Fallait-il organiser un Forum économique dans la foulée du sommet de la Francophonie ?
Mohamed Ly - Le Forum économique a été organisé à un moment opportun, à la marge du sommet de la Francophonie. Et ce Forum économique, -le premier du genre-, tombait à pic au moment où toute la communauté francophone aspire à la construction d’une Francophonie économique dynamique. Ainsi, il devenait évident voire urgent de mieux définir la construction de l'espace francophone en y ajoutant une dimension économique. Profiter de la présence des pays membres et de leurs délégations respectives pour avoir les acteurs clefs de la vie économique des pays de l’espace « francophone-francophilophone » a été une très bonne inspiration du Sénégal. De plus, tout l'attirail était disponible pour donner lieu à des débats de grande qualité. En atteste également, la qualité des panélistes ainsi que la présence de plus de 1.300 participants, parmi lesquels des opérateurs économiques et des décideurs du monde des affaires.
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Les quelque propositions et/ou résolutions qui ont été émises pendant ce Forum ont-elles la moindre chance d’être appliquées ?
Mohamed Ly - Oui je le pense, et je l’espère, et je fonde mon optimisme sur quelques éléments tangibles :
· Primo, les participants à ce Forum sont des leaders et des personnalités engagés pour la mise en place de cet espace francophone;
· Secundo, une charte économique régit ce Forum, charte qui sera discutée au niveau de la nouvelle Secrétaire général (La Canadienne d’origine haïtienne Michaelle Jean), de l’OIF et des chefs d’états. L’indicateur d’espoir réside dans la signature de l’accord sur un chapelet de proposition/ résolutions.
Ce panel aura une influence certaine dans le monde francophone. Par ailleurs les participants sont aussi des décideurs politiques. Je pense à Alain Juppé qui est un candidat sérieux à la prochaine présidentielle en France, par exemple ; ou bien Racine Sy, le patron du tourisme sénégalais, qui est la personnalité la plus influente du secteur touristique ouest africain…
En quoi complètent-elles les principales conclusions des chefs d’Etat et de gouvernement à l’issue du sommet en ce qui concerne, notamment les femmes et les jeunes ?
Mohamed Ly - Manifestement, le Forum économique n’a pas cherché à faire écho au thème retenu par les chefs d’état et de gouvernements : « Jeunes et Femme en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». Ses organisateurs ont plutôt réfléchi à l’exploration de voies et moyens à mettre en œuvre dans l’espace francophone pour y faciliter l’échange commercial, économique et financier. D’où les quelque 80 propositions qui devront encore être concrétisées par une charte économique de la Francophonie, suite à leur validation (NDLR : dans deux ans au prochain sommet de la francophonie qui se tiendra à Madagascar). Le Forum a traité de sujets comme le récurrent problème des visas francophones pour les affaires et les études ; de la facilitation des investissements à travers des accords innovants ; de la nécessaire promotion de l’emploi des jeunes et de la mise en place d’un institut économique de la Francophonie, parmi d’autres points. Ses propositions rentrent dans la stratégie économique, adoptée à l’issue du sommet des chefs d’Etats, visant notamment à "renforcer l’action économique dans l’espace francophone".
Les retombées de cette grande messe de la Francophonie à Dakar seront-elles à la hauteur des dépenses engagées ?
Mohamed Ly - Ma conviction intime demeure qu’un pays n’organise pas un sommet pour des retombées financières immédiates. L’organisation du XVe sommet de la Francophonie par le Sénégal est d’abord une victoire diplomatique pour notre pays et son succès indéniable est le gage de la crédibilité du pays en termes d’organisation de grands événements sur le continent. Il consolide la place de Dakar comme plaque tournante et lieu de convergence de grands événements mondiaux. L’organisation d’un sommet comme celui-ci ne saurait être réduit à une opération commerciale. Donc, je suis un peu gêné par cette vision mercantiliste des détracteurs du sommet qui se focalisent sur le ratio investissement/bénéfice.
En quoi cela va-t-il permettre de débloquer la croissance économique au Sénégal?
Mohamed Ly - Je ne pense pas que l'on puisse définir l’économie sénégalaise comme étant « bloquée ». Elle a des défis à relever et des problèmes structurels liés à son financement, au renouvellement de ses outils de production et des problèmes de compétitivité. Néanmoins, ces défis ont été bien identifiés par le diagnostic du pouvoir en place. A titre d'exemple, l’initiative du Président Macky Sall de mettre en place les trois instruments que sont la BNDE (pour le financement), le FONSIS (pour les investissements lourds) et le FONGIP (pour faciliter les garanties des PME/PMI) sont des indicateurs rassurants. Le Plan Sénégal Émergent dans sa structuration à travers le plan d’actions prioritaires PAPA 2014-2018 propose de revoir notre paradigme dans l’organisation de notre économie, et cela me semble aller dans le bon sens. Cependant, nous faisons face à notre plus grand défi qui est celui de la mise en œuvre ! La mise en œuvre de cette vision stratégique au plus haut sommet de qui a le consentement de nos partenaires au développement ainsi que celui de nos partenaires techniques et financiers. Charge à nous de remporter ce challenge.
