C’est le 31 Décembre. Vous êtes sortis voir le feu d’artifice. Dans la rue, des vendeurs proposent des bâtons phosphorescents. Votre petit n’a d’yeux que pour eux. Il vous tire par la manche : « Maman, j’en veux un ! » Devant votre refus, il se jette par terre et pousse des cris stridents.
-> On décode
S’il n’est pas encore couché à minuit, il est forcément fatigué. Il n’arrive plus à se contrôler, il hurle. Il va falloir vous montrer plus conciliants que d’habitude. Ce bâton lumineux, votre enfant se voyait déjà avec. En le lui refusant, vous lui enlevez un morceau de son identité. Par cette colère, il cherche à rétablir son intégrité et à gérer sa frustration. Acceptez d’écouter sa fureur. Que vous refusiez d’accéder à sa demande, c’est une chose. Mais il a besoin de savoir qu’il a le droit de désirer.
-> On réagit
Evitez de dire non à votre enfant de manière trop abrupte. C’est très humiliant, quand on cherche à devenir une personne à part entière, de sentir que l’autre a le pouvoir. Dites plutôt : « Je comprends qu’ils te plaisent, ils sont vraiment super, ces bâtons ! » et prenez-le par la main pour aller les observer de plus près. Ainsi, entraînez-le à gérer sa frustration en éprouvant du plaisir à regarder plutôt qu’à posséder. Sachez aussi qu’il ne vous est pas interdit de changer d’avis. Vous avez répondu non machinalement mais vous vous apercevez que votre enfant est très malheureux ? Cherchez à comprendre ce qu’il ressent : « Tu en as vraiment envie ? » Certes, il y a peu de chances qu’il vous réponde non. Mais vous pouvez prendre la mesure de son désir en lui proposant une alternative : « Tu ne préfères pas que nous allions faire un tour de poney demain, par exemple ? » Si votre petit tient absolument à ce bâton et qu’il est encore temps de l’acheter, vous avez le droit de faire amende honorable : « Je ne m’étais pas rendu compte que c’était si important pour toi. » Vous n’avez pas à dire oui à toutes ses demandes, bien sûr. Mais, à l’inverse, refuser tout achat sous prétexte que votre enfant n’en a pas besoin serait injuste. Il risquerait d’en déduire que le plaisir lui est interdit, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur sa joie de vivre présente et future.
-> On évite de…
… l’humilier (« tu es vraiment insupportable ») ou le punir (« si tu continues, tu n’iras pas chez ton petit copain demain »). Il doit au contraire savoir que l’expression verbale de ses émotions les plus violentes ne détruit pas l’amour que vous avez pour lui.
Il est triste
Votre enfant a lâché son joli ballon rouge gonflé à l’hélium, qui s’est échappé dans les nuages. Il est inconsolable, il garde les yeux obstinément fixés sur le ciel et surveille le petit point qui s’éloigne en hoquetant de chagrin.
-> On décode
Il est bien naturel d’être triste quand on perd quelque chose qu’on aime. Accompagnez-le dans sa tristesse : « Je te comprends, c’est dur de voir partir son ballon. » Si c’est la première fois que cette mésaventure lui arrive, vous pouvez, si vous en avez envie, lui acheter un autre ballon. Tout en faisant en sorte qu’il tire la leçon de ce qui vient d’arriver : « Qu’est-ce qu’on va faire pour que celui-là ne s’échappe pas ? On pourrait peut-être l’attacher à ton poignet ? » Mais il n’est pas certain que votre enfant en veuille un autre. C’est peut-être celui qui s’est envolé qu’il veut ! On n’évite pas forcément la peine en remplaçant l’objet perdu, alors essayé de consoler votre petit.
-> On réagit
Il a du chagrin ? Ouvrez-lui vos bras pour qu’il puisse venir s’y réfugier et laissez-le donner libre cours à ses larmes. Elles l’aident à ne pas garder la tristesse en lui. Regardez ensemble le ballon qui s’éloigne dans le ciel : « Où s’en va-t-il ? Que voit-il, de là-haut ? Va-t-il traverser ce gros nuage ? » Vous pouvez aussi lui faire remarquer que, même parti, son ballon continue d’exister dans son cœur.
