Il y a un proverbe wolof qui dit que «taaru djiguène dey diekh» (la beauté de la femme est éphémère). Madina Camara, la Miss Sénégal 1990, n’en fait, assurément, pas partie. En attestent ses beaux «restes». La reine de beauté garde toujours la même grâce et la même prestance qu’il y a 19 ans. Sinon plus. Du moins, c’est son avis. Surtout qu’elle jure de toujours faire tourner des têtes. Entretien.
Présentez-vous aux lecteurs de l’Obs ?
Je me nomme Madina Camara Seydi. Je suis née de père Mandingue et de mère Peulh, le 27 Février 1970 à Diourbel. J’ai fait mes études entre Diourbel et Thiès. Je suis mariée à un merveilleux homme et j’ai trois enfants, l’aînée est une fille de 17 ans. Les deux autres sont des garçons de 14 et 11 ans. Cela fait 18 ans que j’ai quitté le Sénégal et je vis maintenant aux États-Unis où j’ai passé mon bac américain. Mais, chaque été, je reviens au Sénégal avec toute ma famille. D’ailleurs, ils étaient tous là. Mais ils sont repartis avant moi, car Ambroise Gomis m’avait demandé de rester pour faire partie du jury de Miss Dakar.
Vous étiez la présidente du jury de Miss Dakar 2009. Comment avez-vous vécu cette soirée ?
Je me suis bien amusée. Cela m’a permis de renouer avec les défilés car depuis que je suis partie, je n’ai pas assisté à ce genre de soirées. Donc, c’était un peu comme un pèlerinage et des retrouvailles. Seulement, je trouve qu’il n’y avait pas beaucoup d’autorités. C’est peut-être dû aux vacances. En plus, le niveau était assez moyen. Je me demande ce qui se passe d’ailleurs ? Les Miss de cette édition n’étaient pas mal, elles étaient belles et intelligentes. Néanmoins, je pense qu’au Sénégal on peut trouver mieux. Tout le monde n’est pas sans savoir que parmi les pays d’Afrique, la femme sénégalaise fait partie des plus belles. Il ne faut pas que les jeunes filles aient peur de se présenter.
Peut-être qu’elles appréhendent mal l’après – Miss…
Ce n’est pas toujours que l’après -Miss se passe mal. En tout cas, en ce qui me concerne, après mon élection, j’ai vécu de très bonnes expériences.
Justement qu’est ce que votre titre de Miss vous a apporté ?
Il faut dire que maintenant les choses ont beaucoup évolué. Quand je me suis présentée, il n’y avait pas beaucoup de suivi. On ne participait pas à d’autres concours comme Miss CEDEAO et c’était très dommage car j’aurais bien aimé participer à ce concours. Les Sénégalaises en général sont assez cultivées. Nous pouvons représenter le Sénégal un peu partout dans le monde. En somme, je dirais que la couronne ne m’a pas ouverte beaucoup de portes. Mais, j’ai quand même un peu voyagé avec le Ministère du Tourisme. Et, j’avais aussi fait beaucoup de publicités à l’époque.
Qu’avez-vous fait par la suite ?
Après m’être mariée, je suis restée presque deux ans au Sénégal avant d’aller à Boston avec mon mari qui faisait un troisième cycle. Cela a été une expérience très difficile pour moi, parce que je parlais à peine l’Anglais. En plus, je venais d’avoir un bébé. Ensuite, j’ai eu l’occasion d’apprendre la langue à Harvard puisque mon mari y étudiait. À l’époque, 15% des étudiants étaient mariés et étaient des étrangers et leurs épouses avaient la possibilité d’étudier l’Anglais pendant six mois. L’année suivante, j’ai eu mon deuxième enfant et quand il est devenu plus grand, j’ai passé une licence en esthétique et je travaillais en free-lance un peu partout. Par la suite, j’ai obtenu un diplôme de décoratrice d’intérieur. Ensuite, mon mari a été affecté, pendant 4 ans, à Douala. Là-bas, j’ai ouvert un institut de beauté. Cela marchait très bien et c’était une très bonne expérience pour moi. Lorsque je suis retournée à Washington, il y a tout juste un an, j’ai ouvert un autre institut. Je préfère travailler pour mon propre compte. Ainsi, je pourrais bien gérer mon temps afin de bien m’occuper de ma maison, de mon mari et d’assurer à mes enfants la meilleure éducation qui soit. Ce qui n’est pas trop évident à l’étranger.