Propos recueillis par Christine Holzbauer (correspondante Afrique du Groupe IC publications)
Le Think Tank IPODE « Innovations Politiques et Démocratiques » a été créé en 2012 et a son siège à Dakar. Ses membres, pour la plupart des Sénégalais, sont également recrutés au-delà . Pour plus d’informations : www.thinktank-ipode.org
Mohamed Ly - Le Forum économique a été organisé à un moment opportun, à la marge du sommet de la Francophonie. Et ce Forum économique, -le premier du genre-, tombait à pic au moment où toute la communauté francophone aspire à la construction d’une Francophonie économique dynamique. Ainsi, il devenait évident voire urgent de mieux définir la construction de l'espace francophone en y ajoutant une dimension économique. Profiter de la présence des pays membres et de leurs délégations respectives pour avoir les acteurs clefs de la vie économique des pays de l’espace « francophone-francophilophone » a été une très bonne inspiration du Sénégal. De plus, tout l'attirail était disponible pour donner lieu à des débats de grande qualité. En atteste également, la qualité des panélistes ainsi que la présence de plus de 1.300 participants, parmi lesquels des opérateurs économiques et des décideurs du monde des affaires.
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Les quelque propositions et/ou résolutions qui ont été émises pendant ce Forum ont-elles la moindre chance d’être appliquées ?
Mohamed Ly - Oui je le pense, et je l’espère, et je fonde mon optimisme sur quelques éléments tangibles :
· Primo, les participants à ce Forum sont des leaders et des personnalités engagés pour la mise en place de cet espace francophone;
· Secundo, une charte économique régit ce Forum, charte qui sera discutée au niveau de la nouvelle Secrétaire général (La Canadienne d’origine haïtienne Michaelle Jean), de l’OIF et des chefs d’états. L’indicateur d’espoir réside dans la signature de l’accord sur un chapelet de proposition/ résolutions.
Ce panel aura une influence certaine dans le monde francophone. Par ailleurs les participants sont aussi des décideurs politiques. Je pense à Alain Juppé qui est un candidat sérieux à la prochaine présidentielle en France, par exemple ; ou bien Racine Sy, le patron du tourisme sénégalais, qui est la personnalité la plus influente du secteur touristique ouest africain…
En quoi complètent-elles les principales conclusions des chefs d’Etat et de gouvernement à l’issue du sommet en ce qui concerne, notamment les femmes et les jeunes ?
Mohamed Ly - Manifestement, le Forum économique n’a pas cherché à faire écho au thème retenu par les chefs d’état et de gouvernements : « Jeunes et Femme en Francophonie : vecteurs de paix, acteurs de développement ». Ses organisateurs ont plutôt réfléchi à l’exploration de voies et moyens à mettre en œuvre dans l’espace francophone pour y faciliter l’échange commercial, économique et financier. D’où les quelque 80 propositions qui devront encore être concrétisées par une charte économique de la Francophonie, suite à leur validation (NDLR : dans deux ans au prochain sommet de la francophonie qui se tiendra à Madagascar). Le Forum a traité de sujets comme le récurrent problème des visas francophones pour les affaires et les études ; de la facilitation des investissements à travers des accords innovants ; de la nécessaire promotion de l’emploi des jeunes et de la mise en place d’un institut économique de la Francophonie, parmi d’autres points. Ses propositions rentrent dans la stratégie économique, adoptée à l’issue du sommet des chefs d’Etats, visant notamment à "renforcer l’action économique dans l’espace francophone".
Les retombées de cette grande messe de la Francophonie à Dakar seront-elles à la hauteur des dépenses engagées ?
Mohamed Ly - Ma conviction intime demeure qu’un pays n’organise pas un sommet pour des retombées financières immédiates. L’organisation du XVe sommet de la Francophonie par le Sénégal est d’abord une victoire diplomatique pour notre pays et son succès indéniable est le gage de la crédibilité du pays en termes d’organisation de grands événements sur le continent. Il consolide la place de Dakar comme plaque tournante et lieu de convergence de grands événements mondiaux. L’organisation d’un sommet comme celui-ci ne saurait être réduit à une opération commerciale. Donc, je suis un peu gêné par cette vision mercantiliste des détracteurs du sommet qui se focalisent sur le ratio investissement/bénéfice.
En quoi cela va-t-il permettre de débloquer la croissance économique au Sénégal?
Mohamed Ly - Je ne pense pas que l'on puisse définir l’économie sénégalaise comme étant « bloquée ». Elle a des défis à relever et des problèmes structurels liés à son financement, au renouvellement de ses outils de production et des problèmes de compétitivité. Néanmoins, ces défis ont été bien identifiés par le diagnostic du pouvoir en place. A titre d'exemple, l’initiative du Président Macky Sall de mettre en place les trois instruments que sont la BNDE (pour le financement), le FONSIS (pour les investissements lourds) et le FONGIP (pour faciliter les garanties des PME/PMI) sont des indicateurs rassurants. Le Plan Sénégal Émergent dans sa structuration à travers le plan d’actions prioritaires PAPA 2014-2018 propose de revoir notre paradigme dans l’organisation de notre économie, et cela me semble aller dans le bon sens. Cependant, nous faisons face à notre plus grand défi qui est celui de la mise en œuvre ! La mise en œuvre de cette vision stratégique au plus haut sommet de qui a le consentement de nos partenaires au développement ainsi que celui de nos partenaires techniques et financiers. Charge à nous de remporter ce challenge.
Propos recueillis par Christine Holzbauer (correspondante Afrique du Groupe IC publications)
Le Think Tank IPODE « Innovations Politiques et Démocratiques » a été créé en 2012 et a son siège à Dakar. Ses membres, pour la plupart des Sénégalais, sont également recrutés au-delà . Pour plus d’informations : www.thinktank-ipode.org