-> On évite de…
… lui dire « ne pleure pas ». Voir son enfant en larmes, c’est difficile. S’il pleure, c’est parce qu’il a mal. On voudrait faire disparaître cette douleur. Mais ce n’est pas parce qu’il ne pleure plus qu’il ne souffre plus. Au contraire, ça lui fait du bien de pleurer.
Il boude
Il avait demandé du ketchup sur ses pâtes, vous vous êtes trompé et avez mis du gruyère. Les yeux obstinément fixés au-dessus de la table, votre enfant ne desserre pas les dents et refuse de toucher à son assiette. Mais il va bouder longtemps comme ça ?
-> On décode
La bouderie est un langage. Elle signifie qu’il y a souffrance. Parce qu’il ne se sent pas entendu, votre enfant préfère s’enfermer ostensiblement en lui-même. Comprenez-le. Il voulait du ketchup, vous avez mis du… gruyère et vous semblez considérer qu’il n’a qu’à manger ce qu’il y a dans son assiette. Les adultes ont souvent tendance à penser qu’ils ont le pouvoir. Et que les enfants, puisqu’ils sont dépendants d’eux, n’ont qu’à obéir. Mais quand votre petit demande du ketchup, il ne cherche pas à prendre le pouvoir. Il cherche simplement à exister, c’est une façon de dire qu’il a le droit d’avoir des goûts et des désirs.
-> On réagit
Permettez-lui de sortir dignement de cette bouderie en lui demandant ce qui se passe : « Qu’est-ce qui ne va pas ? Il y a quelque chose que je n’ai pas vu et que tu cherches à me dire ? » Vous lui enseignez un geste positif : en parlant (« Je n’aime pas le gruyère, est-ce que je peux avoir une autre assiette avec du ketchup ? »), on obtient davantage qu’en boudant. Encore faut-il bien sûr que vous sachiez vous excuser (« Pardon, je n’ai pas fait attention… ») et que vous remplaciez son assiette. Vous le feriez bien avec un ami venu dîner chez vous, pourquoi pas avec votre enfant ?
-> On évite de…
… se détourner de lui (« Je n’aime pas les enfants qui boudent. »). Lui, tout ce qu’il va entendre, c’est : maman ne m’aime pas. Ou de le contraindre à avaler ce que vous lui avez servi en refusant d’entendre qu’il n’aime pas ça. Un enfant qui avale tout ce qu’on lui donne sans discuter risque, plus tard, de ne plus savoir choisir du tout. Quand vous lui proposerez : « On va à la pizzeria ou au restau chinois pour ton anniversaire ? », il vous répondra : « Je ne sais pas, c’est comme tu veux. »
Il a peur
Rien à faire : il ne veut pas aller sur le manège. Vous jetez des regards envieux sur les autres enfants qui tournent avec des sourires radieux… Pendant ce temps-là, le vôtre s’accroche à vous comme une moule à son rocher.
-> On décode
Beaucoup d’enfants ont peur du manège pendant une courte période de leur vie, en général vers 3 ans. C’est le moment où le système nerveux se met en place. D’un seul coup, ils prennent conscience de la vitesse. Le manège a soudain pour eux des allures de grand huit ! Dites-vous bien que la peur est une émotion extrêmement saine. Elle nous informe de la présence d’un danger, mobilise notre corps pour y faire face, nous apprend à nous préparer devant l’inconnu. Etre courageux, c’est connaître la peur, la vivre, la reconnaître et en tirer des enseignements. Votre petit doit apprendre à l’accepter, à la surmonter et à l’utiliser.
-> On réagit
Ne le forcez pas. Essayez plutôt de comprendre ce qui l’effraie dans le manège. Est-ce parce que ça va trop vite ? Parce que ça tourne et qu’il a l’impression de perdre l’équilibre ? Parce que vous disparaissez de sa vue à chaque tour ? Si le fait de ne plus vous voir le panique, proposez-lui de monter sur le manège avec lui. Il n’a toujours pas envie ? Vous réessaierez dans quelques semaines. Tôt ou tard, la peur fera place au désir. Laissez-lui le temps.
-> On évite de…
… le traiter de « poule mouillée », de le pousser à surmonter sa peur. Au contraire. En le brusquant, vous l’obligez à refouler son angoisse dans les profondeurs de son inconscient. Un jour ou l’autre, elle ressortira. Sous forme de phobie, par exemple. Et comment voudriez-vous que votre enfant comprenne votre insistance à le mettre dans une situation de mal-être ? Il risquerait de perdre la confiance qu’il a placée en vous.