Après tout ce temps, n’avez-vous pas perdu vos repères et les habitudes sénégalaises ?
J’essaie toujours de me rapprocher de mon pays. Mes enfants sont nés à l’étranger, ils ont des papiers Américains, mais ils refusent de se considérer comme tel. Tout comme moi, ils réclament leurs origines sénégalaises. J’aime mon pays et je suis très patriote.
Avez-vous donc des projets pour le Sénégal ?
Si je pouvais avoir la possibilité de vivre ici, oui ! J’ai beaucoup d’idées, mais je pense que pour les réaliser, il faut être sur place. Par exemple, à Washington, je fais du volontariat. Avec mes enfants, nous aidons, entre autres activités, à servir les repas dans les maisons de retraite. J’aurais bien aimé le faire dans mon pays.
Pensez- vous rentrer un jour ?
Oui, c’est mon plus grand souhait et le plus tôt sera le mieux.
Madina est-elle «mocc – pocc» ?
Ah oui ! Là, je gère bien (rires).
Peut-on savoir comment ?
Disons que je m’occupe bien de lui.
En utilisant les «bine-bine» (ceintures de perles), «cuuray» (encens) et autres «bétio» (petits pagnes) ?
Malheureusement, mon mari n’aime pas ces artifices. L’encens le dérange, les ceintures de perles, il trouve que cela fait du bruit. Par contre, il aime bien manger et je passe tout mon temps à la cuisine à lui concocter de bons petits plats.
Que feriez-vous si votre mari vous amène une niareel (deuxième femme) ?
On dit qu’il ne faut pas dire jamais. Mais, je le dis quand même. Je pense que je n’aurais pas l’occasion d’avoir une coépouse parce qu’elle ne va pas me trouver dans mon foyer, je vais partir et elle sera la première femme.
Pourquoi ? Vous n’êtes pas sûre de vous ?
Absolument, je suis très sûre de moi (elle ouvre grand ses yeux). C’est juste que je ne vois pas comment partager mon homme, je ne peux pas l’accepter, c’est inconcevable en mon sens.
Que faites-vous donc des femmes qui ont jusqu’à trois coépouses ?
J’en suis bien consciente, d’ailleurs mes sœurs, mes cousines sont dans ça, mais moi je ne peux pas.
Les reines de beauté sont souvent mariées, à votre instar, à des hommes d’un certain standing. Est-ce par hasard ou par calcul froid ?
C’est possible. Mais je vais vous dire que lorsque j’ai connu mon mari, il venait des Etats-Unis, il ne savait même pas que j’étais Miss, c’était lors d’un dîner. À cette période, je gagnais plus que lui, il était un simple analyste financier. Je ne regardais pas son portefeuille. Tout ce que j’attendais de lui c’est qu’il m’offre des fleurs. Nous avons cheminé. Aujourd’hui, il est le Directeur des ressources humaines de la partie privée de la Banque mondiale. Le peu qu’on a, nous l’avons construit tous les deux. Actuellement, nous ne sommes pas milliardaires, mais nous rendons grâce à Dieu.
Vous aurez bientôt 40 ans et pourtant cela ne se voit pas. Est-ce à dire que vous vous maintenez ?
J’aurais bientôt 40 ans et je n’arrive toujours pas à le croire. Quand je suis avec ma fille de 17 ans, on me demande tout le temps si je suis sa grande sœur. Je me maintiens quand même.
N’avez-vous pas peur de la vieillesse ?
Je n’ai pas peur de la vieillesse, j’essaie surtout de rester en bonne santé. Je fais beaucoup de sport, au moins 5 fois par semaine. Tous les soirs, je ne mange que des grillades, j’évite tout ce qui est gras et sucré. Et grâce à cela, je garde la ligne.
Du temps de votre tendre jeunesse, vous avez dû faire tourner beaucoup de têtes ?
C’est tellement paradoxal, je me sens plus belle qu’à l’époque où j’ai été Miss Sénégal, juste parce que je suis plus sûre de moi et plus intelligente. Pour être honnête, je pense que je fais toujours tourner des têtes (rires), pas seulement à cause de mon physique, mais aussi à cause de ce que j’ai à l’intérieur de moi. Je crois d’ailleurs que c’est ce qui compte le plus.
Comment vous définiriez vous ?
Comme une femme très fidèle et reconnaissante, gentille et douce de nature. Certains pensent même que je ne me fâche jamais. J’ai toujours le sourire et je suis très patiente. Par contre, je suis du genre à être très rancunière. Et quand on me blesse, je ne pardonne pas facilement.
