d’un Chef d’Etat d’un autre pays, déchu et en fuite. Cette situation est tellement rocambolesque qu’il est difficile de trouver les mots pour l’expliquer.
La République du Sénégal sera donc obligée de répondre devant des accusations de vol, complicité de vol et association de malfaiteurs venant des citoyens étrangers. Tant que les invectives restaient entre nous, nous pouvions manager la situation puisque nous savons qui est qui. Mais là les choses prennent visiblement et progressivement une autre dimension.
Ce ne sont pas des citoyens ordinaires qui seront accusés et insultés en directe devant les caméras de télévision comme l’ont fait Abdoul Mbaye et les députés de la majorité présidentielle au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale (deuxième institution de la République du Sénégal), c’est la nation sénégalaise qui sera trainée dans la boue.
Pour ceux dont la France est la référence, je leur signale que le ministre de l’Intérieur Manuel Valls qui avait accusé la droite d'être responsable du "retour du terrorisme", désapprouvé par François Hollande, a fait amende honorable. Abdoul Mbaye a, quant à lui, reçu les félicitations de son chef. C’est choquant et gauche pour quelqu’un qui prône le respect des institutions. Celui qui n’a pas l’étoffe d’un chef applique l’adage selon lequel « quand le critique insulte l’auteur, on dit que c’est de la critique ; quand l’auteur insulte le critique, on dit que c’est une injure ». Quand Abdoul Mbaye insulte Oumar Sarr, Macky Sall le félicite. Quand Me Amadou Sall critique Macky Sall, il l’emprisonne.
La défense de l’honneur et de la dignité du Sénégal est la vraie raison qui explique cette prise de risque politique des libéraux. C’est ce que j’appelle le courage. C’est malheureusement la chose la moins bien partagée si l’on se réfère aux multiples courbettes accomplies en si peu de temps par Macky Sall devant Nicolas Sarkozy et François Hollande. Il y a des nègres qui ne peuvent pas dire non à un toubab. C’est naturel.
La défense de la dignité de notre pays vaut bien que quelques hommes (des vrais) et des femmes courageuses se sacrifient quitte à perdre quelques points de popularité dans les sondages. Mais si l’histoire leur donne raison…