Il est jaloux
Pour Noël, il avait demandé le bateau des Pirates des Caraïbes, et ouf ! Vous avez réussi à le trouver. Mais à peine votre enfant a-t-il déballé son cadeau qu’il aperçoit la console de jeux de son cousin et se met à grimacer. Le bateau ne l’intéresse plus, c’est la console qu’il aurait voulue !
-> On décode
Si ce cadeau était une surprise, on aurait pu comprendre que votre enfant soit déçu. Mais là, il s’agit du jouet qu’il a désiré et attendu. L’enjeu est probablement ailleurs. Il faut chercher du côté du relationnel. Qu’est-ce que son cousin a de plus que lui ? Est-il plus grand, plus fort ? Du coup, tout ce que ce cousin touche est sublime. Alors que ce qu’il possède, lui, est nul. La jalousie est une émotion inscrite biologiquement en nous : si quelqu’un possède ce que l’on n’a pas, ce « quelque chose » devient immédiatement désirable. En grandissant, nous apprenons à gérer ce sentiment. Mais on ne peut pas en demander autant à un enfant ! Pour l’heure, votre petit a le cœur brisé.
-> On réagit
Montrez-lui que vous avez compris ce qu’il ressent : « Elle te plaît beaucoup, cette console de jeux, hein ? Quand tu seras plus grand, tu pourras en demander une, toi aussi, si tu en as toujours envie. » Et, en attendant, demandez au cousin s’il veut bien qu’on joue tous ensemble avec la console. Cela permettra à votre petit de se « l’approprier » un peu. Si c’est possible, faites également en sorte que le cousin s’intéresse au bateau de pirates. S’il l’investit, c’est gagné : le jouet s’en trouvera immédiatement valorisé.
-> On évite de…
… fustiger sa jalousie (« ce n’est pas beau ») et de le culpabiliser. Il ne doit pas avoir honte de ce qu’il ressent. Sinon, il va bloquer ses émotions. Et ce n’est pas parce qu’il les refoulera qu’elles disparaîtront. Elles vont s’enraciner en lui et « faire des nœuds ».
Il hurle de joie
Il vient de marquer un but en expédiant sa balle dans la corbeille à papier et court à travers le salon en manifestant bruyamment sa joie ! Le seul problème, c’est que ses cris ont réveillé sa petite sœur, qui venait juste de s’endormir dans la pièce à côté. Est-ce qu’il ne pourrait pas être un peu moins… explosif ?
-> On décode
Il est heureux et fier de lui : c’est bien normal qu’il fasse du bruit ! Il n’a pas encore perdu sa capacité à hurler de joie – comme nous, adultes, qui vivons dans la répression émotionnelle. La joie est une émotion précieuse. Chaque fois que votre enfant éprouve plaisir et fierté, son cerveau en garde une trace. La fois suivante, il va lancer son ballon avec davantage de confiance en lui et donc davantage de chances de succès.
-> On réagit
Tout dépend de ses cris. S’il hurle et saute en l’air pendant un quart d’heure, il va falloir lui apprendre à se maîtriser davantage et à se montrer plus attentif aux autres. Mais s’il manifeste sa joie si bruyamment, c’est sans doute aussi parce qu’il cherche à attirer votre attention. Peut-être se sent-il un peu délaissé depuis l’arrivée de sa petite sœur ? Incitez-le à venir vous faire un câlin et à vous parler. S’il s’agit d’un simple cri de victoire, accompagnez sa joie. Montrez que vous avez vu son exploit et félicitez-le : « En plein dans le mille, bravo ! » Ainsi, vous l’aidez à se sentir fier de lui. Or c’est ce qui fait la différence entre les futurs champions et les autres : les champions sont ceux qui éprouvent de la fierté pour leurs réussites. En fait, on ne s’endort jamais sur ses lauriers, contrairement à ce que dit l’expression populaire. Au contraire, le succès galvanise et donne envie de toujours faire mieux.
-> On évite de…
… le féliciter à outrance (« tu es le meilleur », « tu es génial »). Votre enfant n’est pas fou : il sait qu’il n’a rien fait de vraiment exceptionnel. Il va penser «maman me dit ça parce qu’elle m’aime et parce qu’en vrai je suis plutôt nul ».
femastuces.com