Vos défauts ?
Mon mari me dit toujours que je n’en fais qu’à ma tête. Quand je veux quelque chose, il n’y a plus qu’à prier que ce soit la bonne…
Présentez-vous aux lecteurs de l’Obs ?
Je me nomme Madina Camara Seydi. Je suis née de père Mandingue et de mère Peulh, le 27 Février 1970 à Diourbel. J’ai fait mes études entre Diourbel et Thiès. Je suis mariée à un merveilleux homme et j’ai trois enfants, l’aînée est une fille de 17 ans. Les deux autres sont des garçons de 14 et 11 ans. Cela fait 18 ans que j’ai quitté le Sénégal et je vis maintenant aux États-Unis où j’ai passé mon bac américain. Mais, chaque été, je reviens au Sénégal avec toute ma famille. D’ailleurs, ils étaient tous là. Mais ils sont repartis avant moi, car Ambroise Gomis m’avait demandé de rester pour faire partie du jury de Miss Dakar.
Vous étiez la présidente du jury de Miss Dakar 2009. Comment avez-vous vécu cette soirée ?
Je me suis bien amusée. Cela m’a permis de renouer avec les défilés car depuis que je suis partie, je n’ai pas assisté à ce genre de soirées. Donc, c’était un peu comme un pèlerinage et des retrouvailles. Seulement, je trouve qu’il n’y avait pas beaucoup d’autorités. C’est peut-être dû aux vacances. En plus, le niveau était assez moyen. Je me demande ce qui se passe d’ailleurs ? Les Miss de cette édition n’étaient pas mal, elles étaient belles et intelligentes. Néanmoins, je pense qu’au Sénégal on peut trouver mieux. Tout le monde n’est pas sans savoir que parmi les pays d’Afrique, la femme sénégalaise fait partie des plus belles. Il ne faut pas que les jeunes filles aient peur de se présenter.
Peut-être qu’elles appréhendent mal l’après – Miss…
Ce n’est pas toujours que l’après -Miss se passe mal. En tout cas, en ce qui me concerne, après mon élection, j’ai vécu de très bonnes expériences.
Justement qu’est ce que votre titre de Miss vous a apporté ?
Il faut dire que maintenant les choses ont beaucoup évolué. Quand je me suis présentée, il n’y avait pas beaucoup de suivi. On ne participait pas à d’autres concours comme Miss CEDEAO et c’était très dommage car j’aurais bien aimé participer à ce concours. Les Sénégalaises en général sont assez cultivées. Nous pouvons représenter le Sénégal un peu partout dans le monde. En somme, je dirais que la couronne ne m’a pas ouverte beaucoup de portes. Mais, j’ai quand même un peu voyagé avec le Ministère du Tourisme. Et, j’avais aussi fait beaucoup de publicités à l’époque.
Qu’avez-vous fait par la suite ?
Après m’être mariée, je suis restée presque deux ans au Sénégal avant d’aller à Boston avec mon mari qui faisait un troisième cycle. Cela a été une expérience très difficile pour moi, parce que je parlais à peine l’Anglais. En plus, je venais d’avoir un bébé. Ensuite, j’ai eu l’occasion d’apprendre la langue à Harvard puisque mon mari y étudiait. À l’époque, 15% des étudiants étaient mariés et étaient des étrangers et leurs épouses avaient la possibilité d’étudier l’Anglais pendant six mois. L’année suivante, j’ai eu mon deuxième enfant et quand il est devenu plus grand, j’ai passé une licence en esthétique et je travaillais en free-lance un peu partout. Par la suite, j’ai obtenu un diplôme de décoratrice d’intérieur. Ensuite, mon mari a été affecté, pendant 4 ans, à Douala. Là-bas, j’ai ouvert un institut de beauté. Cela marchait très bien et c’était une très bonne expérience pour moi. Lorsque je suis retournée à Washington, il y a tout juste un an, j’ai ouvert un autre institut. Je préfère travailler pour mon propre compte. Ainsi, je pourrais bien gérer mon temps afin de bien m’occuper de ma maison, de mon mari et d’assurer à mes enfants la meilleure éducation qui soit. Ce qui n’est pas trop évident à l’étranger.
Après tout ce temps, n’avez-vous pas perdu vos repères et les habitudes sénégalaises ?
J’essaie toujours de me rapprocher de mon pays. Mes enfants sont nés à l’étranger, ils ont des papiers Américains, mais ils refusent de se considérer comme tel. Tout comme moi, ils réclament leurs origines sénégalaises. J’aime mon pays et je suis très patriote.
