Le chef d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a officialisé le ralliement du groupe Al-Mourabitoune, de Mokhtar Belmokhtar, et revendiqué conjointement la prise d'otages de novembre à Bamako, selon un message audio diffusé vendredi sur de sites jihadites. Dans cet enregistrement, l'Algérien Abdelmalek Droukdel annonce à «la nation musulmane le ralliement des lions d'Al-Mourabitoune à l'organisation Aqmi pour faire alliance contre la France croisée», rapporte l’AFP.
Cette «alliance des jihadistes des deux groupes s'est concrétisée lorsque deux martyrs ont signé par le sang cette unité en attaquant l'hôtel Radisson en plein coeur de la capitale de l'ennemi à Bamako», poursuit Droukdel, évoquant l'attaque qui a fait 20 morts dans la capitale malienne le 20 novembre. Un porte-parole d'Al-Mourabitoune, Abu Dujana al-Qasimi, a confirmé l'information.
S'adressant par ailleurs à la France, le chef de l'Aqmi a affirmé que les attentats de Paris qui ont fait 130 morts le 13 novembre -revendiqués par le groupe Etat islamique- étaient le prix à payer pour les «crimes commis par ses gouvernements (successifs) et son armée». Le groupe Al-Mourabitoune (littéralement, les «Almoravides») avait revendiqué le jour même la tuerie de Bamako, dans un document sonore diffusé par la chaîne qatarie Al-Jazeera. Il avait d’ores et déjà fait part de «la participation» de leurs «frères» d’Aqmi.
Trois ans de distances
Mokhtar Belmokhtar, dont la tête a été mise à prix par Washington pour cinq millions de dollars, échappe aux autorités depuis plus de 20 ans, bien qu’il ait été annoncé mort à plusieurs reprises. «MBM», comme le surnomment les militaires français, est né le 1er juin 1972 à Ghardaïa, dans le nord de l’Algérie. En 1991, à l’âge de 19 ans, il part se former au combat en Afghanistan. C’est là qu’il aurait perdu son œil gauche -ce qui lui vaut le surnom de «cheikh borgne».
A son retour, il participe à la guerre civile au sein des Groupes islamiques armés (GIA) algériens. Il intègre ensuite le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) d’Hassan Hattab, ancêtre d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Belmokhtar, lui, dirige le Sahel, considéré comme l’émirat du Sahara, à cheval sur le sud de l'Algérie et le nord du Mali. On lui prête, entre autres enlèvements d’Occidentaux, la responsabilité de l’assassinat de quatre Français en Mauritanie en 2007.
Puis il prend ses distances avec Aqmi, et crée son propre groupe en 2012, les Signataires par le Sang, qui revendiquera notamment la prise d’otage sanglante d’In Amenas en Algérie en janvier 2013.
Par la suite, il fusionnera avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) pour former le groupe Al Mourabitoune. Ces derniers ont revendiqué l’attentat contre un bar-restaurant de Bamako -le premier visant des Occidentaux dans la capitale- le 7 mars dernier. Cette attaque avait fait cinq morts, trois Maliens, un Français et un Belge. Mais en mai, de nouvelles dissensions sont apparues : alors qu’Adnan Abou Walid Sahraoui, du Mujao, a prêté allégeance à Daech, Belmokhtar a réaffirmé sa loyauté à Al-Qaïda. De qui il s’est donc officiellement «re-rapproché».
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