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Après le drame de Tivaouane : L'Hôpital régional de Thiès, l’autre bombe à retardement

Un tour à l’hôpital régional El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, permet de se faire une idée de ce que sont nos hôpitaux. De l’accueil aux infrastructures, tout laisse à désirer…"Le Témoin"


Rédigé par leral.net le Samedi 4 Juin 2022 à 10:43 | | 0 commentaire(s)|

Les Thiessois se rappellent encore ce sit-in au cours duquel plus de 400 agents du centre hospitalier régional El Hadji Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès, avaient alerté sur les maux qui affectent leur établissement. A l’époque, déjà, ils évoquaient un « problème d’accueil réel ».

Entre autres griefs, le porte-parole du jour, Babacar Faye, alors représentant du personnel au Conseil d’administration de l’hôpital, par ailleurs chef du bureau administration du personnel de l’hôpital et ses camarades, exigeaient « le reversement de nos cotisations sociales, l’harmonisation de nos primes de transport, l’érection d’un service d’urgence aux normes ». Déplorant une « rupture des médicaments », ils se plaignaient du fait que « pour avoir la plus petite seringue, il faut sortir de l’hôpital pour se la procurer au niveau d’autres officines ».

L’Observatoire Décentralisé des Droits Humains (ODDH) de la Raddho (Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme) de Thiès, faisait état, lui, de « dépositions » de plusieurs patients ou accompagnants sur «les manœuvres frauduleuses pratiquées par certains agents de l’hôpital El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguène de Thiès », avec parfois « la mise à contribution d’agents préposés à la sécurité ».

Mme Ayni Aw, coordonnatrice régionale de l’Observatoire Décentralisé des Droits Humains (ODDH) de la Raddho de Thiès, évoque « plusieurs allégations de racket et de concussion d’agents de l’hôpital régional » et invite le président de la République Macky Sall, le ministre de la Santé, le médecin-chef régional ainsi que le directeur de l’hôpital régional, chacun en ce qui le concerne, à « instruire les services compétents notamment les organes de contrôle (OFNAC, Cour des Comptes, IGE), à mener sans délai les investigations nécessaires pour sévir contre ces pratiques frauduleuses qui arnaquent les populations et privent illicitement le Trésor public de fonds substantiels ».

Se voulant plus précise, Mme Aw confiait, qu’ «au niveau de certains services comme la Chirurgie, la Maternité, la Radiologie ou les Urgences, des agents véreux proposent aux malades et accompagnants, pour un service plus rapide et à moindre coût, de payer directement en espèce aux agents dans les services, sans passer par la caisse de l’hôpital ».

Pis, expliquait-elle, « certains agents dans certains services, réfèrent des malades vers des cliniques privées pour des services disponibles effectivement dans l’hôpital, des actes tendant à confirmer un conflit d’intérêts et à faire perdre au service public des fonds considérables ». Autre pratique maffieuse dénoncée par cette dame, « des ordonnances ‘’kilométriques’’ sont parfois prescrites à des malades internés, avec l’objectif de récupérer par la suite les médicaments subtilement, pour les revendre à d’autres patients ».

La coordonnatrice régionale de l’Observatoire Décentralisé des Droits Humains (ODDH) de la Raddho de Thiès, invite en conséquence, les usagers à « dénoncer ces actes de concussion » et à « refuser de payer des numéraires aux agents » et à « payer uniquement au niveau de la caisse de l’Hôpital, seule structure habilitée à recevoir les fonds ».

Le major du service Orl placé sous mandat de dépôt pour « escroquerie »

« Il y a une grande mafia au sein du centre hospitalier régional de Thiès, en particulier au service Radiologie et Scanner, où il y avait des caisses parallèles. J’ai viré le major du service Orl, Moustapha Faye, car il était au courant des magouilles qui se faisaient dans l’hôpital .».

Les Thiessois se rappellent ces propos tenus, dans un passé récent, par le Dr. Ndiassé Ndiaye, chef du service Orl dudit établissement hospitalier, qui a été, lui aussi, à son tour, accusé d’ « escroquerie médicale ».

Les syndicalistes de la boîte n’avaient pas manqué d’exiger de leur direction, « l’annulation de la note de redéploiement injuste du major du service Oto-rhino-laryngologie (Orl)», pour la simple raison que « ce dernier, par ailleurs responsable des infirmiers et sages-femmes, est relevé de ses fonctions parce qu’il s’oppose aux pratiques peu orthodoxe de son supérieur, le chef de service ».

Et de dénoncer : « le médecin-chef du service, Dr. Ndiassé Ndiaye, officie aussi ailleurs, hors de l’hôpital régional, dans une clinique qui est la sienne. Il se fait, lui-même, des clients, en orientant les patients venus se faire soigner à l’hôpital El Hadj Ahmadou Sakhir Ndiéguéne, vers sa clinique », pour, soulignent-ils, « se faire une fortune ». Selon eux, il s’agit là d’une « procédure immorale, blâmable », qui dénote une certaine forme d’« escroquerie médicale ».

Des allégations qui avaient fait sortir de ses gonds Dr. Ndiassé Ndiaye. Réagissant à ces accusations, le chef du service ORL avait expliqué qu’« il y a beaucoup de mafia au sein du Centre hospitalier régional de Thiès. La vérité des faits, c’est qu’on m’avait signalé des malversations au sein de l’hôpital, en particulier au service radiologie et scanner, mais je n’avais pas réagi parce que je voulais des preuves. Un jour, j’ai reçu un patient qui était venu de Touba, et quand je lui ai demandé à quel niveau il avait payé, il m’a clairement fait savoir s’être acquitté de son devoir auprès des éléments du Sutsas, au service Radiologie, pour un montant de 20 mille FCfa. Ce qui veut dire qu’il y avait des caisses parallèles au service Radiologie et Scanner. J’ai signalé cette faute à la direction, puis viré le major, car il était au courant des magouilles qui se faisaient dans l’hôpital ».

Dr. Ndiaye de poursuivre : « par rapport aux informations distillées par les responsables syndicaux du Sutsas, Pape Mor Ndiaye et Rassoul Bâ, selon lesquelles, ‘’j’ai viré le major car il a refusé d’orienter des patients vers ma clinique’’, je précise, la main sur le Saint Coran, n’avoir même pas de clinique, je suis prestataire de service légal. Ces gens veulent que je fasse partie de leur système, alors que je ne le ferai jamais. J’apporte au minimum les 20 % du chiffre d’affaires de l’hôpital où je suis en service depuis 2002. Je fais partie des doyens et je ne travaillerai jamais avec des escrocs dans mon service ».






Le Témoin