Avez-vous donc des projets pour le Sénégal ?
Si je pouvais avoir la possibilité de vivre ici, oui ! J’ai beaucoup d’idées, mais je pense que pour les réaliser, il faut être sur place. Par exemple, à Washington, je fais du volontariat. Avec mes enfants, nous aidons, entre autres activités, à servir les repas dans les maisons de retraite. J’aurais bien aimé le faire dans mon pays.
Pensez- vous rentrer un jour ?
Oui, c’est mon plus grand souhait et le plus tôt sera le mieux.
Madina est-elle «mocc – pocc» ?
Ah oui ! Là, je gère bien (rires).
Peut-on savoir comment ?
Disons que je m’occupe bien de lui.
En utilisant les «bine-bine» (ceintures de perles), «cuuray» (encens) et autres «bétio» (petits pagnes) ?
Malheureusement, mon mari n’aime pas ces artifices. L’encens le dérange, les ceintures de perles, il trouve que cela fait du bruit. Par contre, il aime bien manger et je passe tout mon temps à la cuisine à lui concocter de bons petits plats.
Que feriez-vous si votre mari vous amène une niareel (deuxième femme) ?
On dit qu’il ne faut pas dire jamais. Mais, je le dis quand même. Je pense que je n’aurais pas l’occasion d’avoir une coépouse parce qu’elle ne va pas me trouver dans mon foyer, je vais partir et elle sera la première femme.
Pourquoi ? Vous n’êtes pas sûre de vous ?
Absolument, je suis très sûre de moi (elle ouvre grand ses yeux). C’est juste que je ne vois pas comment partager mon homme, je ne peux pas l’accepter, c’est inconcevable en mon sens.
Que faites-vous donc des femmes qui ont jusqu’à trois coépouses ?
J’en suis bien consciente, d’ailleurs mes sœurs, mes cousines sont dans ça, mais moi je ne peux pas.
Les reines de beauté sont souvent mariées, à votre instar, à des hommes d’un certain standing. Est-ce par hasard ou par calcul froid ?
C’est possible. Mais je vais vous dire que lorsque j’ai connu mon mari, il venait des Etats-Unis, il ne savait même pas que j’étais Miss, c’était lors d’un dîner. À cette période, je gagnais plus que lui, il était un simple analyste financier. Je ne regardais pas son portefeuille. Tout ce que j’attendais de lui c’est qu’il m’offre des fleurs. Nous avons cheminé. Aujourd’hui, il est le Directeur des ressources humaines de la partie privée de la Banque mondiale. Le peu qu’on a, nous l’avons construit tous les deux. Actuellement, nous ne sommes pas milliardaires, mais nous rendons grâce à Dieu.
Vous aurez bientôt 40 ans et pourtant cela ne se voit pas. Est-ce à dire que vous vous maintenez ?
J’aurais bientôt 40 ans et je n’arrive toujours pas à le croire. Quand je suis avec ma fille de 17 ans, on me demande tout le temps si je suis sa grande sœur. Je me maintiens quand même.
N’avez-vous pas peur de la vieillesse ?
Je n’ai pas peur de la vieillesse, j’essaie surtout de rester en bonne santé. Je fais beaucoup de sport, au moins 5 fois par semaine. Tous les soirs, je ne mange que des grillades, j’évite tout ce qui est gras et sucré. Et grâce à cela, je garde la ligne.
Du temps de votre tendre jeunesse, vous avez dû faire tourner beaucoup de têtes ?
C’est tellement paradoxal, je me sens plus belle qu’à l’époque où j’ai été Miss Sénégal, juste parce que je suis plus sûre de moi et plus intelligente. Pour être honnête, je pense que je fais toujours tourner des têtes (rires), pas seulement à cause de mon physique, mais aussi à cause de ce que j’ai à l’intérieur de moi. Je crois d’ailleurs que c’est ce qui compte le plus.
Comment vous définiriez vous ?
Comme une femme très fidèle et reconnaissante, gentille et douce de nature. Certains pensent même que je ne me fâche jamais. J’ai toujours le sourire et je suis très patiente. Par contre, je suis du genre à être très rancunière. Et quand on me blesse, je ne pardonne pas facilement.
Vos défauts ?
Mon mari me dit toujours que je n’en fais qu’à ma tête. Quand je veux quelque chose, il n’y a plus qu’à prier que ce soit la bonne…