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Appel à la jeunesse sénégalaise : « La politique est tellement faite d’ambitions, qu’il est difficile d’y trouver deux esprits pensant la même chose »


Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Septembre 2024 à 18:27 | | 0 commentaire(s)|

Appel à la jeunesse sénégalaise : « La politique est tellement faite d’ambitions, qu’il est difficile d’y trouver deux esprits pensant la même chose »
Cette assertion de Jacques Nteka Bokolo résume de manière parfaite, le débat public au Sénégal, occupant ainsi des moments importants dans le quotidien de la jeunesse. Partout dans le monde, cette tranche importante de la population a été le moteur incontestable de toutes les révolutions.

Au Sénégal, de 1968 à mars 2024, la jeunesse a su montrer avec beaucoup de rigueur et de charisme, qu’elle est la véritable source du pouvoir politique. Ces évènements ont engendré des martyrs dont les noms resteront, à jamais, gravés en lettres d’or dans la mémoire collective. Parmi ceux-ci, Messieurs Oumar Blondin Diop dans les années 1960 et Mamadou Diop en 2011, ont particulièrement retenu mon attention.

Plus récemment encore, entre 2021 et 2023, les manifestations politiques ont coûté à la jeunesse plus de 70 de ses membres, pour libérer le peuple, selon leur propre expression. Comment peut-on ne pas rendre un hommage mérité à ces « JAMBARS », qui ont donné de leur sang et de leur vie pour « libérer » le peuple et installer le « PROJET » ?

Respect et honneur à vous, les véritables sentinelles de la démocratie et de l’État de droit. Vous avez bien rempli votre part du contrat pour l’avènement d’un Sénégal de paix, de liberté et de respect de la parole donnée entre autres objectifs.

En revanche, avec le recul, je ressens beaucoup de peine et de honte, au regard des premiers agissements de nos gouvernants. Aujourd’hui, force est de constater avec amertume, que le reniement, l’arrogance, le népotisme, le clientélisme politique et la mal gouvernance (Affaire ONAS, ASER, Port Autonome de Dakar, Déclaration du Ministre de la Santé et de l’Action Sociale), entre autres fléaux, jadis, combattus par la jeunesse, sont encore des pratiques visibles chez nos nouvelles autorités, artisans, défenseurs et porteurs du « PROJET » et de SOLUTIONS, qui n’existent que dans leur imagination fertile.

Oui, le Président du PASTEF, droit devant la jeunesse, a avoué que le « PROJET » est en gestation et qu’il n’avait pas encore de solutions pour abréger la souffrance des Sénégalais, notamment la cherté de la vie. Ce reniement est un coup fatal administré à la population sénégalaise, dans une surprise étonnante. La jeunesse s’est appropriée le « PROJET », parce qu’il devrait engendrer une démarche révolutionnaire par rapport aux anciennes pratiques. En effet, le président de la République devrait être un véritable homme d’État, celui qui s’institue arbitre impartial, entre ses ambitions et l’intérêt général.

L’administration devrait être dépolitisée, en mettant, à la tête des sociétés nationales, des agences et autres démembrements importants de l’État, des personnalités neutres, intègres et compétentes. Elles devraient être choisies selon des critères rigoureux, sanctionnés par une compétition libre, suite à un appel à candidatures ouvert. Elle devrait permettre également l’instauration de la reddition des comptes comme principe de gouvernance des ressources publiques. N’est-ce pas là, une offre politique et programmatique alléchante et historique, approuvée par tous les citoyens sénégalais ?

Malheureusement, l’appel d’offres comme mode d’administration du service public, ne verra jamais le jour. En effet, les postes les plus importants de l’administration, sont déjà occupés par les défenseurs les plus zélés du « PROJET », sans aucune possibilité de concurrence.

La jeunesse anonyme, pourtant, est constituée d’ingénieurs, de fiscalistes, de comptables, de techniciens supérieurs. Bref, des diplômés des plus grandes universités et des écoles de formation du Sénégal et dans le monde, ont rangé soigneusement leurs CV et attestations dans les placards, sous le regard impuissant de leurs proches. Ils se réveillent auprès de leurs parents, avec un sentiment de culpabilité, de regret et surtout, un sentiment d’être trahis. Et pourtant, ils devront prendre leur mal en patience, jusqu’à la publication du « PROJET », dont la date est encore inconnue du plus grand nombre. Cet appel à candidatures, pour assainir l’administration publique, est rangé aux oubliettes, ou du moins, il est réservé pour les postes de « CHEFS DE QUARTIERS » et des services de la « METEO », selon un haut responsable du PASTEF et Directeur général d’une société nationale.

Les Sénégalais ne méritent pas sincèrement cette arrogance et ce manque de respect. Les autorités actuelles leur doivent amour et considération, car ils ont donné à Monsieur Ousmane Sonko, tout ce qu’ils ont de plus cher, de la manière qu’ils n’ont jamais faite pour personne. Marthe Gagnon Thibodo écrivait : « Posséder sa jeunesse, c’est ignorer la jeunesse ».

Chère jeunesse de mon pays, ne vous faites pas posséder, ne soyez la propriété d’aucun groupe de pression, d’aucun groupe de politiciens qui vous utilise et vous ignore après usage. Vous êtes, en réalité, les véritables tenants du pouvoir. Soyez conscientes de votre force de frappe, de votre place dans la société et de l’importance de votre âge, car la jeunesse n’est pas éternelle, elle est passagère.

Le Sénégal s’achemine vers de nouvelles joutes électorales. C’est vous, jeunesse de mon pays qui allez donner la majorité à qui vous voulez. C’est pourquoi, ne soyez pas à la solde de politiciens populistes, qui n’excellent que dans l’art de promettre. Ne votez pas également pour des bagarreurs, des insulteurs, des hommes et des femmes incultes, des arrogants manipulateurs. Mais ne votez surtout pas, pour des absentéistes éternels.

Vos représentants à l’Assemblée nationale, doivent refléter vos souffrances, vos déceptions et vos aspirations profondes, pour mieux vous défendre. Ils doivent surtout refléter vos valeurs, votre amour de la patrie, au nom duquel vous avez tout donné. En définitive, je vous invite à être vos propres représentants.

En outre, ne votez pas pour les ennemis de la paix, les pilleurs de deniers publics épinglés par des rapports des corps de contrôle, jusqu’à ce qu’ils soient blanchis par une décision de justice.

Ne votez pas pour des politiciens véreux et incapables de servir l’intérêt général, car l’Assemblée nationale doit être le lieu, par excellence, du contrôle de la bonne exécution des politiques publiques.

Ne votez pas pour donner une immunité parlementaire à des individus en conflit avec la loi, car l’Assemblée nationale ne peut être un lieu de refuge pour des délinquants à col blanc.

Les élections législatives futures doivent enfin être des moments particuliers et une affaire personnelle de la jeunesse sénégalaise, pour l’avènement d’une véritable législature de rupture.

Je ne saurais terminer sans m’incliner devant la mémoire de milliers de jeunes qui ont péri en pleine mer, espérant trouver dans l’eldorado de l'Occident, un avenir meilleur.







Moustapha Wade,
Président du Mouvement Alliance pour la démocratie et le développement (ADD)

Ousmane Wade