Une attaque «terroriste, mais pas planifiée». Telle est la formulation vaguement contradictoire employée mercredi par la communauté américaine du renseignement pour qualifier le raid meurtrier contre le consulat de Benghazi du 11 septembre. Convoqués devant la commission sénatoriale de sécurité intérieure, deux dirigeants du renseignement ont affirmé qu'aucun indice n'étayait l'hypothèse d'un complot et qu'aucun signe avant-coureur de l'imminence d'un attentat n'était remonté jusqu'à eux. Ils évoquent au contraire une «opportunité» qu'auraient saisie les assaillants, dans le chaos autour de la publication d'une vidéo islamophobe sur YouTube. «Les faits dont nous disposons indiquent que c'était une attaque improvisée», a déclaré Matthew Olson, le patron du Centre national de contre-terrorisme (NCC), des militants de diverses mouvances islamistes ayant «tiré parti» d'une manifestation devant le consulat pour le prendre d'assaut. «L'impression qui se dégage, a-t-il ajouté, est qu'un certain nombre d'individus différents y sont mêlés.»
Les services de renseignement s'efforcent visiblement de limiter les dégâts. Ce déni officiel est d'autant plus surprenant que l'islamisation croissante de la Cyrénaïque était suivie de près par tous les services de renseignement occidentaux, depuis une vague d'attentats contre les intérêts étrangers. Olson et son collègue, le directeur adjoint du FBI, Kevin Perkins, ont aussi confirmé du bout des lèvres qu'ils disposaient d'interceptions téléphoniques révélant des contacts répétés entre des membres de la branche d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et le groupuscule islamiste local Ansar al-Charia, le jour même de l'attentat.
Soupçons de préméditation
L'argumentaire des deux fonctionnaires n'a guère convaincu la commission parlementaire. «À l'aune de tous les briefings auxquels j'ai pu assister, j'en arrive à une conclusion totalement opposée, s'est emportée la sénatrice républicaine Susan Collins. Je ne peux me résoudre à croire que des gens soient venus manifester armés de RPG (lance-roquettes) et d'armes lourdes. Les comptes-rendus faisant état de complicités entre les assaillants et des gardes libyens du consulat me laissent penser que tout cela était bien prémédité.»
D'autres faits troublants viennent conforter les soupçons de préméditation. Selon CNN, qui a pu recueillir les confidences d'une «source proche» de l'ambassadeur Stevens, celui-ci, très inquiet, venait, juste avant son assassinat, de faire état de la menace croissante exercée par al-Qaida en Libye et de la présence de son nom sur une «liste noire» d'Aqmi. À la lumière de ces éléments, une question demeure: que faisait Chris Stevens, pourtant conscient du danger, le 11 septembre à Benghazi? La commission d'enquête officielle que vient de lancer la secrétaire d'État Hillary Clinton permettra peut-être de répondre à cette question. En attendant, la Maison-Blanche s'est abstenue de trancher le débat sur le caractère prémédité ou non de l'attaque. «D'évidence, ce qui s'est passé à Benghazi était une attaque terroriste», s'est contenté de commenter le porte-parole Jay Carney.
Par Maurin Picard
Les services de renseignement s'efforcent visiblement de limiter les dégâts. Ce déni officiel est d'autant plus surprenant que l'islamisation croissante de la Cyrénaïque était suivie de près par tous les services de renseignement occidentaux, depuis une vague d'attentats contre les intérêts étrangers. Olson et son collègue, le directeur adjoint du FBI, Kevin Perkins, ont aussi confirmé du bout des lèvres qu'ils disposaient d'interceptions téléphoniques révélant des contacts répétés entre des membres de la branche d'al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) et le groupuscule islamiste local Ansar al-Charia, le jour même de l'attentat.
Soupçons de préméditation
L'argumentaire des deux fonctionnaires n'a guère convaincu la commission parlementaire. «À l'aune de tous les briefings auxquels j'ai pu assister, j'en arrive à une conclusion totalement opposée, s'est emportée la sénatrice républicaine Susan Collins. Je ne peux me résoudre à croire que des gens soient venus manifester armés de RPG (lance-roquettes) et d'armes lourdes. Les comptes-rendus faisant état de complicités entre les assaillants et des gardes libyens du consulat me laissent penser que tout cela était bien prémédité.»
D'autres faits troublants viennent conforter les soupçons de préméditation. Selon CNN, qui a pu recueillir les confidences d'une «source proche» de l'ambassadeur Stevens, celui-ci, très inquiet, venait, juste avant son assassinat, de faire état de la menace croissante exercée par al-Qaida en Libye et de la présence de son nom sur une «liste noire» d'Aqmi. À la lumière de ces éléments, une question demeure: que faisait Chris Stevens, pourtant conscient du danger, le 11 septembre à Benghazi? La commission d'enquête officielle que vient de lancer la secrétaire d'État Hillary Clinton permettra peut-être de répondre à cette question. En attendant, la Maison-Blanche s'est abstenue de trancher le débat sur le caractère prémédité ou non de l'attaque. «D'évidence, ce qui s'est passé à Benghazi était une attaque terroriste», s'est contenté de commenter le porte-parole Jay Carney.
Par Maurin Picard